Dérapages
70 pages
Français

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Description

Comme un métronome aux battements réguliers qui serait posé sur la ligne blanche d'une grande route, chacune des histoires que l'on retrouve dans Dérapages de Paul Savoie, suit tranquillement son petit bonhomme de chemin. Les personnages sont assis confortablement, un peu plus et ils passent inaperçus. En approchant l'oreille du livre, on entend encore le ronron de l'ordinateur lorsque l'auteur tapait son texte, mais c'est un leurre. Au moment où l'on croit avoir atteint son point d'équilibre dans une vie calme sans électrocardiogramme en folie, on dérape, on ne contrôle plus rien, le vide s'ouvre devant nous et nous devons choisir. Pourtant, on ne voulait rien bousculer, ne pas dévier dans l'imaginaire, suivre sans cesse la ligne droite, mais là il y a un noeud et on ne peut pas faire comme s'il n'était pas là. Toute notre existence s'en voit chamboulée, un grain plus gros que les autres bloque le conduit du sablier, la peur s'installe et l'on sait d'instinct que l'on ne sortira pas intact de cette vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896993338
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dérapages
Du même auteur
L’autre bout du monde, récit, 2009
Acte de création , entretiens, 2006
Rivière et mer , poésie, 2006
L’empire des rôdeurs , nouvelles, 2004
À tue-tête , récit, 1999

Chez d’autres éditeurs
L’incendiare, en collaboration avec Dyane Léger, Éditions du Marais poésie, 2009.
CRAC, Éditions David, poésie, 2006.
Racine d’eau, poésie, Éditions du Noroît, 1998
Fishing for light , poésie, Black Moss Press, 1998
Oasis , poésie, Éditions du Noroît, 1995
Mains de père, récit, Éditions du Blé, 1995
Shadowing , poésie, Black Moss Press, 1994
Dead matter, nouvelles, Crypt Editions, 1994
Conversations dans l’interzone, roman, avec Marguerite Andersen, Prise de parole, 1994
Danse de l’œuf , poésie, Éditions du Vermillon, 1994
Amour flou , poèmes, Éditons du GREF, 1993
The selected poetry of Louis Riel , traduction, Exile Editions, 1993
Contes statiques et névrotiques , nouvelles, Guérin littérature, 1991
Bois brûlé, poésie, Éditions du Noroît, 1989
The meaning of gardens, poésie, Black Moss Press, 1987
Soleil et ripaille , suivi de L’arc de poussière, poésie, Éditions du Noroît, 1987
À la Façon d’un charpentier, textes divers, Éditions du Blé, 1984
La maison sans murs, poésie, Éditions Asticou, 1979
Salamandre , poésie, Éditions du Blé, 1974
Paul Savoie







Dérapages

Nouvelles
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Savoie, Paul, 1946-
Dérapages [ressource électronique] / Paul Savoie.

(Collection Vertiges)
Nouvelles.
Monographie électronique.
Publ. aussi en format imprimé.
ISBN 978-2-89699-332-1 (PDF).--ISBN 978-2-89699-333-8 (EPUB)

I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges (En ligne)

PS8587.A389D47 2012 C843’.54 C2012-900707-2

Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852
Adresse courriel : communication@interligne.ca
www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

© Paul Savoie et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : premier trimestre 2012
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays

Version ePub réalisée par:

www.Amomis.com
À mes complices Marguerite, Aristote et Aurélie.
À Michèle Matteau pour ses précieux conseils.
Ardoise magique







É douard et Edmée se connaissent depuis leur tendre adolescence et se sont mariés une semaine après avoir reçu leurs diplômes universitaires. Ils vivent ensemble depuis dix ans et ont deux enfants. Puisque chacun a un emploi bien rémunéré, ils peuvent se payer une domestique et une gardienne. Ils se disent très heureux et sont jalousés par certains de leurs amis célibataires qui n’ont pas encore trouvé la personne rêvée.
Aujourd’hui, comme chaque dimanche, une activité en famille est prévue. À 11 heures pile, papa, maman, Dédé, qui a maintenant huit ans, et la petite Ariane, qui en a six, quittent la maison, s’installent confortablement dans la familiale et se rendent à la station de métro située à l’extrême limite de la banlieue o ù ils habitent. S’ils voyagent en métro, c’est pour éviter d’avoir à payer les prix exorbitants de stationnement au centre-ville. Mais, pour Édouard, c’est également une question de principe. Cela lui donne l’impression de participer à la vie urbaine, sentiment qu’il a perdu depuis que lui et sa conjointe ont emménagé en banlieue.
L’activité du dimanche permet également à Édouard de connaître un peu mieux son fils. Pendant la semaine, il rentre souvent du bureau assez tard et il lui arrive rarement de pouvoir s’asseoir avec Dédé et jouer avec lui. D’ailleurs, Dédé s’amuse à des jeux dont la signification échappe à son père. Dédé possède plusieurs jeux vidéo qu’il sait lui-même brancher à la télé. Si ce n’était des règlements stricts concernant l’utilisation des jeux électroniques en soirée, le gamin se braquerait devant l’écran et pitonnerait pendant des heures.
Dédé n’aime pas les randonnées en voiture. Il préfère de loin voyager en train parce que, lorsqu’il regarde par la fenêtre, cela ressemble à la façon qu’ont les images de défiler devant lui lorsqu’il regarde ses jeux vidéo. Aussi il trouve que, lorsqu’ils sont en voiture, papa et maman ont la fâcheuse habitude de syntoniser les postes de musique classique et ne lui permettent pas de s’amuser comme il veut. Lorsqu’il se plaint de n’avoir rien à faire, papa lui dit de regarder par la fenêtre et d’observer le paysage qui, selon Dédé, est constitué d’une série de maisons qui ressemblent à peu près toutes à la sienne. Papa insiste. Il dit que c’est important pour les enfants de demeurer sensibles à leur environnement. Même s’il l’entend souvent, Dédé ne comprend pas ce que signifie ce grand mot. Les parents utilisent souvent des mots à plusieurs syllabes. Ils lui cassent les oreilles avec leur vocabulaire d’adulte qui ne signifie rien pour lui. De plus il pense que ses parents parlent souvent en termes vagues et ne précisent pas toujours leurs pensées. Dédé se dit que, s’il faut absolument écouter la radio, il serait préférable d’avoir une musique plus entraînante. Pourquoi ne pas le laisser choisir quelque chose dans sa belle collection de CD ? Il semble à Dédé que cela saurait plaire à tout le monde.
Ariane a beaucoup plus d’imagination que son frère que, d’ailleurs, elle trouve plutôt bête. Elle préfère de loin la compagnie des adultes, qui ont souvent des projets intéressants pour l’amuser. Elle aime également la manière dont papa et maman se parlent entre eux. Lorsque maman discute avec papa, elle le regarde souvent de biais, et puis elle se mordille les lèvres. Parfois, des lignes fascinantes recouvrent soudainement son front. Lorsque papa répond à maman, il fait de drôles de gestes avec ses mains et il s’arrange pour ne jamais se tourner directement vers elle. Ariane se demande comment papa fait pour éviter si bien le regard de maman.
Édouard a de grosses responsabilités au bureau. C’est parce qu’il a si rarement l’occasion de se reposer l’esprit qu’il aime tant le métro. C’est l’un des seuls endroits où il peut se décontracter. L’acte de conduire une voiture, surtout avec sa bien - aimée à ses côtés qui aime donner son opinion sur à peu près n’importe quel sujet et prend un malin plaisir à le contredire, exige trop de lui. Le dimanche, il aime se laisser aller un peu. Il en profite pour éviter de se concentrer sur quoi que ce soit. Il tient à ce que cette journée demeure, comme elle l’a toujours été pour lui, une période de repos, même si, avec les responsabilités familiales qui s’ajoutent à celles du bureau, il lui faut lutter constamment pour en faire un moment d’évasion.
Il sent qu’il est en train de faire preuve de mauvaise volonté. D’ailleurs, Edmée lui reproche souvent sa tendance à s’apitoyer sur lui-même. Tout compte fait, il devrait se compter chanceux.
— T’as aucune raison de te plaindre, lui rappelle-t-elle chaque matin alors que, pressé de quitter la maison, il a des problèmes avec sa cravate ou renverse du café sur son pantalon.
Il ne saurait la contredire. À bien y penser, tout, dans sa vie, est parfaitement ordonné, ajusté à ses besoins et à ses désirs.
Pour en revenir au dimanche, qu’en est-il vraiment ? De fait, Edmée s’attend à si peu de lui. Elle exige de lui sa présence et un certain degré d’enthousiasme. Il n’a pas à prendre de grosses décisions, il n’a pas à s’occuper des détails. Elle s’en charge. Sauf quand il est au volant, il peut se laisser aller, penser à ce qu’il veut. Et puis, en termes pratiques, pour toute question concernant la famille, c’est Edmée qui a le dernier mot. À vrai dire, est-ce elle qui s’est arrangée pour que les rôles se définissent de cette façon ? Lui a-t-il un jour confié toutes les tâches qui relèvent d’une mère traditionnelle ? Pourtant, il n’y a rien de traditionnel en elle et elle n’est pas de nature très maternelle. Elle est aussi ambitieuse que lui, cherche à atteindre l’indépendance financière et à s’entourer d’objets de valeur. Toutefois, elle ne rouspète jamais. Est-elle en train de se sacrifier pour lui et pour le bien-être de la famille ? Il en doute. Par contre, même si elle n’en parle jamais ouvertement, elle doit sûrement lui en

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