Des houris et des homme , livre ebook

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2010

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Après La Porte de la Chance, roman paru auxÉditions Marsam en 2006, et nominé au prix GrandAtlas, El Mostafa Bouignane nous offre dans Deshouris et des hommes, un récit tragi-comique hauten couleurs, avec Fès en toile de fond. Des person nages attachants : Simo-le-Guide et Hakim ; les trèssensuelles Leïla et Warda ; des barbus et des pasbarbus ; des voilées et des non voilées et d'autresbelles non rébarbatives… Auteur bien outillé et plein d'audace, Bouignanen'a ni sa langue ni ses yeux dans sa poche.Suspense, émotion, humour, tout est là. Un romanpassionnant qui se lit d'une traite.
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2010

Nombre de lectures

23

Langue

Français

Des houris et des hommes 15/11/10 16:42 Page 1
Des houris et des hommes
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Editions © Marsam - 2010 Collection dirigée par Rachid Chraïbi 6, rue Ahmed Rifaï (Place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat Tél. : (+212) 537 67 40 28 / 67 10 29 / Fax : (+212) 537 67 40 22 E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr Site web : www.marsam-editions.com
Compogravure flashage Quadrichromie
Impression Bouregreg - Salé
Dépôt légal : .............. I.S.B.N. : ..............
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El Mostafa Bouignane
Des houris et des hommes
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Je dédie ce livre à mon frère Idriss, l'artiste et l'homme au grand cœur dont la vie est un roman magnifique. Merci pour tout ce que tu m'as appris. Merci d'être mon frère.
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Dans le monde chacun décide du beau Et cela devient le laid. Par le monde chacun décide du bien Et cela devient le mal. Lao-Ts e u
Je cherche la région cruciale de l'âme où le mal absolu s'oppose à la fraternité. André Malraux
Ce Maroc !
Mohammed Khaïr Eddine
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Couverture Oeuvre du peintre Bendahmane Collection Marsam
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Chapitre I
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Nous étions au café de Bouch' en ce mémorable dimanche 25 juillet de l'an de grâce 1999. Les yeux rivés sur le poste de télévision, nous suivions, incrédules, la retransmission en direct des funérailles de Hassan II, mort l'avant-veille, après trente-huit ans de règne. C'était un après-midi torride. En dépit des deux ventila -teurs qui brassaient l'air à plein régime, il faisait une chaleur d'étuve à l'intérieur du café. D'ordinaire plus bruyant qu'une volière, celui-ci était plongé dans un silence religieux. Les échiquiers avaient été remisés. Personne ne pipait mot. Seule s'entendait la voix éplorée de M.A., un speaker plus royaliste que le Roi, qui tressait des lauriers au défunt dans un arabe classique pompeux. Suivi par les chefs d'État de la planète, le carrosse sang et or qui conduisait la dépouille royale vers sa dernière demeure cheminait lentement sous un soleil de plomb, au milieu d'une immense marée humaine en délire que les barrières métalliques et les cordons de sécurité avaient bien du mal à contenir. Le pays retenait son souffle. La vieille prophétie populaire selon laquelle la mort de Hassan II ferait basculer le Royaume dans le chaos allait-elle s'accomplir ? « Adieu Monseigneur, adieu Bâtisseur et Unificateur du Maroc, adieu Bienfaiteur de la Nation et Commandeur des croyants… », disait d'une voix entrecoupée de sanglots, M.A. qui n'en finissait pas de déployer les trésors de sa rhétorique, de se livrer à de périlleuses acrobaties stylistiques, portant le monarque défunt aux nues et glorifiant le Royaume prospère et bienheureux qu'il léguait à son successeur.
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« Prospère et bienheureux, mon cul ! lança une voix au fond du café ; viens voir un peu le bonheur et la prospérité dans lesquels on nage ici !»
La Source des Pèlerins, notre quartier, était l'un des fau-bourgs les plus déshérités et les plus mal famés de la périphé-rie de Fès. Au cours des deux dernières décennies, des mil-liers de familles, chassées des campagnes environnantes par la sécheresse, y avaient échoué. Une aubaine pour la mafia de l'immobilier qui s'était mise à bâtir à tour de bras, sans plan directeur et au mépris des plus élémentaires normes d'hy -giène et de sécurité. Tant et si bien qu'en l'espace de quelques années, la Source des Pèlerins était devenue une immense jungle de béton. Les immeubles poussaient comme par enchantement. Les travaux se poursuivant même pendant la nuit, souvent, le soleil se levait sur des constructions là où la veille encore il n'y avait qu'un terrain vague plein de ronces et de détritus. La plupart des habitations abritaient dix fois plus de monde qu'elles n'en pouvaient contenir. Certaines d'entre elles ne disposaient pas de système de tout-à-l'égout. Juste des fosses septiques qui débordaient de temps à autre et emplis-saient l'air de miasmes pestilentiels. Nos rues grouillaient d'enfants à la peau recuite et à la fri-mousse délurée. La morve au nez et l'injure à la bouche, ils couraillaient à longueur de jour, se livraient à des jeux vio-lents, chapardaient, se chamaillaient, vociféraient. À dix ans, ils juraient pis que charretiers, connaissaient tous les mots en « z » et en « q » qu'ils crachaient sans ciller à la face du monde. Bon nombre de ces gamins n'étaient jamais allés à l'école ou bien seulement pour peu de temps. Placés comme apprentis dans des ateliers d'artisans, la plupart d'entre eux n'y restaient que le temps de recevoir quelques bastonnades ou de s'apercevoir que le maâllem, le patron, en voulait à leurs petites fesses. Aussi étaient-ils nombreux à vadrouiller dans les rues du centre-ville, vendant des cigarettes au détail ou s'initiant au vol à la tire dans les cohues.
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Chapitre 1 9
Nos cafés grouillaient de jeunes désœuvrés qui essayaient de tromper l'ennui, les uns en jouant tapageusement aux car-tes, les autres en regardant des matchs de football ou des films d'action à la télé, dans une atmosphère enfumée, imprégnée d'odeur de haschisch. Dans tout Fès, la Source des Pèlerins s'était taillée une réputation de coupe-gorge. De zone de non-droit. Réputation amplement méritée à vrai dire. Vols et agressions y étaient souvent commis en toute impunité. Il ne se passait pas un jour sans qu'éclate une bagarre sanglante ou que des passants soient détroussés le soir par des malfrats aux abords du quar-tier. Le plus souvent, la police ne venait que pour rançonner les dealers et les revendeurs de vin. Le triste renom de quel-ques repris de justice avait atteint les quatre coins de la ville. L'Ghoul (l'ogre), L'Hench (le serpent), L'Mejnoun (Le pos-sédé) et j'en passe. Le plus notoire de tous était un gars sur-nommé Chefra (la lame) et qui devait ce sobriquet comme cela se comprend sans doute, à sa promptitude à jouer du couteau : il avait la lame facile. Mais le phénomène le plus frappant en ce temps-là à la Source des Pèlerins, c'était le nombre croissant d'islamistes. Le quartier était peu à peu devenu le fief d'une jamaâ dont l'Émir, un cheikh d'une quarantaine d'années, se faisant appe-ler Abou Khaled, officiait à Masjid Badr, l'une des mosquées du faubourg. Ses prônes enflammés l'avaient rendu célèbre dans toute la ville. Chaque vendredi, les fidèles affluaient en masses de partout pour l'écouter. De plus en plus de gens désertaient les mosquées où des imams officiels débitaient les prêches du Ministère des Affaires Islamiques, et allaient gros-sir les rangs des ouailles d'Abou Khaled. Tant et si bien que Masjid Badr ne pouvant contenir le nombre sans cesse gran-dissant des fidèles, on étalait des nattes sur les trottoirs aux abords de l'édifice. Face à la montée de la délinquance et à la multiplication des agressions nocturnes à la Source des Pèlerins, ce furent les islamistes — les Frères comme on les appelait — qui se
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mobilisèrent pour assurer la sécurité de la population. Ils mirent en place ce qu'ils appelèrent des Comités de Vigilance, c'est-à-dire des milices composées, chacune, d'une demi-douzaine de Frères qui, tous les soirs, sillonnaient le quartier et ses alentours et tombaient à bras raccourcis — ou plutôt rallongés de gourdins — sur les truands qu'ils rencontraient. Des revendeurs de drogue et d'alcool furent bannis du quar-tier. Un café où l'on fumait du haschisch fut brûlé un soir. Ayant nettoyé le quartier, les Frères acquirent la sympathie d'une bonne partie des habitants. C'est ainsi que la jamaa d'Abou Khaled étendit peu à peu sa domination sur la Source des Pèlerins. Beaucoup de jeunes se mirent à fréquenter la mosquée et se laissèrent pousser la barbe. Bien des filles pri-rent le voile, les unes par conviction, d'autres par peur après que certaines eurent été insultées ou menacées par des fana-tiques à cause de leur tenue vestimentaire jugée indécente. Sur les trottoirs et dans de nombreuses échoppes du quar-tier, fleurit un commerce d'articles religieux : exemplaires du Coran de différentes tailles, petits livres d'invocations ou d'ini-tiation à la prière, cassettes de prédicateurs célèbres, tapis de prière, chapelets, boussoles islamiques, c'est-à-dire indiquant la direction de La Mecque, essences aromatiques, sachets d'herbes médicinales prescrites dans La médecine du pro-phète, notamment la fameuse habba saouda ( la graine noire), panacée universelle si chère aux islamistes. Dans l'air, fusant de magnétophones mis à plein volume, se confondaient des voix qui psalmodiaient des versets coraniques avec celles de véhéments prédicateurs qui décrivaient les châtiments pro-mis au non-pratiquant, au buveur de vin, au fornicateur, à l'usurier, à la femme non voilée, racontaient avec moult détails le séjour des mécréants dans la géhenne et celui des croyants au paradis, au bord de fleuves de miel et de lait, où ils se délecteront d'un vin exquis servi par des éphèbes et des houris pétris d'ambre et de musc. Chaque soir, une foule bariolée se promenait entre éven-taires et étalages. Des femmes voilées de la tête aux pieds.
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