Destin cruel
85 pages
Français

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Destin cruel , livre ebook

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85 pages
Français

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Description

Ayant perdu ses parents en très bas âge, Ibrahima quitte le village pour la ville. La détresse, les privations et les humiliations qui ont bercé son enfance volée ne l'ont pas empêché de réussir son baccalauréat et de se retrouver à l'université où il sera rattrapé par un destin que nul ne souhaite. Ce roman est une ode à la vie, une réflexion sur le sens de celle-ci, mais aussi sur le destin et ce qu'il a de plus cruel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 105
EAN13 9782296686403
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D estin cruel
D ernières parutions
chez L’H armattan-Sénégal

BA Daha Chérif, Crimes et délits dans la vallée du fleuve Sénégal de 1810 à 1970, collection études africaines, janvier 2010.

SARR Pape Ousmane, Les déboires de Habib Fall , suivi de Blessures de mon pays , nouvelles, décembre 2009.

MIKILAN Jean, Le conseil des Esprits , décembre 2009.

CHENET Gérard, El Hadj Omar. La grande épopée des Toucouleurs , théâtre, novembre 2009.

BARRO Aboubacar Abdoulaye, École et pouvoir au Sénégal. La gestion du personnel enseignant dans le primaire , novembre 2009.

GAYE FALL Ndèye Anna, L’Afrique à Cuba. La regla de osha : culte ou religion ?, octobre 2009.

CHENET Gérard, Transes vaudou d’Haïti pour Amélie chérie , roman, septembre 2009.

NDAO Mor, Le ravitaillement à Dakar de 1914 à 1945 , août 2009.
A BDOURAHMANE KANE


D estin cruel


ROMAN


L’H ARMANTTAN-SÉNÉGAL
© L’H ARMATTAN-SENEGAL, 2010
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
senharmattan@gmail.com
ISBN : 978-2-296-10262-0
EAN : 9782296102620
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Un jour, après un moment d’égarement, comme il m’en arrive souvent, je suis allé à la croisée d’une quête spirituelle chez mon marabout à Mounibanara au centre du pays. Je suis une brebis égarée qui revient souvent s’abreuver aux sources des saints hommes. Cela me redonne espoir, équilibre et me remet sur le droit chemin.
Après quelques jours dans de ce monde d’érudits, je commençai à retrouver une placidité et un équilibre. Je fis également une rencontre étrange, qui me changea la vie, plutôt ma perception de la vie.
Un matin, je suis sorti admirer la quiétude habituelle du village. Adossé à un mûr humide et délabré, je vis un jeune homme se dirigeait vers moi. Il marchait appuyé au mur. À quelques mètres de moi, je pensais qu’il allait changer de direction afin de m’éviter. Mais, à ma grande surprise, il me heurta violemment, je perdis l’équilibre. Je me relève prêt à lui servir des insultes. Il est devant moi. Il s’excusait, tout en me cherchant d’un mouvement de bras balayant l’air. Je constate que son regard est à l’opposé de l’endroit où je me trouve : c’est un aveugle. Ma colère céda à la pitié. Je le fis asseoir. Nous bavardâmes pendant une vingtaine de minutes. C’était mon premier contact avec un non-voyant, mendiant de surcroît. Rapidement je me suis rendu compte qu’il y avait en lui quelque chose d’atypique.
Pendant quatre jours je suis revenu au même endroit pour l’écouter me raconter sa vie. De toutes les histoires qu’il m’a été donné de dire ou d’entendre, c’est la plus triste, la plus émouvante. C’est celle qui m’a le plus ouvert les yeux.
Depuis ce voyage, je me sentais comme investi d’une mission. Une force inconnue me poussait à écrire cette histoire. Je sais qu’Ibrahima le souhaitait, même s’il ne l’a jamais exprimé. Plusieurs fois j’ai commencé et puis j’ai arrêté. Or je savais que si je ne finissais pas cette histoire, je ne m’en serais jamais libéré. Mais comment finir une histoire qui n’est toujours pas achevée. C’est une histoire sans fin, j’essaye d’écrire une histoire sans fin. Peu importe, pour moi, une histoire n’a pas besoin de fin, ce n’est pas comme au cinéma où l’on a toujours besoin d’une fin, de préférence une fin heureuse. Malheureusement, mon histoire n’a pas de fin et ce que je peux considérer comme étant une fin, n’a pas la saveur du bonheur.
J’aurais bien voulu la censurer, mais c’est ainsi que l’a raconté Ibrahima. C’est la vie d’Ibrahima.
À mon tour de vous la conter…
Nous étions un vendredi 13 octobre mil neuf cent quelque chose, c’était le premier jour de rentrée d’Ibrahima. La faculté située au milieu du bois était d’architecture française du grand style de la Bretagne. Le toit était orné de balustrades de pierres. Les escaliers très larges étaient dignes d’un palais. Les salles étaient immenses : deux amphithéâtres jumelés. L’une se trouvait au premier étage et l’autre au deuxième. Elles étaient construites de telle sorte qu’elles constituaient une seule et même salle de cours. Une partie des étudiants était en bas et l’autre surplombait la salle. Seul le boucan qu’ils faisaient permettait de savoir qu’il y avait des gens en haut.
Ceux qui étaient en haut ne voyaient pas, à l’exception des premières rangées, ceux qui étaient en bas. Le professeur était devant, au milieu, sur une construction en forme de podium, avec trois marches pour y accéder ; au centre se trouvait ce qui ne pouvait être qu’une table, du moins cela y ressemblait. Elle était tellement poussiéreuse, crasseuse que certains professeurs préféraient se tenir debout durant tout le cours. Derrière le professeur se trouvait un tableau craquelé, mal peint et très incliné vers la gauche. La seule trace de technologie moderne qu’on y trouvait se résumait à deux vieux baffles qui rappelaient l’époque d’après-guerre. La salle était bercée par une lumière solaire qui s’échappait des fenêtres en forme rectangulaire et qui s’accouplait avec la lumière électrique jaunâtre des lampes. Ce qui semblait donner une ambiance de couvent. Une petite porte en bois sculpté, à droite du bureau du professeur, donnait accès au jardin et à la cour de la faculté.
Ibrahima avait pris place au second étage, serré au milieu de plus d’un millier d’étudiants. Il était à la 3e rangée. Après quelques moments de contemplation et pensées profondes, il interpella son voisin de droite.
« Il y a trop de monde !
Ce dernier répondit avec un sourire, avant de souligner.
Et ce n’est rien comparé à ce qui est en dessous.
Ibrahima sans se faire prier, fit quelques pas et se pencha pour observer la salle en dessous. Le spectacle était ahurissant. La salle grouillait de monde, l’effectif doublait celui qui était en haut. On se croirait à un concert. Ibrahima n’avait jamais été aussi étonné que ce matin de vendredi. Avant même de placer un mot, il était coupé net :
S’il vous plaît, silence, silence, silence, SVP. !
C’était le professeur qui venait d’entrer.
Ibrahima se rassit et se prépara à écouter le professeur.
S’il vous plaît, silence, je ne vais pas continuer à le répéter, continua-t-il. Son ton était monté d’un cran, on sentait de plus en plus son agence. Le bruit diminua graduellement. Après la menace du professeur de quitter l’amphi et l’intervention de certains étudiants, la salle retrouva sa quiétude.
Merci, commença le professeur d’un ton ferme. Je m’appelle Jacques Ibrahima Ngom, je suis votre professeur en Histoire du droit. »
Après quelques présentations et quelques mises au point, le cours démarra. La classe savait maintenant, à qui elle avait à faire. Car chacun avait déjà entendu parler de lui. En mauvais termes bien sûr. C’est le professeur qui causait le plus d’hécatombes aux examens.
On le nommait Ivan le Terrible , Hitler , ou démolition man. L’appréciation des étudiants était un mélange de crainte et d’admiration. Crainte parce qu’il était la cause principale du taux d’échec élevé des étudiants et admiration parce que c’était un excellent professeur. En matière de connaissances, les étudiants le vénéraient. Sa maîtrise du français était indéniable. Sa diction inouïe. Sa connaissance du droit inégalable. Il était craint et vénéré en même temps. Ceux qui prétendaient le détester gardaient au fond d’eux, en secret, une petite étincelle d’admiration.
Depuis quelques minutes Ibrahima avait arrêté de prendre notes. Le professeur dictait très rapidement, et ne tenait pas compte des multiples sollicitations des étudiants qui voulaient qu’il reprenne ses phrases. Seuls, ceux qui étaient devant entendaient ce qu’il disait. Les pensionnaires du fond percevaient les dernières syllabes de ses phrases se perdre dans le brouhaha de la salle.
Le professeur avait l’habitude de ne jamais revenir sur une phrase une fois qu’il la répète deux fois. Ce n’était pas facile du côté des étudiants, la moitié restait debout par manque de place. Pendant deux heures de temps, certains, stylo à la main, cahier bien posé sur le bras qui sert de sous-main, essayaient tant bien que mal de pendre notes. Il faisait chaud dans la salle. Une odeur de plumes cramées chatouillait les narines. Au début on a envie de vomir, on a des vertiges, mais avec le temps et par

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