Destin Païen
58 pages
Français

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Destin Païen , livre ebook

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Description

Sur la façade de cette bâtisse à étage, le buste abîmé d’un dieu déchu, figé dans une posture éternellement menaçante et couvrant de son ombre deux anges offrant des brindilles de vigne, des présents menacés qui rappellent l’attachement de ce peuple aux bonheurs immédiats malgré la réprobation divine. Ce cadre reflétait précisément la nature même de ce pays, comme une affiche aux nouveaux arrivants, cette terre abrite la lutte silencieuse des Hommes entre la vie et le péché.
Notre réalité n’est autre que le reflet d’une histoire d’abord personnelle ensuite de celle de la terre qui nous a choisi pour la piétiner, c’est l’Algérie antique et claire comme après des pluies nettoyant un sirocco venu du désert et dégageant son ciel bleu et les couleurs chatoyantes de ses décors. Entre horreur et beauté, entre amour et haine, des petites gens attachantes aux corsaires sans scrupule, Destin païen est un roman qui retrace via des personnages variés et des époques successives le caractère exceptionnellement préservé du décor et des êtres occupant ce pays qu’est l’Algérie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312077918
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Destin Païen
Idir Saci
Destin Païen
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07791-8
Quid est ergo tempus ? Si nemo ex me quaerat scio si quarante explicare velim nescio.
Saint augustin
Avertissement
– Certaines descriptions de lieu sont empruntées à des récits de voyage.
– Certaines scènes sont empruntées à des œuvres de criminologie.
– Une traduction de poème Kabyle a été introduite dans une des scènes.
P REMIÈRE PARTIE
Chapitre I
Empoignant farouchement la terre, il se releva s’essuya le visage pour découvrir l’ombre qui l’empêchait de pleurer. Le barbu, crinière grise et carrure solide se dressait devant lui le regard plongé au loin. Il était venu lui aussi retrouver l’idole engloutie. Face à l’immensité, l’obscurité et le froid qui occupaient définitivement l’espace, un destin, celui-là même qui a eu raison de ses ancêtres et qui avait trahi la promesse d’un jour aussi claire que cette sombre et froide nuit. Son esprit est resté cependant accroché à des mots, des lettres qui l’empêchaient de suivre sa sœur dans l’abîme, celles du manuscrit oublié : « Mare nostrum même si tu m’as fait mal, je ne t’oublie pas ! ».
La rigueur des lignes romaines céda place à des structures nonchalantes, un contraste rappelant l’existence de deux mondes longtemps séparés dont Razky et Hurya venaient de franchir la barrière. L’ancienne citadelle sobre de l’extérieur, faste en son intérieur, fidèle interprétation de la cité de dieu, semble à première vue mal agencée, compressée et irriguée par des dédales anarchiques, un refuge conçu pour abriter des rebelles et enfermer de précieuses prises. Alger, La Protégée « El Mahroussa » ne se laisse effleurer que par les vagues qui l’encerclent le long de ses remparts.
Les deux étrangers ne s’étaient jamais aventurés de ce côté là de la ville. La portion des oubliés et des fuyards n’était pas pour le médecin et sa femme ; seule une terrible malchance pouvait mener à cet endroit et pour la jeune femme, plus qu’une certitude : la belle mère ayant curieusement décidé quelques jours auparavant de faire livrer des Mhadjeb piquants et brûlants à son fils ; une attention que la superstition féminine empêche d’avaler sans suspecter le complot.
De la belle demeure de fonctionnaire qu’ils occupaient, ils se retrouvèrent en quelques jours dans une tanière reculée où plus aucune issue n’était possible à leurs yeux, leur confortable appartement ayant été rapidement réquisitionné par un arriviste qui ne pouvait rêver d’une telle opportunité.
La mésaventure avait commencé, lorsque quelques jours auparavant une patrouille de gendarmes s’était postée devant l’entrée du service des urgences de l’hôpital Central . La nouvelle circula aussitôt et tout le bâtiment entra en effervescence. Très vite, le chirurgien Messaoud emprunta le raccourci de la funeste déchetterie pour disparaître dans les bois, là où d’habitude lui et son complice s’occupaient des fœtus avortés. Du côté des garages, le directeur ordonna tête baissée à l’ambulancier de le conduire chez lui, le lot de vaccin périmé avait fait beaucoup de bruit et causé des pertes.
Cependant , les mauvaises langues commençaient à marmonner : « Le muet cachait bien son jeu ! ».
Au loin l’attroupement qui s’était formé guettait l’instant où l’officier allait reprendre son registre, « Razky le discret » ne pouvait s’empêcher de rendre la situation encore plus pénible, ainsi il prit le temps de bien lire avant de remettre le registre au gendarme pressé, non qu’il cherchait à s’assurer du contenu mais plus par plaisir de se délecter de la détresse de ce monde pas tout à fait en règle.
Le brancardier lança : « On est tous avec lui… » . Pour qu’aussitôt l’anesthésiste s’écria : « Encore un traitre ! ».
Les gendarmes étaient venus pour une banale affaire de service national. En réalité Razky était un insoumis qui n’avait pas répondu à l’appel du drapeau. Ainsi , le jardinier qui ne ratait aucune syllabe du message délivré, avait pour la première et la dernière fois, reçu les supplications du directeur de lui en dire davantage. Celui -ci s’exécuta aussitôt mais comme pour faire durer son « heure », il encombra son récit d’interminables détails qui n’avaient aucun lien avec la scène en question mais que l’attroupement reproduisait suivi d’un : « Et après ! », jusqu’à ce qu’il termina par : « Il est décidé à rester insoumis… quel courage de refuser de signer ! » . Cette fin n’était cependant pas du goût du directeur qui ordonna la dispersion immédiate en s’écriant : « Occupe -toi de tes plantes insoumises plutôt ! ».
Sans savoir où tout cela allait le mener, il avait cette sensation agréable, ressentie avant l’ivresse totale, mais le genre d’ivresse qui se termine par des vomissements. Pour la première fois de sa vie, l’élève modèle qui ne dormait pas sans avoir terminé ses devoirs, avait décidé de se rebeller. Il est vrai que la rébellion se situe pour la majorité des hommes à un niveau plus élevé qu’une insoumission, mais pour Razky les vomissements étaient déjà là au moment même où il avait les yeux sur le registre du gendarme.
L’incident ne tarda pas à parvenir chez lui. Hurya la petite blonde introvertie possédait l’arme fatale, la fragilité ou ce qui peut rendre fou un homme. Angoissée elle démultipliait sereinement et délicatement les peurs de son mari. Ainsi ne pouvant résister aux reproches silencieux de sa femme, quelques jours plus tard, « l’appelé » se retrouva dès l’aube le long d’une chaine humaine adossée au mur d’une caserne dont les pierres portaient les traces de mains humanoïdes tel des vestiges du néolithique. La chaîne avançant lentement, le son des vagues et des mouettes écrasait progressivement les lourdes paupières du jeune homme, cependant ses pieds le tenaient bien droit et ses oreilles restaient attentives à la moindre syllabe venant de la lointaine lucarne où fusaient les appels à la délivrance. Au bout de plusieurs heures, ses membres semblaient se détacher un à un en l’avisant d’abord par des fourmillements pour ensuite disparaitre à jamais. Seul un bout de son cerveau sans doute la partie la plus primitive de l’être, abritait encore le vivant. L’attente précède inéluctablement la mort mais juste avant de compter le dernier membre encore animé, un fracas le réanima brutalement. Un groupe de chats renversa une poubelle et se livra un combat sans merci qui pour un instant capta son intérêt, des chuchotements commençaient à jaillir de la ligne, un brouhaha s’installa, vite stoppé par une grosse ceinture qui s’abattit sur les spéculateurs. La lucarne se referma instantanément et deux « appelés » avancèrent pour emprunter l’entrée. Razky ne saisit pas ce qui ce passait, alors qu’il devançait les deux ombres.
Un moment d’égarement, il comprit par la suite que son tour était passé, par la faute du bruit et du sommeil qui avaient eu raison de sa vigilance, à cet instant il se rappela Hannibal qui avait perdu à Zama à cause d’une grasse matinée.
Après cette convocation de la dernière chance, le jeune homme était fiché et compté parmi les insoumis. Pour le médecin sans histoire, la porte de l’enfer s’était ouverte à la fermeture de cette fichue lucarne. C’était trop tard pour lui et les jours qui suivirent le lui confirmeraient très vite. Ainsi le directeur de l’hôpital l’arriviste sans scrupule, profita de la situation pour mettre hors jeu le jeune rival, il notifia le licenciement au motif de « non accomplissement des obligations envers la nation », alors que lui-même n’avait jamais mis les pieds dans une caserne ni même une faculté de médecine. Les problèmes venaient chaque jour s’accumuler à l’arrêt choisi par le destin. Alors qu’il s’enlisait lentement, un ami faisant partie des « navigateurs » en vue, lui conseilla de faire appel à un intermédiaire, une idée que réfuta Razky d’autant qu’il devait mettre la main à la poche et acheter une dispense.
Pour tuer le temps et oublier se

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