Dites que je suis magicien
166 pages
Français

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Dites que je suis magicien , livre ebook

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Description

Max nous disait, entre autres : "On ne laisse pas un ennemi vivant derrière soi, car il se retournera ensuite contre vous. Frappez les premiers pour avoir l’avantage de la surprise et frappez fort. Si le nombre est contre vous, fuyez, mais si vous pouvez abattre celui qui mène les autres, ne le ratez pas ! Soyez lucides, toujours. Ne vous laissez pas embobiner. N’abandonnez jamais un ami. Ne confondez pas la promesse et le serment. Ne faites pas confiance aux gens qui ont une poignée de main molle. Attention aux femmes qui parlent et qui boivent et aux hommes qui boivent et qui écoutent. Sachez passer pour une victime. Sachez faire rire les loups, ils ne vous mordront pas, et si on vous demande de faire une saloperie, prenez cinq minutes pour y réfléchir, comme ça si vous la faites quand même, vous saurez que vous devrez vivre avec."
L'éducation spéciale que Max Charry a inculquée à ses enfants les poursuit toujours à l'âge adulte. Eva, sa fille aînée, a cru pouvoir se détacher des traditions familiales proches du Milieu, mais Max, atteint d'un cancer incurable, ne l'entend pas ainsi. Pour rassembler les siens, il décide de participer à un dernier hold-up aux conséquences inattendues, avec son petit-fils Edgar et sa troublante fiancée enceinte, revenus au bercail le soir de Noël.
Eva, qui se préparait mélancoliquement à la séparation ultime d'avec son père, est entraînée malgré elle dans les affaires des uns et des autres et doit s'interroger sur sa propre personnalité.
Ce portrait drôle et ironique d'une famille attachante, renvoie chacun à ses propres secrets, dans un univers de mœurs hors-norme, où le silence et la connivence à la vie à la mort, sont, pour toujours obligatoires.
Et comme le disait très justement Max : "De deux solutions, il faut toujours prendre la plus risquée, car au moins, on ne se sera pas ennuyé."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363155085
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DITES QUE JE SUIS MAGICIEN
Et de deux solutions...

Bee SUZUKI

2016
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

CHAPITRE 1 : à Max
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20 : MAXIME ARTUS WILLIBALD CHARRY
CHAPITRE 21 : REBECCA STERN, dite BEX
CHAPITRE 22 : GEORGES-XAVIER, WILLIAM CHARRY
CHAPITRE 23 : BARBARA KATRYN CHARRY, née NEWLAND, dite Madame MAX.
CHAPITRE 24 : EDGAR JAMES XAVIER CHARRY
CHAPITRE 25 : MARION STERN
CHAPITRE 26 : JAMES LAWRENCE KAWABATA, dit JIM.
CHAPITRE 27 : JUN ALEXANDER KAWABATA, dit TOTO.
CHAPITRE 28 : EVA KATRYN KAWABATA née CHARRY
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34
Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées pourra sembler troublante,
mais est fortuite. L’Art imitant ici la vie et non l’inverse, les personnages fictifs de ce roman
sont priés de ne pas chercher de modèles existants, à moins d’être prêts à pardonner à ceux-ci
leurs propres imperfections et à s’inspirer de leurs immenses qualités.
 
Remerciements à Françoise Barbier pour sa relecture et ses
conseils éditoriaux, ainsi qu’à Martine Boutang, des Editions Grasset, qui
m’a soufflé  le titre de ce roman.
 
 
PREMIERE PARTIE : LES FLAMBEURS
 
« So when people say to me,  »Nothing’s like it used to be"
(They say it was better in so many ways)
I don’t believe that it’s so
(Long, long ago, long, long ago)
They didn’t have so much to brag about
Long, long ago, long, long ago, long, long agooo…"
 
Long, Long Ago chanté par Dean Martin
Paroles et musique : Fisher Marvin, Alfred Roy 
Sony/ATV Music Publ. LLC,
WILLIS MUSIC CO.
 
 
CHAPITRE 1
 
à Max
 
Dans le train vers Paris, m’est revenue la question interloquée de mon institutrice, mademoiselle Vaillant :
« Alors, comme ça, Eva, ton père est… artiste ? » Elle croyait sans doute que les artistes rasaient les murs et mouraient de faim en famille, n’ayant encore jamais vu d’artiste venir chercher ses gosses à l’école dans une voiture de sport américaine. Elle ne pouvait non plus s’empêcher de dévisager avec stupéfaction ma mère, américaine, elle aussi, chaque fois que Barbara venait nous attendre à la sortie des petites classes. Cet être improbable, descendu tout droit d’une affiche de cinéma, vêtu de choses inconnues dans le monde ordinaire des gens comme tout le monde, l’intriguait et lui déplaisait.
J’avais eu envie d’éclater de rire, mais je m’étais abstenue. (« Soyez finement insolents, les gens riront avec vous », disait Max.) J’avais failli m’excuser, j’avais poliment souri, au lieu de m’écrier : « Un artiste ? Lui ? Vous voulez rire ! Un type inoffensif à la marge, rêveur et doux ? Pourquoi pas un poète, tant que vous y êtes ! Là, vous n’y êtes pas du tout ! »
Mais, à cette époque, âgée de neuf ans au plus, je ne pouvais quand même pas formuler : Papa travaille pour des truands.
D’ailleurs, Max nous avait dit, à Georges et à moi, ses enfants admiratifs :
« Si on vous demande ce que je fais, dites que je suis magicien. »
 
Voilà. Je revenais de faire mon devoir de fille aînée. Toute la nuit, une branche sèche avait frotté sur le toit de la maison de mes parents, comme un maître laqueur polit longuement l’objet sur lequel il va travailler. J’avais écouté ce va-et-vient soyeux et râpeux, encore indécise, sachant que lorsque le soleil se lèverait, il me faudrait réfléchir sur tout ce que je vivais avec eux, à cause d’eux, le polir et le retourner, pour qu’à la fin je glisse toute notre histoire, enfin acceptable, dans ma poche et que ce sentiment de désunion me quitte.
J’étais dans le train du dimanche soir vers Paris et je regardais le paysage morne et obsédant de la campagne européenne, sous le grand ciel de novembre, blanc sale ourlé de gris-noir, les champs détrempés, les routes à quatre voies mouillées, bordées sur leurs deux côtés de panneaux criards.
Hyper. Super. Maxi. Marché. Les drapeaux des garages et des vendeurs de pièces détachées automobiles, les néons verts des installateurs de panneaux solaires et de géothermie, les touffes de forêt résiduelles, presque nues, secouées par le vent, au travers desquelles, comme un phare de camion rond et rose, perçait le soleil bas.
J’avais coupé le son de mon baladeur et je ne gardais les écouteurs aux oreilles que pour m’isoler des autres voyageurs, rares dans ce wagon de première, mais toujours à craindre. Mon laptop dormait dans sa housse, mon portable ne vibrait pas, ou pas encore. Enfin seule dans le compartiment, et enfin tranquille.
 
Dans le noir chaud de la maison encombrée de meubles et de tableaux, mon père avait affronté la nuit, couché dans la chambre du rez-de-chaussée, tenaillé par la douleur intermittente et les moments d’insomnie.
Il avait eu chaud, puis froid. Il avait craint d’entendre sonner l’alarme de son pacemaker. Il craignait le retour de la douleur. Puis il avait pensé à sa mort proche, lui qui avait échappé d’un cheveu si souvent et avait enragé en grinçant des dents.
A l’étage, dans la chambre silencieuse voisine de la mienne, j’ignorais si ma mère dormait. Un an auparavant, Max était entré en pleine forme à l’hôpital pour un petit check-up cardiaque et avait subi « par surprise », disait-il, comme il l’aurait dit d’un raid de guérilla déloyal et félon, une opération de la vessie, de la prostate et d’un rein. Tous territoires de l’identité du bas-ventre sacré de l’Homme, de l’Amant, du Père. Il en était sorti découronné du reste de jeunesse qu’il conservait encore, il en était sorti tremblant d’indignation contre lui-même, contre ce corps qui le trahissait et le changeait en une nuit en vieillard chancelant. Encore avait-il échappé au déshonneur de la sonde et de la poche glougloutante. Il en frémissait. Il pestait tout haut, à tout moment, contre l’infection, la faiblesse de ses jambes, l’horreur de l’image qu’il avait de lui-même.
Ma mère, Barbara, silencieusement cassée d’inquiétude et de peur pour la première fois de sa vie, tentait de lui présenter un visage d’épouse confiante, d’infirmière en chef, retapeuse d’oreillers aux bons moments, et laveuse discrète de linges insupportés. « C’est un cancer, tu sais », m’a-t-elle chuchoté, comme si je ne le savais pas.
Dans sa famille à elle, on ne meurt pas de cancer. On meurt foudroyé : du cœur, des artères, d’une veine qui se bouche, ou bien dans le sommeil, pour les très grands vieillards. Elle est surprise et déçue que Max soit atteint d’une maladie sans fin et qu’il souffre, chaque jour un peu plus. Ses yeux verts, pleins de paillettes d’or, fuient. Elle n’a toujours pas appris à exprimer le chagrin. Son âme, jeune et dure, refuse le lot commun de la vieillerie et des douleurs rhumatismales. Pleurer, ce serait décevoir Max.
Ils sont restés les amants terribles qu’ils ont été pendant des décennies. L’âge les a cueillis par surprise, ils refusent absolument le passage du temps. Ne voient-ils pas l’extrémité de la route ?
 
Ce matin, avant que je ne boucle mon sac, il faisait clair. Max s’est réveillé inquiet et fatigué. A la fenêtre, ouverte quelques minutes sur le jardin, il a dit : « Qu’il est beau, ce soleil » d’une voix éteinte, lui qui tonnait si fort dans les dîners, avant de se reprendre et de se taire prudemment.
Samedi, la-journée-avant-le-train, a filé vite, à peine avait-il eu le temps de me donner un album de dessins et de pastels, à peine le temps de scanner et de tirer sur l’imprimante photo une image de mon frère Georges, du temps de sa splendeur. Dans le jardin, le temps rendait sa monnaie à l’été enfui en feuilles de bronze, d’

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