Double expresso
125 pages
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Double expresso , livre ebook

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Description

Camille, séductrice blasée, décide de suivre une thérapie pour remédier à son ennuie. Sous le charme de sa nouvelle psychanalyste, elle décide de la séduire et de détruire sa vie.

Informations

Publié par
Date de parution 26 mars 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312009100
Langue Français

Extrait

Double expresso

Diane Taboga
Double expresso












LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00910-0
Chapitre 1
1
Camille s’assit au premier café de sa nouvelle ville, et comme à son habitude, sortit son petit carnet de statistiques. Elle décomptait les cent premières passantes, inscrivait d’une croix pleine de luxure les femmes baisables et d’un petit rond noircit d’ennuie les non baisables. Profitant ainsi du soleil, elle quadrillait méticuleusement ses nouvelles villes, terrain de chasse parsemé de proies humaines, où le principal ennemi fut le temps. Sa tache remplie, elle alluma sa cigarette pour mieux apprécier son café, puis ouvrit son journal intime :

Mercredi 1 er aout. Café Le mistral. Toulouse. Résultat : 20/100.

Après-midi, milieu de semaine et tout ce monde qui s’agite partout, serveur, vendeuse, chauffeur de bus. J’éprouve une certaine joie, sadique, à ne pas travailler. Je ne remercierais jamais assez Marc et son compte en banque, d’avoir fait une crise cardiaque devant sa putin de télé. Enfin je l’ai assez remercié de m’avoir fait découvrir les femmes. Je me demande, combien d’années le gout de sa bite se ravivera encore dans ma bouche, à chaque fois que je dilapide sa thune. On dit que l’argent sent mauvais, moi je dis l’argent sent le foutre. Mais on s’y habitue.
Cette ville me parait plutôt pas mal, je vais peut-être m’y installer un an.
Note à moi-même : ne plus porter mes Gucci, acheter des Dior au prochain opticien. Trop de jeunes portent des Gucci.

***

Le soleil se leva lentement suivant sa courbe lascive et inévitable, empourprant davantage les pierres roses de l’architecture Toulousaine.
Camille roula sur le dos tout en s’étirant, et scruta quelques instants le corps endormi sur sa droite. Puis se leva, fit ses exercices d’assouplissement le temps que la cafetière crachait bruyamment son café corsé.

– Bonjour !
– Bonjour. L’argent est sous la tasse, je ne savais pas si tu prenais un café le matin.
– Oui merci.
La fille tout à fait à l’aise s’assit un instant, observa Camille et lui demanda :
– T’es jeune, magnifique et riche, pourquoi tu payes pour des services ? Tu pourrais avoir qui tu veux ?
Le silence exaspéré de Camille, refroidit la jeune femme qui rajouta :
– Désolée ce ne sont pas mes affaires.
– Mon ancien voisin, un grand romantique, je tiens à souligner que le mot romantique ne veux absolument plus rien définir, mais sert simplement à attirer la sympathie d’une personne presque mure à se faire briser en en deux. Bref, un looser romantique, produira toujours plus de compassion qu’un looser tout court.
Mais je m’égare, donc mon voisin à finit par conclure en toute lucidité, qu’il y aura toujours quelqu’un prêt à t’aider à te déshabiller avant de baiser ; mais une fois s’être fait baisé, il ni a plus personne pour t’aider. Tu t’habilles toujours seule.
Mais tu sais je t’ai juste payée pour la nuit, ne te force pas à me faire la discussion.
– Merci pour le café, bonne journée.

Samedi 4 aout. Café Le Capitole. Toulouse. Résultat : 28/100.

Aujourd’hui je réalise avec déception, que mon jouet est cassé. Je m’ennuie avec les putes. Je m’ennuie avec la drague, avec les mecs, avec les filles. Si je n’avais pas tant de péchés à me faire pardonner, j’aurais pu opter pour une vie de nonne… quelque chose ne tourne pas rond chez moi. Peut-être est-il temps d’aller voir un psy.

Note à moi-même : trouver un psy.

***

Après avoir relevé cinq numéros de téléphone, Camille s’allongea sur le lit, bras croisés sur le ventre, enserrant l’appareil électrique dans ses mains, et contempla le plafond épuré. Elle composa ainsi les trois premiers numéros en raccrochant aux sons des voix qui ne lui inspiraient guère. Énervée contre elle-même d’avoir eu une idée si stupide, elle tapa le quatrième numéro, et sans même attendre que son interlocuteur parle, elle articula très distinctement :

– Les putes me lassent, que vais-je faire maintenant ?
– Souhaiteriez-vous en discuter dans mon bureau, lui répondit une voix féminine, très sure et sereine.
– Dans votre bureau, cela n’est-il pas trop lugubre, après tout je ne suis pas folle.
– C’est ainsi que nous fonctionnons tous.
– Ne pourrions-nous pas déplacer votre lieu de travail, dehors, autour d’un café par exemple ?
– L’extérieur vous empêcherait de vous concentrer sur vos ressentiments intérieurs.
– Je vous payerai trois fois le prix de la séance !
– Vous ne pouvez pas acheter tout le monde. Réfléchissez y, et rappelez-moi si vous concédez à venir dans mon bureau, celui-ci n’a rien de lugubre.

La sonorité aigue et désagréable d’un combiné raccroché surpris Camille. La première fois surement qu’une personne ne cédait pas à ses petits caprices de princesse. Elle jaillit et s’assit sur le bord de son lit puis recomposa le numéro.

– Demain vous auriez vous un créneau de libre ?
– Mardi seulement, si vous le souhaitez !

À son tour Camille lui raccrocha au nez, puis le téléphone sursauta dans ses mains.

– Donc à mardi, je n’ai pas pris votre nom s’il vous plait.

Désemparée et intriguée, Camille laissa mollement tomber de sa bouche chaque lettres l’une après l’autre. Celles-ci paraissaient se perdre lourdement dans son téléphone.

– Mardi 14 h Camille.
– Oui. Au revoir.
– Au revoir.

Lundi 6 aout. Café Le Toulousain. Toulouse. Résultat : ? /100.

Bordel, je n’arrive même plus à laisser errer mon regard tranquillement, je suis persuadée que mon rendez-vous de demain est une erreur monumentale. Elle m’a carrément forcé la main, et pitoyablement je n’ai fait que subir la discussion. Mais je serais curieuse de voir qu’elle genre de personne peut me tenir tête. Surement une vieille coincée de cinquante-cinq balais, qui vit seule avec ses trois chats. Je peux encore annuler. Ou sinon…

***

Camille interrompit son travail d’écriture lorsqu’elle remarqua, une brune magnifique, traverser le passage piéton. Ses yeux impassibles, s’enracinèrent sur les jambes parfaitement galbées de la passante, et durent difficilement s’arracher de ces récifs vertigineux, car l’inconnue venait de prendre place à deux tables de la sienne. Elle lui tournait maintenant le dos. Un carré plongeant très strict sublimait sa nuque bronzée. Cette vision parfaite laissait naitre une impression de pain d’épices savoureusement sucré au miel, dans l’imagination de n’importe quel observateur un tant soit peu sensible. Camille appela la serveuse pour régler l’addition, pouvoir se lever, et observer lors de son départ le visage de sa nouvelle attraction. Mais alors qu’elle s’avança vers la table de sa cible, l’inconnue se leva, fit face à Camille, la fixa profondément dans les yeux et lui dit :

– Camille, vous oubliez votre cahier. J’espère que vous n’oublierez pas notre rendez-vous demain, 14h dans mon bureau !

Arrivée chez elle, elle se servit un verre d’alcool fort, puis un deuxième et jeta son carnet à la poubelle.

En tout début de soirée, elle voulut calmer ses esprits, se focaliser sur son nouveau plan, gribouiller dans son carnet maintenant vulgairement abandonné. Elle saisit alors un livre, sentit l’odeur des pages, parcourut le résumé, déshabilla le livre de sa couverture et souhaita rentrer dans l’intimité de ses chapitres. Mais il ni avait que la pulpe de ses doigts qui ressentaient le livre. D’un saut dynamique, presque guerrier, elle se leva, pris son sac de piscine sa serviette et roula dangereusement jusqu’au parc des sports, ne manquant pas d’accélérer sur les pigeons joueurs, qui pensait-elle la mettaient au défi.
Dans le vestiaire, elle ramassa ses longs cheveux châtains de sorte qu’elle put tout faire tenir sous son bonnet de bain noir. Puis ajusta ses lunettes. Franchissant le pas de la porte, elle entra dans ce monde anonyme, où les visages déformés par les accessoires de sport n’étaient plus reconnaissables, ou l’uniforme du maillot de bain démunissait les faschonnistas des leurs bijoux, lunettes, chapeaux, costumes. Plus aucune apparence, armure, l’assurance ne tenait plus qu’à un fil.
Camille bomba la poitrine et plongea gracieusement dans un monde aphone chloré. Son corps souple filait, faisant légèrement onduler l’eau de part et d’autre. Au bout des quelques longueurs elle retira ses lunettes pour nettoyer la buée. À côté d’elle un nageur fit de même, et ne manqua pas de se noyer dans les yeux verts sombres de Camille. Alors qu’elle voulut repartir, il lui coupa le chemin en démarrant un peu plus vite. La compétition secrète venait d’être lancée, Camille se concent

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