Ernest Rudel et Cie : A la Santé de César
108 pages
Français

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Ernest Rudel et Cie : A la Santé de César , livre ebook

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Description

Clodomir est un héros de la Grande Guerre de 14-18, il en revient brisé. Après la disparition de son épouse, il laisse son activité professionnelle pour se consacrer à ses passions, l’aviation, la voile et l’histoire antique. Il cherche un temps dans le Pays Gabaye la Villa d’Ausone, le poète et proconsul romain, puis cesse brusquement ses recherches. Quelques décennies plus tard, son arrière petit fils hérite de son bureau et de ce qu’il contient, héritage mystérieux qui l’entrainera, lui et son ami Mickey, dans une drôle d’aventure, à travers la Grèce, l’Italie, la Croatie, mais aussi la France, en Provence et bien évidemment dans le Blayais, poursuivis par des moines barbouzes aux manières douteuses et dangereuses. En prime, le grand amour inattendu…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 octobre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312086859
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ernest Rudel Et Cie
Jean Luc Buetas
Ernest Rudel et Cie
A la Santé de César
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Les Voéyaghes d’Albertine . P’rmière Rabalée , Editions du Net , 2017
Les Voéyaghes d’Albertine . Deusième Rabalée , Editions du Net , 2018
Mourcias Chouésits de l’Ajhasse Désencruchée , Editions du Net , 2017
Probabilités et statistique (ce que j’en ai compris si ça peut aider) , Editions du Net , 2020
Initiez -vous à la langue saintongeaise avec Albertine , Editions du Net , 2020
La Thieusine d’Albertine , Editions du Net , 2021
Avertissement sans frais : Aux tordus qui croiraient se reconnaître dans cet ouvrage, je rappelle qu’il s’agit d’une fiction, et il faut être prétentieux comme eux pour croire qu’on s’intéresse à leur vie sans intérêt. Alors toute ressemblance naninère… Pour les autres, il y a du vrai, je vous dirai peut-être où, mais n’y comptez pas trop…
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08685-9
« Ce qu’il y a de meilleur en nous, c’est ce que nous gardons de la saveur du pays natal »
André Theuriet
L’histoire commence ainsi…
Il me manque. Je ressens un vide depuis sa disparition. Ce parisien, que le hasard avait installé dans notre région, ce titi qui fut adopté rapidement et qui n’avait pas mis longtemps à s’accoutumer au pays, perdant son accent pointu d’Ile de France pour celui du Pays Blayais, parlant gabaye {1} comme un autochtone. Il était vite devenu un maraineau, galopant la Vergne, braconnant les anguilles en équilibre sur un couralin {2} , péchant à la balance les crevettes de l’Estuaire, que les gens d’ici nomment les « boucs », et taquinant le vin blanc local sans se faire prier.
Il n’était pas très grand, l’abdomen légèrement rebondi, avec un visage rond, la mine réjouie, des lunettes à verres épais, des cheveux longs et bouclés, invariablement habillé d’un jean, d’une chemise blanche et les pieds chaussés hiver comme été d’une paire de clarks, ces fameuses chaussures de peau marron.
Je l’avais rencontré vers mes dix-huit ans, à l’époque de mes premières virées dans les bars du coin. Dans nos habitudes, le samedi midi, c’était l’apéro au Brazza , et le soir, on allait boire des bières à la Taverne , les deux établissements assidument fréquentés par la jeunesse blayaise. C’est dans ces endroits que nous nous sommes côtoyés, puis que nous sommes devenus amis. Il se prénommait Michel , mais nous l’avions rapidement surnommé Mickey . A Paris , il avait tenté de faire du spectacle et auditionné pour entrer au Big Bazar de Michel Fugain , sans succès, mais il était resté quelques mois avec la troupe faisant office de baby-sitter pour la fille de Fugain . Il nous racontait parfois cette aventure en concluant toujours : « la petite Marie , elle a souvent sauté sur mes genoux ! ». Et quand parfois, l’alcool le désinhibait, il dansait « Les Acadiens »…
. Puis un jour, il nous a quitté définitivement après avoir lutté sans succès contre une tumeur au cerveau. Depuis , il me manque. Je ne vais plus dans les bars. Sans lui, je n’y prends aucun plaisir, je me sens abandonné. Ses blagues à deux balles n’étaient pas toujours fameuses, mais je paierais bien des fortunes pour les entendre encore et encore de sa voix. J’ai le souvenir du poème qu’il déclamait entre deux apéros : « Un bel hanneton près d’une pie passa, mais la pie n’happa pas le bel appât, moralité, quel bel appât que la pie n’happât pas ! ». Je riais de bon cœur quand pour la énième fois, il s’exclamait : « un effort, c’est un gros nez ! ». Et nous nous tapions dans les mains, les jeunes d’aujourd’hui disent que nous « nous checkions ». Un de nos plaisirs favoris était d’écouter un disque de Santana , ou Supertramp , dans sa chambre de célibataire, assis dans un fauteuil confortable, l’ampli à fond, un verre de cognac dans une main, un cigare dans l’autre. Puis après, nous partions courir les filles.
C’est avec lui que cette affaire a débuté. Mickey avait l’habitude de m’appeler Jaufré, à cause de mon nom de famille : Rudel. Mais j’y reviendrai plus loin. Un samedi en fin de matinée, Mickey m’appelle : « Et Jaufré, je t’invite au resto, ce midi, il y a une nouvelle gargote à Cartelègue, faut tester ! » Et nous voilà installé à une table, buvant un pineau en attendant la suite du menu. L’aubergiste, un peu naïf et croyant bien faire, nous apporte le chariot des charcuteries, quelques pots de pâtés, des saucissons, du jambon, etc. Quelle erreur les amis ! Après une demi-heure, on avait laissé les bocaux vides et les ficelles des saucissons. Le restaurateur venant débarrasser a failli en faire une syncope ! Pas rassasiés pour autant nous avons continué avec une entrecôte grillée accompagnée de quelques frites, puis le fromage (cette fois le serveur, nous a apporté des portions individuelles) et le dessert, le tout arrosé d’une bouteille chacun de vin rouge (Château Peyreyre, Premières Côtes de Blaye)
Pour digérer tout ça, nous sommes reparti vers Blaye, Mickey voulait aller chez l’antiquaire pour chercher des vieux disques en vinyle de Rock’n’roll. La boutique qui nous intéressait était celle de Pipat-Et-Morier, Cours Bacalan, antiquaires et brocanteurs possédant trois ou quatre magasins dans la commune et bien la moitié des immeubles de la ville. Malgré cela, ils continuaient la récolte des métaux, fer, cuivre, zinc, mais aussi les tissus et les cartons. Le tri sélectif avant l’heure. Parmi leurs boutiques, il y avait un atelier de restauration des meubles anciens, mais aussi de fabrication de meubles anciens, avec un fusil et des cartouches de petits plombs pour « cussoniser » le bois, et du brou de noix pour assombrir les planches et les vieillir. Dans le magasin où nous étions, on trouvait de tout : meubles, vaisselles anciennes, veilles tenues, monnaies, timbres, livres… Et c’est dans ce foutoir que Mickey cherchait les galettes noires d’Elvis, d’Eddy Cochrane, ou des Platter.
En attendant je furetais, suivi par le regard de la Mère Pipat surveillant sa marchandise par peur du vol. Je regardais les veilles tenues blayaises, pour les femmes, robes amples bleu-roi, bustier blanc, caraco noir et coiffe blanche, pour les hommes, pantalon de velours noir, chemise blanche avec la large ceinture de tissu rouge, le gilet noir, de grosses chaussettes et les galoches et enfin le grand chapeau de feutre noir.
Les gens devaient avoir fière allure dans de telles tenues. J’imagine bien la Foire Sainte - Catherine vers la fin du XIXème siècle, les dames et les messieurs vêtus ainsi, croisant leurs voisins, se saluant d’un mouvement de chapeau, toute une assemblée de « ventres rouges » déambulant d’un marchand de cochon à un marchand de gâteaux secs ou d’anguilles grillées sur la braise maintenue rouge à grand renfort d’allers et venues de couvre-chef du cuistot, ou s’arrêtant Place de la Liberté (l’actuelle Place de l’Europe ) touchant l’Hôtel Bellevue , pour déguster une douzaine d’huitres avec sa saucisse grillée et boire un verre de vin blanc, ce si gouleyant sauvignon des Côtes de Blaye . Il me semble entendre les bruits des bêtes en exposition le long des Allées Marines , et de sentir l’odeur du crottin, des bouses des bovins, mélangées aux senteurs des grillades et de la morue cuisant dans de grandes marmites, ce bacalau que les pêcheurs espagnols ou portugais déchargeaient dans le port de Blaye , le long de la route de Bourg , appelée aujourd’hui le Cours Bacalan {3} . Il me vient des images d’attelages se frayant un chemin dans la cohue, les cochets se gratifiant de noms d’oiseaux, des « becs d’aloses », des « croque-tomates » ou des « mange-pain-perdu ». Et dans le chenal quelques gabares espérant du calme en ce jour de foire, et un peu de vent pour gonfler la toile et faire route vers Bordeaux ou Royan . Un peu plus loin, deux grands trois-mâts attendant leurs chargements de céréales, de barriques de vins ou de bois de la Forêt de la Double proche, avant de prendre le large, saluer Cordouan et mettre le cap vers l’Angleterre ou la Hollande . Devant l’écluse du Saugeron , un pécheur décharge de sa barque ses « boucs {4} », ses platusses {5} , et un esturgeon, en songeant au printemps pour les aloses et les lamproies.
Je sors de ma rêverie, la Mère Pipat ronchonnant parce que je touche à ses vieilleries. Je me tourne et je vais vers les vieux livres, je feuillette un vieil almanach, un annuaire des abonnés du téléphone de la Gironde de 1896, et mon regard se porte alors sur un exemplaire de « l’Histoire de la Ville de Blaye » de l’Abbé Bellemer paru en 1886. J’ouvre ‘l’ouvrage, je le feuillette distraitement. Puis je reviens sur la page de garde. J’en reste bouche bée en regardant les mots inscrits à la plume sergent-major et à l’encre violette : « Ce livre est la propriété de Clodomir Rude

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