Es-tu là, chéri? : Essai

Roy-Cyr Yolande

Description

Ils partagaient leur vie. Lui, bricolant dans son atelier, elle, lisant dans son lit au rez-de-chaussée. Mariés depuis une quarantaine d'années. Deux enfants. La vie se déroulait au fil des jours avec ses hauts et ses bas. Ils s'aimaient comme on s'aime quand la routine fait son oeuvre. Puis, sans s'annoncer, la vie leur a fait signe. Jean s'est retrouvé à l'urgence avec un diagnostic qui l'a lourdement hypothéqué. Yolande a vu ressurgir ses réflexes d'infirmière et de psychologue, ne négligeant rien pour que son homme ne souffre pas indûment de son handicap. L'amour renforcé par l'expression d'autant de tendresse réciproque durant ces années de petits bonheurs et de grands tourments n'a pas facilité le deuil d'un rêve brisé.

Sujets

• Social Topics
• Young Adult Nonfiction
• Friendship

Informations

• Publié par: Éditions des Plaines
• Date de parution: 27 octobre 2015
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782896115082
• Langue: Français

Extrait

Es-tu là, chéri?
Yolande Roy-CyrTous droits réservés.
Texte © 2015 Yolande-Roy Cyr
© 2015 Éditions des Plaines
ISBN : 9782896115068
Ce livre est une œuvre littéraire qui représente la perspective et l’expression artistique de
l’auteure. L’auteure a tenté d'assurer l’exactitude des renseignements et des conseils
contenus dans cet essai. Toutefois, ils ne peuvent pas remplacer l'avis d'un médecin ou
autre professionnel attitré de la santé. Ni l'auteure ni l’éditeur ne peuvent assumer la
responsabilité légale ou autre pour l'interprétation du contenu par le lecteur, ni pour toute
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Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du
Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et
reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du
livre du Canada et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour
leurs activités d’édition.
Dépôt légal, 2015 : Bibliothèque et Archives Canada, Bibliothèque nationale du Québec et
Bibliothèque provinciale du Manitoba.
Couverture et mise en page : Relish New Brand Experience et Plaines Photo de la
couverture : © Dreamstime 35172468
Photos © Yolande Roy-Cyr
Édition : Pierrette Blais et Joanne Therrien
Révision : Pierrette Blais
Éditions des Plaines
C.P. 123 Saint-Boniface (Manitoba) Canada R2H 3B4
Tél. : [phone] • [e-mail] • www.plaines.caDédicace :
À tous les aidants naturelsP R O L O G U E
Je viens de perdre l’homme de ma vie, mon chéri. Je sens que j’ai le devoir de
raconter son histoire pour lui, pour moi, pour toutes les personnes vivant avec un
trauma crânien, ainsi que leurs proches. Cessons de croire que ceux qui sont
affectés par le traumatisme crânien ne comprennent pas les messages qu’on leur
transmet parce qu’ils ont de la difficulté à se faire comprendre.
J’ai soudainement l’impression que les premiers mots du récit que je m’apprête à
vous raconter relatent l'histoire d'un amour retrouvé. L’autre jour, ma belle- sœur
avec sa perspicacité toujours aussi naturelle me disait tendrement : « C'est comme
si tu étais retombée en amour; tu as toujours hâte de le revoir; tu es toujours
heureuse d'être à ses côtés. Il te manque terriblement quand tu n'es pas là. » Il m’a
suffi de quelques secondes de réflexion pour me rendre compte qu’elle avait bien
raison. Comme bon nombre de couples mariés depuis plusieurs années, notre
mariage battait de l’aile depuis un certain temps. Quoique nous partagions plusieurs
intérêts communs, nous vivions, souvent, chacun de notre côté.
Je dois avouer que l'écriture me sert de catharsis. Toutes ces émotions intenses que
j'ai vécues jour après jour au cours des dernières années ont besoin de trouver une
nouvelle voie pour me guérir psychologiquement et retirer le maximum de cette
expérience pénible, mais ô combien enrichissante.
Toutefois, mon intention dépasse ces objectifs valables. Je souhaite ardemment que
notre histoire serve d’outil aux aidants naturels, ceux qui traversent des expériences
semblables et qui, trop souvent, se sentent impuissants devant l'ampleur de la tâche.
Mon récit sera empreint ici et là de conseils pertinents, surtout simples, pour
rejoindre leurs proches, faciliter leurs interactions, et maîtriser une situation qui peut
paraître insurmontable quand on se sent seul et démuni. Si ce livre peut aider une
seule personne à ne pas sombrer dans le découragement, j'aurai atteint mon objectif
ultime.
Il y a actuellement un intérêt accru dans le cas de patients étant vraisemblablement
dans un état dit végétatif. Certaines études ont démontré une activité cérébrale
inattendue chez ces derniers. L'idée circulant depuis longtemps que les cellules du
cerveau sont incapables de produire de nouveaux circuits à la suite d’un
1traumatisme crânien est maintenant désuète. Au cours des dernières années, je
suivais donc ardemment tout progrès dont on parlait pour ces personnes ayant subi
un tel préjudice et ces données m'encourageaient à poursuivre mes recherches.
Même si parfois mes commentaires peuvent sembler critiques vis-à-vis le manque
de compréhension et les gaucheries de certains professionnels de la santé, ces
commentaires ne s'appliquent qu’à une minorité. Mon récit ne se veut pas une
longue litanie de plaintes à leur sujet. Ces professionnels sont souvent surchargés
de travail et découragés par la chronicité des problèmes et le peu de progrès
observé chez leurs patients. Malgré leurs tâches très lourdes, je reconnais
sincèrement le grand dévouement de la majorité envers leurs patients et leur facilité
à créer une atmosphère chaleureuse et familiale dans des conditions difficiles.
J'aimerais donc que ce livre puisse aussi leur servir dans leur cheminement auprès
des patients et de leurs familles.À votre intention, chers aidants naturels, j’ai ajouté des points à retenir pour chaque
chapitre, que vous trouverez en annexe.
1 The Brain that Changes Itself par Norman Doidge, Penguin Books 2007Chapitre 1
La préparation de la retraite
Malgré les projets les mieux préparés, tout peut chavirer. À notre grand désarroi,
c'est un peu ce qui nous est arrivé.
Au cours de nos 45 ans de mariage, Jean et moi avions connu, comme plusieurs
couples, notre part de hauts et de bas. Le goût du voyage et de la langue française
que nous partagions nous a conduits en France, jeunes mariés et parents d'une
adorable petite fille de six semaines. Jean poursuivait ses études universitaires en
enseignement du français, langue seconde. Nous vivions pauvrement avec une
maigre bourse du gouvernement français, mais nous étions conscients que durant
cette année nous accumulerions une riche expérience qui dépasserait sûrement
toutes nos attentes. Ce qui s’est avéré.
Au retour, j’ai repris mon travail d'infirmière afin d'aider un peu à rembourser les
dettes accumulées en France tandis que Jean retournait à son poste d'enseignant.
Coup de chance, peu de temps après, un ministre fédéral sollicitait Jean pour
devenir son adjoint parlementaire. Jean adorait la politique, ayant déjà mené une
campagne électorale pour son père. C'est donc à deux que nous avons décidé de
déménager dans la région de la capitale nationale.
Son poste exigeant de longues heures de travail, je me retrouvais souvent seule
avec ma petite. De plus, les membres de ma famille et de ma belle-famille me
manquaient. Au début nous avions peu d'amis jusqu'à l'arrivée de plusieurs de nos
compatriotes de l'Ouest. Heureusement, nous avions chacun une sœur qui habitait
aux deux extrémités, mais à moins de 300 kilomètres de distance. Il va sans dire
que nous partions souvent leur rendre visite les week-ends, car nous sentions le
besoin de nous ressourcer.
L'année suivante, nous avons eu le plaisir d'accueillir notre fils. Jean quittait son
poste d'adjoint parlementaire pour devenir fonctionnaire fédéral. Je travaillais
ponctuellement comme infirmière et mes journées étaient toujours bien remplies
avec deux jeunes enfants. Graduellement, notre cercle d'amis et de connaissances
s'est élargi et nous nous sommes bien adaptés à notre nouvelle vie loin de notre
province natale.
En 1969, nous repartions en France afin que Jean poursuive des études avancées
en administration à Paris. Cette fois-ci, les conditions de vie étaient bien différentes
de celles de notre premier séjour, car nous jouissions d'allocations supplémentaires
en tant qu'envoyés du gouvernement canadien. Nos enfants fréquentaient l'école
française et nous avons eu l'occasion de voyager à travers la France et l'Europe. Les
liens d’amitié tissés pendant notre séjou