Eva, ange de la nuit
113 pages
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Eva, ange de la nuit , livre ebook

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Description

Eva, jeune femme dynamique, nous emmène dans son univers intime où son travail et ses fantasmes se chevauchent dangereusement. Dans sa lutte contre sa personnalité complexe et ses actes monstrueux, elle subit certaines transformations corporelles. Lors de sa première intervention, elle rencontre Alain ; un habile chirurgien, qui tombe amoureux d’elle et l’épouse sans même chercher à connaître son passé. Le couple s’installe à Trinidad où leur vie ne sera que félicité jusqu’au jour où Joël, policier et ami d’enfance d’Alain, vient y passer quelques jours de vacances. Alors commencera, pour Éva, une lutte effrénée pour maintenir l’intégrité de sa famille et garder leur confiance et leur amour. Mais jusqu’où ira-t-elle dans son combat contre sa double personnalité ? Trouvera-t-elle un jour la sérénité ?

Informations

Publié par
Date de parution 13 novembre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312018430
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eva, ange de la nuit
Christine Lucige
Eva, ange de la nuit
LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01843-0
Chapitre 1
Éva s’étira avec félinité en embrassant du regard son immense propriété. Un sourire de satisfaction illumina son visage. Les gouttes de sueur scintillaient sur sa peau dorée. Elle était allongée nue, à même le sol sur le bord de sa « piscine olympique. » Elle plongea dans l’eau bleutée pour faire quelques brasses et se rafraîchir, afin d’éveiller son corps endormi par le soleil. Elle émergea à regret quelques minutes plus tard et s’enveloppa dans un peignoir blanc, chaud et moelleux qui tranchait sur sa peau hâlée. Elle but rapidement la boisson fraîche qui l’attendait sur la table basse car elle voulait être ponctuelle à son rendez-vous. Elle se dirigea vers sa chambre et resta songeuse devant l’armoire ouverte : sa garde-robe était si importante, que le choix d’un habit devenait jour après jour plus difficile. – Justine ! Cria-t-elle. – Oui madame, répondit la minuscule soubrette boulotte qui arriva en courant et s’inclina devant sa maîtresse avec dévotion. – Donne-moi ton avis. La rouge ou la noire ? Éva lui présenta deux « mini robes », une en lamé noir et l’autre en satin rouge couverte de perles blanches.
– Si je peux me permettre, madame, je préfère la blanche que vous avez récemment achetée. Vous savez, celle avec les fines bretelles ; elle ressortira mieux sur votre peau, répondit la servante avec un timide ricanement. – C’est d’un classique, une robe blanche sur une peau bronzée, dit Éva d’un air dépité. – Oui madame… mais pas avec ça !
La servante lui tendit un ruban de dentelle rouge parsemée de minuscules perles blanches qu’Éva accepta avec une moue dubitative. La robe blanche que la servante l’aida à enfiler était si moulante qu’il aurait presque fallu qu’Éva s’enduise le corps d’huile pour y entrer ! Puis, d’un geste lent et gracieux, la soubrette lui entoura les hanches avec la pièce de toile rouge qu’elle fixa avec une épingle dorée, ce qui fit le meilleur effet. – C’est magnifique ! Vous avez eu une bonne idée Justine ! s’écria Éva. – Merci madame, répondit la servante enorgueillie par le compliment. – Tu peux m’appeler par mon prénom ! Je te l’ai déjà demandé plusieurs fois, dit Éva en lui adressant un clin d’œil complice.
Justine avait trop de respect pour sa patronne pour oser l’appeler par son prénom. Voire la tutoyer. Cela n’était pas concevable dans l’univers des domestiques !
– Quels bijoux me conseilles-tu ? Demanda Éva en se tortillant devant le miroir. Elle était ravie de l’image qui lui était renvoyée. – Ce fin collier d’or et ce bracelet de diamant et rubis feront l’affaire !
Éva ne cessait de se contempler dans le miroir. Elle était fière de son nouveau corps et de son nouveau visage. A chaque fois qu’elle se trouvait devant un objet qui lui renvoyait son image, elle se remémorait la peur qui l’étreignit le jour de son : « indispensable »
intervention chirurgicale. Sa crainte était alors que le chirurgien la transformât en une créature difforme et monstrueuse ! Alors elle semblait sereine aujourd’hui. Cela n’avait pas été le cas ces dix dernières années, où elle était quasiment paranoïaque, n’osant pas se montrer au dehors et refusant d’ouvrir chaque fois qu’on sonnait à sa porte. Éva se mira une dernière fois dans sa psyché, puis s’installa à l’arrière de sa limousine noire conduite par son dévoué chauffeur impeccablement vêtu. Elle accuserait, une fois encore, le retard nécessaire pour faire une entrée magistrale dans la salle de réunion ; ce qui ne manquerait pas d’attirer sur elle les regards concupiscents de ses collaborateurs masculins. Elle avait prit soin de sa toilette car elle devait dîner au restaurant avec son mari après cette énième réunion de conseil d’administration de son énième entreprise. Éva était toujours ravie de rencontrer son époux en tête à tête hors du foyer. « Cela me donne l’impression d’être une éternelle adolescente à la recherche d’aventures », disait-elle. Mais, ce soir là, elle avait un autre rendez-vous qu’elle ignorait totalement mais qui était parfaitement connu de son mari. Un rendez-vous « surprise », un événement inattendu qui s’abat sur vous comme un couperet sur la tête d’un condamné a mort et qui contribue, l’espace d’une seconde, à bouleverser entièrement le cours de votre existence.
Chapitre2
ÉvaMérel, jeune femme d’une trentaine d’années et d’une beauté fatale, eut une enfance tourmentée entre un père alcoolique et inexistant et une mère qui s’appliquait tous les jours à faire semblant de l’aimer. Son adolescence mouvementée se déroula entre fugue et garde a vue pour des petits larcins qu’elle commettait le week-end quand elle voulait fuir à toutes jambes la morosité de son domicile. Cependant, il y eut une accalmie dans son adolescence tempétueuse le jour de ses dix-huit ans, lorsqu’elle décida de devenir infirmière, après avoir passé son bac avec succès. Elle quitta donc Chamalières près de Clermont Ferrand et monta à Paris afin de poursuivre ses études. Elle obtint son diplôme à vingt et un ans avec mention très bien et fut placée au premier rang pour obtenir du travail. Elle eut le choix entre trois postes : réanimation, cardiologie, et psychiatrie. Elle préféra le second et débuta un jour de pleine lune dans le service de cardiologie d’un petit hôpital parisien. Ce jour là, le SAMU semblait débordé car il transportait sans relâche des malades gémissants jusqu’au premier lit vide entouré d’une multitude de tuyaux, de machines, de fils électriques et de sonneries. Madeleine, l’infirmière montée sur roulettes, virevoltait d’un lit à l’autre en manipulant des instruments étranges. Tout en se débattant avec un arrêt cardiaque, elle transmettait des informations attrapées au vol par Éva qui était en train de penser qu’elle ne serait jamais à la hauteur de ce job de dingue ! Dans une salle a côté, un médecin réanimateur étranger, défoncé au whisky, posait un pace -maker à un homme a moitié endormi. Ce dernier pataugeait dans son sang, replongeant dans les bras de Morphée à chaque fois que le médecin criait : « vélium ! » à son infirmière assistante qui s’empressait de pousser une giclée d’un liquide jaunâtre dans la tubulure de la perfusion branchée au bras du patient. Éva faillit partir en courant devant ces scènes insolites qui la confortaient dans l’idée qu’elle serait incapable d’assurer ce poste. Mais elle avait besoin de travailler et se sentait aussi obligée d’affronter ce métier qu’elle avait choisi. Elle fit très vite son apprentissage et évolua rapidement avec virtuosité dans cette jungle comme si elle y était une habituée de longue date. Après trois années de travail acharné, affrontant les poings serrés et la peur au ventre les infarctus du myocarde, les arrêts cardiaques et autres sortes de pathologies qu’elle croyait inexistants, elle décida de changer de service. Elle commença un lundi après-midi dans le service de réanimation toxicologique du même hôpital. Elle fut moins impressionnée par l’agitation qui y régnait, habituée à slalomer entre les différentes machines, mais côtoya les suicidés, les toxicomanes en overdoses, les intoxications volontaires et involontaires et tant d’autres pathologies indicibles ! Elle travaillait en étroite collaboration avec les pompiers et toute autre unité d’urgence mobile, lesquelles évoluaient en un étrange ballet vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans les interminables couloirs du service. Elle garda en mémoire certains événements marquants et notamment l’histoire de cette jeune fille de dix-huit ans, qui avait avalé le contenu entier de sa boite de nivaquine et qui n’avait pu être sauvée malgré l’acharnement de l’équipe. Cette jeune fille originaire d’Afrique fut protégée à jamais du paludisme. Mais explique peut-être encore en ce moment à Saint-pierre la raison de son geste désespéré ! Il y eut aussi ce mécanicien qui noya son chagrin d’amour dans de l’antirouille. Ce jour là, l’infirmier saturé de travail, fit remarquer avec humour à la dépouille (car l’homme était
mort) qu’il n’aurait pas dû utiliser une méthode de suicide réservée aux jeunes filles antillaises. Elles seules savent doser habilement ce produit afin qu’il ne soit jamais fatal et l’utilisent uniquement dans le but d’attirer l’attention de leur proches. Éva se souvenait aussi de cet homme qui absorba de la mort-aux-rats pour échapper à la fougue de son épouse qu’il ne pouvait satisfaire sexuellement. Une hémorragie fulgurante l’emporta en quelques heures. Sa veuve effondrée sanglotait dans les bras de l’aide-soignant, lequel cherchait désespérément du regard un complice pour l’aider à supporter la charge… car l’épouse était mignonne et l’aide soignant jeune et musclé ! Le plus terrible souvenir d’Éva fut celui de cette toxicomane, malade du sida, qui faisait des arrêts cardiaques à répétition et dont les cavités du cœur étaient tapissées de champignons. Cette année là, le sida n’était pas encore connu et toute l’équipe pensait que cette femme était tombée malade par manque d’hygiène. Le travail incessant et émotionnellement épuisant laissait chaque jour Éva complètement vide quand elle rentrait chez elle. Au contact de tous ces événements, elle se forgea un caractère trempé dans l’acier et un moral à toute épreuve. Elle apprit à taire ses émotions, à rentrer ses sanglots et à sourire au moment opportun. Surtout elle apprit à ne pas dire que ça va mal quand il est difficile d’accepter la mort d’un patient, d’affronter la famille de ce dernier et de se sentir coupable de n’avoir rien pu faire.
Quand, trois ans plus tard, Éva rentra dans le service de psychiatrie, elle se sentit tout de suite à son aise. Elle était certaine d’avoir enfin trouvé sa place. Elle apprit encore beaucoup de choses comme : négocier et composer avec le malade, se contrôler, soigner « l’être humain » plutôt qu’une maladie et relativiser certains évènements. Elle était très appréciée des patients de ses supérieurs et avait toute la confiance de son chef de service ! Alors, la vraie personnalité d’Éva se libéra. Elle commença à ce moment-là une activité secrète indigne d’une infirmière respectable… mais grande fut sa surprise quand elle découvrit que cette activité la remplissait d’aise.
Chàpitre3
Ce matin-là, comme chaque matin à neuf heures, Éva tendit le flacon de méthadone à Estelle, patiente en cure de désintoxication. – Je n’en veux pas, cria-t-elle, le front plissé et le regard anxieux. – Pardon, dit Éva un peu surprise. – Je ne veux plus de cette saleté, je vous dis !
Éva garda son calme et expliqua à la patiente le risque encouru si elle ne buvait pas son sirop. – Je connais les symptômes de manque ! Ce n’est pas vous qui allez me les apprendre, hurla-t-elle avec irritation. – Je le sais bien mais l’arrêt brutal de votre traitement n’est pas souhaitable.
Plus Éva insistait, plus Estelle s’agitait. – Je veux sortir ! Je ne veux pas rester une minute de plus dans cet hôpital de merde ! vociféra-t-elle en arpentant sa chambre.
Éva comprit qu’elle ne devait pas insister et, glissant le flacon dans la poche de sa blouse, s’apprêta à prévenir le médecin, rappelant tout de même à la patiente qu’elle devait être prudente si elle consommait de l’héroïne après un long moment d’abstinence. – J’étouffe dans ce service, j’ai besoin de voir les copains, de me faire un fixe et de déambuler dans le nirvana ! dit-elle à l’interne qui se présenta dans sa chambre quelques minutes plus tard.
Estelle était hospitalisée depuis une semaine et demie pour un sevrage d’héroïne qu’elle consommait en plus de son traitement substitutif. Elle était sevrée physiquement du produit mais pas psychologiquement car elle ne pensait qu’à une seule chose : sortir pour aller se droguer. Après un entretien infructueux avec l’interne, Estelle, campant toujours sur sa position et sourde à toutes les explications que pouvait lui donner le médecin, décida de quitter le service contre avis médical avec la promesse d’aller consulter le plus rapidement possible son psychothérapeute traitant. Promesse ô combien éphémère tant l’appel de la drogue se faisait pressante ! Éva continua son travail et ce n’est qu’une fois dans son vestiaire qu’elle s’aperçut que le flacon était resté dans sa poche. Elle le posa sur l’étagère de son armoire, ne sachant pas trop quoi en faire : les stupéfiants une fois déstockés, ne peuvent plus être remis dans le circuit. À force de voir quotidiennement le flacon dans son armoire, Éva finit par l’oublier.
Une semaine plus tard, Éva eut à nouveau un refus de soin d’un jeune homme qui en était à son second sevrage de cocaïne, drogue qu’un traitement par méthadone était en train de substituer. Un second flacon prit donc place à coté du premier ! Éva se mit à douter de son efficacité au travail devant ces refus successifs. Mais le doute fut vite effacé car elle était sûre de la confiance que lui portaient ses supérieurs et ses collègues. Son dossier d’évaluation annuelle débordait d’éloges : excellente infirmière, très motivée et très compétente. Son patron, qui ne l’avait jamais vu travailler, l’avait gratifiée d’excellentes appréciations et l’avait jugée calme, discrète et conciliante.
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