Glières, la fracture
240 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Glières, la fracture , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
240 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Prisonnier dans sa tête après un accident, Aimé est aussi prisonnier de son histoire familiale. Glières, la ferme, la guerre, le bien et le mal, l’enfant en quête de repères est devenu un adulte qui a besoin de partager un fardeau trop lourd pour lui. Son séjour à l’hôpital, temps suspendu, est l’occasion de franchir l’étape nécessaire du deuil d’une jeunesse pleine de joies et de drames.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 6
EAN13 9782842067212
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0796€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GLIÈRES, LA FRACTURE
Caîre Baanat
Roman
Glières, la fracture
Caîre Baanat
Maeutîque édîtorîae : Dîane Jonnet
© La Fontaine de Siloé MND Difusion 38 avenue Jean Jaurès 73000 Chambéry Tél. 04 79 68 22 15 www.ontainesiloe.com contact@ontainesiloe.com
Maquette couverture :La Fontaine de Siloé Maquette intérieure et mise en page :La Fontaine de Silo Crédits photographiques : Première de couverture : © docu collection M. Germain ; © Shutterstock Quatrième de couverture : © Le souffle des Glières, de Claire Ballanfat
Dépôt légal :décembre 2020
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou repro-duction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’au-teur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. » (article 40, alinéa 1). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les arti-cles 425 et suivants du Code pénal. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
© a Fontaîne de Sîoé, 2020 ïSBN : 978-2-84206-721-2
À mon père, Aîmé À mon is, ucas
1
Au creux de a maîn, queques Locons dans a tessîture de a paume, Évaporés, matîère de a vîe ou soupçon, e souvenîr pour seu baume.
Je doîs me réveîer. Je ne doîs rîen du tout. D’aîeurs je ne dors pas, c’est autre chose, un autre état. Se réveîer est un choîx, peut-être, pas vraîment. ïs dîsent que je suîs dans e coma de-puîs ’accîdent. Je suîs pourtant dans cette sorte de torpeur depuîs bîentôt quînze ans. a chute du toît s’est produîte î y a queques heures seuement. C’est a même sîdératîon, quoîque a doueur soît pus întense : ee me broîe e crâne. J’aî ma… voîà au moîns une certîtude sur aquee je peux m’appuyer.
Mon corps a prîs de a densîté, de ’împortance soudaîn. Pas encore totaement pour moî, maîs pour es autres, apparemment. ïs s’agîtent. J’apprécîe cette soîcîtude. C’est un baet înînter-rompu… ï y a bîen ongtemps que ’on ne se pressaît pus autour de moî aînsî. J’aî passé tant d’années seu. Fînaement, je compte pour eux peut-être pus que je ne croîs, à moîns qu’îs ne se pro-jettent, que sî je venaîs à partîr, ce seraît une tragédîe trop aboutîe,
Gîères, a racture• 7
un marasme anéantîssant. Peut-être qu’îs ne pourraîent pas e supporter. ï y auraît trop d’efacement, trop de traces de eur propre vîe quî dîsparatraîent.
ïs veuent que je vîve car je suîs e témoîn, e témoîn mâe. Je ne suîs pas seu. ï y a ma sœur, bîen sûr. Ee est pus posée, comme î sîed aux emmes, ont-ees d’autres choîx d’aîeurs ? ConInées împîcîtement de tous temps dans un rôe subaterne, vîgîes de ’ombre, ees jouent a partîtîon qu’on eur assîgne et tentent de s’en émancîper en majorant es quaîtés que ’on attend d’ees. Ee est pus réLéchîe, moîns tumutueuse, c’est ’anée. Je suîs e gar-çon de a amîe, et îs ont beau dîre qu’un garçon et une Ie ça se vaut, îs ne e pensent pas. Je suîs a îgnée, ’hérîtîer. Je suîs ce-uî quî porte e nom, ceuî par quî tout doît contînuer. ’hérîtage n’est pas unîquement un cadeau, un don matérîe, c’est peut-être bîzarre de ’énoncer aînsî, maîs c’est avant tout une charge, des sco-rîes, un ardeau émotîonne, un entreacs reatîonne îndémêabe. Notre hérîtage est aussî ourd à porter pour ma sœur que pour moî et pourtant, pour eux, c’est moî seu quî încarne a transmîssîon, même sî, pesé à ’aune de ’hîstoîre et de ’îmmensîté du monde, cea n’a aucun sens.
Je suîs un beau jeune homme. C’est un peu présomptueux, je e dîs sans vanîté. J’aî été un adorabe petît garçon, e ront haut, e regard caîr de cette proondeur qu’ont nos acs de montagne orsqu’un raî de umîère vîent percer eur surace. Mes cheveux Ins sont bonds et égers, comme cette herbe sèche où poussent es craterees et que ’on nomme, sûrement împroprement, Bache. Ma peau caîre se hâe acîement et surtout, ce quî îumîne e tout, bîen pus que mes caractérîstîques physîques, c’est ma açon d’être présent aux autres. J’aî une attentîon pour chacun, spon-tanément, sans me orcer, cea me parat nature, je paîsante, je anaronne, je suîs rîeur, et cet état draîne vers moî des sympathîes.
Je suscîte aussî e désîr des jeunes emmes, des moîns jeunes aussî paroîs, de emmes matures, comme sî à mon contact, ees
8 •Gîères, a racture
trouvaîent une promesse, cee de ’enant ou de ’amant quî étaît près d’ees, et quî n’y est pus ; ma présence sembe ravîver ces petîts condensés de bonheur.
Je suîs muscé, taîé en V comme on dît chez nous : a taîe bîen marquée, des épaues puîssantes et bîen dessînées. J’aî ce type de vîsage que ’on prête aux acteurs, vîrî et doux à a oîs, des traîts quî donnent conIance. Je suîs ce genre de personnage, suisamment rassurant pour s’îmagîner partîr à ’aventure avec uî. Un type avec eque on se verraît bîen ranchîr es rapîdes du Leuve Orénoque ou pratîquer une chasse à ’ours en Arctîque en toute sécurîté. Je suîs sensîbe aux attentîons de ces emmes, à eurs manîestatîons joueuses et tendres, j’use de mon charme sans cacu, je paîsante. Je ne eur dîs rîen de dîrect, sîmpement ees savent que je es voîs, es eleure d’un regard quî caresse ; j’aîme es Latter, maîs sans Lagornerîe. Je pense avoîr du magnétîsme, maîs ne seraît-ce pas autre chose, comme une protectîon contre e désespoîr, ou, pus vraîsembabement, seraît-ce mon hîstoîre quî attîse eur curîosîté et me rend partîcuîer et attîrant à eurs yeux ?
Ce charme puérî me dîstraît jour après jour. ï ne me suit pas.
Bîentôt j’auraî vîngt-neu ans.
Je ne voîs pas es murs. ïs doîvent être vert d’eau ou jaune pâe ou beîge crasseux, une coueur d’hôpîta. Une de mes jambes repose durement sur e montant du ît. Aucune surprîse, î est métaîque, roîd, comme seu ’est e mobîîer înstîtutîonne. J’aîmeraîs pouvoîr bouger a jambe. Mon tîbîa est de pomb, mé-ta contre méta, e contact me besse. Je ne sens rîen, rîen d’autre que ma doueur. Je suîs sûr que ça sent a pîsse, e choroorme, des reents de boufe, de sang et de cîgarettes.
Je n’entends rîen, es soîgnants sont pourtant à, eurs semees de caoutchouc es trahîssent, mamènent e înoéum autour de mon ît. Une vase întermînabe, sans égèreté : utîes, attentîs,
Gîères, a racture• 9
îs s’empoîent à ne pas aîre bouger e ît orsqu’îs ’eleurent. Je perçoîs quand même un éger pîétînement, ce quî m’apparat être une bonne îndîcatîon, pour me conIrmer que je suîs en vîe.
Cette attentîon soudaîne me permettra-t-ee de m’accrocher à ce soule de vîe, cea s’avérera-t-î suisant ?
Je suîs bîen présomptueux, ce n’est pas comme cea que ça marche. C’est bîen pus compexe, mon petît gars ! Et tu n’es pas teement împortant, justement. a vîe, e petît I quî te rattache à îcî, î ne se rompt pas seuement sî tu e décîdes, î ne reste pas noué au présent seuement sî tu e veux, e désîres vraîment. Ce n’est pas comme orsqu’un enant attend e père Noë, î ne suit pas d’y croîre pour que e mîrace se produîse. D’aîeurs, avec un mînîmum de recu, e père Noë, ce n’est pas sî magîque que cea, même quand on y croît. ï vous amène rarement ce que vous sou-haîtez. ï vous Ie des babîoes, queques objets en phase avec votre pauvreté ; pour e reste, î est trop con sans doute !
Ouî ! Je suîs grossîer, j’adore jurer, es gros mots sont dans mon ADN. ïs habîent mon angage, onctîonnent comme une ponctuatîon coorée. ïs ont marrer mes înterocuteurs quî ne se méIent pas et quî me cassîIent un peu trop rapîdement dans a rustîcîté, a baourdîse. Que nennî ! Pendant que je jure, j’observe, je vous bouscue et je repère pus rapîdement votre capacîté à a bonhomîe et vos préjugés. Je n’y peux rîen, je suîs un bohémîen et même sî ce n’est pas e cas, j’aîme bîen e revendîquer.
ï parat que dans e coma, nombreux sont ceux quî jurent comme des pattîers, înaccessîbes à ’échange, maîs rîvés à eur împuîssance par cette expressîon véhémente, a contrarîété d’être à, arrêtés, stoppés dans eurs aspîratîons, contraînts d’accepter a rustratîon. ï a sûrement au un ond de nature partîcuîer avant ’accîdent pour éructer sa coère aînsî, pour qu’ee remonte du tréonds de son être. Cea demande, à coup sûr, de ’entranement. ’entranement je ’aî, maîs î audraît que ’accîdent aît été un rée
10 •Gîères, a racture
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents