Gloire et déchéance des grandes puissances
223 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Gloire et déchéance des grandes puissances , livre ebook

-
traduit par

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
223 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tooly Zylberberg, propriétaire d’une petite librairie dans la campagne galloise, passe le plus clair de ses journées à lire. Mais un récit essentiel continue à lui échapper, tapi dans l’obscurité : celui de sa propre vie. Enfant, elle a été arrachée à son foyer, puis trimballée en Asie, en Europe et aux États-Unis. Mais pourquoi l’enlever – et l’élever – si c’était pour ensuite l’abandonner ?
Aussi, quand un message au sujet de « son père » lui parvient soudain, c’est sans hésiter que Tooly se lance dans une course-poursuite à la recherche de la vérité. En route, elle percera les secrets de Paul, l’infor­maticien errant qui préfère les oiseaux aux humains ; d’Humphrey, ce vieux grincheux qui lui a transmis l’amour des livres dont nul n’est le héros ; et de Sarah, flamboyante bohème aux humeurs changeantes… mais surtout de Venn. Venn, meneur charismatique qui a modelé Tooly à son image et lui a fait vivre les plus folles aventures. Jusqu’à ce que, sans crier gare, il disparaisse.
Bien que gratifiantes, ces errances nostalgiques – qu’elle n’entreprenait jamais qu’après quelques verres – suscitaient en elle un malaise. Comme si on avait introduit dans son être une longue cuillère et qu’on la remuait. Contrairement aux livres, Internet n’avait pas de dernière page. Qu’une chaîne sans fin qui la laissait fatiguée, tendue, la faisait veiller trop tard.
À moitié debout déjà, elle réveilla l’ordinateur, guidée par la promesse de satisfaction qui se dissimulait toujours derrière le clic à venir. Dans le coin supérieur gauche de l’écran était apparu un drapeau, une demande d’ajout à sa liste d’amis Facebook. En raison du pseudonyme qu’elle utilisait, ces demandes venaient toujours de rôdeurs des plus louches. Elle cliqua sur l’icône, déjà prête à refuser la proposition.
Sauf que le nom lui était familier : Duncan McGrory.
Quelques instants plus tard, elle reçut de lui un message : « Je tente désespérément de te joindre. On peut parler de ton père ? ? ? »
Elle tordit ses mains moites, les essuya sur son chemisier. Son père? De qui parlait-il, au juste?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764428740
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
The Rise and Fall of Great Powers , Penguin Random House, 2014.
Les Imperfectionnistes , Le Livre de poche, 2012. [ The Imperfectionnists , Penguin Random House, 2011.]
Les Imperfectionnistes , Grasset, 2011.

Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Interscript
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Chantale Landry
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre, une initiative de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 : éducation, immigration, communautés , pour nos activités de traduction.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Rachman, Tom
[Rise & fall of great powers. Français]
Gloire et déchéance des grandes puissances
(Latitudes)
Traduction de : The rise & fall of great powers.
ISBN 978-2-7644-2849-8 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2873-3 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2874-0 (ePub)
I. Saint-Martin, Lori. II. Gagné, Paul. III. Titre. IV. Titre : Rise & fall of great powers. Français. V. Collection : Latitudes.
PS8635.A333R5814 2015 C813’.6 C2015-940073-2 PS9635.A333R5814 2015

Dépôt légal : 2 e trimestre 2015.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

Original title : Rise and Fall of Great Powers
Copyright : © 2014 by Tom Rachman. All rights reserved.

© Éditions Québec Amérique inc., 2015.
quebec-amerique.com



Pour ma sœur Emily

2011
Son crayon hésitait au-dessus du grand livre des ventes, descendait en piqué vers la page chaque fois que ses propos prenaient de la vigueur, et la mine, frôlant le papier avant de reprendre de l’altitude à la façon d’un avion de haute voltige et de replonger aux moments les plus percutants, fit naître une constellation de points de plus en plus pâles autour de la seule et unique entrée de cette matinée-là, la vente d’un exemplaire d’occasion d’ Escargots terrestres de Grande-Bretagne d’A. G. Brunt-Coppell (prix : 3,50 £).
Prends la Révolution, par exemple, lança-t-il de son poste à l’avant de la librairie. Les Français ne voient vraiment pas les choses du même œil que nous. À l’école, on ne leur parle pas du chaos, du règne de la Terreur. À leurs yeux, le jeu en a valu la chandelle. Difficile, d’ailleurs, de leur donner entièrement tort. La démolition de la Bastille ? La Déclaration des droits de l’homme ?
L’idée maîtresse de son argumentation, c’était que les Français, étant donné leur nature rebelle… En fait, l’intention de Fogg n’était pas du tout claire. C’était un homme qui échafaudait ses opinions au fur et à mesure, voire après coup, et préciser ses croyances l’obligeait à disserter longuement. La parole était pour lui une forme d’exploration, point de vue que ne partageaient pas nécessairement ses interlocuteurs.
Sa voix résonna entre les rayons et se déposa, trois marches plus bas, au fond de la libraire, où sa patronne, Tooly Zylberberg, en veston de tweed, jean taché de boue et bottes de caoutchouc, essayait de lire.
Hmm, répondit-elle, une biographie d’Anne Boleyn, en piteux état, ouverte sur les genoux.
Elle aurait pu demander à Fogg de se taire et il aurait obtempéré. Mais il prenait plaisir à se prononcer sur les grands enjeux, tel l’homme d’envergure qu’il n’était absolument pas. Tooly le trouvait attachant, en particulier parce que ses discours solennels dissimulaient des doutes considérables sur sa propre personne. Chaque fois qu’elle contestait une de ses affirmations, il s’avouait aussitôt vaincu. Pauvre Fogg. La compassion qu’il inspirait à Tooly lui permettait de papoter sans fin, mais rendait la lecture impossible.
Parce que, après tout, l’inventeur de la guillotine était un médecin, poursuivit-il en rangeant des livres sur les tablettes.
Avant de caser chacun dans l’espace vide entre deux autres, cependant, il les feuilletait rapidement pour laisser s’échapper l’odeur du vieux papier, qu’il humait à pleins poumons.
Il descendit les trois marches grinçantes et passa sous l’écriteau HISTOIRE – NATURE – POÉSIE – ARMÉE – BALLET pour gagner une sorte d’antre encaissé appelé l’« arrière-salle ». Dans une vie antérieure, la librairie avait été un pub, et l’arrière-salle était l’endroit où les buveurs trempés comme des soupes accrochaient leurs chaussettes au bord de l’âtre, désormais obturé par des briques, mais toujours flanqué de pinces et de soufflets, et orné de petits drapeaux gallois verts et rouges et de verres à bière à l’effigie de personnages joufflus, suspendus à des crochets. Sur une table en chêne, on voyait des albums photographiques consacrés à la région, et les murs étaient tapissés de tablettes où s’alignaient des recueils de poésie et une série en décomposition de pièces de Shakespeare à couverture rigide, dont les dos rouges étaient si décolorés qu’il fallait se livrer à un examen approfondi pour distinguer Le Roi Lear de Macbeth . Ces vénérables personnages, en dormance sur les tablettes surchargées, risquaient à tout moment de tomber sur la berceuse où Tooly était assise sur un plaid, lequel se révélait utile en hiver, au moment où les radiateurs, tremblant devant la tâche qui les attendait, s’éteignaient.
Elle repoussa ses cheveux noirs courts, dont les pointes contournèrent ses lobes non percés, la mine d’un crayon de plomb se dressant derrière son oreille. Le livre de poche qu’elle tenait devant elle avait pour but de prévenir les interruptions, mais derrière sa jaquette tressaillaient les joues de Tooly, amusée de voir Fogg tourner en rond en déployant des efforts surhumains pour rester tranquille. Il contourna la table, les mains dans les poches de son pantalon, où elles remuaient la monnaie. (Des pièces tombaient sans cesse de ses poches trouées, glissaient le long de sa jambe et atterrissaient dans sa chaussure. À la fin de la journée, il la retirait – la chaussette était à demi ôtée – et faisait tomber une petite fortune dans sa paume.)
Il leur échoit d’intervenir avec résolution en Afghanistan, dit-il. Absolument.
Elle baissa son livre et le regarda ; il détourna les yeux. À vingt-huit ans, il était son cadet de quelques années seulement, mais le fossé entre eux aurait tout aussi bien pu être de vingt-huit ans. Dans leurs rapports, il demeurait juvénile, respectueux et pourtant vite porté à tenir des propos fantasques. Tout en pontifiant, il jouait avec une loupe en laiton qu’il pressait contre son orbite à la façon d’un monocle et qui lui faisait un monstrueux œil bleu jusqu’à ce que, perdant contenance, il décide de l’abaisser. Son œil redevenait alors petit et cillait. De jour comme de nuit, il donnait l’impression d’avoir été tiré du sommeil par quelque exercice d’évacuation, les cheveux sur l’occiput aplatis par l’oreiller, certains boutons brillant par leur absence au milieu de sa chemise, d’autres décalés d’un œillet. Les clients devaient faire des efforts pour ne pas s’attarder à la plaque de peau nue ainsi révélée par inadvertance. Son pantalon cargo était déchiré à la hauteur des poches-revolver, où il enfonçait les pouces pendant ses oraisons ; les lacets blancs de ses chaussures de cuir avaient viré au gris ; sa chemise rayée, sortie de son pantalon, était élim&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents