Hors saison , livre ebook

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Un matin de septembre, Laure, jeune réceptionniste dans un hôtel de bord de mer, voit débarquer un couple de personnes âgées pour une durée indéterminée. Elle ne sait pas encore que la femme est condamnée et que son mari a décidé de lui offrir une seconde lune de miel.
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Date de parution

02 juillet 2012

Nombre de lectures

24

EAN13

9782363150820

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Hors saison
Marion Lecoq
ISBN 978-2-36315-226-8

Juillet 2012
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Hors saison
Biographie
Dans la m me collection
Hors saison


Il a téléphoné à l’hôtel un matin de septembre, je me souviens, un jeudi.

Il a dit : « Je voudrais prendre une chambre, pour moi et ma femme, une chambre et la pension complète, à partir de la semaine prochaine.

— Bien Monsieur, je regarde nos disponibilités, jusqu’à quand souhaiteriez-vous séjourner chez nous ? »

Il a hésité : « Je ne sais pas encore, un certain temps. » Il s’est arrêté, en suspens, semblant attendre une réaction de ma part, mais nous avons l’habitude des demandes particulières avec notre clientèle fortunée. C’est que nous sommes un hôtel de charme, au luxe subtil, meubles en bois ancien, tentures aux fenêtres, objets chinés dans les chambres, feu dans la cheminée du salon été comme hiver. Le tout en bord de mer, dans un cadre romantique, les citadins stressés nous adorent.

Je n’ai donc pas relevé.

Enhardi, il a ajouté : « Nous voudrions une chambre en rez-de-chaussée, ma femme a les articulations fragiles.

— Pas de problème, Monsieur, il nous reste la chambre Parme, qui est très agréable. »

Il a remercié et a raccroché.

J’ai inscrit dans le cahier de réservations :

Jean et Angèle Servein.

***

Lorsqu’il s’est présenté à la réception, je n’ai pas tout de suite compris que c’était lui. Sa voix était claire au téléphone, je ne m’attendais pas à voir un vieil homme. Il m’a souri avec une sorte d’amusement. Sa femme attendait dans la voiture.

Je les ai conduits à leur chambre, une suite en rez-de-jardin aux tons mauves, donnant sur la mer. La femme s’est assise sur le lit, visiblement épuisée. Le monsieur regardait autour de lui d’un air émerveillé.
« Qu’est-ce que c’est beau, ici, tu ne trouves pas, Angèle ? »
Elle a acquiescé sans prononcer un mot, et a croisé mon regard. Ses yeux froids contrastaient avec l’enthousiasme de son mari.

Il a appelé la réception un peu plus tard.
— Jean Servein, chambre 17.
— Laure, pour vous servir.
— Est-il possible d’avoir des oreillers supplémentaires ?
— Je vous envoie tout de suite la femme de chambre, Monsieur.

À l’heure du dîner, ils se sont présentés à la salle à manger, elle à son bras, hésitante, courbée.
Je les ai observés depuis mon bureau, la salle de restaurant jouxte la réception.
Les mains de la dame tremblaient. Pendant le repas, elle a fait des taches sur la nappe autour de son verre, et sur le col de sa robe. Les serveurs levaient les yeux au ciel derrière son dos.
J’ai vu le monsieur qui les regardait, j’ai craint qu’il y ait un incident, mais ses yeux ne traduisaient aucun énervement.
Il ne s’occupait que d’elle, avec intensité, avec jalousie.
Elle restait silencieuse. Il parlait pour deux, redoublait d’attentions, se penchait vers elle, lui souriait, lui attrapait la main.
Elle hochait la tête de temps en temps, distante. Elle ne souriait pas.

***

Nous avons passé notre première nuit dans cet endroit de rêve, cet hôtel de lune de miel. Une nuit calme, Angèle ne s’est pas étouffée, elle a sans doute peu fermé les yeux mais comme toujours, elle ne m’en a rien dit, ne m’a pas réveillé. Et, à ma grande honte, j’ai comme d’habitude dormi profondément.
Elle est pâle sur son oreiller rose, j’embrasse son front glacé et moite à la fois. Ses lèvres esquissent un demi-sourire routinier.
« Après le petit déjeuner, nous irons au bord de la mer. Je t’emmènerai en fauteuil. »
Elle acquiesce mollement. Je me lève et je me lave, je l’habille.

L’air est brumeux, le ciel se confond avec la mer au loin dans un brouillard bleuté.

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