L'effet Lucifer

Lasri Hicham

Description

Hicham déguste son café en regardant son iPhone. Il fait défiler les images sur ses multiples comptes de réseaux sociaux. Il distribue des likes, des accolades, des embrassades, des fleurs, des clins d’œil, des vents, des râteaux, des lunettes, des sourires, des bombes, des concombres, des aubergines, des licornes… Il s’attarde sur les images de jeunes femmes en maillot de bain, il admire les postérieurs pharaoniques, les nibards gargantuesques, les lèvres hypertrophiées, les cheveux colorés… Il se laisse submerger par cette viande étalée derrière le vernis de son écran tactile…Hakim : − Je fais quoi ?Mounir : − Rien !Hakim : − La débauche, ce n’est pas une mauvaise action ?Mounir : − Il ne fait que regarder des images… On peut même dire que c’est malgré lui qu’il tombe sur ces jeunes dames à grosse poitrine et à petite vertu !Hakim : − Normalement, il doit baisser les yeux…Mounir : − Mais il a les yeux baissés… Il regarde son téléphone !Hakim : − Je ne note rien, alors ?Mounir : − Oui, on n’a pas eu de jurisprudence depuis l’avènement d’Internet… Maintenant qu’il y a des tablettes tactiles… ça ne va pas tarder… ça va être un sacré bordel… Les gens vivent pratiquement sur Internet… Ça va quadrupler le boulot… Et toi, mon petit zozo… tu vas souffrir avec notre coolie… C’est un sacré numéro… un soiffard de première… un queutard en croisade… un astiqueur de viande compulsif… un fieffé menteur… un escroc des cœurs…Ceci est l’histoire d’un ange envoyé du ciel pour entamer une vie active dans un monde où le mensonge universel a pris la place des vérités plurielles, ultime manière d’humilier cette vie, avant la prochaine. Il n’a jamais été facile de faire parler des anges et la réussite de ce livre d’Hicham Lasri, poète de l’image et du verbe, est justement de faire naître un dialogue de qualité, un théâtre de l’absurde revisité, entre l’ange Mounir et l’ange Hakim. L’un accroché à son auréole dorée, l’autre à son auréole terne, ils se parlent comme des oiseaux. Ce livre, drôle et philosophique, au langage cru et intelligent, nous emmène dans le monde underground des anges ce qui est paradoxal pour des êtres surnaturels qui volent.

Sujets

• Maroc

Informations

• Publié par: Prix Orange du Livre en Afrique 2022
• Date de parution: 01 janvier 2021
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9789920910729
• Langue: Français

Extrait

L’EFet Lucifer

Editions Onze Romandie A, angle Bir Anzarane et Ibnou Sina 11ème étage — bureau n°163 Casablanca — Maroc Dépôt légal 2021MO1929 ISBN 9789920910729 CONCEPTION GRAPHIQUE HASSAN CHARACH

Hicham Lasri

L’EFet Lucifer

Roman

Allah dit : « L’individu ne prononce pas une parole sans qu’auprès de lui se trouvent (les anges) Rakib et Atid (qui les inscrivent). » Sourate Qaf / Aya 18 du Coran

« Sage est celui qui se contente du spectacle du monde » Fernando Pessoa

L’EFet Lucifer

Ceci est l’histoire d’un ange envoyé du ciel pour entamer une vie active dans un monde où le mensonge universel a pris la place des vérités plurielles, ultime manière d’humilier cette vie, avant la prochaine.

Hakim : − Je ne vais pas me présenter, ni dire bonjour… Et ce n’est pas l’envie qui manque : c’est ma première journée de boulot, une journée importante, grave, solennelle, mais aussi le début pour moi d’une nouvelle carrière. Comme toutes les carrières, ça commence avec cette terrible et décisive période d’essai. Les humains appellent ça… stage… période d’essai… intérim. Toute mon existence d’ange a été orientée vers cette possibilité d’être un agent du système… un délateur… un scribe… un œil attentif, un doigt agile… J’en avais marre de jouer leséventailleurset les rafraîchisseurs dans un lieu climatisé… Tu comprends ?

La seule réponse qu’il obtient est le silence.

Hakim : − Je ne sais pas ce qui m’attend… On ne m’a rien donné comme instructions, à part une tablette et un peu de connexion pour rédiger mes rapports et noter les mauvaises actions. C’est un grand honneur de servir

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Hicham Lasri

les enfants d’Adam. Ils sont devenus si nombreux… si diérents… Adam en serait er s’il n’était pas occupé à tabasser sa femme tous les jours pour reprendre sa côte… Ève est gentille, un peu délurée, le cheveu sur le nibard et la fesse asque… Elle ne se rend pas compte qu’elle a grossi et qu’une feuille de vigne ne sut pas pour cacher ses plis et ses bourrelets… Tu m’entends ?

Le silence se replie sur lui-même…

Hakim : − Peux-tu me dire des choses sur notre coolie ? J’ai cru comprendre que c’est un bon vivant… Non ?

À la question rhétorique répond un silence dialectique.

Hakim : − J’ai passé toute ma vie dans les jardins du Paradis. On peut dire que je suis un enfant de la campagne… un péquenaud si tu veux… J’avais envie de venir ici… sentir la verticalité babylonienne des constructions des enfants d’Adam… les engins qui volent et qui roulent à toute vitesse… Je comprends quand on dit qu’il est devenu dicile de faire jouer les miracles en cette époque…Pégaseest le nom d’un train rapide… On marche sur l’eau, sur le dos des bateaux, on ouvre les rivières avec des ponts et des digues… les médecins sauvent les gens et la maladie n’a plus rien de métaphysique. C’est fascinant et enrichissant pour un jeune cadre comme moi… Voir ça ! De mes propres yeux ! Je me rends compte de la chance… du privilège… de la lourde responsabilité aussi… Il ne faut pas croire que je n’en suis pas conscient… hi hi hi hi hi hi hi hi hi hi hi… Désolé si je parle autant… On vient de m’équiper

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