L'érotisme solaire de René Depestre

Michèle Aquien

Description

L'oeuvre de René Depestre, poète et écrivain d'origine haïtienne, reflète le charme, la sensualité souriante d'un homme qui n'a pas peur, pas peur des femmes, de ce qu'elles sont. Les femmes ont en René Depestre un poète pour elles - ce qu'il écrit n'a rien à voir avec la pornographie qu'il abhorre, mais avec un panhumanisme généreux et universaliste. Il met la femme à sa place, au coeur du réel et de la vie.

Sujets

• Pornografía
• Porno
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• Harmattan Littérature
• Érotisme
• Littérature
• Erotique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2014
• Nombre de lectures: 31
• EAN13: 9782336342009
• Langue: Français

Extrait

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L’érotisme solaire de René Depestre

Éloge du réel merveilleux féminin

A VECUNEPOSTFACEORIGINALEDE R ENÉ D EPESTRE

Espaces LE Littéraires

L'érotisme solaire de René Depestre Éloge du réel merveilleux féminin

Espaces Littéraires Collection fondée par Maguy Albet Dernières parutions Ghada EL-SAMROUT,L’itinéraire mystique dans l’œuvre de Salah Stétié, 2014. Fabrice BONARDI (dir.),Parfums de l’âme et autres feux follets, 2013. Ralph ALBANESE,Racine à l’école républicaine ou les enjeux socio-politiques de la tragédie classique (1800-1950), 2013. David MICHEL, Amélie Nothomb. L’écriture illimitée, 2013. Nicole BERRY,John Cowper Powys, au-dessus de la terre l’oiseau. Un homme dans son œuvre, 2013. Magda IBRAHIM, Prière d’un petit enfant nègre de Guy Tirolien. Un manifeste de la Négritude, 2013. Fabrice BONARDI (dir.),Des nouvelles du désir, 2013. Simone GOUGEAUD-ARNAUDEAU,Crébillon le Tragique, 2013. Berkiz BERKSOY,Ahmet Hamdi Tanpınar, 2013. Najib REDOUANE et Yvette BÉNAYOUN-SZMIDT,Le pari poétique de Gérard Étienne, 2013. Annie RICHARD, L’autofiction et les femmes. Un chemin vers l’altruisme ?, 2013. Calisto,La femme surréaliste : de la métaphore à la métonymie, 2013. Claude FRIOUX,Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 4 : Ecrits 1980-2012, 2013. Muguraş CONSTANTINESCU,Pour une lecture critique des traductions. Réflexions et pratiques, 2013. Lidia COTEA,À la lisière de l’absence.L’Imaginaire du corps chez Jean-Philippe Toussaint, Marie Redonnet et Éric Chevillard,2013. André LUCRECE,Aimé Césaire. Liturgie et poésie charnelle, 2013. Jacques PEZEU-MASSABUAU, Jules Verne. Les voix et les voies de l’aventure, 2013. Jacques PEZEU-MASSABUAU,Jules Verne. Un art d’habiter la Terre, 2013.

Textes réunis et présentés par Michèle AQUIEN L'érotisme solaire de René Depestre Éloge du réel merveilleux féminin Postface originale de René DEPESTRE

Michèle Aquien est l’auteur de Saint-John Perse : l'être et le nom, éd. du Champ Vallon, coll. "Champ poétique", 1985. La Versification, PUF, coll. "Que sais-je?" 1990. Dictionnaire de poétiqueLes, LGF, Le Livre de Poche, Coll. « Usuels de Poche », 1993. La Versification appliquée aux textes, éd. Nathan, Nathan Université, coll. 128, 1993. L'Autre Versant du langageJosé Corti, 1997., Librairie © L'H ARM ATTAN , 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-03048-7 EAN : 9782343030487

Pour René Depestre Orange des orangers, blond de soleil pilé en poudre du sable des plages, tous les bleu-vert de l’eau, tous les blanc-bleu du ciel, et les couleurs en vol, ortolans, ramiers, René Depestre en a vu dans la vie de toutes les couleurs, mais il garde les yeux pleins des couleurs de Haïti quand il avait quinze ans, quand il aura 1 mille ans. Chose inhabituelle, j'ai rencontré René Depestre avant de le lire, il y a une dizaine d'années. C'était à un colloque en Irlande. Rencontrer René Depestre, c'est se trouver devant un homme solaire s'il en fut, chaleureusement vivant, émerveillé de la vie et de sa diversité, profond et passionnant. À cela, il faut ajouter que, pour une femme - même universitaire, même dans un simple colloque -, s'entretenir avec René Depestre, c'est se sentir femme, délicieusement et simplement. Chose rare. Entendre René Depestre lire un de ses poèmes de sa voix chaude, avec ce léger accent de son île natale qui ne l'a jamais quitté malgré toutes ses pérégrinations, c'est, outre le plaisir poétique, entendre pour la première fois résonner ce nom de Jacmel, répété et savouré dans un contexte et dans une atmosphère où, toute affaire cessante, surgit et s'impose la lumière du lieu originaire.Depuis, ce nom s'est fait connaître dans le terrible séisme qui a secoué Haïti il y atrois ans, maisà ce moment-là, il m'a frappé par son étrangeté orale - un 1  Claude Roy, Préface àPoète à Cuba,Oswald, 1976, reprise dans Rage de vivre, Seghers « 2006, p. 245-249 : la citation sePoésie », trouve à la p. 246.

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prénom, puis ce miel qui coule à la fin, doux comme la voix de René. Lire René Depestre – tout : poèmes, romans, essais – , c'est, au retour et en retour, saisir enfin ce charme inoubliable de l'homme, cette sensualité souriante d'un homme qui n'a pas peur, et surtout pas peur des femmes, pas peur de ce qu'elles sont dans leur entier : des êtres humains à égalité pour celui qui se nomme « l'anti-macho de la route de Roubia », et aussi des êtres pour lui délicieusement différents dans le réel de leur corps, ce « réel merveilleux » qu'il a parcouru comme une « terre vaste à son désir », pour citer un autre poète des Iles. Les femmes ont en René Depestre un poète pour elles et vers elles, qui ne les prend pas pour objets ou pure chair à plaisir ; ce qu'il en écrit n'a rien à voir avec la pornographie qu'il abhorre, mais avec un panhumanisme de l’avenir, généreux et universaliste, un sursaut de « savoir-vivre », fondé sur une ouverture à ce qui est. Il met la femme à sa vraie place, au cœur du réel et de la vie, et, en cela, il est véritablement révolutionnaire. Il était bien normal dans ces conditions que des femmes se fussent unies en son honneur, autour de cet « érotisme solaire » qu'il fait rayonner autour de lui, encore dans son grand âge. René Depestre relève du mystère haïtien, de cette petite population de quelques millions d'habitants qui a tant souffert, toujours, et qui, nonobstant, produit à jet continu des écrivains de grand talent : cet homme aux multiples expériences et désillusions, enthousiaste mais vite lucide, jamais amer ni aigri, a vécu dans maints pays toujours poursuivi pour la franchise de ses idées et de sa vie, et n'a jamais admis de concession sur son désir et ses convictions, poursuivant son œuvre d'homme et d'écrivain sans relâche (voir « Les mots debout dans la sève des arbres » par Joëlle Guatelli-Tedeschi). Milan Kundera est bien placé pour apprécier à sa juste mesure cette liberté d'un homme qui a connu sans se compromettre et sans baisser la garde les affres des dictatures communistes :

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Avec étonnement et tendresse, j’imagine aujourd’hui ce poète haïtien, la tête bourrée de folles fantaisies érotiques, traversant le désert stalinien dans ses pires années où régnait un puritanisme invraisemblable et où la 1 moindre liberté érotique était chèrement payée.

Cette inaliénable liberté puise ses sources dans une histoire propre et dans une conception diachronique et anthropologique solides l'une et l'autre, dont il s'ouvre dans un entretien à Corinne Blanchaud (voir « L'homme-banianouLes tribulations du "Tout en un" »). Ces bases personnelles et théoriques originales lui ont permis de garder la tête froide et lucide alors que, communiste, il traversait le monde communiste et en particulier la révolution cubaine de Fidel Castro (voir ce qu'il dit de cet itinéraire à Adoraciòn Elvira Rodriguez qui lui donne entièrement la parole dans « L'homme rebelleou"Le temps maudit que le poète a choisi pour vivre" »). Aucun anathème, aucune menace n'ont pu détruire en lui une foi et un amour qui s'adressent à tous les êtres humains comme à tout ce qui existe : « René Depestre n’ignore rien du sang qui gorge l’essentiel et prend le parti des choses, du réel, du monde et des gens », écrit 2 Michel Onfray . Le poète fait partie de ces écrivains qui, dépassant l'époque de la négritude, mais aussi celle, plus ambiguë, de la mondialisation, jettent les bases de ce qu'ils appellent une mondialité (voir « René Depestre, étonnant voyageur de la mondialité », par Marie Joqueviel-Bourjea). C'est sur ce fond d'humanité robuste et radieuse, de solidité conceptuelle et concrète que s'établissent dans une union cohérente et harmonieuse les différentes facettes de l'œuvre et le rapport de René Depestre à l'érotisme. L'unet l'autre sont liés dans une « rage de vivre » qui a donné son titre à ses œuvres poétiques complètes, et Ilda Tomas (« De sexe au texte : la "rage de vivre" de René Depestre ») montre comment cet érotisme cosmique et radieux correspond à un mode de vie, de

1 Une Rencontre, Gallimard, 2009, p. 106. 2  Préface àNon-assistance à poètes en danger,Seghers « Autour du monde », 2005, reproduite dansRage de vivre, p. 453-454.

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