L Homme à la Bentley
86 pages
Français

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L'Homme à la Bentley , livre ebook

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Description

L’Homme à la Bentley est l’une des nouvelles écrites par Lucie Hubert. Dans un style alerte et rythmé, l’auteure décrit des instants de vie bousculés par d’étranges rencontres : un vieil homme et une orchidée, une jeune femme et son étonnant passé, un coiffeur et son amant…Ces brèves de vie nous emportent, sans violence ni coup d’éclat, dans la riche aventure du quotidien. Laissez vous entraîner dans le monde imaginaire de Lucie, ronde de personnages fragiles, drôles et émouvants, bref de vrais humains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9791093167183
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0495€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’homme à la Bentley
 
Les personnages et évènements de ce recueil sont issus de l’imagination de l’auteur. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles est fortuite.
 
 
Site dédié au présent livre
http://lhommealabentley.e-monsite.com/  
 
Tous droits réservés
©Estelas Éditions
4B Rte de Laure, 11800 Trèbes France
estelas.editions@gmail.com  
http://estelaseditions.wix.com/estelaseditions  
 
ISBN : 97910-93167-176
 
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle »
 
Lucie Hubert
 
L’HOMME
À LA
BENTLEY
Nouvelles
 
 
 
Table des matières
1 - Rencontre  
2 - Aimée et Alexandre  
3 - La chasse aux taupes  
4 - L’homme à la Bentley  
5 - Mathilde  
6 - Le vieil homme et l’orchidée  
7 - La Santé  
8 - Le Paravent  
9 - Mon coiffeur  
Remerciements  
 
 
 
 
 
1 - Rencontre
 
 
Les rideaux étaient entrouverts et, de son lit, Marie avait vu le jour se lever lentement. Une lueur blafarde avait progressivement envahi la petite chambre lambrissée de pin où elle avait dormi. Soudain un rai de clarté avait jailli dans la demi obscurité, illuminant les objets qu’elle avait déposés sur la table la veille au soir : une paire de lunettes Ray Ban, des gants de laine épaisse, un tube de baume pour les lèvres et un bonnet de cuir fourré. Elle se leva le cœur léger, se dirigea vers la fenêtre et tira les lourds rideaux de lin vert. Elle fut aveuglée par une lumière intense. De la grande baie vitrée devant laquelle elle se tenait, elle apercevait un cirque de montagnes d’une blancheur éblouissante sous les premiers rayons du soleil.
Marie fit sa toilette, coiffa ses longs cheveux bruns en une lourde tresse, enfila des collants, un chandail léger et sa combinaison de ski douce et chaude puis sortit de sa chambre et monta les marches qui menaient à la salle à manger. Une odeur de café et de tartines grillées l’accueillit. Elle avait faim et se réjouissait d’avance de la belle journée qui s’annonçait.
Elle avait quitté sa maison de la côte normande pour venir passer quelques jours à la montagne avec des amis. Elle avait besoin de se reposer après de longs mois passés à accueillir ses nombreux patients. Elle était homéopathe et elle aimait prendre son temps pour écouter ceux qui venaient dans son cabinet, pleins d’espoir de guérison. Ils racontaient leur vie, les yeux baissés ou le regard perdu au loin sur la mer que l’on apercevait de la fenêtre et dont on entendait le ressac jour et nuit. Elle avait appris à se taire, à ne poser que de rares questions, à jauger les silences, à mesurer les mots et les intonations de voix, à observer les expressions et ces gestes anodins instinctifs, dictés par l’inconscient : les doigts nerveux qui tripotent un coin de mouchoir, les jambes impatientes qui se croisent et se décroisent, le buste se renversant en arrière de celui qui, soudain conscient d’être allé trop loin dans ses confidences, prend de la distance pour cacher une honte naissante.
Après les avoir attentivement écoutés, elle prescrivait à ses patients des remèdes qui leur donnaient la force de guérir.
Elle avait appris à reconnaître, derrière l’immense diversité des caractères humains, certains types particuliers. Il y avait le carbonique , trapu, à la démarche lourde, endurant et méthodique, le phosphorique , frêle, élégant, distingué, inquiet et ultra-sensible mais aussi le fluorique , intelligent, instable qui alliait à l’asymétrie de sa silhouette celle de sa denture. Au premier coup d’œil elle classait chaque nouveau venu dans telle ou telle catégorie, avant même qu’il ne lui adresse la parole.
Un jour, lors d’une consultation particulièrement difficile, elle se surprit à rêver de voyages. Elle imagina une île au milieu d’un océan vaste et lumineux ondulant sous un ample ciel bleu, puis de grandes étendues blanches et vierges, des sommets neigeux éblouissants sous le soleil. Lorsque, quelques jours plus tard, des amis l’invitèrent à les rejoindre dans les Alpes, elle accepta immédiatement.
Ce matin là, elle avait envie de skier seule. Les jours précédents, ne connaissant pas la station, elle avait suivi ses amis. Mais leur rythme rapide ne convenait pas à la débutante qu’elle était.
Portant ses skis sur l’épaule, elle descendit le chemin qui menait au centre du village. La route était déblayée et elle atteignit rapidement les premières maisons. Il était tôt et le bourg était désert. Les boutiques de la rue principale étaient encore toutes fermées. Elle ralentit le pas, s’arrêta devant un magasin de manteaux de fourrure. Par principe, Marie ne portait pas de fourrure, mais secrètement elle rêvait d’une toque de renard bien chaude pour l’hiver. Il y en avait justement une, superbe dans la devanture. Le nez collé contre la vitre, elle essaya de déchiffrer le prix écrit sur l’étiquette.
Soudain elle sentit une présence dans son dos. Elle se retourna brusquement . La personne qui l’avait frôlée s’éloignait déjà. C’était un homme grand, massif qui portait un anorak bleu ciel et un bonnet de même couleur. L’homme fit une vingtaine de mètres, s’arrêta et se retourna pour la regarder. De loin, Marie vit qu’il était âgé, cependant quelque chose dans son attitude l’intrigua. Sans plus s’interroger, elle reporta son attention sur la toque de renard dont elle réussit à lire le prix.
— Bien trop cher pour moi ! se dit-elle.
 
Elle eut envie d’une boisson chaude et se dirigea vers le Café du Centre. Malgré l’heure matinale, les chaises étaient déjà placées en terrasse. Elle s’assit à une petite table de marbre et commanda un chocolat à la crème Chantilly et une tarte aux pommes.
Il y avait quelques personnes autour d’elle. C’est alors qu’elle reconnut l’homme à l’anorak bleu ciel. Il était plongé dans la lecture d’un journal. Sa silhouette lui était vaguement familière. Peut-être un homme de cinéma, un présentateur de télévision, pensa-t-elle. Elle se trouvait dans un endroit à la mode et la presse locale mentionnait souvent la présence de telle ou telle vedette dans les hôtels ou les boîtes de nuit.
Marie n’accordait que peu d’importance aux apparences et à la célébrité. Elle détourna son regard de l’homme, ne cherchant plus à savoir qui il était. Elle commença à déguster sa pâtisserie tout en observant les premiers signes de vie de la station. Le ciel était sillonné de lourds câbles d’acier d’où pendaient des cabines multicolores ovales comme des œufs. Celles-ci s’étaient mises en marche et, voulant profiter des pistes avant la foule, Marie décida d’emprunter celles près du café où elle se trouvait. Elle appela le garçon, paya sa note et, faisant basculer ses skis sur son épaule, se dirigea vers l’accès aux cabines. Le bruit était assourdissant. Les cabines vides descendant du sommet de la montagne s’arrêtaient quelques secondes dans un fracas de ferraille, juste le temps pour les gens de coincer leurs skis dans les casiers et de grimper à bord. Elle en choisit une de couleur verte, plongea à l’intérieur et s’installa sur la banquette de bois. La porte allait se refermer quand, soudain, au dernier moment, quelqu’un se glissa dans l’habitacle et s’assit lourdement en face d’elle. Elle reconnut l’homme à l’anorak bleu ciel.
Marie fut contrariée par l’intrusion de cet inconnu dans l’espace étroit de la cabine. Pourquoi était-il si pressé de monter avec elle  ? Il n’y avait personne derrière eux, il aurait très bien pu choisir la cabine suivante. Au moment où ils quittèrent le hangar dans un cliquètement de câbles d’acier, Marie prit le parti de l’ignorer : elle détourna les yeux et concentra son attention sur les montagnes.
L’œuf suspendu da

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