LA BELLE AU SAC EN CROCO

Camara Nangala

Description

... La grande majorité de mes admiratrices se conten- taient toutefois de lécher la vitrine de la boutique, puis elles tournaient les talons et s’en allaient. Elles affichaient de discrets sourires de satisfaction. Elles s’étaient tout de même donné quelques instants de rêve. C’était comme si elles m’avaient possédé pendantces moments magiques de contemplation.....

Sujets

• Littérature Ivoirienne
• Côte d'Ivoire
• Roman
• Littérature africaine
• Costa de Marfil
• Littérature Africaine
• Littérature africaine

Informations

• Publié par: Africa Reflets Editions
• Date de parution: 01 janvier 2022
• Nombre de lectures: 400
• EAN13: 9782369970682
• Langue: Français

Extrait

La Belle au sac en croco

Suivi éditorial :OZÉ G. Roger Maquette & mise en page :ARE / OUATTARA Awa / KOUASSI K. Marc Illustration de couverture :ARE / YÉO Tchorna

e © Africa Reflets Éditions, 4 trimestre 2019 ISBN : 978-2-36997-068-2 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.

CAMARA Nangala

La Belle au sac en croco e 2 édition

Africa Reflets Éditions 01 BP 3648 Abidjan 01 E-mail : [e-mail] Web : www.are-ci.com

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Recueils de nouvelles Révélation Histoire de fous Symphonies de l’enfer

Recueils de poésie Mélancolie Monotonie Chants incantatoires Amarres rompues

I

uel temps splendide ! Un ciel épuré et très Q haut perché. Il a revêtu sa magnifique toge d’un bleu qui donne une folle envie de s’élancer dans les airs. Une envie irrépressible de s’envoler. Je ne tiens plus en place, chaque fois que la Nature se montre aussi généreuse et superbe. De nombreuses questions, qui peuvent se révéler parfois quelque peu saugrenues, fourmillent dans mon esprit. Parlant justement de questions, il me vient à l’idée de vous demander si vous connaissez les origines du monde. Ne me regardez pas si méchamment, dites ! N’allez surtout pas vous imaginer que je veux vous poser une colle ou que je vous suspecte de je ne sais quelle ignorance. Il n’en est rien du tout. Ne vous formalisez donc pas pour si peu ! Je ne puis me permettre de vous faire l’insulte de douter de vos connaissances. Ce n’était qu’une plaisanterie.

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Ne vous ai-je pas prévenus tantôt ? Je deviens si euphorique qu’il me prend l’envie de me livrer à des fantaisies, sitôt que le beau temps affiche son sourire rayonnant. Voyez, par exemple, il me plairait bien de remonter jusqu’à mes origines. Vous com- prenez, je suppose, pourquoi je vous ai interrogés, il y a un instant, par pure fantaisie, à propos de celles du monde. Vous convenez que ma question ne cachait aucune intention malveillante. Pour le peu que je sais, à l’origine, la surface de la terre n’était que boue. La boue primordiale s’étendait, en effet, partout ! Puis il plut au Créateur de donner forme et vie à mon premier ancêtre qu’accompagnaient, en cette aube initiale, Dame Tortue, les Sieurs Caméléon, Python et Calao. Qui suis-je ? Un sac à main en peau de crocodile ! On dit, dans les milieux snobs, sac à main en croco. Le créateur sécha ensuite la boue primordiale, par endroits, faisant ainsi émerger les terres fermes. Mon premier ancêtre habitait alors la gigantesque cuvette du Lac Victoria. Mes ascendants, qui suivirent, ne purent résister au charme de se laisser emporter au fil de l’eau. Ils essaimèrent à travers le continent africain, grâce au réseau extraordinaire des fleuves, rivières, lacs et marécages. Ce fut une épopée fantastique ! Vous imaginez, je l’ose croire, leur périple à travers les espaces fabuleux et enchanteurs du continent des origines. 8

Je descends, pour ma part, d’un magnifique spécimen qui vit le jour du côté de la ville balnéaire de San Pedro, en Terre d’Éburnie. Il prit ses quartiers dans une retenue d’eau fort poissonneuse qui jouxte Fahé, village situé à une vingtaine de kilomètres

de San Pedro. ٭ ٭ ٭ Un matin, le soleil chauffait douillettement la Nature qui s’éveillait. Le beau spécimen s’était embusqué, comme à son habitude, au milieu des nénuphars qui avaient poussé dru et fleuri abondamment. Le camouflage dans cette végétation luxuriante était parfait. Seul un regard particulièrement perçant et exercé aurait pu détecter sa présence. L’heure était propice à la chasse. La plupart des animaux cherchaient à se désaltérer avant la grande activité de la journée. Le beau spécimen se tenait à l’affût, prêt à fondre sur l’imprudent qui se serait aventuré dans les environs. Il se mouvait lentement, avec d’infinies précautions, en direction de la berge. Il fendait l’eau et glissait silencieusement. Les nénuphars remuaient imperceptiblement. Quelque chose bougea tout à coup à une dizaine de mètres. Le beau spécimen s’élança, on aurait dit une flèche ! Ses mâchoires s’ouvrirent en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et se refermèrent

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presque aussitôt sur l’objet de sa convoitise. Un bruit suspect se fit entendre au même instant. Le beau spécimen n’eut guère le temps de comprendre. Il avait certes happé un poulet, mais il venait d’être fait prisonnier ! Le piège astucieu- sement camouflé s’était refermé sur lui. Il avait beau se débattre, frapper de toute la puissance de sa queue, les tiges de bambous de la claie résistaient. Il redoubla d’efforts, se déchaîna et cogna de plus en plus violemment. Il était fou de rage. Son agitation troubla l’eau. La double rangée de tiges de bambous, étroitement et solidement liées, tenait bon. Le beau spécimen se débattit pendant longtemps, sans résultat. Ses forces semblaient l’abandonner par moments. Il se tenait immobile, puis une brutale ruade secoua la claie, sans plus de succès. Le soleil avait longuement cheminé à la conquête de la voûte céleste. Les poseurs de piège arrivèrent sur la berge. Ils sortirent la cage de l’eau. Le beau spécimen était épuisé. Il n’en demeurait cependant pas moins dangereux. Un coup de mâchoires aurait suffi pour arracher un bras ou une jambe ! Il fallut mille précautions pour réussir à le mettre à mort. Il fut ensuite méthodiquement dépecé. Les poseurs de piège firent ripaille de la chair du beau spécimen. La peau fut mise à sécher puis vendue

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