La croisière du "Dazzler"
176 pages
Français

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La croisière du "Dazzler" , livre ebook

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Description

Jack London (1876-1916)



"Ils remontèrent ensemble la plage éblouissante, poursuivis par le tonnerre de la houle du Pacifique, puis, arrivés sur la route, ils enfourchèrent leurs bicyclettes et se lancèrent éperdument dans les avenues vertes du parc.


Trois garçons vêtus de chandails de couleurs vives brûlant la piste à une vitesse dangereusement voisine du maximum autorisé. Peut-être même le dépassaient-ils, pensa un policeman à cheval. Dans le doute, il se contenta de les avertir au passage, Ils obéirent aussitôt, mais au premier détour de la piste ils n’y pensèrent plus, ainsi que font tous les jeunes cyclistes de l’univers.


Jaillissant en fusée de l’entrée du parc de la Porte d’Or, ils tournèrent vers San-Francisco et descendirent la longue pente à une telle allure que les piétons se retournaient pour les regarder d’un œil inquiet,


À travers les rues de la ville on vit les chandails bariolés voler en décrivant maints crochets pour éviter les rampes trop prononcées ; lorsqu’ils fallait les aborder, ils se livraient à des acrobaties pour savoir qui arriverait bon premier au sommet.


Celui des trois garçons qui le plus souvent forçait la vitesse, brûlait le pavé et faisait le pitre, était appelé Joë par ses compagnons. C’était lui qui menait le train, c’était lui aussi le plus joyeux luron et le plus hardi des trois.


Mais quand ils pédalèrent dans la Western Addition, entre de vastes et confortables résidences, son rire devint moins bruyant, plus rare ; il commença de rester à la traîne."



Joë est un fils de bonne famille, de 15 ans. Contrairement à sa soeur, il n'aime pas les études et préfère s'aventurer avec ses amis. Il décide de s'embarquer sur un bateau : le "Dazzler" mais il s'aperçoit vite que les activités des marins ne sont pas très honnêtes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782384420094
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La croisière du « Dazzler »


Jack London

Traduit de l’américain par Louis Postif


Décembre 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-009-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1007
I
Frère et sœur

Ils remontèrent ensemble la plage éblouissante, poursuivis par le tonnerre de la houle du Pacifique, puis, arrivés sur la route, ils enfourchèrent leurs bicyclettes et se lancèrent éperdument dans les avenues vertes du parc.
Trois garçons vêtus de chandails de couleurs vives brûlant la piste à une vitesse dangereusement voisine du maximum autorisé. Peut-être même le dépassaient-ils, pensa un policeman à cheval. Dans le doute, il se contenta de les avertir au passage, Ils obéirent aussitôt, mais au premier détour de la piste ils n’y pensèrent plus, ainsi que font tous les jeunes cyclistes de l’univers.
Jaillissant en fusée de l’entrée du parc de la Porte d’Or, ils tournèrent vers San-Francisco et descendirent la longue pente à une telle allure que les piétons se retournaient pour les regarder d’un œil inquiet,
À travers les rues de la ville on vit les chandails bariolés voler en décrivant maints crochets pour éviter les rampes trop prononcées ; lorsqu’ils fallait les aborder, ils se livraient à des acrobaties pour savoir qui arriverait bon premier au sommet.
Celui des trois garçons qui le plus souvent forçait la vitesse, brûlait le pavé et faisait le pitre, était appelé Joë par ses compagnons. C’était lui qui menait le train, c’était lui aussi le plus joyeux luron et le plus hardi des trois.
Mais quand ils pédalèrent dans la Western Addition , entre de vastes et confortables résidences, son rire devint moins bruyant, plus rare ; il commença de rester à la traîne.
Au coin des rues Laguna et Vallejo, ses camarades bifurquèrent à droite.
« Au plaisir, Fred ! s’écria-t-il en tournant à gauche. Au plaisir, Charley !
– On te reverra ce soir ! répondirent-ils derrière lui.
– Non, impossible.
– Bah ! Viens donc !
– Non, j’ai à travailler. À bientôt ! »
Il s’en alla seul ; son visage devint grave, un vague ennui apparut dans ses yeux. Il se mit à siffler d’un air résolu, mais son sifflement s’atténua dans un rapide decrescendo et ne fut bientôt qu’un imperceptible gazouillis qui s’arrêta tout à fait lorsqu’il enfila une avenue sablée aboutissant à une grande maison d’un étage.
« Holà, Joë ! »
Il hésita devant la porte de la bibliothèque. Bessie s’y trouvait certainement, piochant ses leçons ; elle devait avoir eu presque fini ou à peu près, car elle les savait toujours avant le dîner, et l’heure de celui-ci approchait.
Quant à lui, il n’avait pas encore mis le nez dans ses livres. Cette pensée l’irrita. C’était déjà assez désagréable d’avoir, dans la même classe, une sœur, plus jeune que lui de deux ans, insupportable même, puisqu’elle le battait de loin sur le chapitre d’instruction. Non qu’il fût borné : il savait mieux que personne que ce n’était pas le cas. Mais sans s’expliquer au juste pourquoi, il perdait son temps à une foule de rien et n’était jamais prêt.
« Entre Joë, je t’en prie. »
Elle avait dans la voix une intonation légèrement plaintive.
« Eh bien, quoi ? » demanda-t-il, écartant la portière d’un mouvement brusque.
À peine avait-il prononcé ces mots d’un ton presque brutal qu’il le regretta en voyant la svelte fillette le regarder avec deux yeux soucieux, par-dessus la grande table couverte de livres. Elle était blottie, crayon et buvard en main, dans un immense fauteuil où elle paraissait encore plus délicate et fragile qu’elle ne l’était en réalité.
« Qu’y a-t-il, sœurette ? » interrogea-t-il d’une voix radoucie en contournant la table.
Elle lui prit une main, la serra contre sa joue et se rapprocha de lui d’un mouvement câlin.
« Qu’y a-t-il, mon petit Joë ? mais c’est à toi de le dire. »
Il gardait le silence, trouvant ridicule d’avouer ses ennuis à cette petite sœur : bien qu’elle eût de meilleures notes que lui, elle n’aurait pas dû lui poser pareille question.
Comme elle est douce ! pensa-t-il tandis qu’elle appuyait sa figure contre sa main toujours emprisonnée. S’il pouvait seulement se dégager de cette étreinte... que cela était niais ! Mais il la vexerait peut-être, et il savait par expérience à quel point la sensibilité d’une fillette est vulnérable. Elle écarta les doigts et embrassa la paume de sa main. C’était le contact d’un pétale de rose qui tombe : c’était aussi une façon de lui renouveler sa question.
« Il n’y a rien », dit-il résolument.
Puis il ajouta, de manière tout à fait inconséquente :
« C’est au sujet de père ! »
Sa propre inquiétude se refléta dans les yeux de sa sœur.
« Mais père est si bon et si indulgent, Joë ! dit-elle. Pourquoi n’essayes-tu pas de lui faire plaisir ? Il ne te demande pas grand-chose, et c’est toujours pour ton bien. Il en riait autrement si tu étais un peu nigaud comme certains garçons. Si tu voulais seulement étudier un peu...
– Et voilà ! Un sermon maintenant ! protesta-t-il, retirant sa main. Toi aussi tu te mets à me faire des remontrances. Tout à l’heure, ce sera la cuisinière, et le garçon d’écurie. »
Il fourra ses mains dans ses poches et parut contempler avec mélancolie un avenir désolé d’interminables reproches et d’innombrables prêches.
« C’est tout ce que tu avais à me dire ? » demanda-t-il, se tournant vers la porte.
Elle lui ressaisit vivement la main.
« Non, ce n’était pas cela : mais tu semblais tellement tracassé que je pensais... je... »
Elle reprit sa voix brisée :
« Je voulais te dire que nous organisons une excursion à travers la baie jusqu’à Oakland, samedi prochain, une promenade sur les hauteurs.
– Qui sera là ?
– Myrtle Hayes...
– Cette petite sotte ?
– Je ne la trouve pas sotte, coupa Bessie. C’est une des plus charmantes camarades que je connaisse.
– Ce qui ne veut pas dire grand-chose, étant donné le genre de tes amies. Mais continue. Les autres ?
– Pearl Sayther et sa sœur Alice, Jessie Hilborn, Sadie French et Edna Crothers. Voilà pour les filles. »
Joë renifla avec dédain.
« Et les garçons ?
– Maurice et Félix Clément, Dick Schofield, Burt Layton et...
– Cela suffit. Rien que des types nourris au biberon.
– Je comptais t’inviter ainsi que Fred et Charley, ajouta-t-elle d’une voix mal assurée. C’est pourquoi je t’ai appelé... pour te prier de venir.
– Et quel est le programme ?
– On se promènera, on cueillera des fleurs sauvages... les coquelicots sont déjà éclos... on fera la dînette dans quelque joli coin... et. ..
– ... on reviendra à la maison », acheva-t-il pour elle.
Bessie approuva de la tête. Joë remit ses mains dans ses poches et marcha de long en large.
« Une société de frangines et un programme à la frangipane, dit-il brusquement. Très peu pour moi, merci ! »
Elle serra ses lèvres tremblantes et demanda bravement :
« Que préférerais-tu ?
– Je préférerais emmener Fred et Charley quelque part et faire quelque chose... ma foi, n’importe quoi. »
Il s’arrêta et la regarda. Elle attendait patiente, qu’il continuât.
Lui-même se sentait incapable d’exprimer ses sentiments et ses désirs. Tout à coup ses ennuis vagues et son mécontentement l’assaillirent.
« Tu ne peux me comprendre ! Tu es une fille. Tu aimes à être propre et coquette, à te bien conduire et à faire des progrès dans tes études. Tu fais peu de cas du danger, des aventures, etc..., encore moins des garçons brutaux qui ont de la vitalité, de l’entrain et tout le reste. Tu préfères les bons petits gars à cols bien blancs, avec des vêtements toujours immaculés et des cheveux soigneusement peignés, qui fréquentent l’école même les jours de congé pour gagner les bonnes grâces des professeurs et s’entendre dire qu’ils avancent dans leurs études ; les élèves bien sages qui ne se trouvent jamais dans les

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