La croix de la mariée
112 pages
Français

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La croix de la mariée , livre ebook

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Description


Bénita et Benjamin, amoureux, viennent de terminer leurs études et sont dans la vie active. N'est-ce pas que «l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux feront une seule chair » ? Ils y ont cru, mais c'était sans compter avec une belle-mère envahissante et résolument décidée à pourrir la vie à sa bru. Ce furent des hauts et des bas, désillusions, motivations ; si Bénita pouvait ne plus aimer son mari...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 56
EAN13 9782373162509
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Croix de la mariée Préface 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Préface
Le roman et la foi
Voici donc le deuxième roman de la romancière Gad Ami, connue pour le classique étrange héritage, une œuvre marquante de la littérature togolaise.
J’ai découvert ce nouveau roman par le plus pur des hasards. Durant l’année 2018, j’avais entamé la publication sur mon blog internet d’une série de remarques sur le roman féminin togolais. Au départ c’était une manière de vulgariser mes recherches universitaires du moment, recherches liées à mon enseignement semestriel d’une UE dénommée « Le champ littéraire togolais ». Mes occupations diverses m’avaient éloigné, entre-temps, du blog. J’en étais là, lorsqu’un commentaire de lecteur sous une des publications a attiré mon attention. Souvent, les lecteurs de blog sont des gens que vous connaissez dans la vie réelle, mais qui n’ont jamais la courtoisie ou la politesse d’écrire sous leur véritable nom. Va savoir pourquoi des anonymes vous tutoient. Qu’à cela ne tienne, voici ce que disait le commentaire : « Merci pour ces trois blogs [publications, je suppose] sur la littérature féminine togolaise. Gad Ami a écrit un nouveau roman « La croix de la mariée » en 2014. C’est très difficile de se procurer une copie. Tu l’aurais lu par hasard ? Une revue sur son nouveau roman peut-être nous dirait plus sur l’état de la littérature féminine togolaise au présent. »
Voilà une histoire bien curieuse que celle de ce titre dont je n’avais jamais entendu parler. Très vite néanmoins je découvris que sur internet, il existait effectivement des mentions de la publication de ce roman de Gad Ami, mais personne dans mon entourage immédiat ne l’avait jamais vu. Je contactai des collègues universitaires au Bénin. Certains parmi eux pensaient que le livre avait été annoncé mais jamais édité. Alors, pour en avoir le cœur net, j’ai lancé une véritable expédition pour retrouver, ne serait-ce que la photo, au mieux un exemplaire de ce livre qui aurait été édité au Bénin, et que les lecteurs togolais de Gad Ami ne connaissaient pas. Conclusion de l’enquête ? On a fini par retrouver un exemplaire de ce livre mystérieux, dont l’histoire de la première édition ne saurait être racontée ici, tant elle contient des malentendus entre l’auteure et son premier éditeur.
Gad Ami est de retour, c’est l’essentiel. Avec une nouvelle histoire qui va chercher dans les méandres de sa foi chrétienne, et le quotidien hasardeux de la femme mariée. Il est important d’insister sur les rapports entre la foi de l’auteure et le message du roman, car même si Gad Ami n’est ni mystique ni religieuse, elle revendique clairement l’influence de sa foi sur sa vision du monde. Son art romanesque, qu’elle pratique sans maître ni guide depuis les années 80, atteint ici une nouvelle dimension où le mélodrame le dispute à un didactisme subtil : « La vie doit être régie par la crainte de Dieu. Le reste n’est que de l’utopie. L’homme a besoin de l’illusion», proclame le narrateur omniscient du roman.
Dans son essai, paru en 1957 : La littérature du péché et de la grâce, Pierre-Henri Simon écrivait: « Quand on attribue la qualification chrétienne à des philosophes comme Blondel, Maritain ou Gabriel Marcel, à des critiques comme Henri Bremond ou Charles du Bos, à des romanciers comme Mauriac ou Bernanos, à un poète comme Claudel, on ne force rien, on n’abuse pas d’un mot, car il est manifeste que le monde de ces écrivains a été informé par une certaine métaphysique, par une théologie même, qui donnent une pente à leur esthétique et à leur morale, un élan à leur lyrisme, un ressort à leur drame. » Je ne suis donc pas mal à l’aise pour pointer du doigt la pente naturelle de notre romancière, lorsqu’elle aborde l’histoire de vie de Bénita, jeune femme de bonne famille chrétienne, et de son conjoint Benjamin. Autant la jeune femme vit dans le souvenir d’un père qui l’a éduquée selon les règles de la chrétienté, autant Benjamin reste assujetti à l’autorité de sa mère, laquelle prend possession du domicile du jeune couple au lendemain de leur mariage et de leur installation. C’est dans cette trinité morbide (les mariés et la belle-mère) que Gad Ami installe la narration, et conduit son lecteur pas à pas vers les tribulations de Bénita et le dénouement des crises qu’elle traverse. Le roman chrétien aime le happy-end!
Au fond, lire Gad Ami c’est comprendre sans la résoudre la question de la problématique du lien entre fiction et mentalité d’époque. A chaque temps correspond une vision de romancier. A la sortie de la colonisation, un écrivain comme David Ananou s’était fait l’apôtre du christianisme, et les critiques, pour la plupart anticolonialistes, lui avaient reproché de pourfendre nos visions animistes du monde et de célébrer la religion coloniale. Point de vue que l’universitaire togolais Huenumadji Afan a été le seul à réfuter dans un court plaidoyer intitulé « Un écrivain chrétien : David Ananou, apôtre de l’espérance », qui réaffirme la liberté absolue de l’écrivain par rapport aux considérations de son temps et prône la logique de l’engagement personnel.
Dans le langage chrétien, il y a engagement dès que les convictions se manifestent, dès que l’on s’avance à visage découvert et dans le but d’être reconnu pour ce que l’on est : une foi tend à se dire et à se propager. C’était le cas déjà, dans la même littérature togolaise avec David Ananou et son très engagé Le fils du fétiche, c’est à nouveau le cas avec Gad Ami et son édifiant Croix de la mariée, un roman qui m’apparaît comme l’exploration philosophique des vices et vertus de la femme par une romancière traditionnelle et romantique à la fois.
Kangni Alem,
Université de Lomé
1
La nuit était lourde. Une sorte de pesanteur planait dans l’air. De loin, on entendait l’aboiement des chiens. C’était la nuit des esprits. Même la fraîcheur de la nuit n’était pas au rendez-vous. Les moustiques piquaient, cherchaient à se rassasier, car dormir sous une moustiquaire s’avère parfois difficile à cause de la chaleur.
Branchant son ventilateur électrique à hélice au niveau de son lit, Bénita n’arrêta pas de soupirer en grognant. Cela faisait six mois qu’elle ne dormait plus dans le lit conjugal. Au début, pleine d’espoir, elle supportait cette séparation, elle se nourrissait de rêves. Elle pensait que son mari en aurait assez de ne plus la sentir auprès de lui et chercherait à faire la paix avec elle en revenant à de meilleurs sentiments. Mais plus le temps passait, plus son espoir s’amenuisait et faisait place au désespoir, à l’incertitude, à la perspective d’un avenir à deux incertain. Bénita n’avait jamais envisagé sa vie sans son mari. Les nuits d’insomnie devinrent pour elle un calvaire.
Elle se lamentait et avait souvent la migraine. Cette nuit encore, elle n’arrivait pas à dormir malgré les calmants et le somnifère qu’elle s’était habituée à prendre. Elle essaya vainement d’avoir la tête vide en fixant le plafond. Son père lui avait conseillé de réciter son chapelet plutôt que de prendre des somnifères. Elle avait toujours sous son oreiller un chapelet. Elle le prit et se concentra pour le réciter. Elle commença à peine de prier lorsqu’une odeur nauséabonde empesta toute la chambre. Elle eut peur et serra son chapelet dans sa main ; elle supplia Dieu d’éloigner d’elle ce malheur qui s’annonçait.
Son père disait que la mort d’un proche peut s’annoncer par un signe ; parfois par l’émanation brève d’une odeur puante. Le corps humain sans l’âme n’est qu’une dépouille, un cadavre. L’âme, qui est considérée comme le spirituel de l’être humain, quitte le corps au moment de la mort. Le corps sans son âme met l’homme dans une sorte d’angoisse indescriptible face à une fin inévitable, la mort. Avec son dernier souffle, l’homme lutte en s’accrochant désespérément à l’éphémère, cette vie qui s’en va. Ce corps agonisant sans sa substance qui est l’âme met du temps à s’éteindre. Bénita se souvint que le décès de son grand-père avait suscité

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