La maison sur la grève
218 pages
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La maison sur la grève , livre ebook

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Description

Sur la grève de Paspébiac, une petite maison jaune défie la mer et les saisons. Dans la péninsule gaspésienne, riche en poissons, les hommes deviennent pêcheurs de père en fils et Nérée Leblanc n’échappe pas à cette tradition. Comme tous les autres, il se soumet aux règles imposées par le tout puissant Jersiais, Charles Robin, qui monopolise le commerce du poisson.
Dès leur mariage, Nérée et Loretta Leblanc adoptent une petite fille, gardienne d’un terrible secret. De leur union naissent trois fils que la mer malmène sans merci. Pour les Leblanc, le quotidien se fait cruel et destructeur.
Afin de s’instruire, Victoire Leblanc fuit sa famille d’adoption et s’installe à Carleton, mais la chape de silence entourant le secret se brisera. Écoutant sa voix intérieure, Victoire s’exile à Gaspé où elle devient infirmière. Les malheurs de la Deuxième Grande Guerre lui permettent cependant de rencontrer l’amour sous les traits d’un beau soldat.
Loretta lègue à sa petite-fille une série de lettres et une maison jaune qui agonise sur la grève. Pourtant, il suffit d’une heureuse rencontre pour que le précieux legs de Loretta reprenne vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2013
Nombre de lectures 13
EAN13 9782923447223
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA MAISON SUR LA GRÈVE
DE LA MÊME AUTEURE
G ENS DU VOYAGE, UNE EXPÉRIENCE DE CARAVANING, RÉCIT, 2004 É VA, EUGÉNIE ET M ARGUERITE , ROMAN ,   2006 L ILI , ROMAN    2007 C HARLES , ROMAN    2008
G ENS DU VOYAGE, UNE EXPÉRIENCE DE CARAVANING    Première impression février 2004    Deuxième édition juillet 2010       É VA, EUGÉNIE ET MARGUERITE, ROMAN    Première impression juillet 2006    Deuxième impression février 2009       L ILI    Première impression juillet 2007    Deuxième impression juillet 2010

Photographie
Raymond Gallant
Page couverture
Pyxis
Mise en pages
Saga
Réviseur
Nicolas Gallant

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Savignac, Lina, 1949–
La maison sur la grève: Roman
ISBN 978-2-923447-17-9
I. Titre.
PS8637.A87M34 2010    C843'.6    C2010-941586-8 PS9637.A87M34 2010
Dépôt légal
— Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
— Bibliothèque nationale du Canada, 2010

Éditions la Caboche
Téléphone: 450 714-4037
Courriel: info@editionslacaboche.qc.ca
www.editionslacaboche.qc.ca

Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Table des matières
De La Même Auteure
À Mathieu et Nicolas
Les Grandes Mers D’automne
Les Départs
Un Dur Hiver
Victoire
Carleton
Gaspé
Wilfrid
L’héritière
Le Projet
Aux Éditions La Caboche
À MATHIEU ET NICOLAS
L’auteure tient à remercier Pierre Bélanger pour son aide généreuse et ses précieux conseils.
L ES GRANDES MERS D ’ AUTOMNE
Ce matin, le vent souffle sur la mer et prend une direction inhabituelle. Vivement, il arrive de l’est, s’ébouriffe en violentes rafales, rase la surface de l’eau et impose un frisson magistral à toute la Baie des Chaleurs, la forçant à cohabiter avec des moutons blancs. Selon son habitude, Nérée Leblanc se trouve à bord de sa barque et trime dur pour remonter les filets installés une heure plus tôt sans qu’aucune morue ou hareng ne frétille dans le fond de son aplet. Aujourd’hui, le pêcheur doit se rendre à l’évidence, la mer refuse obstinément de collaborer. Comme une enfant gâtée, elle prend tous les moyens pour imposer sa loi chaotique et sa couleur noirâtre ne laisse rien présager de bon. Même si la bourrasque s’obstine à charrier sa barge en sens contraire et tire hardiment sur ses filets vides, entaillant ses mains calleuses et laissant ses bras sans force, Nérée décide de rentrer au quai. L’homme a l’accoutumance des tempêtes et ce ne sera pas la première fois qu’il devra se battre contre son gagne-pain. De toute façon, pourquoi blâmer la mer pour tout ce grabuge? Il faut plutôt condamner ce maudit nordet qui refuse de lâcher prise. Contre toute adversité, le pêcheur garde confiance. Il se sortira rapidement de ce mauvais pas.
Automne 1920. Sans retenue, les grandes marées inondent les bancs de Paspébiac et submergent complètement le mince barachois. La beauté de ce havre naturel, gardien de la Baie des Chaleurs, vient de disparaître sous bonne épaisseur d’eau sablonneuse. Chaque année, l’équinoxe automnal se joint à la lune croissante et ramène ce funeste phénomène, mais cette fois, l’évènement dépasse toute commune mesure. De plus en plus imposantes, les vagues s’amusent à ravager et à dévaster la côte, mettant à rude épreuve les installations portuaires de la Charles Robin Company et Le Bouthillier Brother. Bien que bâtie pour résister aux fortes intempéries, la jetée, qui d’ordinaire accueille une dizaine de barges et de goélettes de pêche, s’oppose tant bien que mal aux déferlantes qui se fracassent sans ménagement sur son étroit tablier. Les unes après les autres, les vagues rivalisent de férocité, rudoyant ce que les hommes ont érigé avec tant de soin. En moins de deux, la rue Notre-Dame, traversant le village d’est en ouest, se retrouve couverte de débris, faisant en sorte que le sable, les roches et les coquillages viennent rejoindre les arbustes arrachés au rivage, empêchant ainsi toute circulation. Disciplinés et habitués de conjuguer avec l’adversité, les Paspéyas restent si possible à l’abri entre leurs quatre murs, se gardant bien de mettre le nez dehors. Qu’on se le dise, il faut plus que les grandes mers d’automne pour les impressionner. Mais cette fois-ci, le pire semble au rendez-vous.
Dans sa maison jaune bien plantée sur le bord de la grève, Loretta Leblanc se mord les doigts. Ce matin, elle tourne en rond dans sa cuisine et n’arrive même pas à griller une tranche de pain sans la faire brûler. La jeune femme regrette d’avoir tardé au lit et laissé partir Nérée en mer. Faut-il avoir un tel mépris du danger pour tenter une sortie par un temps pareil! Maintenant, elle ne peut plus rien faire, sauf se ronger les sangs et peut-être prier. Même si son homme jouit d’une solide réputation de marin, elle ne voit dans sa sortie que de la témérité. Inutile de penser que son mari se trouve ailleurs que sur la mer, cela ne lui ressemblerait pas. Sa barge représente toute sa vie et la seule façon honorable de gagner le pain quotidien de sa famille. À l’étage, les enfants jasent déjà et s’apprêtent à se lever. Loretta décroche son tablier, passe la longue ganse autour de son cou et ceint ses hanches du grand carré de coton fleuri. D’une main leste, elle replace une mèche rebelle et accueille sa fille aînée, Victoire. Comme chaque matin, au moment de son lever, la fillette se précipite à la fenêtre afin d’observer la couleur de l’eau et, selon ses déductions, elle s’amuse à prédire la température. Bien vite, elle constate qu’une mer agitée a pris d’assaut leur petite plage privée.
—Papa est parti pêcher? demande-t-elle à sa mère, l’air inquiet.
Pas de réponse. Loretta économise ses mots et préfère se perdre dans un va-et-vient qui l’amène de l’armoire à la table. La minute suivante, trois garçons, les yeux encore lourds de sommeil, s’installent pour manger. Dans leur pyjama de flanellette presque identique, ils exhibent un petit air coquin et, bavette au cou, les affamés s’attaquent aux tranches de pain noircies que leur présente Loretta.
—Papa! s’écrie Victoire en malmenant les rideaux de cretonne.
Il n’en fallait pas plus pour qu’Arthur, André et Benoît bondissent de leur siège et bousculent leur sœur. Cela reste tout à fait inhabituel que Nérée aborde son doris sur la grève, tout près de la maison. Loretta lève les yeux vers le plafond et remercie le ciel. Son homme revient sain et sauf, assez pour lui faire oublier le pain qui grille sur les ronds du poêle. Bien vite, une odeur âcre la ramène à la réalité. Soudainement, un vent riche d’humidité et d’embruns s’engouffre dans la cuisine, laissant apparaître le quasi-naufragé. D’un geste irréfléchi et maladroit, Loretta se précipite au cou de son mari. Compte tenu des quatre paires d’yeux guettant leurs gestes, Nérée répond à cette marque d’affection par un discret baiser dans le creux de la gorge.
— Si tu m’accueilles toujours de cette façon, ma douce, je ferai en sorte de risquer la noyade plus souvent, ironise Nérée.
— Je ne te trouve pas drôle, rétorque-t-elle en lui frappant la poitrine de ses poings.
— Dis, papa, tu as pris de grosses morues? s’informe aussitôt Arthur.
— Pas une seule, mon homme, reprend Nérée en passant la main dans la tignasse blonde.
— Viens vite te sécher, ordonne Loretta, frustrée de s’être inquiétée pour rien. Et commence par enlever ces vêtements mouillés. Allez, ouste! De vrais plans pour attraper ton coup de mort, chicane celle qui a eu si peur.
Obéissant, Nérée se dépare de son ciré, l’accroche au clou près de la porte et fait valser ses bottes de caoutchouc jusqu’au vieux tapis natté. Abandonnant les enfants pour quelques instants, Loretta s’affaire à transporter le contenu des deux bouilloires traînant continuellement sur le poêle à bois, et verse l’eau tiède dans une cuvette galvanisée. D’une voix ferme, elle ordonne à

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