La Mare au diable
62 pages
Français

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La Mare au diable , livre ebook

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Description

Germain, veuf inconsolable, père de trois enfants, suit sans enthousiasme le conseil de son beau-père, le père Maurice, qui l'incite à chercher une nouvelle épouse. Il rendra donc visite à la riche veuve Guérin, qui habite Fourche, à douze kilomètres. On lui confie en même temps la petite Marie, jeune voisine pauvre, qu'il escortera aux Ormeaux, près de Fourche, où elle est engagée comme bergère. Les deux voyageurs emmènent un compagnon imprévu : Petit-Pierre, fils aîné du laboureur. Ayant pris un raccourci, ils s'égarent dans l'obscurité et le brouillard. Les voilà forcés de passer la nuit à la belle étoile : Germain, émerveillé des qualités de sa jolie compagne, tombe amoureux de la jeune fille, peu encline, lui confie-t-elle, à épouser un homme de son âge...

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 593
EAN13 9782820607768
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Mare au diable
George Sand
1846
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0776-8
Notice

Quand j’ai commencé, par la Mare auDiable , une série de romans champêtres que je me proposais deréunir sous le titre de Veillées du Chanvreur , je n’ai euaucun système, aucune prétention révolutionnaire en littérature.Personne ne fait une révolution à soi tout seul, et il en est,surtout dans les arts, que l’humanité accomplit sans trop savoircomment, parce que c’est tout le monde qui s’en charge. Mais cecin’est pas applicable au roman de mœurs rustiques : il a existéde tout temps et sous toutes les formes, tantôt pompeuses, tantôtmaniérées, tantôt naïves. Je l’ai dit, et dois le répéter ici, lerêve de la vie champêtre a été de tout temps l’idéal des villes etmême celui des cours. Je n’ai rien fait de neuf en suivant la pentequi ramène l’homme civilisé aux charmes de la vie primitive. Jen’ai voulu ni faire une nouvelle langue, ni me chercher unenouvelle manière. On me l’a cependant affirmé dans bon nombre defeuilletons, mais je sais mieux que personne à quoi m’en tenir surmes propres desseins, et je m’étonne toujours que la critique encherche si long, quand l’idée la plus simple, la circonstance laplus vulgaire, sont les seules inspirations auxquelles lesproductions de l’art doivent l’être. Pour la Mare auDiable en particulier, le fait que j’ai rapporté dansl’avant-propos, une gravure d’Holbein, qui m’avait frappé, unescène réelle que j’eus sous les yeux dans le même moment, au tempsdes semailles, voilà tout ce qui m’a poussé à écrire cette histoiremodeste, placée au milieu des humbles paysages que je parcouraischaque jour. Si on me demande ce que j’ai voulu faire, je répondraique j’ai voulu faire une chose très touchante et très simple, etque je n’ai pas réussi à mon gré. J’ai bien vu, j’ai bien senti lebeau dans le simple, mais voir et peindre sont deux ! Tout ceque l’artiste peut espérer de mieux, c’est d’engager ceux qui ontdes yeux à regarder aussi. Voyez donc la simplicité, vous autres,voyez le ciel et les champs, et les arbres, et les paysans surtoutdans ce qu’ils ont de bon et de vrai : vous les verrez un peudans mon livre, vous les verrez beaucoup mieux dans la nature.
Nohant, 12 avril 1851. George Sand.
I. L’auteur au lecteur

Àla sueur de ton visaige
Tu gagnerois ta pauvre vie,
Après long travail et usaige,
Voicy la mort qui te convie.

Ce quatrain en vieux français, placéau-dessous d’une composition d’Holbein, est d’une tristesseprofonde dans sa naïveté. La gravure représente un laboureurconduisant sa charrue au milieu d’un champ. Une vaste campagnes’étend au loin, on y voit de pauvres cabanes ; le soleil secouche derrière la colline. C’est la fin d’une rude journée detravail. Le paysan est vieux, trapu, couvert de haillons.L’attelage de quatre chevaux qu’il pousse en avant est maigre,exténué ; le soc s’enfonce dans un fonds raboteux et rebelle.Un seul être est allègre et ingambe dans cette scène de sueur etusaige . C’est un personnage fantastique, un squelette arméd’un fouet, qui court dans le sillon à côté des chevaux effrayés etles frappe, servant ainsi de valet de charrue au vieux laboureur.C’est la mort, ce spectre qu’Holbein a introduit allégoriquementdans la succession de sujets philosophiques et religieux, à la foislugubres et bouffons, intitulée les Simulacres de la mort.
Dans cette collection, ou plutôt dans cettevaste composition où la mort, jouant son rôle à toutes les pages,est le lien et la pensée dominante, Holbein a fait comparaître lessouverains, les pontifes, les amants, les joueurs, les ivrognes,les nonnes, les courtisanes, les brigands, les pauvres, lesguerriers, les moines, les juifs, les voyageurs, tout le monde deson temps et du nôtre, et partout le spectre de la mort raille,menace et triomphe. D’un seul tableau elle est absente. C’est celuioù le pauvre Lazare, couché sur un fumier à la porte du riche,déclare qu’il ne la craint pas, sans doute parce qu’il n’a rien àperdre et que sa vie est une mort anticipée.
Cette pensée stoïcienne du christianismedemi-païen de la Renaissance est-elle bien consolante, et les âmesreligieuses y trouvent-elles leur compte ? L’ambitieux, lefourbe, le tyran, le débauché, tous ces pécheurs superbes quiabusent de la vie, et que la mort tient par les cheveux, vont êtrepunis, sans doute ; mais l’aveugle, le mendiant, le fou, lepauvre paysan, sont-ils dédommagés de leur longue misère par laseule réflexion que la mort n’est pas un mal pour eux ?Non ! Une tristesse implacable, une effroyable fatalité pèsesur l’œuvre de l’artiste. Cela ressemble à une malédiction amèrelancée sur le sort de l’humanité.
C’est bien là la satire douloureuse, lapeinture vraie de la société qu’Holbein avait sous les yeux. Crimeet malheur, voilà ce qui le frappait ; mais nous, artistesd’un autre siècle, que peindrons-nous ? Chercherons-nous dansla pensée de la mort la rémunération de l’humanité présente ?L’invoquerons-nous comme le châtiment de l’injustice et ledédommagement de la souffrance ?
Non, nous n’avons plus affaire à la mort, maisà la vie. Nous ne croyons plus ni au néant de la tombe, ni au salutacheté par un renoncement forcé ; nous voulons que la vie soitbonne, parce que nous voulons qu’elle soit féconde . Ilfaut que Lazare quitte son fumier, afin que le pauvre ne seréjouisse plus de la mort du riche. Il faut que tous soientheureux, afin que le bonheur de quelques-uns ne soit pas criminelet maudit de Dieu. Il faut que le laboureur, en semant son blé,sache qu’il travaille à l’œuvre de vie, et non qu’il se réjouissede ce que la mort marche à ses côtés. Il faut enfin que la mort nesoit plus ni le châtiment de la prospérité, ni la consolation de ladétresse. Dieu ne l’a destinée ni à punir, ni à dédommager de lavie ; car il a béni la vie, et la tombe ne doit pas être unrefuge où il soit permis d’envoyer ceux qu’on ne veut pas rendreheureux.
Certains artistes de notre temps, jetant unregard sérieux sur ce qui les entoure, s’attachent à peindre ladouleur, l’abjection de la misère, le fumier de Lazare . Ceci peut être du domaine de l’art et de la philosophie ;mais, en peignant la misère si laide, si avilie, parfois sivicieuse et si criminelle, leur but est-il atteint, et l’effet enest-il salutaire, comme ils le voudraient ? Nous n’osons pasnous prononcer là-dessus. On peut nous dire qu’en montrant cegouffre creusé sous le sol fragile de l’opulence, ils effraient lemauvais riche, comme, au temps de la danse macabre , on luimontrait sa fosse béante et la mort prête à l’enlacer dans ses brasimmondes. Aujourd’hui on lui montre le bandit crochetant sa porteet l’assassin guettant son sommeil. Nous confessons que nous necomprenons pas trop comment on le réconciliera avec l’humanitéqu’il méprise, comment on le rendra sensible aux douleurs du pauvrequ’il redoute, en lui montrant ce pauvre sous la forme du forçatévadé et du rôdeur de nuit. L’affreuse mort, grinçant des dents etjouant du violon dans les images d’Holbein et de ses devanciers,n’a pas trouvé moyen, sous cet aspect, de convertir les pervers etde consoler les victimes. Est-ce que notre littérature neprocéderait pas un peu en ceci comme les artistes du Moyen â ge et de la Renaissance ?
Les buveurs d’Holbein remplissent leurs coupesavec une sorte de fureur pour écarter l’idée de la mort qui,invisible pour eux, leur sert d’échanson. Les mauvais richesd’aujourd’hui demandent des fortifications et des canons pourécarter l’idée d’une jacquerie que l’art leur montre, travaillantdans l’ombre, en détail, en attendant le moment de fondre surl’état social. L’ é glise du Moyen â gerépondait aux terreurs des puissants de la terre par la vente desindulgences. Le gouvernement d’aujourd’hui calme l’inquiétude desriches en leur faisant payer beaucoup de gendarmes et de geôliers,de baïonnettes et de prisons.
Albert Dürer, Michel-Ange, Holbein, Callot,Goya, ont fait de puissantes satires des maux de leur siècle et deleur pays. Ce sont des œuvres immortelles, des pages historiquesd’une valeur incontestable ; nous ne voulons pas dénier auxartistes le droit de sonder les

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