La mère promise
178 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La mère promise , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
178 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Driss, orphelin, choisit le métier de grutier pour fuir le contact des hommes. De ses hauteurs, il les toise et leur préfère le bel horizon que se disputent ciel et océan. Il croise Malika, une jeune maman, et succombe à la volupté de son sein gauche. Ses profondes frustrations émergent et le précipitent dans les rues de Casablanca à la recherche de la jeune femme. En quête d’ivresse nourricière, il hante les maternités et autres lieux abritant de jeunes mamans. La rumeur en fait l’ennemi public. S’engage alors une chasse à l’homme pour traquer le vil personnage qui souille le lait maternel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9789954212479
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mère promise
RomanEditions
© Marsam - 2011
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
6, rue Mohamed Rifaï (Place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / 67 10 29 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Site web : www.marsam-editions.com
Compogravure flashage
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé
Dépôt légal : 1845/2011
I.S.B.N. : 9954-21-247-9Habib Mazini
La mère promise
RomanDu même auteur
Littérature Jeunesse
La guerre des poubelles - Yanboua al kitab
Bladi mon Amérique - Yanboua al kitab (nominé pour le Prix
Saint-Exupéry)
La colère de Ptinuage - Marsam
L'œuf de Noé - Marsam
La révolte du 30 février - Yomad (Prix Grand Atlas)
erLe règne de Poussin 1 - Yomad
Roman Junior
Qui a tué le caniche ? Marsam
Roman - Essai
La Grande Menace - Afrique Orient
Le Jardinier du désert - Orient
Le Complexe du hérisson - Tarik, Paris méditerranée
La Faillite des sentiments - Afrique Orient
La Vie en laisse - L'Harmattan
La Basse-cour des miracles - Oyoun al makalat
Couverture
Abdelhalim Raji
Série égéries et divas
Acrylique sur toile, 2010La mère promise 5
Le vieux conteur que je suis, édenté et loqueteux,
quémande votre indulgence. Ma mémoire me
trahit, mon débit s‘essouffe, mes histoires ont le
goût du réchauffé, c’est probablement la sénilité
qui répand résolument ses vapeurs anesthésiantes.
Les mauvaises langues accablent ma tête fripée
d’Alzheimer avec son lot de brumes vénéneuses.
A l’image de cet espace, longtemps théâtre de
nos rencontres, je dois céder ma place aux voix
suaves animant les enseignes commerciales au
demeurant fort agréables. Vous autres, adeptes
des décibels et du néon, passionnés d’images
et de technologie, ne me regretterez pas. Alors,
pour cette ultime halka, laissez-moi convier vos
augustes oreilles à une singulière histoire. Elle
n’est pas divertissante, elle est même empreinte de
douleur et de dépit. Surtout ne la boudez pas car
Driss, son héros, pourrait être vous, votre voisin ou
votre ami… Elle débute par un hommage au sein
gauche, convenez avec moi que c’est une exquise
entrée en matière. Pourquoi le sein gauche ? Me
direz-vous. Comme la plante au contact du soleil,
le bel organe a illuminé notre héros et ravi son
quotidien. A l’instant où il le découvre, son corps
tempête, sa vie jubile jusqu’à l’ivresse.
Ma voix chevrotante ose affrmer avec
l’enthousiasme du récent converti défendant sa 6 La mère promise
nouvelle foi que le sein gauche a plus la faveur
des hommes que le droit. Aucune allusion
politique n’empreint mon propos, des fois que
certains, par affnités idéologiques, pensent que
celui de Rosa Luxembourg est plus séduisant que
celui de Margaret Thatcher. Pour ces femmes au
tempérament de feu, les rondeurs fondent dans la
brûlante acuité de leurs idées et n’intéresseraient
que d’éventuels trafquants d’organes. Les
hommes convoitent le sein gauche parce qu’il
est béni. Celui de la déesse Héra, ne prodigue-t-il
pas l’immortalité au point de tenter un Hercule
pourtant voué à une destinée légendaire ? N’est-il
pas à l’origine de la féerique voie lactée qui dispute
aux étoiles éclat et magnifcence ! L’autre, le droit,
semble se suffre de ses vertus nourricières. Les
artistes à l’œil observateur avéré en témoignent,
et leurs peintures de Vierge Allaitant au sein droit
ne montrent que des bébés s’empiffrant de lait,
sans autre satisfaction que celle d’être repus.
Alors que les toiles traitant du sein gauche offrent
le gai spectacle de bébés épanouis et radieux.
Les amazones le savaient inutile, c’est pour cela
qu’elles se le brûlaient.
Le cœur n’est pas étranger au succès du sein
gauche, ses battements lui impriment un léger
tremblotement et l’animent en quelque sorte. Ses
palpitations, causées par un quelconque émoi,
trouvent un écho dans le sein qui tressaute, l’onde
en provenant souffe coquinement sur les braises
enfouies de notre désir. La mère promise 7
Au printemps, quand nos sens s’étirent pour se
dégourdir d’une longue nuit hivernale, nos yeux
comptabilisent avec ravissement les premiers
signes du réveil de la nature. Bourgeons et herbes
feurissent et avec eux mille promesses d’un
lendemain printanier aux couleurs et senteurs
agréables. Les femmes, solidaires de cette nature,
se débarrassent de leur encombrant habit hivernal
et s’acclimatent. Leur corps renaît et ses courbes se
dessinent, en l’occurrence leur poitrine se dresse
vers le ciel comme ces plantes en quête de lumière.
L’été parachève son exquise sculpture et l’éclat qu’il
répand corrompt nos sens avachis par la chaleur.
Les seins se mettent alors dans tous les états, fers
ou narcissiques, ravis ou tristes, atones ou vifs, ils
épousent les humeurs de ces créatures si chantées,
si désirées, et allaitent nos désirs. Cléopâtre ou
Hélène, Germaine ou Fatima, pour notre bonheur
la femme resplendit et sa vue civilise notre regard
libidineux en songes sensuels ô combien doux
pour affronter l’âpreté du quotidien. Qu’elles
soient illustres princesses ou simples citoyennes, à
la blancheur laiteuse ou noire anthracite, soumises
ou rebelles, rêvons que leur sein gauche est friand
de nos lèvres. Feignons de le croire, car bien plus
que nourricière, son autre vertu nous traitant
sans discrimination, relève d’une prouesse à faire
pâlir de jalousie les idéologies et autres fervents
manifestes politiques. Nos différences sociales,
générationnelles ou ethniques fondent au contact
du sein gauche, s’abolissent miraculeusement 8 La mère promise
comme pour nous permettre de renouer avec ces
temps immémoriaux quand le corps féminin se
devinait, et ses voluptés févreusement imaginées
comme autant de prometteuses et mystérieuses
étapes qui nous rappellent que la jouissance est
un devoir, l’amour une passion.
Les droitiers forment la majorité de l’espèce
humaine. Quand, en intimité, ils prodiguent une
caresse, c’est naturellement vers le sein gauche
que se déploient leurs mains. Eh oui, ce sein nous
ramène des années en arrière, la belle époque
où nous avions l’âge pour excuse, où nous
faisions caca et pipi sans nous soucier du lieu ni
des gens. Nos rots étaient applaudis, nos vomis
désirés, la fétidité de nos selles saluée comme le
signe de notre bonne santé. Nous étions lavés,
nourris, bercés, cajolés, nous n’avions qu’une
chose à faire: téter goulûment. Ah le bon temps
quand nous dormions la tête blottie contre le sein
gauche. Aucun bébé n’y est indifférent, même les
plus agités, ces insomniaques et autres hyper actifs
auxquels de nombreux parents rêvent de tordre
le cou dans l’espoir de dormir une nuit entière.
Même Hitler et Staline y ont cédé. Evidemment,
à force de téter le même sein, bercé en cela par
les battements réguliers du cœur, on fnit par s’y
attacher. Maintenant les prudes d’entre nous le
regardent avec tendresse, et les autres, à la libido
exacerbée, avec une furieuse envie. Quand ils
l’ont à portée de main, ils l’honorent avec l’appétit
du croyant rompant le jeûne. La mère promise 9
Chers amis, approchez et serrez-vous pour
permettre aux autres de prendre place. Nous ne
sommes pas à Marrakech, notre halka ne vise
pas à amuser les touristes avec des personnages
antédiluviens, des combats homériques, des reptiles
redoutables, des prédictions enchanteresses ou
apocalyptiques. Non ! Emerveillons-nous du
réel. Puisque nous avons retrouvé la liberté de
réunion après de sombres années de répression,
retrouvons le sens des halka, renouons avec nos
théâtres populaires et proftons-en pour conter des
histoires émouvantes campées par des personnages
charnels. Des êtres au destin… comment dire…
humain, ces héros du quotidien qui émeuvent et
fascinent, et qui sont la réplique exacte de
nousmêmes. Avec eux, évoquons l’amour, la jalousie,
la méchanceté, l’envie, la haine… ces sentiments
communs et cependant si complexes, au point
de révéler les facettes les plus inattendues chez
des êtres au dessus de tout soupçon. Surtout notre
halka se veut savante, alors les analphabètes et
autres ignares sont priés de circuler. Qu’on se le
dise, on n’est pas là pour occuper une oisiveté.
Non. On est là en l’honneur de la curiosité, le
maître mot de toute intelligence. Et si en plus, le
divertissement veut bien gratifer notre attraction
de ses douceurs, eh bien tant mieux !10 La mère promise
Tu nous convies à une halka réalité.
Ton ironie t’honore, serais-tu un de ces
malheureux oisifs que notre pays fabrique à
grande échelle ?
Diplômé oisif, je me permets de le
préciser… et dans l’ordre.
Oublie tes déboires jeune homme et
laissemoi te conter la belle histoire du sein, cette douce
aspérité féminine en hommage au malheureux
Driss, longtemps tranquille dans sa cabine de grutier
jusqu’au jour où il croise l’envoûtant sein gauche
de Malika. Hiver comme été, sous dix couches
de vêtements ou libre sous son chemisier estival,
l’éclat de chair se tient fer et tentant comme un
fruit. J’en parle et mes yeux larmoient de bonheur.
Je l’ai vu, ce sein, oui je l’ai vu, et depuis, ma vie
a basculé dans l’amour de ma Prochaine. Il a la
rondeur d’une sculpture grecque qu’on voudrait
palper, la douceur d’une nuit de noces qu’on
s’épuise à vivre jusqu’à l’aube, l’éblouissement
d’un coucher de soleil qu’on s’oublie à admirer, la
belle majesté des pyramides d’Egypte mystérieuses
mais terriblement captivantes... De face on
l’admire, de profl on le contemple. Pour les initiés,
nourris à la sève de l’élite humaine, il est Klimtien,
langoureux, voluptueux et cependant vénéneux
; un mélange de Danaé et de Judith irradiant le
morbide et l’érotique. C’est un envoûtant objet de
désir mais non dénué d’instinct prédateur.
Driss est un enfant de la Ddass, l’équivalent
chez nous de la Bienfaisance. Un établissement La mère promise 11
d’une autre époque, hélas d’actualité sous nos
cieux. Nos rues pullulent d’enfants abandonnés
que la modern

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents