La Peste de Marseille
217 pages
Français

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Description

En pleine régence, en 1720, du côté des sources du Canal du Midi, vers Sorèze et Revel, Georges, baron de Durfort, orphelin de mère, rejeté par son père et sa belle-mère, a mené, malgré sa noblesse, de brillantes études de médecine à Montpellier. Puis il est parti soigner les pestiférés en Orient où l’on ne lésine pas sur les émoluments des médecins assez fous pour se lancer alors dans une telle aventure... Mais Georges de Durfort a besoin d’une grosse somme d’argent pour relever la fortune de sa tante Mme de Saint-Cyr et par là-même permettre son mariage avec sa cousine Sylvine avec qui il partage depuis toujours un amour réciproque. Rentrant à peine d’Orient et pressé de revenir auprès de Sylvine pour désintéresser les créanciers qui se font de plus en plus pressants sur les biens de Mme de Saint-Cyr, il est attaqué sur les bords du lac de Saint-Ferréol et dépouillé de tout son argent... A partir de ce moment sa vie devient un véritable cauchemar éveillé dans lequel s’entre-choquent les ambitions, les rancunes, les bonnes ou mauvaises intentions des divers protagonistes parmi les quels se distinguent : ancien galérien, juif usurier, noble faux monnayeur, marâtre machiavélique, valet versatile, servante abandonnée, pâtre béarnais « cagot », chevalier lazariste, vieux noble en mal de jeunesse à marier ; tous tentant, au gré de leurs aventures, de favoriser ou d’empêcher le mariage de Georges et de Sylvine. Sans compter les multiples manoeuvres retorses de Mme de Saint-Cyr pour marier sa fille au plus offrant... Les péripéties d’un héritage, qui obligent tout ce petit monde à se rendre à Marseille, précipitent les protagonistes au coeur de l’épouvantable épidémie de peste qui va décimer la ville mise alors en quarantaine par le Parlement de Provence...


Jean-Bernard Mary-Lafon (1810-1884), né à Lafrançaise (Tarn-et-Garonne). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages historiques sur le Midi et sur la langue d’Oc. On lui doit notamment Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France ; Le Languedoc ancien et moderne ; Histoire illustrée des principales villes du Rouergue ; Histoire littéraire du Midi de La France ; La croisade contre les Albigeois : épopée nationale ; Bertrand de Born (roman historique), Le Roman de Gérard de Roussillon, etc.


Un roman historique haletant de bout en bout, digne d’un Alexandre Dumas ou d’une habile série TV à rebondissements multiples, à découvrir absolument, ne serait-ce que pour la description apocalyptique de l’épidémie de peste vécue à Marseille qui donne son titre au roman.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 18
EAN13 9782824054018
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1046.5 (papier)
ISBN 978.2.8240.5401.8 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

JEAN-BERNARD MARY-LAFON








TITRE

LA PESTE DE MARSEILLE (roman historique)




I. LE LAC DE SAINT-FERRÉOL
N ore ! Nore ! pas si vite ! je vous l’ai déjà dit vingt fois !
— Ne craignez rien, madame !
— Ah ! mon Dieu ! nous allons verser !
— Prends garde, Nore !
— Il n’y a pas le moindre danger !
Ces derniers mots, articulés avec le plus grand calme, étaient adressés à deux dames par une jeune fille qui les conduisait dans une carriole découverte, le 10 juin 1720, en longeant au trot le bassin de Saint-Ferréol. Cette jeune fille était célèbre dans toute la montagne Noire, par son adresse à manier les chevaux, son mépris du péril et sa beauté ; le costume des paysannes du Sor, bien pauvre et bien simple pourtant, semblait charmant porté par elle ; il est vrai que jamais le jupon rouge à grands plis n’avait couvert deux jambes mieux tournées, que le corset noir qui la serrait au buste avait rarement dessiné taille plus souple, et qu’on ne pouvait rien voir de plus coquet et de plus gracieux que son chapeau de castor à bords plats, vaillamment posé de côté sur un petit bonnet de tulle, d’où sortaient, en battant les tempes, deux gros bandeaux de cheveux noirs. Des yeux étincelants, mais sombres comme l’ébène ; des traits dont la régularité délicate tranchait avec la décision froide et ferme qui les animait en tout temps ; des dents, enfin, plus blanches que la neige avec le coloris vif et frais de la pomme sauvage, complétaient le portrait de Nore.
La plus âgée des deux dames qu’à son ton impératif ainsi qu’à son air de dignité et à sa mauvaise humeur, on reconnaissait pour la maîtresse, semblait être une de ces douairières de village dont on ne retrouve plus le type aujourd’hui que dans le cadre poudreux des portraits de famille ; elle avait une petite figure chiffonnée et une physionomie expressive et mobile à l’excès, où la beauté avait dû briller autrefois, mais qui, en dépit du blanc et du fard, marquait au moins la cinquantaine. D’autres signes accusateurs trahissaient la marche, du temps, mais la bonne dame, à coup sûr, ne daignait pas y prendre garde ; et l’on devinait à sa toilette, à la fontange nouée sur son front et au soin avec lequel, malgré ses frayeurs, elle drapait les pans bordés de fourrure de son mantelet noir, qu’il eût fallu un grand miroir pour lui montrer ses rides.
Par le plus beau des privilèges, celui de la jeunesse, l’autre dame, pour plaire n’avait pas besoin de parure. Tout ce qui charme, en effet, dans une femme lui avait été prodigué. Son visage aux traits fins et nobles, aux lignes pures et harmonieuses, rappelait par sa beauté les madones de Raphaël, et par la douce modestie qui le couvrait comme d’un voile les vierges du Corrège. Elle avait un front blanc et poli comme l’ivoire, des yeux bleus d’une expression divine, un nez de statue antique et une bouche si petite qu’un bouton d’or en eût caché les deux lèvres d’un rose vif. Du capulet brun des montagnes, dont elle s’était encapuchonnée, s’échappaient par longues boucles des cheveux blonds au reflet fauve comme l’or qui sort de la fournaise ; ils étaient si abondants que lorsqu’elle négligeait un moment de les repousser dans le capulet, ils voilaient son visage.
Vêtue de noir et avec cette simplicité qui laisse soupçonner la gêne, elle ne semblait prêter qu’une oreille distraite aux propos de la vieille dame. Sa pensée volait ailleurs certainement, car, à mesure qu’on approchait de la digue du bassin de Saint-Ferréol, ses yeux se fixaient sur ce point avec anxiété et une rougeur de plus en plus vive empourprait ses joues. Un écart du cheval et les cris de détresse de sa compagne la tirèrent brusquement de sa rêverie ; elle interrogea du regard la jeune fille, qui se hâta de répondre avec son calme imperturbable :
— Rassurez-vous, mademoiselle, ce n’est rien !
— Le cheval a eu peur....
— Ah ! mon Dieu, oui.
— Et de quoi donc ? demanda la vieille dame en rajustant son mantelet.
— Qui le sait ? de quelques vagabonds cachés peut-être dans ces ronces. Comme il y a un ravin, c’est là qu’ils se tiennent toujours.
— Vois ! s’écria la douairière qui frissonnait de tous ses membres, vois, Sylvine, à quoi tu m’exposes. Allons ! Nore, ma fille, mourir pour mourir, mieux vaut être écrasées qu’égorgées sur la route ! fouette le cheval et fuyons.
Grâce à l’impatience de Nore à qui le fouet brûlait les doigts, la carriole partit au galop et disparut en un clin d’œil dans des flots de poussière. Au même instant, les ronces dont Nore avait parlé et qui masquaient la ravine creusée par les eaux entre le lacet la route, s’agitèrent imperceptiblement et, s’entr’ouvrant peu à peu, livrèrent passage à deux hommes dignes d’une description particulière. L’un, qui se traînait sur les mains à la manière des reptiles, avait un profil de belette, de petits yeux d’un éclat diabolique et une chevelure inculte dont les mèches, semblables à un casque sans visière, se confondaient avec sa barbe longue, pointue et d’un gris sale. Ridé comme un vieux parchemin, son front était couvert à demi par cette coiffure à laquelle on donnait alors le nom de bourguignotte ; mais il eût fallu les experts jurés de Castres ou de Toulouse pour deviner de quel tissu avait dû se composer vingt ou trente ans auparavant l’étoffe de la bourguignotte, de l’espèce de soutane grisâtre et des gamaches ou longues guêtres qui formaient son costume.
Celui de son acolyte, bien plus étrange encore, aurait fait la joie de Callot. Qu’on se figure un amas de chiffons, de toute sorte et de toute couleur, réunis et rattachés par des rubans de fil, des ficelles, du ligneul, des joncs et des brins d’osier même ! Ce tas de loques recouvrait le corps d’un géant ; autant le premier avait l’apparence grêle et chétive, autant une vigueur herculéenne éclatait dans la haute taille et la formidable carrure de celui-ci. Il avait des épaules à porter des rochers, des bras à déraciner un chêne, des mains à tordre et à briser le fer. Sa grosse figure bouffie et bourgeonnée ne révélait point une grande dose d’intelligence, mais la finesse des natures perverses et portées aux mauvais instincts brillait dans son œil gris ; le front, si bas qu’il se voyait à peine sous les cheveux noirs et crépus qui l’envahissaient de tous côtés, annonçait, en outre, que l’obstination était, sinon la première, du moins l’une de ses qualités principales.
Quand ces deux hommes furent sortis des ronces, le premier se glissa, toujours en rampant, jusqu’au bord de la route. Là, ses yeux explorèrent rapidement les environs ; il écouta quelque temps, puis n’entendant que les refrains d’un montagnard qui labourait dans la vallée de Sorèze, il fit un signe à son compagnon et regagna derrière lui les buissons en rampant. Fermée par un mur de broussailles, de genêts épineux et de ces ronces nommées roumecs qui arrêteraient un régiment, la ravine où ils rentraient, d’abord étranglée du côté du grand chemin, allait s’élargissant à mesure qu’on descendait vers le lac de Saint-Ferréol ; à vingt pas de l’eau, les torrents y avaient creusé une excavation couverte par de jeunes aubiers et un vieux saule. C’est là que nos gens firent halte. Le plus déguenillé s’assit dans un coin et dit à l’autre d’une voix rude :
— Eh bien, vieux Judas, qui a tort ?
— Moi, mon fils, se hâta de répondre l’homme à la bourguignotte. Il m’a

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