La Polka des mandibules , livre ebook

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Les confidences d'un tueur, un écrivain dépassé par le succès, une rupture violette, une assistance au suicide, la fin du monde et la création d'autres. Quelques histoires plus ou moins déjantées qui vous feront au moins passer le temps à défaut d'autre chose…
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Date de parution

01 janvier 2015

Nombre de lectures

0

EAN13

9782363154514

Langue

Français

La polka des mandibules
(Recueil de nouvelles)

Christophe TABARD

2015
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY, un outils de production simple pour créer des ebook aux formats epub et mobi Pour plus d'information rendez-vous sur le site: www.iggybook.com
Table des matières

1 : Confidences
2 : La rançon du succès...
3 : Paranoïa
4 : Sacré Saturnin!
5 : www.suicide-assistance.com
6 : Lilah-7-G
7 : La fin
1
 
Confidences
 
Les gens me dégoûtent.
Pourtant, quand j’étais petit, ils me fascinaient. Mais maintenant, ils m’écœurent. C’est pour ça que je les tue. « Encore un taré ! » vous allez me dire. Mais vous avez tout faux. Les gens qui me connaissent disent de moi que je suis gentil, serviable, poli, propre sur lui, cultivé, intelligent, bref, le gendre idéal. Enfin… ils ne connaissent pas mon autre vie.
J’ai toujours été un chasseur dans l’âme. J’aime la traque, l’attente, le repérage. La mise à mort n’est pas ce que je préfère mais une chasse sans mise à mort… autant aller à la cueillette aux champignons ! J’ai 56 pièces à mon tableau de chasse. Toutes humaines. J’aime trop les animaux pour leur faire du mal !
J’ai 35 ans et ça fait maintenant 10 ans que je pratique mon sport préféré. La première fois, c’était par accident : une fille en vacances. La plage était déserte, il était tard. Elle avait un foulard autour du cou et j’ai été trop impatient. Résultat : crrrac… Elle m’a regardé bizarrement puis est devenue toute molle, comme une poupée de chiffon. Ça y était, mon premier meurtre. Ce jour-là j’avais pas fait exprès. Mais, je vous rassure, les fois suivantes, c’était vraiment volontaire ! Cette première expérience a été un véritable déclic pour moi. J’avais toujours eu envie de tuer quelqu’un mais j’avais peur de ne pas assumer mon acte. Alors qu’en fait non. Très bien. J’avais nagé jusqu’au large avec le corps et je l’ai abandonné là, sans remord. Avec même une petite pointe de satisfaction. Tuer quelqu’un n’était pas si compliqué m’étais-je dit. Les soucis commencent quand on culpabilise. C’est pour ça que j’ai décidé de ne tuer que les gens qui le méritaient. Vous allez me dire  « Mais qui êtes-vous pour décider qui a le droit de vivre et qui a le droit de mourir ? Dieu ? ». Je vous répondrais que, contrairement à lui, je ne tue pas à l’aveugle. Dieu est un tueur de masse, lui. Il massacre sans qu’on y trouve à redire. Il est LE super-tueur en série. Tandis que moi, je ne suis qu’un modeste artisan. J’aime la belle ouvrage. Le travail bien fait. Et pour qu’un travail soit bien fait, il faut s’entourer de quelques règles de base car, dans ce genre de hobby, on a vite fait de se retrouver derrière les barreaux ou complètement fou.
Tout d’abord, la police. C’est le souci numéro un lorsque l’on pratique ce type de loisir. La plupart des tueurs se font attraper pour des raisons aussi variées que stupides : même mode opératoire, envie inconsciente de se faire capturer, manque de préparation lors de la capture et de la mise à mort de leur proie… Quel est, en fait, le point commun de tous ces gens (des minables dans mon esprit même si les admirateurs de Ted Bundy ou Jeffrey Dahmer hurlent le contraire. D’ailleurs, pour leur gouverne, leurs héros se sont faits attraper, pas moi.) ? Leur point commun est que la finalité de leur acte est de jouir de la mort de leur victime.
Moi non.
Je suis, comme les appellent les profilers, un tueur organisé. Je ne laisse rien au hasard. Une traque peut durer plusieurs semaines pendant lesquelles je piste, j’observe, je note. J’en viens à connaître l’emploi du temps, les lieux habituels de sortie, l’entourage, les loisirs. A force je parviens à anticiper la réaction de ma proie. Et lorsque j’atteins cet état de symbiose avec elle, en général, quelques jours plus tard, elle est morte.
Car savez-vous ce qui tue l’être humain ?
C’est l’habitude.
L’habitude d’acheter sa petite baguette de pain en rentrant du travail, de prendre son petit bus tous les matins à la même heure, l’habitude de sortir toujours dans les même lieux, avec toujours les mêmes amis, de se garer toujours à la même place, de prendre toujours le même itinéraire, de sortir le chienchien à heure fixe. Tout ce cumul d’habitudes laisse peu de place à l’imprévu. Et c’est là que j’interviens ! J’apporte un peu d’imprévu dans la vie morne de ces morts en sursis, de ces non-profiteurs de la vie, de ces gentils consommateurs de Panurge qui passent le temps en attendant leur trépas.
Le choix dans les proies est aussi un paramètre très important. Il y a des proies taboues telles que les enfants, les personnes âgées, les gens célèbres et les riches. Dans tout ces cas, vous avez de grandes chances de vous retrouver avec toutes les polices du coin sur le dos. Moi, je cible monsieur et madame tout le monde. Des gens majeurs et vaccinés dont l’activité professionnelle ne risquerait pas d’attirer l’attention sur moi. Les ouvriers et les salariés sont des bonnes proies. La police se décide rarement à mettre en place les gros moyens pour retrouver un manœuvre ou une secrétaire disparus. Surtout lorsque l’on ne retrouve pas le corps. Saviez-vous qu’on retrouve environ 95% des disparus en France ? Des gens qui en ont marre de leur vie et qui plaquent tout ; femme, mari, enfants, boulot et qui ne veulent pas qu’on les retrouve. Les 5% restant sont ma modeste contribution au nettoyage des médiocres et des fats. « Tue une baleine, t’auras Greenpeace sur le dos et tout le bazar, décime un banc de sardines, tout le monde s’en fout ! ». Cette phrase, tirée du film « C’est arrivé près de chez vous », avec Benoit Poolevord, reflète parfaitement ma philosophie en matière de sélection car il ne faut pas se contenter de répondre à un besoin instinctif, il faut réfléchir un petit peu. En effet, qu’est-ce qui déclenche une enquête sérieuse, sauf pour les cas particuliers que j’ai cité plus haut ? La découverte d’un corps. La déduction est simple : Pas de corps, pas d’enquête !
Il existe donc des dizaines de façons différentes de se débarrasser d’un cadavre. Certaines sont plus ou moins efficaces. Personnellement, j’ai opté pour l’enterrement ; peut-être un relent judéo-chrétien tapi au fond de mon subconscient, je ne sais pas, mais je ne dis pas de prière et il n’y a pas de chrysanthèmes.
Explication : creusez un trou profond, d’environ 3 mètres, mettez le cadavre nu au fond, recouvrez de limaille de fer pour liquéfier les os, saupoudrez le tout de chaux vive, recouvrez de terre, laissez mijoter quelques semaines et, mais là faut bien chercher, il ne vous reste plus que quelques dents à 9 pieds sous terre. Bien évidemment, n’utilisez jamais deux fois le même endroit. C’était ma recette du jour….
De quelle manière je choisis mes proies, concrètement. En général, la colère est le facteur déclencheur ; Ne vous êtes-vous jamais dit en voiture ou dans les transports en commun :  « Putain, je vais le tuer celui-là !! ». Bien évidemment vous ne le faites pas parce que ce n’est, pour vous, qu’une façon de réagir à ce qui vous semble être une injustice vis-à-vis de votre petite personne envers celui qui vous marche sur les pieds, qui vous pique votre place au moment de vous garer ou qui vous double dans la file d’attente au supermarché. Vous rentrez chez vous frustré, vous engueulez votre mari ou votre femme, vous battez peut-être vos gosses histoire de vous calmer ou bien vous vous mettez à picoler devant la télé et ça s’arrête là. Tandis que moi, je garde le sourire mais toute ma mécanique de prédateur se met en marche. Je me dis que je vais le tuer et je le fais.
Il y a aussi des gens qui cherchent les embrouilles. A croire qu’ils le font exprès. Après, faut pas venir se plaindre ! Un exemple tout bête : N’avez-vous jamais remarqué, et c’est généralement dans le bus, le nombre de jeunes filles qui demandent l’arrêt et qui ont leur trousseau de clé à la main. Je vous accorde que tout le monde n’est pas aussi tordu que moi mais qu’est-ce que je déduis de tout cela : Que personne ne l’attend che

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