La Reine Margot, Les amants sacrifiés
42 pages
Français

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La Reine Margot, Les amants sacrifiés , livre ebook

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Description

Marguerite de Valois, celle qu’on surnomme « Margot », hélas trop courtisée par ses frères alors qu’elle n’est qu’une adolescente, commence une vie amoureuse bien compromise dans une Cour royale à la fois brillante et sanglante, partagée entre le raffinement extrême, la débauche, l’amour, la haine et l’art de mener les complots.
Grande amoureuse, passionnément éprise, talentueuse dans ses lettres d’amour ! Hélas, aux yeux de la Cour, rien de cela ne compte. On lui impose, pour des raisons politiques, un mariage avec Henri de Bourbon, roi de Navarre, le futur Henri IV.
De ses amours malheureuses, Margot n’a plus que de tristes regrets et l’effroyable image de ses amants sacrifiés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 novembre 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782374532905
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jocelyne Godard
Les Amours des femmes célèbres
La Reine Margot Les amants sacrifiés
Collection Histoire
Complaisances fraternelles
Émoustillés, les yeux pétillants, les trois adolescents entouraient la princesse Marguerite de Valois, leur sœur.
Depuis qu’elle était revenue à Amboise, ils ne la lâchaient plus. Henri lui pressait les épaules, Charles le bras. Quant à l’aîné, François, il observait sa jeune sœur sans rien dire.
— Ah ! Margot, tu es devenue, sans conteste, une très jolie fille, s’extasia Henri en lâchant enfin son épaule.
— Mon frère a raison, tu as grandi et embelli ces deux dernières années, renchérit Charles en pressant toujours son bras.
La princesse Marguerite de Valois se laissait faire tout à la fois ravie de constater combien ses frères semblaient heureux de la revoir, mais inquiète à l’idée que, sans doute, ils ne la quitteraient pas d’une semelle.
Comment allait-elle pouvoir respirer à Amboise dans ce château qu’elle avait quitté depuis plusieurs années et dont elle connaissait chaque couloir pour y avoir couru enfant ? N’allaient-ils pas vouloir l’étouffer sous le prétexte de la protéger ?
— Le château de Fontainebleau t’a réussi, ma sœur, reprit Henri. Tu as des formes épanouies que vont t’envier toutes les jeunes filles de la Cour.
Ses formes épanouies ! Il est vrai qu’elles lui donnaient à présent une silhouette de jeune fille très attrayante. Ses adorables petits seins étaient délicieusement galbés, ses hanches un peu plus rondes qu’avant et, dans ses yeux, brillaient des petites lueurs dorées, joyeuses et vivaces.
Henri, détaillant Marguerite avec insistance, ne put s’empêcher de lui tourner un autre compliment :
— Oui, c’est un ravissement que de te regarder, ma chère sœur.
Puis, penché vers son frère, il ajouta :
— À présent, Margot cultive sa séduction dans… dans…
— Dans son giron, acheva Charles, d’un ton un peu narquois et le regard tenace. Oui, dans le satin et la dentelle de ses cotillons.
— Notre sœur n’a point de giron, jeta François, l’aîné des trois frères qui, jusque-là, n’avait rien dit. Ce n’est point une servante. On l’habille à présent comme une princesse.
— Mais, ne suis-je pas la princesse de Valois ? s’offusqua Marguerite.
Charles glissa son bras autour de sa taille et la pressa d’une caresse légère :
— Certes, et la plus belle des princesses. Ah ! Margot, sur toi la grâce s’accorde si bien à la séduction de ton visage et au charme de ton corps que notre regard ne peut se détacher de ton image.
 Margot ne savait que dire devant ce flot d’éloges à sa beauté. Si elle n’avait été aussi enjôleuse, elle en aurait été gênée. Mais comme elle n’avait nulle envie de leur retourner un compliment par crainte de ne plus pouvoir se libérer, elle prit le parti de se taire et de laisser son visage se teinter du pourpre rosé qui lui allait si bien.
— Mon giron n’est pas pour vous, mes frères, ironisa-t-elle à son tour.
— Vraiment, tu es injuste, Marguerite, feignit de s’offusquer Henri.
— Et tu devrais mieux considérer nos louanges, reprit Charles en lâchant cette fois sa taille parce que sa sœur venait de faire un brusque écart pour se dégager de sa main trop pressante.
 Il est vrai qu’à présent on commençait à vêtir Marguerite de satin broché, de lourds brocards florentins, de velours flamand, de fraises empesées à dentelle vénitienne ou brugeoise et de souliers en fine peau de chevreau. L’ensemble s’accordait en effet si joliment à ses formes souples, parfaites, voluptueuses, que l’on était obligé de saluer sa grâce et sa beauté.
Ses frères, François, Charles, Henri, fruits mâles des derniers Valois, feraient parler d’eux dans le cours de l’Histoire de la France qui, au tournant des guerres de religion, allait vivre une bien triste nuit orchestrée par leur terrible mère. Mais pour l’instant, la nuit de la Saint Barthélemy était encore loin.
Cependant, laissons le proche futur et revenons dans un proche passé. Henri II, leur père, était mort dans un tournoi, l’œil transpercé jusqu’à l’arrière de la tête par la lance de son ami Montgomery qui s’était montré plus habile que lui.
Un événement qui avait chaviré toute la Cour. Depuis les vieilles traditions moyenâgeuses occidentales, les tournois où s’affrontaient les chevaliers étaient un sujet de spectacle tourné vers le plaisir. Or le tournoi qui, ce jour-là, s’était joué à la Cour du roi de France avait viré en tragédie.
Une clameur était montée dans la foule et les gradins des tribunes s’étaient vidés en quelques minutes. Catherine l’épouse et reine, et Diane la maîtresse du roi, aussi blanches et tremblantes l’une que l’autre, s’étaient levées ensemble.
L’épouse avait étouffé un cri d’angoisse. La favorite avait failli verser des larmes, mais s’était retenue devant le regard glacial de la reine.
Malgré son savoir et ses efforts, le médecin Ambroise Paré n’avait rien pu faire pour sauver Henri II.
C’était un triste jour dont toute la Cour se souvenait. Depuis, la favorite était retournée sur ses terres et la reine n’assistait plus aux tournois.
Marguerite leva le visage et battit des cils qu’elle avait noirs, fournis et fort longs. Attitude qui eut pour effet immédiat de stimuler ses frères à la complimenter avec plus d’insistance encore.
Pourtant, s’écartant légèrement d’eux, elle crut bon de rappeler :
— Le savez-vous ou dois-je vous informer que si je suis revenue à Amboise, c’est que notre mère désire me marier.
— Mais il est beaucoup trop tôt pour te marier, jeta Henri d’un ton presque contrarié.
— La petite Margot plaît trop à notre frère Henri, sifflota François, l’aîné des garçons.
Charles ricana en lançant un regard sombre à son frère, puis plaqua un baiser dans le cou de sa sœur, la prit par la main et l’entraîna en direction des grandes allées ombragées du parc.
En quelques bonds, Henri rejoignit Charles. Il ne supportait pas, lui le cadet des garçons, que son aîné accaparât ainsi sa sœur.
— Elle n’épousera personne, jeta-t-il furieux. Margot nous appartient.
— « Nous ! » ironisa Charles. Dis plutôt « Moi ! ». Tu veux toujours garder pour toi les faveurs de Margot.
Puis il s’élança sur lui et d’un revers de main sec – ce fut en fait une forte poussée exercée sur le mince poitrail de son frère – le fit vaciller. Le cadet n’avait pas la forte ossature ni la puissante musculature de son aîné. Mais quand sa fureur prenait le pas sur sa fragilité physique, il devenait cinglant :
— Allez, gros balourd, pousse-toi. Tu n’as pas les manières qu’il faut pour plaire à Margot.
Charles s’approcha menaçant de son frère qui venait d’employer un qualificatif qui ne lui plaisait guère. Marguerite se jeta dans ses bras pour éviter une rixe inutile qui serait encore en défaveur du cadet.
— Allons ! Mon frère, fit-elle en caressant sa joue d’un doigt léger. Cesse tes jalousies insensées et tes empoignades indélicates. Je t’aime autant qu’Henri et tu le sais.
Marguerite avait toujours su calmer les violences incontrôlées de Charles. Ses caresses et ses baisers avaient souvent eu raison des fureurs de son frère. Aussi, quand sa colère fut passée, il posa sa bouche sur les lèvres fraîches de Marguerite et se mit à rire en voyant l’œil agacé que lui lançait Henri.
— Elle m’aime autant que toi ! railla-t-il satisfait.
— Mais je vous aime tous les deux.
Et se tournant vers François, elle rectifia :
— Tous les trois.
L’aîné haussa les épaules, jeta un œil désapprobateur à Marguerite et ne rétorqua rien.
Ces propos qui se voulaient innocents et qui pouvaient presque passer pour des babils d’enfants, voire d’adolescents – ils avaient entre treize et dix-huit ans – n’en étaient pourtant plus quand on prenait le temps de s’attarder sur la silhouette parfaitement conformée de la petite dernière, descendante des Valois.
 Marguerite oubliait déjà ses dernières craintes sur la trop écrasante protection de ses frères et leur souriait.
Enfant, elle avait très tôt cultivé son sens de la séduction et l’avait souvent testée auprès de ses frères dont l’œil exacerbé traînait toujours sur sa séduisante petite personne.
Certes, la princesse Marguerite n’était plus au temps des représentations théâtrales quand les enfants royaux...

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