La salamandre
192 pages
Français

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La salamandre , livre ebook

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Description

Histoire de l'amour impossible entre Houda, la guidance, et Ilyas un maître soufi qui, comme le prophète du même nom, est dépourvu de tout désir sensuel. De Ibn Rochd à Saint Thomas d'Aquin, en passanr par Ibn Arabi, Rajae Benchemsi tisse, sur le motif ardent de la controverse entre spiritualité et philosophie, un texte dans une langue lyrique et sensuelle. Elle parvient à donner chair aux drames qui traversent ses personnages, dessinant un très actuel malaise dans la civilisation », qui porte bien au-delà des limites propres au monde marocain. A travers la peinture d'un microcosme placé au confluent des civilisations, ce roman est aussi une fresque des controverses qui agitent le monde contemporain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9789954744307
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La saLamandre
Roman© Editions Marsam - 2018
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : (+212) 537 67 40 28 / Fax : (+212) 537 67 40 22
E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé - 2018
Dépôt légal : 2018MO3394
I.S.B.N. : 978-9954-744-30-7 Anissa Bellefqih
La saLamandre
RomanCouverture
La salamandre
Gaudí
Parc Güell de Barcelone5
Préface
Abdeljlil Lahjomri
Secrétaire Perpétuel de l'Académie
du Royaume du Maroc
Anissa Bellefqih construit patiemment son œuvre
littéraire sur le « Je » et si Yasmina, son héroïne est le
produit d’un « Je » multiple, celui utilisé dans « Années
volées » est le « Je » offensif, militant : « j’émis le
vœu que ce combat que j’ai mené serve la cause des
femmes » écrit-elle.
De quoi s’agit-il ? De nombreuses années consacrées
par une veuve à lutter contre les loups de la fnance qui
dans une spirale bancaire trafquèrent une succession,
qu’ils s’ingénièrent à rendre opaque à une femme
éplorée. C’est surtout la surprenante métamorphose
d’une femme, ignorante des méandres de la vie bancaire,
apeurée par les couloirs sombres des tribunaux et qui
va se muer en une spécialiste redoutable du droit des
affaires et des subtilités juridiques.
Elle arrivera, en s’opposant aux notaires, avocats,
experts, à enrayer une machine qui risquait de la
broyer. Elle ne s’en sortira pas indemne. Et même si la
machine continue son chemin, aveugle aux souffrances Anissa Bellefqih6
des individus, elle aura démontré qu’un seul être peut
par sa ténacité, sa foi en freiner l’aveuglement. Elle
découvrira que l’amitié n’est plus là où elle la croyait
être, que ce n’est pas seulement contre le monde de
la fnance qu’elle luttait mais contre l’enfer qu’est le
monde. Contre l’enfer « des autres ».
C’est la première fois que le « Je » littéraire féminin
allait parler du « Je » dans l’actualité du monde présent,
non dans les souvenirs et la mémoire des « temps
perdus ». L’auteur camoufe les personnages et les
institutions sous des noms d’emprunt, mais son récit n’est
pas un roman à clés. Les personnages sont facilement
identifables alors que l’on aurait aimé des portraits
plus denses comme ceux que M. Proust avait croqués
de ses contemporains. Cette audace qui « nomme »
est plus caractéristique du genre « mémoires » que de
celui du roman. La lecture sera ardue pour le lecteur
non familier du vocabulaire judiciaire. Mais cette
rudesse sera pour le critique à la dimension de l’âpreté
de la lutte de cette femme qui pour pénétrer le monde
effrayant des confits bancaires, devrait en maîtriser les
codes et la rugueuse sémantique. Elle allait faire face à
un paradoxe déroutant : celui de la précision tranchante
des termes spécialisés et de la multiplicité complexe des
procédures et des manipulations qu’inventent des âmes
sulfureuses pour en brouiller la compréhension.
Elle puisera son courage dans la certitude qu’elle
triomphera de cet obstacle parce que les biens qu’elle
risquait de perdre, importaient peu. Importait surtout
l’honneur posthume du défunt mari, aimé passionnément.
Dans ce récit, un « fragment » se lit comme une
pause, ou comme un « reposoir » d’une descente aux La Salamandre 7
enfers. C’est le moment où, amoureuse, elle mettra entre
parenthèse, cette passion dévorante pour son défunt
mari, et se laissera entrainer dans « un divertissement
sentimental » qui comme le divertissement pascalien,
lui fera oublier l’oppression de la vie quotidienne. Son
amour pour un jeune journaliste la mènera loin. Jusqu’à
oublier ce combat qu’elle dit mener pour la cause des
femmes. Elle était prête à accepter pour être heureuse le
statut de « deuxième épouse » ! Étonnante, et admirable
démission, pour une combattante dont les péripéties
de lutte excluaient toute démission. Ce « fragment »,
toutefois, dit la fragilité de la femme, et le recours
inattendu et risqué à la thérapie, jubilatoire du « carpe
diem », qui parfois égare.
Elle a mis en application la phrase de Simone de
Beauvoir « Exister, c’est aussi se jeter dans le monde »
qu’elle avait choisie en exergue à son premier chapitre.
Elle a osé, et senti enfn qu’elle existait. Puis elle est
revenue, débarrassée de ce nouvel amour qui l’entrainait
dans un avenir confus, plus forte que jamais pour
triompher de l’obscurité de l’âme humaine.
C’est le pouvoir tout court qui fera plier le pouvoir
bancaire et qui parachèvera son triomphe. Sans cette
intervention bienveillante, son combat contre les forces
du mal fnancier et, du mal judiciaire aurait été vain.
Les récits de ce genre, qui privilégient une intrique
dans un milieu aussi fermé que celui des affaires, et des
banques dans une société qui entre, brouillonne, dans la
modernité, sont rares, voire absents du paysage littéraire.
Anissa Bellefqih, en écrivain téméraire, n’a pas hésité
à choisir ce milieu, comme personnage central de son
roman. La BCG (banque de Commerce et de Gestion), Anissa Bellefqih8
est autant un personnage agissant que son directeur. La
description de l’immeuble B.C.G., en début du roman
témoigne de cette volonté de l’écrivain de faire de cette
institution une masse mouvante et effrayante.
La morale de l’histoire est que, cette masse en avançant,
se nourrit, inexorable et impitoyable, des naufrages des
individus et des entreprises. La morale de l’histoire c’est
que peu d’individus et d’entreprises bénéfcient de la
bienveillance du pouvoir pour triompher du pouvoir de
l’argent.
Lisez « La Salamandre ». Vous comprendrez
pourquoi, Aïcha Belarbi, sociologue et aussi écrivain, a
affrmé lors d’une rencontre « Le Maroc est riche de ses
femmes ».

9
1
Exister c’est oser se jeter dans le monde.
Simone de Beauvoir
Décembre 2004
/.../
— Nous étions deux amis et je l’aimais assez pour lui
faire confance…
Dans le mouvement que ft mon amie Imane pour
regarder dans ma direction, sa voiture ft une embardée
provoquant un klaxon intempestif du conducteur à sa
droite.
— Yasmina ! Heureuse de t’entendre parler de
Youssef Sfanji au passé ! Il était temps que tu ouvres les
yeux sur celui que tu continues de considérer comme un
ami. J’ai travaillé avec lui quand il était directeur général
de cette banque où nous allons, mais mon estime pour lui
s’est drôlement ébréchée à cause de son comportement
avec toi depuis le décès de Younès, paix à son âme.
Imane, experte en communication, m’avait demandé
de l’accompagner à l’inauguration du nouveau siège
de la BCG, Banque de Crédit et de Gestion, qui avait
beaucoup aidé mon défunt mari Younès à faire tourner
son entreprise. Elle gara sa voiture au bas d’un immeuble
fambant neuf qui s’élevait au début du boulevard d’Anfa
à Casablanca. Tout en avançant à grandes enjambées, Anissa Bellefqih10
je levai les yeux sur l’imposante bâtisse. Force était de
remarquer que la façade avant-gardiste était une très belle
réussite architecturale qui rendait bien l’envergure de ce
feuron des établissements fnanciers au Maroc. Devant
l’harmonie de l’immeuble qu’on regardait, je ne pouvais
m’empêcher d’être admirative, moi qui n’aimais pas le
côté rutilant des façades de la plupart des sièges de banques
à Casablanca. Je me suis toujours demandé pourquoi on
ne laissait pas la famboyance dans les moindres détails
pour l’architecture et la décoration intérieures en préférant
un aspect cossu, mais plus discret pour les façades.
— J’aime bien le nouveau nom ! Cela sonne mieux
que “Al Amane Bank”, me dit mon amie.
“Dommage que le “C” ne représente pas plutôt
l’idée de “Conseil”. Cela éviterait bien des problèmes
!” pensai-je en moi-même.
— Personnellement, je préfère l’ancien. Il appelait
à la confance. BCG renvoie trop à la maison-mère de
France qui vient de prendre le contrôle de cette banque.
On dirait qu’ils veulent éloigner le spectre d’une banque
islamique.
— Et que penses-tu de la nouvelle identité visuelle ?
Le logo ne diffère pas tellement de l’ancien, non ?
— Un losange en deux couleurs, le haut en noir et le
bas en rouge ? Même un carré n’est pas droit chez eux !
Je préfère l’ancien logo avec les mêmes couleurs. Un
cercle rouge et noir, symbole de la perfection orientale.
Le blanc du flet qui le coupe au milieu est censé être le
rai de lumière que croient voir les clients. Mais certains
se retrouvent noyés dans les deux autres couleurs. Du
sang et des larmes, avec la mort au bout parfois…
Mon amie me rappela à l’ordre.La Salamandre 11
— Stp, ne me joue pas ton numéro de loup blanc ce
soir ! Dans ce milieu, il n’y a pas de place pour les beaux
sentiments. Un banquier, c’est d’abord un fnancier,
ensuite un homme de pouvoir et d’ambition et, de ce fait,
un homme de compromis, capable de tout pour défendre
sa place et les pratiques de ses congénères.
— Quand la vie se limite au faste des lieux et au
raffnement dans les choix de vie, à des chiffres et à
de l’argent, à des rires et de la parade, à de la vanité
et du factice, on ne peut dilater son cœur étriqué pour
comprendre ceux qui luttent pour donner un sens à leur
vie.
L’intérieur de la banque était magnifque. Des lignes
très épurées faisaient tout le charme de l’ensemble et l’on
était frappé par l’harmonie des éléments de la décoration
traditionnelle marocaine. Les formes anciennes étaient
respectées tout en étant intégrées avec des tons pastel
nouveaux. Nous étions arrivées à l’immense espace
d’Art de la banque où devait se passer la réception. Un
brouhaha nous reçut et je me laissai aller au plaisir de
redécouvrir le côté mécène de la banque en survolant du
regard sa collection d’œuvres rares, décrite dans la presse
comme fabuleuse et regroupant un choix éclectique des
principales tendances artistiques au Maroc. L’espace
était noir de monde et la soirée me parut somptueuse.
L’organisation était d’un raffnement extrême. Toute
l’élite du Maroc était là. Je reconnus des

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