La septième vague
177 pages
Français

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La septième vague , livre ebook

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177 pages
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Description

Madeleine, qui s'était identifié à son prénom diola, va s'interroger tout à coup sur sa présence dans une société qui l'a généreusement accueillie mais qui lui reste étrangère. Ce roman est un hymne à la Casamance, un hommage aux femmes, avec son foisonnement de personnages féminins. Un roman d'amour et d'amitié, sur la perte d'identité et l'assimilation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296697485
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L A S EPTIÈME V AGUE
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions

Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonais, 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être, 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines, 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage, 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala, 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure, 2010. Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain, 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire, 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous !, 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines, 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola, 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi, 2009. Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée, 2009.
Jimmy LOVE, Les Émigrants, 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009. Abdoul Goudoussi DLALLO, Un Africain en Laponie, 2009. Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans, 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée, 2009.
Anne Piette


LA SEPTIÈME VAGUE


L’Harmattan
Du même auteur


La Morsure du serpent et autres nouvelles du Sénégal , L’Harmattan, 1998
Les Mésaventures de Mor Kassé , roman, NEI, 1999
Le Retour et Le Réprouvé, nouvelles, dans La Nouvelle sénégalaise, texte et contexte , James Gaasch, Xamal, 2000
Les Songes et les mensonges , nouvelles, Xamal, 2001
L’Ile d’Amina , roman, Xamal, 2002 (Préface d’Aminata Sow Fall)
Au-delà de la mangrove , nouvelles, (Akintomiña, 2007)
Commandos insolites, dans Neuf Nouvelles, Hommage aux femmes sénégalaises , M. Kathleen Madigan, ENE Academic Press, 2008


© L’H ARMTTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11653-5
EAN : 9782296116535

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Prologue
L’avion atterrit à Orly à six heures du matin. J’ai récupéré mes bagages. Personne ne m’attendait. Il faisait froid, ma cape était trop légère. L’appartement non chauffé pendant deux mois aurait une odeur de renfermé et d’humidité. Je me suis souvenue tout à coup qu’avant mon départ, j’avais vidé le réfrigérateur, défait mon lit, débranché les appareils. Il n’y aurait pas d’eau chaude. Y avait-il seulement quelques provisions dans le placard ? Le dimanche, la supérette, au coin de la rue, était fermée.

Je ne pourrais pas récupérer la chatte non plus, Françoise ne passait jamais le week-end chez elle. J’ai eu envie de repartir. Pourquoi étais-je rentrée ? Quel esprit malin m’avait incitée à effectuer ce retour en plein hiver ? Je m’étais pourtant préparée cette fois à rester plus longtemps à Dakar. Les autres années, j’étais toujours heureuse de retrouver mon chez-moi, de renouer avec mes habitudes, après un séjour « au pays du cœur » comme j’avais coutume de dire.
Plus de vingt ans s’étaient écoulés depuis mon premier voyage, depuis ma fuite. Presque un quart de siècle, toute une existence. J’avais sans doute acquis une certaine maîtrise de moi-même et donné à ma vie une autre dimension grâce à la connaissance d’autres cultures. Cependant, de la jeune fille désemparée qui avait un jour fugué sur un paquebot de ligne, que restait-il tant d’années plus tard ? La vulnérabilité peut-être, sous une apparence de sérénité et de maturité.

Autrefois, dans mes délires oniriques, la voyante avait évoqué la septième vague. J’avais exécuté ses directives sans vraiment comprendre à quoi menait la prophétie.

« Tu te baigneras dans la septième vague.
Tu laisseras passer les autres ».
J’en ai enfin saisi le sens. La septième vague était celle qu’il fallait attendre pour ne pas agir de manière impulsive. Ce n’était pas à prendre à la lettre. C’était le temps qu’il fallait laisser couler avant toute action. Je n’avais pas eu la patience, cette fois encore, d’attendre la septième vague.
1
Les bruits de l’extérieur me parvenaient assourdis, comme enrobés d’ouate. Le brouillard, sans doute. Je n’aimais pas trop cela. De mon petit séjour aux volets mi-clos, j’ai vainement essayé d’apercevoir le ciel. Il faisait déjà sombre. J’ai frissonné. La chatte vint plus près de moi, s’étira et se mit à ronronner. Elle aussi avait senti la fraîcheur. Cependant, dans la cheminée, le bois crépitait et les flammes léchaient toujours les chenets. J’ai rajouté quelques bûches. Bientôt, envahie d’une douce chaleur, je me suis laissé gagner par une sorte d’engourdissement que j’ai secoué peu après pour poser mon livre, Un Tramway nommé désir , sur le guéridon, et me suis servi un autre verre de porto. Attention, Mado…
Faisant fi de la petite voix qui voulait m’inciter à la prudence, je n’ai pas résisté au liquide rougeâtre, chatoyant, qui m’apportait réconfort et relaxation. Allait-il aussi faire resurgir mes souvenirs ? J’en ai pris le risque.
Les autres années, je ne ressentais pas l’absence, le manque, de la même manière, car je devais m’occuper activement de préparer un Noël joyeux pour Christophe. Depuis qu’il allait à l’université, il organisait sa vie à sa façon. Il était allé faire du ski avec des amis. Il faudrait que je m’y habitue. Les vacances ensemble, c’était fini. C’était le lot de tous les parents et je ne lui en voulais pas.
Je n’ai pas repris mon livre parce que la pièce de Tennessee Williams me bouleversait et me déprimait à chaque fois que je la relisais. Je devais être un peu masochiste pour y revenir indéfiniment. Je la connaissais par cœur. La personnalité de Blanche m’émouvait, je m’identifiais à elle, devenais Blanche et souffrais comme elle, avec elle.
Continuer ma lecture, l’effet de l’alcool aidant, n’aurait qu’augmenté ma solitude et mon vague à l’âme. J’ai préféré mettre ma correspondance à jour.

Bien chère Betty, j’aurais voulu t’écrire plus tôt, mais tu sais comment c’est… J’ai été très prise par le déménagement et la traduction d’un recueil de poésie d’un jeune inconnu plein de talent, un Américain d’origine arménienne dont l’œuvre, dans le genre philosophie orientale, rappelle un peu celle de Khalil Gibran.
J’ai beaucoup aimé les descriptions de ce pays mythique que tu m’as envoyées. J’ai été fascinée par la manière dont tu le dépeins. Sais-tu que tu as de grands talents d’écrivain ? En lisant tes lettres, j’avais l’impression d’y être.
Dans trois jours, je m’envole pour le Sénégal. Tu imagines quelle fébrilité s’empare de moi, de quelle impatience je suis saisie avant chaque départ vers Dakar.
Mes dépressions ont repris ces temps-ci. Je ne sais que faire. Je ne veux plus retomber dans le cycle infernal des barbituriques et cures de sommeil. Cependant, je ne dors pas assez, ou alors je fais des cauchemars ; je tombe dans un puits, comme autrefois. Il n’y a rien à quoi me raccrocher. Les parois sont lisses. Je vais tomber dans l’eau froide et curieusement, ce n’est pas la chute qui me terrifie, mais la peur d’avoir froid, la crainte de l’eau glacée. Tu m’avais conseillé de faire une psychanalyse, je ne l’ai pas fait. Je me réveille toujours lorsque j’arrive en bas ; en fait, je ne plonge jamais dans l’eau froide, parce que c’est un puits sans fond.
Tu ne me dis pas dans ta lettre si tu comptes repartir, mais je te sens si enthousiaste que je serais étonnée si tu restais longtemps à Denver où je sais que tu t’ennuies un peu.
De mon côté, rien de bien nouveau, ma vie est une longue errance,

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