Le Code
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Description

Charles-Olivier Duchenne, haut-fonctionnaire énigmatique et rigide est bousculé dans ses certitudes par une collaboratrice perspicace. Il va entamer une complète métamorphose qui l'amènera dans l’hémisphère sud. Dépouillé de sa carapace, il poursuivra son périple jusqu'à atteindre la sérénité.

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2013
Nombre de lectures 18
EAN13 9782312014753
Langue Français

Extrait

Le Code
Eve Lyn J
Le Code
La métamorphose de Charles Olivier Duchenne










LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01475-3
« L' essentiel pour le bonheur de la vie ,
c'est ce que l'on a en soi- même »
Arthur Schopenhauer
Partie I
I
Ce matin-là, Charles-Olivier Duchenne s’attarde un instant pour poser un regard sur lui-même et ce qui l’entoure.
Dans cette spacieuse salle d’eau où se côtoient la baignoire de balnéothérapie, la douche revigorante et le brumisateur, le marbre de Carrare forme comme un écrin et donne un caractère majestueux à l’ensemble. Au milieu de ce décor, les robinets couleur or viennent apporter une note lumineuse. Les lumières indirectes qui surgissent du bord des vasques, comme du plafond, donnent l’impression d’avoir été placées là pour mettre en valeur une œuvre d’art. L’endroit est parfait. On ne peut rêver mieux lorsqu’on évoque le luxe. Tout ici doit prendre une autre dimension. Et pourtant, ce matin de février, sans comprendre pourquoi, Charles Olivier Duchenne est interpelé par l’image que lui renvoie le grand miroir biseauté.
Il aura bientôt cinquante ans et, pour la première fois ce matin, il découvre une silhouette qu’il ne reconnaît pas. Il ressent une impression étrange. Il a l’impression que son corps ne lui appartient plus vraiment. Sa légère calvitie héréditaire a considérablement gagné du terrain. Les tempes grisonnent. Ces muscles allongés qui sculptaient ses bras et son torse ont l’air d’avoir disparu. Et ce petit ventre rond ajoute au ridicule de la situation. Même ses yeux bleu pâle semblent avoir perdu de leur éclat.
En ces lieux, Charles-Olivier Duchenne a souvent vu l’image d’un homme qui a réussi. Tout semblait lui sourire, le matin au réveil, depuis de si nombreuses années. Et aujourd’hui, on dirait que tout s’écroule. Il passe rapidement au dressing et s’empresse d’enfiler sa tenue habituelle : une chemise blanche et un costume gris anthracite. Malgré l’uniforme, l’image que vient de lui renvoyer le miroir, il y a un instant, envahit de nouveau son esprit.
Il décide alors de porter une nouvelle fois un regard sur lui-même en essayant de comprendre pourquoi ce matin, pour la première fois, il a aussi mal réagi. De retour dans l’immense salle d’eau et malgré ses vêtements qui ont été taillés sur mesure, il n’arrive pas à se voir autrement que comme tout à l’heure, lorsqu’il était nu. Il essaie de poser son regard sur le décor environnant pour se rassurer. Ce luxe et ce confort sont la preuve de sa réussite. Il aurait donc toute raison d’être satisfait.
En ce moment, il est peut être un peu déprimé à cause de toutes ses responsabilités. Il a toujours été un fonceur et ce ne sont pas quelques tracasseries au bureau qui vont l’arrêter. D’ailleurs, son épouse et ses enfants ne lui ont fait aucune remarque récemment sur un hypothétique changement. Un peu de repos lui serait certainement très bénéfique en cette fin d’hiver. Il va essayer de prendre quelques jours de congés, avec son épouse, pour se rassurer.
A ce moment là, le carillon de l’entrée vient le rappeler à l’ordre. Le chauffeur l’attend.
Après l’avoir salué d’un léger signe de tête, Charles-Olivier Duchenne s’engouffre dans le véhicule sans dire un mot. Le chauffeur respecte ce silence car il sait que «Monsieur» a d’importantes fonctions et certainement des soucis liés à ses hautes responsabilités.
Durant le trajet qui le conduit au Ministère, il médite sur sa situation. Il est le troisième garçon d’une famille bourgeoise de quatre enfants. Ses parents, riches industriels du textile, lui ont assuré une enfance aisée.
Son frère aîné, Charles-Antoine, a repris les commandes de l’immense filature héritée de la lignée paternelle. Son frère cadet, Charles-Edouard, qui fut un brillant élève, dirige un grand organisme financier. Quant à la petite dernière, sa sœur Eléonore, il préfère ne pas s’y attarder car la famille entière l’a rejetée, le jour de ses vingt ans, lorsqu’elle est partie faire du théâtre et vivre avec un comédien. D’ailleurs, il se surprend, aujourd’hui, à penser à elle. Il est vrai que, depuis vingt ans, il a toujours omis de l’évoquer dans les conversations.
Charles-Olivier Duchenne n’est pas le mieux loti des garçons puisqu’il n’a réussi qu’à être haut-fonctionnaire dans un petit ministère. Cela lui assure, tout de même, des émoluments corrects qui lui permettent de maintenir un train de vie conforme à la tradition familiale.
Son frère aîné, Charles-Antoine, a épousé la fille unique d’une grande famille bourgeoise et a ainsi bénéficié d’un patrimoine inestimable. Seule ombre au tableau, les problèmes de l’entreprise. La grande usine de filature se trouvait concurrencée par le marché extérieur. Alors, sur les conseils avisés du frère cadet, Charles-Antoine a délocalisé son entreprise dans la province chinoise de Shaaanxi et a ainsi réussi à renouer avec la croissance, ce qui lui a permis de doubler ses bénéfices en moins de cinq ans.
Le cadet, Charles-Edouard, est aujourd’hui installé à Genève, ville où est implanté le siège de sa banque. Il partage avec son épouse, une petite cousine de la famille confortablement dotée, un splendide château qui domine le lac Léman.
Charles-Olivier Duchenne n’est pas vraiment malheureux, malgré sa réussite professionnelle moins brillante que celle de ses aînés, puisqu’il a aussi fait un mariage arrangé par son père. Il a épousé Marie-Madeleine, la fille unique d’un diplomate, qui lui a apporté en dot ce magnifique manoir du XXVIIIème siècle, entouré d’un grand parc aux arbres centenaires dans lequel il vit aujourd’hui. Il bénéficie aussi d’une résidence d’été à Capri, propriété de sa belle-famille.
Charles-Olivier Duchenne est interrompu dans ses rêveries, le chauffeur venant de s’arrêter devant l’entrée du Ministère. Il rejoint rapidement son vaste bureau, au quatrième étage, et s’empresse de convoquer sa secrétaire à qui il demande à n’être dérangé de la matinée sous aucun prétexte car il a une affaire importante à traiter.
Il s’installe confortablement au fond de son large fauteuil pour continuer à faire le point sur sa vie. Il a besoin de trouver une explication à ce moment d’abandon qu’il a ressenti ce matin.
Au travail, même si sa situation n’est pas comparable à celle de ses frères, il a l’impression que, depuis vingt-cinq ans, il a bien progressé. Cette dernière promotion qu’il vient d’obtenir lui permet de diriger ce grand service stratégique où il est en relation directe avec le Ministre et cela le satisfait. La préparation des réglementations qui régissent le quotidien des citoyens est une mission des plus honorables. Il est respecté de ses collaborateurs et apprécié du Ministre.
Dans sa vie privée, ce n’est pas si mal non plus. Il n’a pas vraiment eu le choix d’épouser Marie-Madeleine mais leurs vingt-cinq ans de vie commune se sont passés sans encombre. Ils forment d’ailleurs un couple remarqué par leur allure aristocratique associée à leur élégance discrète.
De leur union sont nés deux enfants, Constantin et Salomé. Constantin vient de sortir major de l’Ecole polytechnique et, grâce aux appuis de son père, il va débuter dans un poste à responsabilités dans une très grande entreprise de travaux publics. Quant à Salomé, elle finit, cette année, ses études à Normale Sup.
Il a la chance d’habiter ce manoir luxueusement rénové, implanté dans un espace végétal unique, un parc à l’anglaise remarquablement dessiné. Il bénéficie d’une impression de pleine nature aux portes de la capitale car il est à moins d’une demi-heure de son bureau. Dès qu’il a quelques jours de repos, il part avec son épouse à Capri ou va se ressourcer en Sologne.
A l’automne et en hiver, il aime à se retrouver en Sologne dans le vaste pavillon de chasse qu’il a reçu, avec ses frères, en héritage de son père. Là, il s’adonne alors à un de ses sports favoris, la chasse au gibier d’eau. C’est, pour lui, le moyen de

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