Le domestique du Président
152 pages
Français

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Le domestique du Président , livre ebook

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Description

…Dans ces petites nouvelles, Biton Koulibaly s’attaque à tous et à tout par des petites scènes descriptibles, des petites touches ironiques et des railleries « légères »...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 2 623
EAN13 9782916532226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0221€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Isaïe Biton KOULIBALY
Le domestique du président
Nouvelles Troisième édition
Vallesse Éditions 01 B.P. 2290 Abidjan 01 (Côte d’Ivoire) e-mail : edition_vallesse@yahoo.fr
© Vallesse Éditions, Abidjan, 2011 ISBN : 978-2-916532-22-6 Toute reproduction interdite sous peine de poursuites judiciaires.
TABLE DES MATIÈRES
Préface ....................................................5 1. Le domestique du président................9 2. Une lettre écrite du ciel ....................19
3. Retour de la banque..........................23
4. Les Blancs et la sorcellerie................29 5. Le tailleur ..........................................35 6. Un match de football ........................47 7. Sur le chemin de l’usine....................61 8. Mon enfance......................................65 9. Les mains rouges du sénateur ..........77 10. Le chanteur......................................85 11. Confession d’un ministre ................95 12. Penda Kanouté ..............................103 13. La loterie nationale ........................113 14. La bonne épouse infidèle ..............119 15. La voiture d’occasion......................129 16. Les riches amis ..............................137 17. Le dernier de la race noire ............143
PRÉFACE
Isaïe Biton Koulibaly n’est pas un écrivain.C’est un homme qui écrit. Nuance ! Il ne cherchepas la technique originale qui permettrait derenouveler le roman contemporain ; il ne poursuitpas dans une quête vaine le détail pittoresque oule mot percutant ; simplement il les trouve parcequ’il dit son histoire. Il écrit comme il vit, avec sachaleur d’homme, peu de sang, quelques pleursvite séchés au soleil d’Afrique, une bonne mesurede sperme et son grand rire teinté de mélancolie.L’ironie est toujours présente mais — pas la raillerieamère. Ses personnages se moquent d’eux-mêmeset des autres — ils ne se prennent pas au sérieux.Si au hasard de l’histoire ils se mettent à pontifierpesamment, vite une pirouette légère les débou-lonne de leur piédestal, mais loin de s’écraser, ilsse relèvent comme des acrobates de cirque, lesmains ouvertes pour le salut final et leur sourirefraternel nous dit : « Eh oui ! c’est ainsi ! ». Nonque ces nouvelles soient exemptes de sérieux.
De grands thèmes s’y inscrivent en filigrane :l’amour et la trahison, l’argent et la corruption, lapolitique et la torture, la mort et Dieu même ! Mais tout cela inscrit dans l’histoire, et l’histoireemporte dans un dynamisme vivant ; non desidées mais des hommes, des hommes d’Afrique.Quoiqu’écrites en français, ces nouvelles restentafricaines. C’est la société africaine qui vit ici : dupetit laveur de voiture au ministre repenti, de lafemme adultère à l’étudiante sérieuse, un livresous le bras, tous défilent avec leur tempéramentpropre, leur vision du monde, leur discours parti-culier. Ils se croisent, se rencontrent, s’affrontentsans hargne, s’égratignent et sans forcement secomprendre, bénéficient tous de l’indulgence iné-puisable de l’auteur, toujours fraternel. Isaïe BitonKoulibaly aime les siens. Il jette sur ses frères unregard lucide mais son amour des autres ne luipermet pas de les condamner, puisqu’il est l’und’eux. Il n’est pas le Deus ex machina, celui quisonde les reins et les cœurs. II est lui-même dansson histoire, au sein du tourbillon des aventuresd’où il rayonne. Et c’est justement cette imbricationde l’auteur et de ses personnages qui est bienrafraîchissante. Nous sommes fatigués de cesauteurs intelligents qui dissèquent au lieu demontrer, qui démontrent au lieu d’inventer, et quiparlent à l’esprit plus qu’au cœur. Si dans le concert
des littératures mondiales, l’Afrique a un rôle à tenir, c’est peut-être celui de ramener le roman à plus de naturel, de spontanéité, de le faire vivre et rêver. Et en ceci Isaïe Biton Koulibaly, le plus sim-plement du monde, assume son rôle d’écrivain africain et mondial. Contentons-nous de le suivre au cours de ses histoires et laissons-nous conduire sans trop poser de questions par son entrain endiablé. Nous y trouverons du plaisir et peut-être en apprendrons-nous plus que nous croyons…
Éliane Armand
Le domestique du président
Depuis l’enfance, j’avais un tic : écouter laradio. Je croyais tout ce qu’on y disait. D’ailleurs,je ne pouvais mettre en doute un instant, les infor-mations de nos grands journalistes. Les nouvellesdonnées se ressemblaient pourtant : messages defélicitations adressés au Président pour les multiplesfêtes de notre pays, construction d’hôpitaux, écoleset routes de nos provinces, compte rendu des réu-nions de nos centaines de sous-sections du PartiUnique, etc. Les nouvelles sportives et le mouvementde nos délégations à l’intérieur et à l’extérieur dupays mettaient fin aux actualités nationales. Quantaux informations internationales,elles m’inquié-taient. Tous les jours, nos bons responsables del’information nous apprenaient qu’une guerrevenait d’éclater chez le voisin ou qu’elle continuaitchez l’ami. Quoi qu’il en soit, dans les trois bulletinsd’information de la journée, la partie réservée àl’étranger diffusait essentiellement des nouvelles deguerre chez les uns et les autres. Heureusement
pour nous, depuis l’arrivée de notre nouveau chefd’État à la magistrature suprême, les guerres avaientcessé automatiquement. Il était temps en effet,que finissentces guerres qui opposaient différentesethnies du pays. Autrefois, chaque trimestre, lesautorités locales fermaient un cimetière afin d’enouvrir un autre… À ce rythme, la RépubliqueDémocratique etPopulaire serait devenue la fédé-ration des cimetières ! Ce nouveau coup d’État,même s’il avait fait de nombreux morts, meréjouissait.Plus de guerre dans le pays ! Fatigué de me voir inactif devant ma radio, monpère me conduisit dans un garage pour apprendrela mécanique. Malheureusement pour lui, je voulaisêtre apprenti-chauffeur : c’était ma seule ambition.Jem’imaginais, assis au fond d’un véhicule, mon képienfoncé sur la tête, racontant des propos grivois.Curieusement, je ne savais pas qu’un apprentichauffeur devenait chauffeur après avoir obtenuson permis de conduire. Je me souviens toujours des bagages que je faisaismonter ou descendre des camions. Je me souvienstoujours des passagers endormis quand nousvoya-gions à l’extérieur du pays. C’est au cours d’unde cesvoyages que je tentai d’abuser d’une jeune fille quidormait sur un sac de riz auprès de sa mère. Saposition ne pouvait que m’exciter ; le pagne dégagé,
les jambes écartées… Vous me comprenez !Je m’ap-prochai d’elle et fis comme au cinéma ; je pressaima bouche contre la sienne. En l’embrassant, jem’évertuais à caresser ses seins et à défaire soncache-sexe. Au moment de me soulager,j’entendisun bruit infernal. Je repris mes sens dans un hôpital où j’apprisles circonstances de notre accident. Mon patronde chauffeur, endormi sur sa direction, avaitconduit le camion dans un ravin d’une très grandeprofondeur. « Un très grave accident », m’affir-mèrent mes soigneurs qui s’étonnèrent de m’avoirramassé tout nu. Je fus le seul survivant. Elle avaitaussi péri. Paix à son âme ! Depuis ce jour-là, cela fait dix ans, je chôme.Point de travail pour moi ! Mon père, ma mère etnos relations dépensèrent beaucoup d’argentpour les chefs du personnel et les marabouts. Sanssuccès. À vingt-cinq ans, mon travail consistaittoujours à écouter la radio. Écouter, ce n’était pasun mauvais métier de toute façon. Le seul drame ? Point de salaire pour moi. Il y a des jours où jedésirais ardemment voir le Directeur de laRadiodiffusion et lui demander de me payer pourl’écoute intégrale de ses émissions. Après l’élection triomphale du Président à lamagistrature suprême, les réjouissances popu-laires durèrent trois jours. Pendant trois jours,
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