Le Grand Chimérique
168 pages
Français

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Description

Sélection Prix Jean Cocteau 2021


La capitale est frappée d’un mal mystérieux, apparu à l’aube du Grand Effondrement. Tandis que les façades se lézardent, une population de proscrits s’est exilée dans les couloirs du métro désaffecté. Lord Des Brumes et l’actrice magnétique Carla S. conduiront-ils Fulgence, cet Orphée Funk, jusqu’à son Eurydice ? Sa quête l’emmènera à Londres, y échappera-t-il aux Chimères qui semblent scruter le moindre de ses déplacements ?



L’auteur nous entraîne ainsi dans le premier roman Art nouveau, où une phrase, à la manière d’une volute métallique d’Hector Guimard, ou d’un bijou ouvragé par Lalique, ne s’amorce que pour s’enrouler sur elle-même, jusqu’à son point de contraction, avant de refluer vers son origine lumineuse.





Hugues Simard, né 1970 à Paris, exerce les métiers de bibliothécaire et de journaliste pigiste.



Il est l’auteur de The One, nouvelle publiée en 2010 aux éditions La Volte dans l’anthologie



Le jardin schizologique- nouvelles apparues dans un miroir et d’Écrevisses de lune ou le sablier sans fin - recueil de nouvelles paru aux éditions La Valette en 2013. Le Grand Chimérique est son premier roman.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9791091590495
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Illustration de couverture : Vincent Gravé © La Valette.
ISBN : 9791091590495
À Tima, Reine Phénicienne et combattante Alaouite descendue des monts sacrés du Liban
La soif innée et perpétuelle du royaume divin nous emportait avec une vitesse presque égale à celle du ciel. Béatrice regardait en haut, et moi je la regardais ; […]
D ANTE , La Divine Comédie , Le Paradis , chant II
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Dédicace
Exergue
Préface
Prologue
Première partie - Fluctuat nec mergitur
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Deuxième partie - Les Chimères de Londres
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Épilogue
Hubert Haddad
Aux éditions La Valette
Coéditions avec Le Noyer Édition
Collection
Préface

Dans le roman comme dans la vie, le plus étrange, c’est notre besoin compulsif de vraisemblance. À bien y réfléchir, celle-ci concerne le lecteur de l’un comme l’acteur de l’autre, à savoir la personne qui lit et vit tour à tour ou simultanément. Pourquoi cette faim de crédulité en nous, justement formulée par Coleridge en Willing suspension of disbelief (« suspension consentie de l’incrédulité »), pourquoi faut-il que la fiction devienne crédible pour exister ? Lorsque la réalité vécue perd en évidence, vire à l’étrange et voit surgir des événements en rupture avec les lois causales et psychiques régissant notre quotidien, le fantastique, ordinairement géré par le pacte de crédulité propre à la lecture, ne saurait garder longtemps son statut devant la perte de repères : Le Horla ou Aurélia anticipent l’accès délirant, l’effraction utopique, la folie attendue des auteurs. L’autre côté du miroir, par espèce de salut, réconcilie la fiction et la réalité dans un crâne : ainsi El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha , grand lecteur de fictions chevaleresques dont il est l’ersatz parodique, s’il avait lui-même écrit le chef-d’œuvre éponyme à l’insu de Cervantès, n’eût gardé que la dimension de la merveille, faite de prodiges et d’effroi, imperméable à la pasquinade réaliste. La vraisemblance au fond n’est qu’un point de vue consumériste qui n’intéresse aucunement le schizophrène et très peu le poète en quête d’absolu ou d’accomplissement onirique. Plus proche du second, Hugues Simard s’était fait connaître il y a cinq ou six ans par un recueil de récits ou de contes, Écrevisses de lune ou le Sablier sans fin , qui renfloue le Paris de Nicolas Flamel, d’Aloysius Bertrand et de Gérard de Nerval d’une mer des songes vaste comme l’imaginaire. Avec Le Grand Chimérique , premier roman, l’auteur a convoqué toutes les mirabilia de la veine romantique, versant gothisme et fantasy , en passant par le mythe, la fable, le conte de fées. Mais le surnaturel chez lui n’est que l’allégorie imagée d’une quête d’un Graal à pied et sans lance , à travers les archétypes de l’Ars magna : récit initiatique donc, merveilleusement crédule, puisque l’événement n’est qu’un rebondissement d’irréalité sur le chemin d’initiation du héros et narrateur. Extrait du deuxième chant du Paradis de La Divine Comédie traduite par Lamennais, l’épigraphe (ici augmentée) place Dante en précurseur et initiateur des distorsions temporelles mettant en synchronie un tissage d’univers fabuleux :

La soif innée et perpétuelle du royaume divin nous emportait avec une vitesse presque égale à celle du ciel. Béatrice regardait en haut, et moi je la regardais ; et peut-être en ce qu’il faut de temps pour qu’un trait soit posé, et se détache de l’arc, et vole. Je me vis arrivé là où une merveille attira mon regard : et lors celle à qui mon souci ne pouvait être caché, se tournant vers moi, aussi joyeuse que belle : « Élève, me dit-elle, ton esprit reconnaissant à Dieu, qui nous a conduits dans la première étoile. »
Après cet envoi en forme de diapason qui donne un peu la note de référence, Hugues Simard ouvre son oratorio opératique par un prologue surdéterminant l’esthétique symboliste décadentiste héritée d’un Villiers de l’Isle-Adam et du romantisme frénétique, celui du Notre-Dame de Paris de Hugo, mais aussi des Nodier, Gautier ou des Chants de Maldoror , esthétique qui portera à bout de bras ou d’ailes cette grande chimère romanesque, dès lors qu’un archétype de science-fiction, le monde d’après quelque épisode apocalyptique, offre à l’auteur l’occasion d’un réinvestissement ludique immodéré de l’archéologie immatérielle des corpus hermétiques, légendaires ou mythologiques constituant le tuf subliminal de nos cultures occidentales. Mi-Lancelot mi-Des Esseintes, Fulgence, le porte-emblème du récit, jamais ne perd la posture un peu décalée du narrateur en immersion dans sa mythopoeïa. On songe aux mots de Julien Gracq dans En lisant, en écrivant  : « “Adorable fantôme qui m’a séduit, lève ton voile !” supplie le faiseur de romans — mais la muette apparition lui met en mains un porte-plume. » Le Grand Chimérique ne manque d’ailleurs pas d’évoquer Au château d’Argol , cet autre premier roman écrit dans l’envoutement du Parsifal de Wagner et sous l’ombre gothique des « puissantes merveilles » du Château d’Otrante d’Horace Walpole et des Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe, sans oublier Lord Byron et son Manfred . Là comme ici, « le chemin mystérieux mène vers l’intérieur » (Novalis), et plus la fantasmagorie prend des proportions phénoménales, plus il devient clair que la compréhension du monde passe par la connaissance de soi. Toute la péripétie du roman — configuré pour l’essentiel, avant l’épilogue londonien, dans un Paris désaffecté d’outre-monde, aux vestiges abandonnés à des sectes d’illuminés, à quelques élus en quête de révélation ou au héros nervalien brassant les chimères accomplies d’un songe — a peut-être déjà eu lieu en réalité , juste avant « le Grand Effondrement ».
Fulgence, plus ou moins au fait du pacte d’irréalité qui nous lie à lui, réactive la saga libertaire surréaliste principalement conduite par André Breton, le rédempteur des enchantements, silentiaire intraitable des portes de corne et d’ivoire. La Nadja ou l’Aurélia de Simard s’appellera Jane et naîtra d’une simple, absolue nécessité d’âme, dans un de ces accès invocatoires dont le roman s’étoffe ; car il s’agit bien d’une mise en abyme des pouvoirs de l’imaginaire et incidemment d’une sorte d’épreuve de démonologie analogique : Simard s’empare des décors à transformation de la fantasia et met en branle un carrousel neuronal où tourbillonnent les figures de sa Weltanschauung esthétique et affective et où prend sens la quête de son héros, lequel eût pu faire sienne la célèbre stance du Second Manifeste  : « Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement. »
On se souvient qu’André Breton, lassé des scandales mondains et davantage encore des concessions au veau d’or de nombre de ses disciples, demande dans un libelle « l’occultation profonde, véritable du surréalisme ». Dans l’ambivalence entre exotérisme et ésotérisme, il fréquentera bientôt les adeptes des cercles alchimiques — Élie-Charles Flamand, René Alleau ou Eugène Canseliet, alias Fulcanelli, l’auteur mythique des Demeures philosophales —

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