Le Hameau des Tailles
121 pages
Français

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Description

Un mot de trop. Un coup violent. Un homme tombe. Sous le soleil implacable d'un été caniculaire, les esprits s'échauffent. Grégoire, devant le corps sans vie de cet inconnu qui se cachait dans sa grange, n'en revient pas de son geste. Alors... Alors il allume sa cigarette et réfléchit. Et s'il prenait sa place ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782812917370
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Né en 1958,Thierry Bardotet deux romans. a déjà écrit trente-cinq nouvelles  Le Hameau des Tailles’écrivain., son nouvel opus, confirme avec brio ses talents d
Titre
THIERRYBARDOT LEHAMEAU DESTAILLES
Copyright
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. ©De Borée, 2008
Avant-propos
’AI RETROUVÉ UNE PHOTOGRAPHIE de début d’année scolaire, toute en nuances leJs genoux de celui ou celle du milieu, rangée infé rieure. de gris, de celles que l’on faisait à la jonction d es années 1960-1970, ardoise sur Tout en bas à gauche, j’ai reconnu un visage partic ulier. J’ai oublié son nom, son prénom. Mais je me souviens qu’il se protégeait des deux bras lorsqu’on esquissait, afin de pimenter les récréations, le geste d’une gi fle. Je me souviens qu’il se recroquevillait dans un recoin de la cour lorsque s on père, rendu acerbe par l’ivrognerie, venait houspiller l’enseignante. Je m e souviens de ses grandes oreilles décollées, de sa figure trop longue, chevaline, de son expression hébétée. Je me souviens de son corps malingre, de ses attitudes fa lotes. Dans le Bourbonnais, où je suis né, où j’ai grandi, on appelle ces accidentés de naissance des bredins, ou berdins. Ils ne comprennent pas tout, loin de là, mais peuve nt parfois montrer des talents cachés. Encore faut-il qu’on prenne le temps de leu r accorder l’attention nécessaire. À mi-chemin entre Souvigny et Bourbon-l’Archambault , se trouve le hameau des Tailles. Vu de très haut, le paysage ressemble à un e toile aplanie, tendue, dont on aurait cousu les unes au bord des autres une multit ude de formes géométriques imparfaites, anguleuses, bordées de fils grossiers, emmêlés par endroits: ce sont les champs et les pâturages, ocres ou d’un vert plus ou moins soutenu, séparés par des «bouchures», haies parfois inextricables quand elle s deviennent ronceraies, jalonnés d’arbres aux vastes ramures conservés pour assurer des ombrages. La route principale, rectiligne, tellement proche e t distante à la fois, ignore cet insignifiant assemblage de fermes disséminées. Dans l’une d’elles, connue sous le nom de «Malepeur », vit une famille; au sein de cette famille végète un idiot. Hormis les alentours du hameau, il ne connaît que le village d’Autry-Issards, où il a inutilement souill é sa plume d’encre violette, et le bourg de Saint-Menoux, où se trouve un sarcophage, la «dé bredinoire». La légende prétend qu’il suffit d’enfoncer dans un trou, percé dans la paroi du cercueil de pierre, la tête d’un malheureux pour que l’idiotie le quitte aussitôt. Contrairement au domestique du saint Menoux revenan t de Rome, Crépin, le bredin du domaine de la Malepeur, ne connaîtra pas cette o pportunité. Ce personnage et les autres n’existent que par mon imagination. Cependant, ils auraient pu exister. Et, avec du recul, il me vient à l’idée que l’oublié de la rangée du bas recelait peut-être, quelque part au milieu de s es déchirements, d’enviables possibilités figées à l’état larvaire. Je ne le saurai jamais…
Prologue
OMME LES PRÉCÉDENTES, la journée finissait dans une température hors C normes. Une canicule épuisante s’était solidement i nstallée dès le début du mois d’août sur le pays, et nulle région ne lui échappai t. Ce n’était pas un problème pour Paquito. Lui appréc iait particulièrement les étés rudes, et, de toute façon, ce qui emplissait sa têt e lui interdisait d’être réceptif à son environnement. Paquito n’était pas à la fête depuis qu’il avait en grossé une fille d’Ygrande. Adeline portait leur enfant, mais il n’en voulait pas; il l ’avait clamé haut et fort. Il estimait que c’était son droit. Victor, le père de la fille, ava it estimé le contraire. La déroute de Paquito avait commencé le jour de la dernière foire ygrandaise. Ce jeudi-là, Victor s’y trouvait également. Au même mo ment, dans la même rue. Paquito regrettait aujourd’hui d’avoir bravé la col ère de cet homme estimé de tous. Mais ce qui était fait ne pouvait être défait, et c e qui eût pu rester une mise au point sans conséquences s’était rapidement transformé en règlement de comptes au terme duquel Paquito, le visage tuméfié, avait roulé sous un étal de charcuteries. Victor s’était éloigné en fulminant, tandis que Paq uito se relevait sous le regard narquois des passants. Sans le dire autrement, tous félicitaient ainsi leur compatriote, et ne cherchaient pas à comprendre l’origine de l’a lgarade. Dans les veines du garçon coulait cependant le sang hérité de son père qui avait déserté le foyer depuis nombre d’années, un sang vi f qui ne laissait qu’une place dérisoire à la réflexion et à l’oubli. Il n’avait p lus qu’une idée, celle de la vengeance à tout prix. Il était venu ici, à trois kilomètres d’Ygrande, un iquement dans cette intention. Devant lui, en bordure ou peu s’en fallait de la ch aussée, se dressait le bâtiment où Victor serrait son blé en gerbes. Des souvenirs rem ontaient en lui, sans pour autant étouffer les mauvaises résolutions qu’il avait form ées en un tournemain. Peut-être était-ce dans la touffeur de cette grange que l’enfant avait été conçu. Aujourd’hui, cela n’avait plus vraiment d’importanc e. Maintenant qu’il se préparait au pire, Paquito se s entait moins tumultueux. Les sens apaisés, il raisonnait enfin avec une certaine rigi dité. Il appuya sa vieille bicyclette contre la façade qu’on découvrait de la route. Il n e se cachait pas. La nuit se faisait dense et complice. De Bessais, de la lisière de la forêt de Gros-Bois, provenaient les chuintements 1 réguliers d’unefresaie. L’herbe racornie semblait pétiller. Le soleil ava it disparu, mais le mercure ne baissait guère. Une moiteur parfumée baignait la campagne dont les nuées d’insectes criblaient le silence de vibration s lancinantes. Paquito s’assit sur le sol craquelé. Il avait tout son temps. L’ambiance incitait à la somnolence, mais elle n’avait aucune emprise sur so n état. Il laissa vadrouiller dans son esprit les personnag es qui avaient influé sur sa vie. Ils étaient fort peu nombreux. Il eut d’abord une pensée pour son père. Il avait f ini de grandir sans son autorité, sans ses épaules, ne conservait de lui qu’un souven ir confus que dominait un regard aussi noir que du jais, fascinant.
2 Puis il accorda un bref instant à Lucie, sa mère. U neguenipequi avait sèche désormais perdu toute forme de lucidité. Elle conti nuait de l’accueillir sous son toit, près de Saint-Hilaire, de la même façon qu’elle eût abrité un étranger. L’image d’Adeline se présenta à la suite… Quels ava ient été ses sentiments pour cette fille de bonne famille? Il ne s’était pas pro fondément amouraché; son refus d’assumer sa paternité dénonçait la faiblesse de so n attachement. Il ne s’était pas amusé non plus. Son immaturité était plus en cause qu’une absence de sincérité, il le savait au fond de lui-même. La grossesse d’Adeline restait un accident. Sans doute avait-il joué avec le feu en ne prenant aucune préc aution, mais élever un enfant était largement au-delà de ses capacités. Victor n’avait pas accepté cette évidence, et le ré sultat ne s’était pas fait attendre. Non seulement Paquito ne tendait pas l’autre joue, mais il n’avait plus qu’un but, se laver de cet affront qu’il avait reçu en public. Vint le tour de Fernand. Le garçon détestait ce pay san, grossier dans l’aspect et dans les manières, qui l’employait depuis la fin du printemps dans sa propriété, près de Meillers. Chaque jour hormis le dimanche, très tôt le matin, aux heures où les premières lueurs n’aspiraient pas encore l’aiguail, Paquito quittait Saint-Hilaire sur sa bicyclette et ne rentrait que le soir, éreinté par des heures employées à remuer du fumier, nettoyer les écuries, arracher des genêts, entretenir un vaste jardin dont il ne croquait jamais le moindre légume. Avare invétéré, Fernand abusait sans vergogne de la situation. Il payait peu, toujours trop à son goût, prolongeait les heures de labeur jusqu’aux limites du raisonnable. Parfois, le garçon s’octroyait une pau se d’une demi-journée. Son patron bramait quand il revenait, sans pour autant agiter la menace de quelconques représailles; à chaque fois, la vaillance difficile ment remplaçable de son larbin finissait par user sa fureur. Après son différend avec Victor, Paquito avait déci dé d’assouvir son besoin de revanche, puis de quitter la région pour ne plus y revenir. La veille, avant de fuir définitivement la ferme de Meillers, il avait dérob é une jolie liasse de billets de banque dont il ne se séparait plus. 240 000 francs, méticu leusement rangés dans un tiroir des semaines auparavant par Fernand qui ne s’était pas senti observé derrière une vitre. Paquito était profondément fier de ce vol, qu’il co nsidérait en fait comme un juste dédommagement. Le paysan pouvait bien tempêter, le chercher à y perdre toutes ses forces, il resterait dépossédé. Le garçon contemplait le paysage d’un air maussade. Parvenue à maturité, la nuit était tiède, propice à l’épanouissement des sens. L es constellations rutilaient autour d’une lune dont aucun nuage ne brouillait l’éclat. Il songea ensuite à Stanislas, ce cousin qu’il ne f réquentait pas réellement, mais avec lequel il n’avait jamais rompu le contact. Il savait pouvoir compter sur l’appui et la protection de Stan, ainsi que ses proches le surnom maient. C’était comme une sorte de connivence irréversible, un lien que rien ne pou vait trancher et qu’il n’avait pas hésité à utiliser. Paquito prit le temps d’évoquer dans son esprit l’a bri fortuitement découvert où il avait décidé d’attendre la venue de son cousin. Il se souvint de ce dimanche de printemps où il longeait le Chamaron afin de repére r de bons emplacements de pêche. Les vairons proliféraient dans les eaux limpides de la rivière. Il en avait souvent soustrait de pleins paniers; pour les déguster, il suffisait de faire frire les poissons à peine gros comme un petit doigt, sans préparation c ompliquée.
Ce qu’il considérait comme un refuge était édifié p armi les champs et les bois, à proximité du hameau des Tailles; au cours d’un aprè s-midi consacré à l’oisiveté, il s’était introduit dans le bâtiment massif. La prése nce d’une basse-cour conséquente l’avait inutilement rendu méfiant. Personne ne surv eillait les lieux. Il s’était demandé à qui pouvait appartenir cette propriété livrée à ell e-même, mais n’avait pas creusé la question outre mesure. C’était sans intérêt. Il sav ait que c’était là qu’il patienterait jusqu’à l’arrivée de Stanislas. Paquito se leva doucement, considéra les deux haute s et larges portes de la grange. Seul un mince fil de fer enfilé dans des cavaliers et torsadé à ses extrémités les maintenait plaquées l’une contre l’autre. De toute évidence, Victor était du genre confiant. Le garçon n’eut aucune difficulté à écarter les bat tants. Une clarté opaline remplaça aussitôt l’obscurité dans l’entrée de la bâtisse. Avec une satisfaction puérile, Paquito s’approcha d e la gerbière. Le moment était venu de passer à l’acte. D’un geste déterminé, il frotta une allumette…
1.Fresaie: autre nom de la chouette effraie. 2.Guenipe: femme malpropre, maussade.
I
À la grange incendiée
’INCENDIE S’ÉTAIT DÉCLARÉ deux jours auparavant, à la tombée de la nuit. C’é tait L un commerçant qui, regagnant Ygrande après sa tourn ée, avait donné l’alerte. Peu après l’ouvrage qui enjambait le Pont-Lung, il avai t immobilisé sa camionnette sur le bas-côté, et aussitôt compris que les flammes dévor eraient de toute façon le bâtiment de stockage isolé, quoi que l’on fît pour les comba ttre. En cet après-midi d’été torride, Victor restait aba sourdi, incrédule devant le spectacle de sa grange détruite. Entre les pans de murs noircis ne subsistait qu’un gigantesque amas de débris calcinés. La charpente c entenaire, la toiture qu’il avait restaurée l’an passé, les tonnes de paille, rien n’ existait plus. Une odeur âcre persistait, entravait la respiration. Ses yeux brumeux, Victor ne pouvait les détacher de s ruines. Adeline posa une main sur l’épaule de son père: «Tu te fais du mal, murmura-t-elle. On devrait rentrer, maintenant.» Il sortit de sa torpeur. Victor était apprécié. Un brave type, toujours partant pour rendre service. Une bonne figure un peu rougeaude, un peu ronde. Bien remplie, à l’image de sa générosité. Il avait perdu un bien d’importance. «Tu sais comment je suis assuré, grommela-t-il. Je sais… La grange, je ne pourrai jamais la rebâtir.» Adeline ne savait plus quelles tournures employer p our réconforter son père. «Et tout ce qu’il y avait dedans…» ajouta-t-il. Elle garda le silence. Ces instants de désarroi évi nçaient les prodigalités de l’été. La vision de géhenne occultait le reste, les prairies couleur de safran, les arbres fruitiers qu’assaillaient des nuées de guêpes et de frelons, le vol en forme d’arabesques des papillons, la limpidité du ciel. «C’est pas un accident, reprit Victor. Il fait très chaud, mais c’est pas un accident.» Il parlait d’une voix grave, avec conviction. Des s oupçons le rongeaient, qu’Adeline partageait sans l’avouer. Ce n’étaient que des dout es. Victor n’avait pas osé en faire part aux autorités. Il considéra d’un air pensif le ventre rebondi de s a fille: «Je suis sûrement dans le vrai, non?» Adeline acquiesça d’un hochement de tête. Elle ne p ouvait lui refuser cette réponse. Depuis qu’il la savait enceinte, son amant volage s oignait particulièrement sa dérobade. Pas sans que Victor lui eût toutefois pré cisé sa façon de penser. Au bourg, personne n’ignorait le différend qui avai t opposé les deux hommes, un jour de foire. Personne n’évoquait le sujet non plu s. On en discutait seulement dans le secret des foyers. Dans les rues, on se taisait. «Tu crois aussi que c’est lui, continua Victor. Je m e trompe?» Adeline hésita à répondre:
«Je pense qu’il est capable de ça, admit-elle finale ment. Pour se venger? Pour quoi d’autre…» Victor soupira. La petite crapule… Il ne regrettait pas de lui avoir infligé une belle trempe au vu et au su de tout le monde, mais le rés ultat était là. Il l’imaginait, dans l’obscurité complice, son briq uet à la main. Pénétrer dans la grange ne présentait pas de difficultés; il suffisa it d’un peu d’énergie pour secouer suffisamment les vantaux disjoints et faire céder l e fil de fer qui servait de serrure de fortune. Non, cela n’avait pas dû être compliqué. «Tu ne sais vraiment pas où il est? s’enquit-il. Non… Bien sûr que non. Il faudrait que je l’attrape. L’attraper… Et ça te servirait à quoi?» Victor avança jusqu’aux décombres. Le soleil chauff ait son crâne dégarni et il n’avait pas besoin de ça pour former des envies de faire co uler le sang. Adeline le rejoignait d’un pas réticent. Elle subis sait le mouvement, désemparée devant la violence qui s’abattait sur son existence . Pour elle, offrir son corps n’avait pas été qu’une foucade. Elle avait éprouvé de réels sentiments pour accepter de se donner. Naïve et confiante, elle lui avait demandé de se retirer, d’éjaculer sur son ventre. Il avait promis. Puis s’était libéré sans s e soucier de son engagement. Elle n’oubliait pas sa mine satisfaite, narquoise. «T’inquiète pas comme ça, avait-il déclaré en s’esc laffant. Tu sais, on fabrique pas un gosse à chaque fois qu’on s’allonge…» Les fois suivantes, il ne s’était pas retiré davant age. Elle avait renoncé à protester. La nature avait profité de cette absence de précautions pour se montrer fructueuse. Elle n’oubliait pas non plus son mécontentement, sa veulerie lorsqu’elle lui avait annoncé que leurs rapports n’étaient pas restés san s conséquences. Il l’avait abandonnée face à ses angoisses, ses nausées, ne lu i avait pas même concédé le réconfort d’une attention quelconque. «Un marmot? s’était-il emporté. T’es sonnée ou quoi ? J’ai plus qu’à passer à la mairie, c’est ça? Tu le gardes si tu veux, mais sans moi!» «Oh! Tu rêvasses?» Adeline sursauta, constata que son père était allé chercher une casquette dans la bétaillère sans qu’elle remarquât sa courte absence . «J’ai peur», dit-elle. Spontané, il la serra entre ses bras rassurants: «Arrête de remâcher comme ça, conseilla-t-il. C’est pas bon pour le petit.» Elle consentit à sourire: «Et si c’est une petite? objecta-t-elle. Ah! dans ce cas…» Il fit semblant de réfléchir: «Dans ce cas… Mais c’est exactement la même chose, v oyons!» Victor s’efforçait de recouvrer un air jovial. Adel ine n’était pas dupe. Durement touché, il ne s’en remettrait pas de sitôt, ne ress asserait les différentes facettes de l’épreuve qu’avec lui-même, dans les moments de sol itude. Elle gonfla ses poumons, essuya son front moite:
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