Le jour où j ai oublié de me désabonner
102 pages
Français

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Le jour où j'ai oublié de me désabonner , livre ebook

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Description

Julia et Lucas ont l’un et l’autre tout pour eux. Pourtant, ils ne sont pas vraiment heureux mais un Like sur une plateforme de rencontres va bouleverser leur vie.
Pour Julia, aucun doute, l’amour avec un grand A existe, son homme idéal finira par débarquer dans sa vie.
Mais lorsqu’effectivement IL la like sur Tinder, médusée, elle n’y croit pas.
Trop beau, trop grand, trop élégant, trop souriant… Trop Tout. Trop LUI.
Leurre, fake, arnaque… Un mec comme ça pas possible sur la toile… méfiance, protection, reculade…
Pour Lucas, les choses sont beaucoup plus simples. Juste magnifique, les femmes sont à ses pieds. De brèves rencontres en fausses histoires, l’amour de sa vie, il n’y pense pas, ne le cherche jusqu’à son like sur Tinder qui va lui ouvrir un monde qu’il n’imaginait même pas.
Héros des temps modernes, volontairement sans âge défini, Julia et Lucas feront-ils le pari de la vraie vie ou préfèreront-ils rester dans le confort de la virtualité ?

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2020
Nombre de lectures 11
EAN13 9782312077567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le jour où j’ai oublié de me désabonner
Corine Allouch
Le jour où j’ai oublié de me désabonner
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07756-7
Chapitre 1
Début mars, 19 h, un jeudi parmi tant d’autres.
Les jours rallongent et il adore ça !
Lorsque Lucas sort de L&J Best Events en remontant le col de son blouson, il presse le pas dans la rue qu’il connaît par cœur. L&J Best Events, son agence événementielle, y est implantée depuis six ans.
Autour de lui, une foule de gens pressés court dans tous les sens. Certains sortent de leur bureau, de leur domicile, d’un café, pour faire des courses, chercher les enfants, filer vers un rendez-vous, une soirée, une première fois.
Habitué à ces marées humaines qui se déplacent par grappes, chacun arrimé à ses propres pensées, concentré sur ses priorités, Lucas, au terme de cette longue journée de réunions et d’imprévus, est impatient de se retrouver dans un endroit familier.
Quelques centaines de mètres seulement le séparent de son bar préféré. Impatient de se poser dans ce lieu tant aimé, il les franchit avec légèreté de sa silhouette élancée. Mais quand, souriant, il pousse la porte de son autre chez lui, Les Amoureux , une bouffée de nostalgie le saisit, le prenant totalement au dépourvu… il ne s’attendait pas à ce remember soudain.
Il venait d’ouvrir l’agence lorsque ce nom l’avait incité à entrer. Alors en pleine séparation, sans aucune intention de remettre ça de sitôt, il n’y voyait aucune résonance intime, mais Les Amoureux l’avait interpellé, attiré. Peut-être se disait-il « Quelle chance ! » ? parce qu’il pouvait bien se l’avouer aujourd’hui : avait-il jamais été amoureux, vraiment amoureux ? Avec le recul, la réponse était sans nul doute non. Son cœur n’avait jamais tressailli pour quiconque, prêt à s’expulser de sa poitrine dangereusement oppressée ; son corps ne s’était jamais crispé et tendu au point de lui donner l’impression que, soudain trop petit, il allait éclater pour le laisser meurtri au bord du gouffre où les sentiments qui le bouleversaient tentaient de l’entraîner.
En fait, non, Lucas n’avait jamais été amoureux et n’avait jamais vraiment aimé sauf peut-être Camille, d’une amitié profonde mais est-ce que ça compte ? Ils s’étaient rencontrés presque au berceau lorsque la pureté enfantine des sentiments n’est encore entachée par rien. Après, quand on grandit, on se laisse polluer, parasiter, les relations se compliquent. On se perd soi-même. Alors l’autre, pour l’aimer…
Mais dans quoi je m’embarque ce soir ? s’interroge Lucas qui se revoit rentrer pour la première fois aux Amoureux .
Venu pour y avaler rapidement un expresso au comptoir avant d’entamer une de ses interminables journées de travail, il y était repassé le surlendemain puis quelques jours plus tard. Chaque fois, il restait un peu plus longtemps au comptoir à réfléchir, préparer sa journée, observer ce petit monde matinal qui se croisait, toujours pressé de filer pour en finir au plus vite avec les huit heures de labeur qui les attendaient. Puis , finalement, sans le chercher, sans le vouloir , Les Amoureux était devenu sa deuxième maison, son ancre, son refuge. Séduit par l’ambiance du lieu, charmé par Élise et Michel , les propriétaires, au bout d’à peine quelques semaines, il avait fini par s’y arrêter tous les matins avant d’entamer sa journée. Puis , au fil du temps, il était venu y déjeuner régulièrement lorsque son planning le lui permettait ou avaler un en-cas vite fait entre deux rendez-vous pour finalement s’y arrêter dîner un peu plus souvent qu’il n’aurait souhaité si sa vie d’homme avait été différente. S’il avait eu ce qu’on nomme pudiquement une vie privée.
C’était hier mais cela lui semble déjà si loin.
La séparation d’avec Victoire, sa compagne, était actée. Personne ne l’attendait, plus rien ne l’obligeait à rentrer. Au début, plus désemparé que triste de toutes ces soirées à meubler, il le déplorait intérieurement mais, avec le temps, Élise et Michel avaient avantageusement comblé le vide. Ils étaient devenus ses amis à lui qui n’en n’avait jamais vraiment eu faute de temps ou tout bonnement faute d’en ressentir le besoin. Avec eux, cela avait été tout de suite différent. La relation s’était développée naturellement puis installée dans le temps sans qu’aucun des trois ne le cherche. C’était d’autant plus surprenant que ni lui ni eux n’accordaient leur confiance facilement mais, lorsqu’ils l’offraient, c’était contre vents et marées. Tel était maintenant le cas entre eux.
Lucas à peine sur le pas de la porte, le couple, soulagé de le voir enfin arriver comme un ado turbulent qui rentre à la maison, le salue d’un même geste pour l’encourager à approcher.
À croire qu’ils sont jumeaux, ces deux-là, tant ils sont toujours synchrones. D’aucuns pourraient même trouver qu’ils se ressemblent. À force de se côtoyer, de partager un quotidien, des habitudes et de renouveler chaque jour leur amour depuis presque 40 ans, un mimétisme se crée. C’est « l’effet couple », dit-on.
Mince, gracieuse, souvent en jean, Élise, cheveux courts autour d’un regard vif argent n’est pas très grande. Timide, plutôt discrète, elle observe aux aguets son petit monde depuis le bar ou glisse sa silhouette agile entre les tables, toujours prête à répondre aux demandes des clients pressés.
Cheveux bruns souvent hirsutes, teint mat, lèvres charnues, immense avec une stature de bûcheron, Michel affiche à l’opposé un caractère enjoué et une voix grave, reconnaissable entre toutes. D’une stature plutôt encombrante, il évite de trop se déplacer de peur de casser ou heurter, laissant volontiers sa femme se faufiler prestement ici et là tandis que lui assure au bar.
Quand Élise et Michel se retrouvent l’un à côté de l’autre on ne peut s’empêcher de sourire. Physiquement si différents, – il pourrait la renverser d’une pichenette-ils se ressemblent pourtant tellement ! La vie, l’amour, les joies, les emmerdes… les ont tellement rapprochés qu’ils en ont fait les recto-verso d’une seule et unique personne. Amoureux depuis le lycée, ces deux-là ne se quittent jamais.
Sans enfant malgré leurs nombreuses tentatives, le bar est un peu leur bébé. Ils l’aident à grandir et le regardent évoluer, prendre son indépendance au fil des clients depuis toutes ces années, veillant toujours à ce qu’il reste sur le droit chemin : la bonne humeur, la convivialité et la fête sans excès.
Parisiens depuis toujours, Élise et Michel se sont installés dans cette rue du XI ème arrondissement il y a une vingtaine d’années avant qu’elle ne devienne tellement branchée. Ici, chaque chaise, chaque objet, chaque luminaire a été chiné par le couple qui a fait de son bar un joyeux bric-à-brac invitant à s’éterniser. Une vieille chaise en cuir légèrement élimée, une grande table de campagne en bois grisé, d’autres en formica ou made in Danemark, choisies bien avant que ce pays ne règne sur la mode du vintage. Aux murs, des photos, souvenirs de moments inoubliables, des petits mots d’habitués partis vers de nouveaux horizons, des miroirs un peu piqués et surtout ce zinc autour duquel tant de gens se pressent, se parlent, s’interpellent, s’embrassent, rient, crient… Tout ici respire la maison, presque la famille. Celle qu’on se choisit, pas celle imposée par la filiation.
Élise et Michel étaient tombés amoureux de ce zinc, pièce des années trente en parfait état, un dimanche matin aux puces de Saint-Ouen. Leur bar était alors en pleins travaux. Le zinc était celui dont ils rêvaient, qu’ils avaient imaginé nuit après nuit lorsqu’ils refaisaient mentalement leur déco, mais cet achat était à l’époque totalement déraisonnable. Alors, ils avaient entamé un long processus d’approche, parlementé pendant des heures, négocié à l’époque franc à franc, fait le siège du stand dimanche après dimanche, apporté des cafés, des croissants, des bouteilles… sans jamais renoncer à ce petit bijou qu’ils convoitaient pied à pied, certains qu’il était fait pour trôner aux Amoureux .

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