Le Jour qui tombe
88 pages
Français

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Le Jour qui tombe , livre ebook

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Description

Maurice Henrie aborde ici des sujets très variés. Quelques-uns sont fréquents chez les auteurs de grande maturité, par exemple le vieillissement de la mort. En revanche, d'autres sont plus légers et rappellent l'amour de l'auteur pour la vie. Dans un style léger, il s'amuse et nous amuse. Il prend plaisir à se moquer doucement des gens et de leurs travers et jette un oeil critique sur les moeurs et les fondements de notre société moderne, en s'appuyant sur la vision à l'échelle tantôt microscopique, tantôt macroscopique qu'il en a.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896990757
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Du même auteur
Page titre
Catalogage - Dépôt légal
La pierre de Jérémie
Sandrine
Les chevreuils
Un mort en sursis
Sarabande
La couronne
La quatrième puissance
Oxygène
Péridot
Barbotes
Sonatine
Le donneur
La ligne droite
Le serment
Le rose et le bleu
Les Ha Ha et les Heu Heu
Transit
La verrue
Le disciple
L’épaule décrochée
Saguaros
Jet set
Le poivre et Mozart
Autour de lui
Le jour qui tombe
Crédits - Achevé d'imprimer
Le jour qui tombe
Du même auteur

La chambre à mourir , nouvelles, Québec, L’instant même, 1988 (prix Ottawa-Carleton).
La vie secrète des grands bureaucrates , humour satirique sur la bureaucratie, Hull, Asticou, 1989.
Te Mandarin Syndrome , Presses de l’Université d’Ottawa, 1990 .
Le petit monde des grands bureaucrates , humour sur la bureaucratie des fonctions publiques canadiennes, Boucherville, de Mortagne, 1992.
Le pont sur le temps, nouvelles, Sudbury, Prise de Parole, 1992 (prix Ottawa-Carleton).
Le balcon dans le ciel , roman, Sudbury, Prise de parole,1995 (prix du Salon du livre de Toronto, prix Trillium et prix OttawaCarleton).
La savoyane , nouvelles, Sudbury, Prise de parole, 1996.
Fleurs d’hiver , essais et nouvelles, Sudbury, Prise de parole, 1998.
Une ville lointaine , roman, Québec, L’instant même, 2001 (prix des lecteurs de Radio-Canada).
Mémoire vive , nouvelles, Québec, L’instant même, 2003 (prix de la ville d’Ottawa et prix du quotidien Le Droit).
Les roses et le verglas , nouvelles, Sudbury, Prise de parole, 2004 (prix de la ville d’Ottawa).
Le chuchotement des étoiles , roman, Sudbury, Prise de parole, 2007.
Esprit de sel , carnets littéraires, Sudbury, Prise de parole, 2008.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Henrie, Maurice, 1936-
Le jour qui tombe / Maurice Henrie.

(Collection Vertiges) Nouvelles. ISBN 978-2-923274-54-6

I. Titre. II. Collection: Collection Vertiges

PS8565.E5885J68 2009 C843’.54 C2009-903775-0

Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

Papier ISBN : 978-2-923274-54-6 PDF ISBN : 978-2-89699-074-0 ePub ISBN : 978-2-89699-075-7

© Maurice Henrie et Les Éditions L’Interligne Dépôt légal : troisième trimestre 2009 Bibliothèque nationale du Canada Tous droits réservés pour tous pays
À mes lectrices et lecteurs.
Il y a un jour, inévitable, où il faut s’excuser
d’écrire. Écrire n’est pas correct.
Gilles Leroy, Alabama Song, prix Goncourt 2007

C’est douloureux d’écrire. Je m’en rends compte depuis des
mois que je m’y suis mis. Ça fait mal (...) à l’âme. L’homme
n’est pas fait pour ce travail, et puis, à quoi ça sert ?
Philippe Claudel, Les âmes grises , prix Renaudot 2003
La pierre de Jérémie

Un objet, un jour, ne tomba pas.
Paul Valéry, Mélange

E n cueillant des framboises dans un brûlé de la compagnie forestière, Jérémie trouva une pierre des champs. Elle ressemblait à toutes les autres pierres : grisâtre, de taille moyenne, vaguement ovoïde, avec un peu de mousse du côté nord. Rien de particulier, somme toute. Sauf qu’elle flottait dans l’air, à un mètre au-dessus du sol.
Jérémie s’arrêta net, incrédule, mystifé. Il déposa dans l’herbe son casseau de framboises à moitié rempli et s’approcha de la pierre avec toute la méfance qu’il fallait. Pourquoi ne tombait-elle pas ? Comment pouvait-elle désobéir à la loi de la pesanteur ? Depuis combien de temps était-elle là ? Qui l’avait transportée jusque-là ? Jérémie passa la main, puis tout le bras, autour de la pierre, en battant l’air avec application dans l’espace immédiatement en dessous d’elle. Puis il s’arrêta. Ce n’était pas un truc, rien ne la retenait là : aucun socle, aucune chaîne, aucun support visible.
Prenant de l’assurance, Jérémie voulut faire bouger la pierre en la poussant sur le côté, en s’arcboutant sur elle, en se suspendant à elle, en la soulevant et même en grimpant sur elle. Rien à faire, elle restait parfaitement immobile. Il faut dire qu’elle pesait une centaine de kilos, peut-être davantage, et que, comme toutes les pierres, elle était inerte. Jérémie mit la main au menton pour mieux réféchir, recula de deux pas et renversa son casseau de framboises.
Dès son retour en ville, il en parla à son professeur de sciences qui, à son tour, informa le directeur de l’école. Les trois partirent ensemble en direction de la pierre, histoire de vérifer si Jérémie disait vrai. Il n’était pas ce qu’on appelle le fou du village, mais faute de matière grise plus abondante ou de meilleure qualité, on devait faire preuve d’une certaine prudence et même d’une bonne dose de méfance quand on avait afaire à lui. Surtout lorsqu’il parlait de pierre aérienne ! Malgré le scepticisme combiné du professeur et du directeur, la pierre était bien là où Jérémie disait qu’elle était. Elle fottait en efet dans l’air, sans aucun appui.
Devant un phénomène aussi rare et aussi inexplicable, le directeur décida d’alerter le monde scientifque. La pierre remettait en cause plusieurs principes fondamentaux de la physique, dont les lois de Newton sur la gravitation, l’inertie et l’attraction universelle. Elle soulevait aussi bien d’autres difcultés du même ordre. Était-elle d’origine terrestre ? Était-elle venue de l’espace interplanétaire ? Quelle en était la composition chimique ? Comment se faisait-il que, parmi toutes les pierres, elle seule semblait posséder des attributs particuliers ? Autant de questions qui exigeaient des réponses.
En moins d’une semaine, un groupe d’étude, mis sur pied à la hâte et composé des plus grandes éminences scientifques américaines et européennes, arriva en ville et investit le meilleur hôtel. Il organisa des visites sur place au cours desquelles les savants, connus pour leur distraction, piétinèrent les framboisiers de Jérémie, portant un dur coup à la récolte prometteuse de l’année. Quelques minéralogistes asiatiques s’aventurèrent un peu plus loin et se fourvoyèrent dans une talle de mûriers. Ils y demeurèrent prisonniers des épines acérées jusqu’à ce qu’une équipe de pompiers casqués, appelée à leur secours, vienne les délivrer.
En peu de temps, des hypothèses variées sur l’origine et la nature du phénomène surgirent dans plusieurs cerveaux à la fois. Quelques-uns parlèrent d’un fragment qui, échappé de la ceinture d’astéroïdes entourant Jupiter, avait erré dans l’espace jusqu’à ce qu’il trouve refuge sur la planète Terre. D’autres rejetèrent la théorie d’une masse rocheuse venue d’ailleurs et avancèrent plutôt la conjecture d’un agrégat spontané de particules s’opposant à l’attraction terrestre, ce qui ouvrait la voie à l’antigravitation, une énergie nouvelle et non polluante. D’autres enfn se montrèrent alarmistes en faisant valoir que d’autres pierres semblables pouvaient, à tout moment, surgir de nulle part et envahir les villes. Elles représenteraient un danger pour la population, en particulier pour les cyclistes et les propriétaires de décapotables, qui risqueraient alors la décapitation. Dans toutes les hypothèses, les rapports avec la matière qui, jusque-là, avait semblé plutôt docile, s’en trouvaient à jamais modifés.
Les discussions allaient bon train et les théories se multipliaient à un rythme accéléré, quand le président du comité d’étude ft remarquer que la pierre était seule dans les champs et sujette à toutes sortes d’accidents. Un terroriste cherchant quelque chose à détruire au nom d’un dieu quelconque pouvait, pendant la nuit, se précipiter sur elle avec une ceinture d’explosifs et la réduire en miettes. Il proposa donc que chacun rentre chez soi et tente de convaincre son gouvernement respectif de dégager des fonds destinés à exproprier les lieux où fottait la pierre. Surtout, l’argent servirait à construire dans les

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