Le livre de Laura
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Le livre de Laura , livre ebook

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Description

Les lignes de ce livre invitent le lecteur à suivre la vie de Laura, narratrice fictive, dans les vertiges de l’absence, comme dans les méandres d’une rivière dont le cours d’eau la submerge avant de la diriger vers une autre confluence.
De la naissance de l’amour à la disparition de l’être aimé, Laura apprend par l’écriture à franchir les étapes d’une relation de silence dans l’absence de celui-ci jusqu’à son évanouissement final dans les étoiles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312072173
Langue Français

Extrait

Le livre de Laura
Didier Straitur
Le livre de Laura
Écrire l’absence
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07217-3
Avant -propos
Les lignes de ce livre invitent le lecteur à suivre la vie de Laura, narratrice fictive, dans les vertiges de l’absence, comme dans les méandres d’une rivière dont le cours d’eau la submerge avant de la diriger vers une autre confluence en aval.
De la naissance de l’amour à la disparition de l’être aimé, Laura apprend par l’écriture à franchir les étapes d’une relation de silence dans l’absence de celui-ci jusqu’à son évanouissement final dans les étoiles.
Dans les mots de ce livre, l’absence est peuplée de figures qui entourent et animent le temps et l’espace de la narratrice, souvent dans la tourmente, parfois dans la consolation.
Autrement dit, l’absence est encore une présence qui ne cesse de vibrer autour de soi, comme les ondes d’un avenir du souvenir.
Prologue . Au fond du cimetière
Aujourd’hui, 19 septembre 2017, Laura passe le portail d’un grand cimetière de sa ville de résidence, sous l’inscription en relief qui le surmonte à l’intention de chaque passant, défunt ou vivant :
À moi aujourd’hui, à toi demain…
Laura , hésitante et presque apeurée, se retrouve en ce lieu pour une rencontre posthume avec le défunt de ce jour, Daniel , qui a inauguré son premier amour, six ans auparavant. Toutes les circonstances qui ont rempli leurs deux vies séparées depuis, n’ont pas effacé cet éclat amoureux qu’elle garde en elle toujours aussi vif.
En descendant à pas lents l’allée principale entre deux rangées de tombes, elle lit quelques inscriptions, des noms, des prénoms, des dates, et quelques regrets des vivants. Elle ne connaît aucun défunt dans ce cimetière où elle rentre pour la première fois. Mais elle se sent entourée de ces gens qui reposent pour l’éternité dans le calme des tombes fleuries, sous les arbres encore verts de l’été finissant.
Laura rejoint une allée latérale où se presse un petit groupe de personnes vêtues de noir ou d’uniformes militaires, autour d’une urne qui attend son tour de descendre dans la fosse ouverte au devant. Un homme en habit d’officier prononce quelques paroles d’hommage et de consolation, entouré de quatre soldats au garde à vous devant l’urne recouverte d’un drapeau tricolore et de l’insigne de la légion d’honneur. Plusieurs personnes plus âgées se tiennent timidement derrière ce groupe officiel, la tête basse, comme les parents lointains d’une enfance perdue.
Laura est venue aujourd’hui pour accompagner les cendres de Daniel dans une dernière demeure, après sa disparition récente qui a suivi une blessure grave au cours d’un affrontement armé dans le désert d’un pays lointain. Elle en a appris la nouvelle par un courrier officiel, et a tenté auparavant de retrouver Daniel blessé et paralysé à l’hôpital militaire des Invalides. En vain, suite au refus de celui-ci de la revoir après sa longue absence volontaire, et avant son décès dans la dignité…
Elle ne connaît personne autour de la tombe ouverte, et se tient en arrière du groupe, sans entendre les mots de l’hommage officiel de la nation.
Pour elle, c’est une rencontre posthume avec un corps invisible, réduit en cendres dans cette urne cachée sous ce drapeau tricolore. Dans sa pensée, c’est encore une image vivante de leur liaison amoureuse éphémère. Le vertige de sa longue absence ne l’a pas effacée depuis, renforçant le souvenir de cet amour perdu.
Tandis que le groupe écoute l’éloge funèbre, Laura sent remonter au fond d’elle-même les vibrations des sentiments qui remuent encore son corps et son esprit, bien loin des mots prononcés en ce moment, accompagnés de la mélodie facétieuse de quelques oiseaux dans les arbres alentour.
Plus personne ne dispute rien à cet homme qui s’est éteint trop tôt dans la violence des armes et qui retrouve, d’un commun accord, l’hommage de ses compagnons au garde à vous, en oubliant les doutes et les écarts de sa vie. Son esprit n’anime plus un corps désormais absent au monde qui entoure les vivants.
Mais Laura perçoit encore à ses côtés la silhouette vivante de Daniel, son visage allongé, ses yeux verts dans les courts moments qui l’ont lié à elle, et qui seront tus en ce jour de deuil. Elle seule garde en secret l’histoire de leur lien évanoui depuis six ans, mais encore vivant aujourd’hui au-delà de la mort.
Et c’est là, dans ce cimetière, sous le souffle léger du vent matinal, que Laura décide d’écrire l’absence de Daniel : un livre qui tentera de retrouver les liens de leurs corps et de leurs pensées, non seulement dans leur court passé commun, mais aussi dans la longue absence qui les a séparés à jamais, dans l’espace et le temps, en dehors de tout chagrin officiel.
O CTOBRE 2011. R ENCONTRE EN BIBLIOTHÈQUE
Mon livre commence avec notre rencontre en date de mes premiers jours professionnels, au sein de la bibliothèque universitaire où j’ai trouvé mon premier emploi contractuel.
Ce lieu occupe tout mon esprit. Du matin au soir, je le parcours, sans aucune autre préoccupation. Cette salle immense au plafond haut devient l’espace de mon engagement de vie. Autour de moi, les rayons alignés remplis de livres, les longues tables de lecture, les lourdes chaises de travail, tout occupe une place dans ce projet de vie que j’inaugure avec enthousiasme.
Encore peu à l’aise dans cet espace immense et silencieux, je parcours les rayonnages pour reclasser les ouvrages empruntés par les lecteurs. J’observe les étudiants, jeunes filles et jeunes gens, appliqués avec zèle à leurs lectures et recherches, presque comme si leurs vies particulières en dépendaient immédiatement. J’admire cet engagement des esprits auquel je veux consacrer la meilleure part de moi-même, en me montrant disponible et efficace dans mes réponses à leurs demandes.
Car c’est bien en ce lieu que j’ai voulu faire mes premiers pas de femme autonome, désireuse de suivre un chemin riche de toutes les écritures, pensées, fictions et connaissances du monde. Je sais déjà que je n’en saisirai qu’une infime portion dans mon esprit trop étroit, mais j’en perçois au moins le voisinage autour de moi, comme aujourd’hui, avec ces milliers de livres qui attendent des lecteurs.
En fin de journée, au bord d’une table, je remarque un jeune homme endormi, la tête dans les bras étendus sur quelques livres qui semblent attendre son réveil. Une vague inquiétude s’empare de moi : il est peut-être victime d’un malaise. Je passe plusieurs fois devant la table où le jeune homme semble plongé dans une immobilité profonde. Tout autour, personne ne remarque la situation. Les yeux sont rivés sur les livres, comme happés par une réalité invisible, cachée derrière les mots.
À l’heure de la fermeture de la bibliothèque, je m’approche du jeune étudiant, et pose la main sur son épaule, en la secouant légèrement. La tête se relève brusquement, tourne sur elle-même en jetant des regards vagues sur les lieux. Il se lève, et commence à ranger ses affaires devant lui, en tentant de s’excuser. Il finit par me tendre les ouvrages empruntés sur les rayons, et s’enfuit vers la sortie sans autre explication. Je reste très perplexe.
Le lendemain avant midi, je retrouve le jeune homme à la même place, avec quelques livres devant lui. C’est un grand garçon blond, vêtu d’un jean et d’un pull-over gris mal adapté à sa taille. Cette fois, il a les yeux bien éveillés, et en me voyant passer non loin de lui, il me fait signe d’approcher. En quelques mots, il s’excuse pour son moment de sommeil, la veille, et il souhaite en compensation partager son repas avec moi, à la cafétéria du rez-de-chaussée.
Sans savoir pourquoi, j’accepte et me retrouve à midi avec cet étudiant inconnu devant un plateau sur lequel il a posé une salade variée et un morceau de pain. Prête à l’abandonner au moindre signe inapproprié, je m’assois en face de lui, avec une quiche et un yaourt sur mon plateau. Enfant unique choyée par mes parents, je suis peu habituée à faire une connaissance masculine, et j’ai peur de mettre en jeu le cours fragile de ma vie. Je me sens inadaptée à une relation physique que mon corps réclame pourtant.
Le jeune homme se présente : il se prénomme Daniel , et il fait des études de droit, en première année de licence. Il m’explique qu’il est obligé de travailler chaque soir, et parfois la nuit, pour assurer les ressources nécessaires à son logement et à sa nourriture. C’est pourquoi il s’endort facilement en pleine journée. Et cela le gêne terriblement, comme un handicap dans la concurrence qu’il sent autour de lui pour conduire des études efficaces.
Mais surtout, il cherche quelqu’un pour lui prendre son chien qui aboie souvent dans sa chambre, et suscite la colè

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