Le monde virait au Bleu

Ada Bessomo

Description

"C'est sauvage insoumise, libre À la manière du ciel ou la mer, Que je te vois déjà. Au milieu des lumières crues, Volontiers feuille, tige et belle pierre, Je te vois partout, parmi l'or et le feu."

Informations

• Publié par: shanaprod
• Date de parution: 01 janvier 2022
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782925010111
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Le monde
virait au bleu


DU MÊME AUTEUR
Le gars de la cédille , nouvelle, in Ici, là-bas, etc. Éditions Meura, Lille, 2006.
Bémols saugrenus , Éditions Les Vanneaux,
Saint-nom-la-Bretèche, 2007.
Obili Blues, Éditions Langaa RPCIG, Bamenda, 2010.


Ada BESSOMO
Le monde virait au bleu
Poésie
S hanaprod


Couverture : Alice DUBUS
Mise en page : François Messier
© Natacha ODONNAT
Retrouvez notre catalogue sur le site de Shanaprod :
http://www.shanaprod.com
Dépôt légal,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Tous droits de traduction, de reproduction
et d’adaptation réservées
© 9371-4095 Québec inc., 2021 (Shanaprod)
Imprimé au Canada
ISBN imprimé : 978-2-925010-10-4
ISBN EPUB : 978-2-925010-11-1


À Marie-Hortense Abomo


Le cœur épouse des fois la crasse
Il s’écrase parfois contre sa honte
Dès qu’il se sait sale
Dès qu’il s’est sali
Les sincérités dans des poussières grasses
Des épluchures de gros orgueil
Destinées aux porcs sauvages
Mal lui en a pris cette fois
Encore à mon cœur rassis
De soudoyer ces saletés
Mal sophistiquées
Qui mordent à belles dents
Les envies de danser au bras
D’une belle aventure
Il s’est entiché cette fois d’un regard
Piqueté de peurs brûlantes
Malignes et méchantes
D’ici que ces brûlures cicatrisent
J’aurai embrassé un nouvel orage


Elle m’énerve autant qu’elle m’apaise
D’elle tout baiser claque pareil au fouet
Elle m’apaise comme elle m’énerve
Vomitif et sauvage piment
Je me l’imagine au mitan d’un cyclone
Œil et flèche les larmes de l’absence
Épine et onguent blessures du baiser
Écorces et coton les tissus du monde
Qui m’énerve puis m’apaise


Au plus brûlant de l’ascension
Apaisé le souffle volant
À la rencontre de son rythme


Les dieux à cette heure sont au bar
À boire pour oublier de l’aurore la fuite
Et les filles sirènes du temps jubilent
Alléchées par l’art des hommes habiles


Dernière porte. L’ultime secours.
Allure de vague nocturne.
Dernière porte avant l’ultime secours.
Enfoncer la vague, la langue s’allongeant par son sel.


Voir la vague nocturne avant la lune.
Avant de te revoir.
Avant notre lune.
L’ultime vague.
Avant tes reins.


Le bruit dès minuit,
L’insomnie pour que lui,
L’okoumé et le boa,
L’iboga et la daba,
Tout l’or de la langue verte, dans la feuille danseuse,
Avec tous les autres destins décrivent l’allure rieuse
De la rosée à venir.


T’as pas idée de l’endroit
Qui suscitait ce tardif aveu.
Tardif pour tout te dire,
Parce que sur ton ventre
Luisait l’ongle depuis belle lurette,
À mesure que l’onde gonflait nos soupirs,
Ton dos en retraite.
Me demande comment nous ferons,
Une fois dans la vieillesse active,
Lorsque tu détiendras toutes les
Clés maîtresses de toutes les portes…
T’as pas idée de l’endroit où
J’ai choisi de vieillir…


Le serment est donné
Il t’appartient de le garder
C’est la clé de tous les songes
Garde-le aux abords boueux de l’étang
Près du lac artificiel
La main découvre l’ambition de l’herbe
Il pourra s’agir de pleurer
De lire ou même danser
Le serment est le lit de l’âge


Visité ce peuple
des lèvres lippues
Visionnées les scènes
de la langue au chat
Vécu le doux chant
des yeux mouillés
Voulu délivrer les mers
des soupçons des airs