Le Pendu de Trempes
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Le Pendu de Trempes , livre ebook

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Description

Récipiendaire du Prix du gouverneur général du Canada pour Le Ravissement, son précédent roman, Andrée A. Michaud continue avec brio de sonder l’âme humaine. Avec une écriture aux images fortes, pénétrantes, l’auteure nous conduit dans les méandres d’une introspection singulière, celle d’un homme rongé par un terrible secret dont il est le seul émissaire.
À 40 ans et sans avenir, Charles Wilson retourne sur les lieux de son enfance dans la petite localité de Trempes. Ainsi s’amorce pour lui un formidable retour en arrière où les secrets les mieux enfouis refont surface. Exhumer le passé n’est pas chose facile. Les souvenirs pourraient se trouver altérés du simple fait que les acteurs d’autrefois ne soient pas au rendez-vous. Qu’est-il advenu de Paul Faber et d’Anna Dickson, les amis d’enfance? Et Joseph Lahaie, l’empailleur chez qui Charles trouve refuge, pourra-t-il percer le mystère vieux de 25 ans?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764419489
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique
De la même auteure
Projections , (en collaboration avec la photographe Angela Grauerholz), Québec, J’ai vu, coll. L’image amie, 2003, 63 p., photos.
Le ravissement , Québec, L’instant même, 2001, 213 p. Prix littéraire du Gouverneur général 2001, catégorie «romans et nouvelles». Prix littéraire des collégiennes et des collégiens 2002 (Collège de Sherbrooke).
Les derniers jours de Noah Eisenbaum , Québec, L’instant même, 1998, 139 p.
Alias Charlie , Montréal, Leméac, 1994, 152 p.
Portrait d’après modèles , Montréal, Leméac, 1991, 157 p.
La Femme de Sath , Montréal, Québec Amérique, 1987, 155 p.

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Michaud, Andrée A. Le Pendu de Trempes (Littérature d’Amérique)
9782764419489
ISBN 978-2-7644-1570-2 (PDF) ISBN 978-2-7644-1948-9 (EPUB) I. Titre. II. Collection: Littérature d’Amérique. PS8576.I217P46 2004 C843’.54 C2004-941500-X PS9576.I217P46 2004


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
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L’auteure remercie pour sa part le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur soutien financier.
 
 
 
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1 Téléphone: (514) 499-3000, télécopieur: (514) 499-3010
 
Dépôt légal: 3 e trimestre 2004 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages: André Vallée Révision linguistique: Diane Martin
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2004 Andrée A. Michaud
©2004 Éditions Québec Amérique inc. www.quebec-amerique.com
Sommaire
De la même auteure Page de titre Page de Copyright Prologue - L’œuvre du temps Epigraphe Première partie - Dieu est ténèbres
1 2 3 4
Deuxième partie - La levée des ténèbres Épilogue - La fin du temps Remerciements Note
Prologue
L’œuvre du temps
Il est assis au sommet de la colline, immobile au point qu’on le dirait là depuis toujours et pour toujours. Son œil, pourtant, est traversé d’un éclat indiquant la survie du regard, la persévérance de l’âme au-delà des déchirures mortelles et de l’effondrement des mondes. Devant lui, s’étale un village qu’on dirait également statufié, figé dans le temps de la pierre et de la mort, sans feu dans les âtres, sans fleurs dans les jardins, que des restes desséchés de vignes et de rosiers, pétrifiés par le gel de la dernière saison. Tout cela n’est cependant qu’illusion, vision prémonitoire de la mort successive de toutes choses rassemblées dans l’instant de la fin. C’est donc le temps qu’il voit, ses confins et son œuvre.
Mais cela ne dure pas. Un souffle de vent venu de la vallée efface la vision et la figure hiératique de l’animal se détend. Un oiseau plane au loin. Un lièvre effarouché redécouvre la peur, puis l’animal décrit un large cercle et s’assoit de nouveau face au village dont une force qui lui échappe lui a confié la garde. En fait, l’animal ne connaît même pas l’existence de cette force. Il sait qu’il doit rester sur la colline et emplir sa mémoire de ce que le temps détruira, avec l’aide et la hâte inespérées de l’homme. Il est celui qui voit, enregistre la simultanéité de certains mouvements, la collision des vents, le synchronisme de malheurs dont l’intervention du hasard aurait pu empêcher l’avènement.
Il voit un homme anxieux, au volant de sa voiture, s’engager sur la route sinueuse bordant un lac. Il le voit descendre près du lac, interroger ses profondeurs encore muettes, puis du lac aller jusqu’à la rivière où les heures ont cessé de couler. Et l’animal comprend, dans le trajet de l’homme, que celui-ci veut retourner vers le passé. Alors il descend. L’animal descend de la colline et va à la rencontre de l’homme anxieux, qu’il doit aider à franchir les sinuosités du chemin qu’il emprunte, qu’il doit guider dans la forêt où il s’égarerait rapidement, car cet homme qui s’en va vers le passé, l’animal le comprend aussi, ne sait pas qu’il a oublié le temps.
À Harvey, qui se trouve je ne sais où, avec toute sa souffrance, à Hervé et Irving, morts pour avoir voulu faire durer la lumière, à Humphrey, qui m’a soufflé cette histoire, à mon frère, qui était avec moi le jour où ma vie a croisé celle d’Humphrey, à mes trois sœurs et à ma mère, aux fantômes de notre maison, à Maurice et Mauricie, que je n’ai jamais pu distinguer l’un de l’autre, à Henri le timide, enfin, puis aux arbres, aux chênes, aux ormes d’Amérique, aux oiseaux des marais et des rivages, aux roseaux des rivières.
«Tenebra Deus est. Tenebra in anima post omnem lucem relicta.» (Dieu est une ténèbre. Il est la brusque ténèbre qui envahit l’âme après toute lumière.)
Pascal Quignard , Les Ombres errantes
Première partie
Dieu est ténèbres
1
L e soleil baissait à l’horizon, affadi de nuages jaunâtres hésitant à s’évaporer. Je n’étais à Trempes que depuis soixante-douze heures et, déjà, j’avais l’impression que le soleil n’y arrêtait jamais sa chute, que chaque jour était un jour déclinant dès l’aube, sans promesse d’avenir. Devant moi, la diagonale tracée par l’ombre du pendu m’indiquait qu’il était quatre heures à l’heure solaire, cinq heures à l’heure des hommes, ce qui n’avait d’importance que dans la mesure où je conservais l’illusion d’un peu plus de clarté. Plongé dans un état que certains qualifieraient de contemplatif, mais qui n’était qu’une forme d’engourdissement né de l’incompréhension, je la voyais s’allonger lentement sur l’herbe de la clairière, se confondant avec l’ombre formée par la masse touffue du chêne où le corps du pendu oscillait, à peine secoué par le vent soulevant sa chevelure et faisant choir au sol les premières feuilles que la gelée d’un automne précoce avait fait brunir avant terme.
«Je n’accepterai de mourir que le jour où j’aurai eu la preuve de l’existence de Dieu», m’avait-il dit en ses propres termes environ vingt-cinq ans auparavant, inconscient de la témérité d’un tel engagement et du danger d’attiser ainsi la colère de celui dont il défiait la loi. Cela se passait peu de temps avant les événements que je narrerai si je parviens à me maintenir à l’heure des hommes, peu de temps avant qu’il ne conclue, dans l’éblouissante lumière d’un autre soleil déclinant, que l’essence divine s’abreuvait aussi aux sources du mal. En assimilant Dieu et son contraire, il avait enfin obtenu la preuve qu’il espérait, cette illumination des saints qui lui avait permis de s’en aller avec la certitude que le monde des mortels ne constituait que l’aube d’une incontournable éternité. C’était la dernière parole que j’avais retenue de lui. Quelques mois plus tard, je quittais le village avec mes parents assombris par je ne sais quelle hantise, et plus jamais je n’avais eu de contact avec cet ami d’enfance, ce frère dont le sang, malgré qu’il ne fût pas le mien, coulait néanmoins dans mes veines. Il était entré dans les ordres, m’étais-je laissé dire, pendant que, livré à moi-même, j’avais expérimenté le chaos. Lorsque je le revis enfin, après toutes ces années de fuite et d’obscurité, il pendait au bout d’une corde, à la lisière de ce que j’ai nommé la piste du coyote, près de la rivière aux arbres morts, à trois cents kilomètres du lieu où j’aurais dû me trouver, le cou abîmé par le jute ayant creusé dans sa chair un sillon rougeâtre marquant avec insistance la frontière entre la tête et le corps, le siège de l’esprit et celui de l’âme, où des douleurs irréconciliables étaient peut-être à l’origine du besoin d’étrangler le souffle animant l’un et l’autre.
Il était également possible que la colère de Dieu se soit abattue sur lui, me disais-je en regardant le soleil raser sa chevelure éparse, révéler la blancheur cireuse de la peau du crâne anémiée par la privation de lumière, ou qu’il ait résolu ce mystère que la foi véritable ne cherchait pas à expliquer et voul

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