Le Plan de Lucien
79 pages
Français

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Le Plan de Lucien , livre ebook

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Description

L’auteur du « Plan de Lucien » Utilise la simplicité des mots et la vivacité de l’esprit Comme les personnages de son roman ! Imagination, Amour, Authenticité, Humour Et le lecteur est invité à évoluer dans une danse légère et enjouée, Naturellement sensuelle et profonde … AMY

Informations

Publié par
Date de parution 05 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312033822
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Plan de Lucien
Rachel Guichard
Le Plan de Lucien
Roman














LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03382-2
Sam
Je bois ma dixième coupe de champagne… J’écoute Mac Ferrin , il fait entrer par le haut-parleur de ma chaîne toute la richesse des éléments ; tour à tour je me transforme en molécules d’eau, d’air… Cette musique respire la vie, j’essaye de la faire pénétrer en moi.
Mon reflet dans le miroir est la preuve sans faille de ma détresse affichée. Je ne reconnais pas ce type légèrement bedonnant, mal rasé, pas coiffé, des poches sous les yeux comme seules valises, le regard sans flamme.
Je suis Sam, celui qui écoute, celui qui soigne, celui qui a choisi de s’oublier ; arrogant, performant, je mets en œuvre mon savoir pour le bien-être des autres. Je conseille sans tourment les plus névrosés, tout en étant conscient mais absent de mes propres difficultés.
Je me suis abandonné quand elle m’a quitté, ou était-ce peut-être déjà bien avant ? J’oriente, je guide les « pas perdus » afin qu’ils retrouvent le chemin vers eux-mêmes ; et je ne suis pas foutu de faire un pas vers moi-même. Les bulles me désinhibent et ce soir tout est très clair, je sais que je n’entretiens mon image désespérée que dans un but unique : qu’elle sache si jamais elle revenait à quel point elle m’a anéanti ! Qu’elle souffre autant que moi !
Foutaises romantico-esthétiques ! Alibi de mon orgueil et de ma lâcheté ! Le sale gosse en moi a pris les rênes de ma vie ! Je ne suis plus responsable de rien, juste victime de tout !
Tiens encore une chaise de cassée…
Ai-je essayé de comprendre son essoufflement et tenter de redonner de l’air à notre histoire ? Pas une seconde. Pauvre type que je suis, j’ai plongé tête baissée dans la victimisation, j’ai volontairement honni mon libre arbitre, ô confortable position ! Mon inertie l’a aidée à partir… Je ne leurre que mes patients. Je joue encore plus depuis que tu n’es plus là, je n’ai fait que renforcer ce défaut que tu me reprochais, je suis en représentation permanente.
Dans la rue passe le docile troupeau de rollers encadré par leurs fidèles chiens policiers : manifestation autorisée… J’ai la gerbe, la gerbe de moi. Mauvaises habitudes que de me persuader que la solution est à l’extérieur ; combien de temps encore va tenir l’illusion.
Mon amour, cela ne se voit pas, mais je lutte pour me retrouver, je lutte pour être à nouveau digne de moi, de toi…
Sam, Marc, Caro et Sarah
« BIP… Vous êtes bien sur la messagerie de Sam, vous savez ce qu’il vous reste à faire, à tout de suite.
– Sam c’est Marc, ce soir pendaison de crémaillère chez moi, enfin chez nous. Tu n’as pas le choix, à tout à l’heure bisous ma couille ! »
15 h 00 – Drôle d’heure pour le réveil d’un homme mature de quarante balais. Stop ! Arrêter tout de suite de se poser des questions, hier soir tout était clair et le bilan n’est pas catastrophique mais alarmant. Objectif : arrêter de jouer, de me mentir ; être moi-même dans l’instant présent même si mon image n’est pas encore très ragoûtante.
« Allo Marc, qu’est-ce que tu veux que j’emmène mec ?
– Amène ton petit cul et ce sera parfait !
– Ok… Ne m’en veux pas si ce n’est pas la grosse patate ce soir…
– Au contraire, pour tout te dire ça me rassure de savoir que toi aussi tu ne vas pas bien de temps en temps…
– Comment ça ?
– Cherche pas pour une fois ! Ça rassure c’est tout !
– A tout à l’heure alors ?
– Ça roule viens comme tu es…Au fait Sarah sera là… Allez ciao ! »
*
Elle est là, son dos souple, ses petites fesses, elle est accoudée au bar, attentive aux paroles de Caro. Mes mains tremblent un peu… Ouf Marc ma bouée !
« Chouette que tu sois là minou !
– Suis content aussi.
– Tu m’as pas l’air trop mal ?
– J’en suis à l’étape champagne et début d’acceptation.
– Bien…bien… je t’offre une coupe alors ? »
Je n’entends pas ce que me dit Marc durant les quelques pas que nous faisons pour nous diriger au bar. Je ne vois que ses mains qui accompagnent ses mots, son air grave, sa spontanéité à passer du rire à l’émotion… Sarah… Je sens son parfum, tout est flou, j’ai la sensation de sa tête posée sur mon épaule…
« Eh ! Salut Sam !
– Salut Caro tu vas bien ?
– Ça va bien, merci.
– Bonjour Sam.
– Bonsoir Sarah. »
Ses grands yeux brillants et toujours un peu tristes me fixent. Ni l’un ni l’autre ne faisons le geste de nous faire la bise.
« Je suis heureuse de te voir.
– Moi aussi, vraiment.
– Comment vas-tu ?
– Tu vois…
– Et à part ce rôle mélodramatique ça va ?
– Oui, je vais laisser tomber ce rôle, j’apprends… Et je vais tenter de ne pas en endosser un autre. Et toi ? Tu es venue seule ?
– Moi ça va, je travaille beaucoup en ce moment, ça me passionne toujours autant.
–…
– Et… oui je suis venue seule. »
Elle me sourit, je sais que ce n’est pas une invitation à un nouveau départ, Sarah est trop entière pour cela. Il y a bientôt un an elle m’a simplement dit : « Je t’aime Sam, mais je ne suis pas heureuse, je me sens plus dame de compagnie qu’accompagnée. J’ai besoin d’être seule, de me retrouver. Nous, ça a été très beau, très grand, mais ça s’est éteint. Bonne route, tu as mille talents en toi, ne doute pas. »
Elle a pris son sac et je ne l’ai pas revue jusqu’à ce soir.
Et la voilà, les traits détendus, souriants, pleins de douceur ; si semblable au premier jour où je l’ai rencontrée… Ce jour-là je m’étais dit voilà une femme qui ne demande qu’à resplendir de bonheur ! Et c’était vrai ! Une année entière nous nous sommes fait rayonner l’un l’autre, son émerveillement naïf pour les petits détails du quotidien m’a apporté une légèreté jamais connue alors. À ses côtés je suis devenu moins méfiant, j’ai retrouvé la naïveté de l’enfance. Et puis peu à peu une gravité s’est installée dans ses yeux. Moi je bossais de plus en plus, mon cabinet commençait à avoir bonne réputation, le bouche à oreille avait fonctionné. Notre couple me paraissait indestructible, elle disait souvent : « Tu sais ce n’est qu’un bébé couple, il a encore besoin d’attention pour grandir… »
Je me suis fait une clientèle de bourgeoises gentiment névrosées ; je ne les accompagnais pas vers la révolution intérieure, mais je faisais un coach du quotidien très potable, et leurs maris me remerciaient des petites transformations du quotidien, elles devenaient plus femmes, moins mères, plus indépendantes, plus gourmandes… Bref tout ce que Sarah était et restait naturellement sans effort et tout ce que je n’encourageais plus, ne voyais plus.
Sarah me demandait parfois : « Tu es épanoui dans ton travail mon amour ? »
Oui, je l’étais, enfin je le croyais ; l’argent nous apportait un certain confort, une certaine liberté. Et je ne l’ai pas vue ni entendue s’éloigner, trop sûr de ce que l’on représentait tous les deux : Sarah et Sam l’équipe d’enfer ! Le couple équilibré où chacun se réalise !
« Sam ?
– Euh oui… Excuse-moi j’étais perdu dans mes pensées…
– Oui, j’ai vu !
– Tu ne m’en veux pas je vais voir Sterenn, je ne l’ai pas vue depuis longtemps… A tout à l’heure…
– Ah ? Euh… Oui d’accord, à tout à l’heure alors… »
Le sale gosse en moi trépigne : « Moi ! Moi ! Moi ! C’est moi ! Qui ai besoin de toi ! Pas Sterenn ! »
Mais le vieux Sam ne se laisse pas faire cette fois et lui cloue le bec : elle ne veut pas que tu aies besoin d’elle, elle ne veut pas avoir besoin de toi, elle voulait juste vivre avec toi, et aujourd’hui je crois qu’elle ne veut rien.
Allez ! Une deuxième coupe avec Caro pour digérer cette réalité. Je rêve ou elle me fait un plan séduction ?

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