Le tapis rouge
120 pages
Français

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Le tapis rouge , livre ebook

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Description

Une histoire ingénieuse, des personnages attachants et de l'humour sont les princi paux ingrédients de ce roman.Bien que l'action se situe au Maroc, prin cipalement à Taroudant, l'auteur y évoque la France, mais aussi l'Afrique. Il nous amène à prendre conscience de cette «infinité de composantes d'une civilisa tion qui se veut perpétuelle, une civilisa tion africaine qui ne dort pas, qui ne meurt pas, mais qui rêve ! Elle rêve d'une renaissance comme toutes les nations du monde… »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9789954214039
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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L e t a p i s ro u g e
2ème édition
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Prix littéraire 2M pour la création littéraire édition 2011/2012
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© Editions Marsam - 2015 15, avenue des Nations Unies - Rabat Tél : 05 37 67 40 28 - Fax : 05 37 67 40 22 e-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Compogravure flashage Quadrichromie
Impression Imprimerie Bouregreg
Dépôt légal :2015MO2544 I.S.B.N. :978-9954-21-403-9
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Mohamed Ouissaden
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A Keltoum Ahjoub, ma Mère.
Couverture: Fatima Mellal Acrylique sur toile La tisseuse du tapis rouge Collection Rachid Chraïbi
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1 Nous aimons ce roumi tant qu'il nous aime. Fadma Nait Oufella, Taroudant, juin 2007
1- L'ancien Président de la République française, Jacques Chirac, selon Fadma Nait Oufella.
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Notre grand respect aux personnages politiques recon-nus, évoqués ici par la nécessité de la narration. Nous certifions que ce livre ne contient rien qui puisse leur porter atteinte, et ni aux lois ni aux bonnes mœurs. L'auteur
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Au moment où j'ai commencé à écrire cette histoire, Maman avait déjà monté son métier à tisser. Elle était en train de fab riquer un tapis rouge, de haute laine, me semblaitil. Maman, comme moi, est née à Taroudant, donc Marocaine, Africaine, Maghrébine, Arabe, Musulmane, Amazighe et un peu Française. Un peu Française parce qu'elle appartient un peu à un de ces territoires où on avait instauré ce qu'on appelait la «Françafrique». Franchement, je ne suis pas à même d'aimer ce phénomène qui est né d'une honte : le colonialisme. Et tout ce qui est né de la honte est méprisable dans l'imaginaire collectif de toute l'humanité. Maman creuse son sillon, en silence. Mais, un matin, elle a rompu ce hideux… silence : --Quel est le sujet de ton livre, fiston ? -- C'est autour des séjours fréquents de Jacques Chirac dans notre ville ! répondisje. --nous aime.Très bien ! Nous aimons ce roumi tant qu'il Le silence reprend, et au bout de quelques minutes, elle a quitté son métier, lâché son peigne à tissage de laine et s'est approchée de moi pour me donner un conseil : --Écoute, fiston ! Essaie de répondre à cette question dans ton livre : « pourquoi ces braves Français ontils envahi notre bled ? » --C'est une question dépassée, n'estce pas que j'ai raison, Maman ? --Non. Non. Deux jours plus tard, je lui ai expliqué que sa question n'occuperait pas l'espace de tout un livre pour y répondre, mais juste cette phrase : --France, à l'époque du Royaume on cherchait En l'honneur, et plus tard, à l'heure de la République, on cher chait le glamour. Il ne faut donc pas l'accabler du drame
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qu'elle a fait subir à quelquesuns du seul fait que le glamour est captif, vorace, rapace et cupide. --Tu crois que c'est simple? Tu n'es pas trop différent du poète fou, ton père ! ditelle en face de son tissu. Je me rappelle bien les moments des rencontres où je posais cette même question de Maman à mes amis français après de longues discussions portant sur le siècle des Lumières et la naissance du mouvement humaniste… chez eux, et je voyais toujours les yeux qui se baissaient et la rencontre qui s'achevait, en guise de réponse. Nous ne sommes donc pas différents par rapport à eux, car pour se défendre contre la honte nous baissons dramatiquement les yeux ici, en Afrique. Et quand j'ai atteint la moitié de mon histoire et elle de son tissu, son intelligence m'intrigua : --Mon petit ! Quelle explication trouvestu à l'émigration de plusieurs de nos hommes en France, exactement en France ? --Le manque d'emplois dans le bled. C'est une question économique et démographique, Maman. -- Là, tu es parfaitement trompé, mon petit. Ta réponse jure avec ton naturel de poète. C'étaient les charrues afric aines qui devaient labourer les terres africaines. Et puisque les Français ont emporté nos terres, les charrues couraient après les terres, comme les abeilles après les ruches. Et je me tus. --veuxtu en venir en écrivant une telle  Où histoire ? poursuivitelle. --Divertir les gens. -- Comment ? Avec tes trente années d'apprentissage à l'école, tu n'arriverais qu'à divertir les gens ! Là, j'ai considéré qu'elle, c'estàdire Maman, m'avait froissé devant son infroissable… tissu.
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Taroudant, neuf heures du matin, les maisons sont en proie à une canicule fugitive, qui est de trop sur l'almanach du présent hiver. Les remparts de pisé, debout, observent un silence déclamatoire… Les sept portes mettent à couvert cet immense patrimoine dont le charme chemine jusqu'à l'Europe, jusqu'à l'Elysée. Et Chirac qui se « taroudanise » vient de finir sa villégia-ture dans cette ville qui s'était déjà faite belle, et qui se recouvre de gloire… Le Président de la République française vient de plier bagage. La nouvelle tombe telle une pluie qui s'abat sur la ville. Les femmes, souriantes de naissance, sont au large dans des habits noirs et s'efforcent en effet d'effacer le sourire sur leurs visages qui toutefois ne cessent de s'en convulser. Les enfants, quant à eux, finissent par écraser leurs jouets préférés, et les hommes, du fait de la colère de leurs épouses -réaction naturelle- ne cessent de chanterwak wak, à tue-tête. Déchéance ? Défaite ? Brisure? Libre à quiconque de le dire. Hier, au contraire, comme pendant toute la semaine, toute la ville a vécu sur son nuage et l'hospitalité marocaine s'est manifestée, ainsi, à profusion envers le plus haut politique Français. Aujourd'hui, à l'exception de Lhous, Taroudant som-bre dans une sorte de morosité générale. Ce n'est pas que Lhous haïsse Chirac, mais à cause d'une raison trop particulière… Il suffit de patienter pour comprendre le pourquoi de la « non-colère » de Lhous et de sa gaieté excessive depuis hier soir après le départ de Jacques Chirac. Peu à peu le déchiffrage de cette énigme s'établira confor-mément à notre adage :
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« C'est petit à petit que le dromadaire s'enlise dans la jarre. » En se réveillant ce matin de janvier deux mille sept, Lhous se trouve dans la difficulté de respirer à cause d'un nuage comme moutonné de joie qui volette dans sa poitrine, sans pouvoir se rappeler le souvenir qui engen-dre en lui ce sentiment. Ainsi, peut-on affirmer que le psychisme est gardien, gardien des futilités que l'homme qualifie de bonheur ou de malheur, car à présent que Lhous s'amuse comme un fou, quelqu'un quelque part souffre comme un damné. En voilà un bon exemple : fors lui, Taroudant entière, au bord de l'exaspération, se lève du pied gauche. En se levant ensuite, en un clin d'œil, sa mémoire empoigne son souvenir. Exhumation. Un éclair de joie traverse son corps et le nuage, en se transmuant en une pluie qui descend jusqu'aux chevilles, se dissipe. Et sa respiration reprend aussitôt par des ahans. Il devient livide, il pleure. Franchement. Il est donc sûr qu'au cours des jours qui suivront, à chaque rappel de son souvenir, un autre nuage de joie le hantera, avec une sorte de logique de degrés : le bon-heur d'aujourd'hui est plus important que le bonheur de demain, et en revanche, le malheur d'aujourd'hui est moins grand que le malheur de demain. Faut-il encore remarquer que le bonheur est un grain de joie qui enfle rapidement pour prendre la forme d'un nuage condensé, car il n'est pas contrecarré par une résistance ? Et qu'il finit par se disperser lentement pour se réduire en train-train quotidien, sinon en une monot-onie qui engendre l'oisiveté dans la vie ? Quant au mal-heur, une résistance le dédramatise. Cette résistance étant un trou que le conscient s'efforce de se faire creuser pour essayer d'extirper ses faix. Le mauvais gardien, l'infidèle psychisme …
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