Le treizième apôtre

Félicité Annick Foungbe

Description

L'homme africain a-t-il réellement compris le message de l'Evangile ? La question demeure posée dans un contexte marqué par la floraison des sectes et autres courants de pensée se réclamant de Jésus-Christ à travers le continent. De l'extrémisme religieux à un obscurantisme profond ? La foi nouvelle se traduit par des actes et des prises de position défiant l'entendement. Quel est le sort des suiveurs d'un gourou qui marche lui-même à tâtons ? Suivons donc le "Treizième apôtre"...

Sujets

• Témoignage
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• Côte d'Ivoire
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2009
• Nombre de lectures: 261
• EAN13: 9782296219960
• Langue: Français

Extrait

Le Treizième apôtre


Sectes et obscurantismes en Afrique
FELICITE FOUNGBE


Le Treizième apôtre

Sectes et obscurantismes en Afrique


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-07817-8
EAN : 9782296078178

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Les textes marqués en gras dans le texte proviennent pour la plupart de la Sainte Bible en français courant. Dans tous les cas, l’essence des Ecritures Saintes a été respectée autant que possible.
PREFACE
Le 13ème Apôtre . C’est avec ce titre insolite, évocateur et provocateur que l’auteur, Félicité Annick Foungbé, nous plonge dans l’univers à la fois passionnant et fascinant, intriguant et troublant de l’une des nombreuses petites églises qui, de par la volonté de prophètes auto-proclamés surgissent et fourmillent aujourd’hui un peu partout dans les quartiers de nos villages et de nos villes. Le titre de ce roman est insolite parce qu’il rompt brutalement avec la présentation habituelle des évangiles qui rapportent que Jésus n’a choisi que douze Apôtres et non treize. Ce chiffre sournois laisse déjà entrevoir le drame, voire la tragédie que peut provoquer l’usurpation des titres, des droits et des missions qui ne sont conférés que par Dieu. Cet horizon constitue le fonds sociologique et humain, spirituel et théologique de ce roman chrétien original à maints égards.

D’une manière haletante et pathétique, intuitive et complice, l’auteur raconte avec une succulence rare, l’histoire exaltante, touchante et douloureuse d’un homme qui dit avoir été investi comme Apôtre par le Christ Jésus lui-même pour exercer une mission prophétique. Avec zèle, courage et ténacité, il prêche l’évangile à temps et à contretemps dans les lieux publics et inédits, particulièrement dans les bus et à la maison de l’Apostolat où il réside avec des membres acquis à sa cause. L’Apôtre , sûr et conscient d’être animé par une foi infaillible et indéfectible, avec suffisance, nourrit et manifeste haine et mépris vis-à-vis des disciples du Christ qui l’ont trahi et à l’endroit de tous ceux qui végètent dans les églises traditionnelles établies qu’il dénomme assemblées de léthargie collective. Au réveil d’un rêve où il participe en personne à la passion du Christ durant laquelle il trahit ce dernier, l’Apôtre prend conscience de son erreur et de son imposture. Il se ravise, révèle la vérité à la communauté de ses fidèles et tente de ramener celle-ci sur le droit chemin. C’est là que l’inattendu se produit. Drame…

Drame humain et spirituel qui révèle l’actualité tragique du sujet abordé, la gravité des problèmes évoqués, la profondeur de la pensée intuitive de l’auteur, pensée habillée d’un style tissé de souffle diaphane. Œuvre d’une chrétienne laïque non théologienne, ce roman par sa maturité, marque la présence critique qualitative nécessaire des intellectuels dans l’univers de la foi et de ses effets en Afrique et, toutes propositions gardées, nous ouvre à la grâce du temps des premiers écrivains de l’Eglise…

En effet, dans ce roman, l’auteur peint et analyse le phénomène et le mécanisme complexes de la naissance et du fonctionnement des petites communautés chrétiennes séparées vivant sous l’égide d’un guide spirituel. La maison de l’Apostolat apparaît comme une prison libre où la vie se construit à huis clos, où les fidèles eux-mêmes sont pris au piège de leur quête de sécurité, de libération, et le guide dans le filet dans son autorité absolue recherchée par lui et exigée par les fidèles comme garantie de leur propre suivie… L’auteur fait bien sentir au lecteur l’ambiance ambiguë de ce milieu de souffrances, d’êtres blessés, désorientées, désemparées, en panne de vie, en quête d’espérance, d’asile de repos et de liberté, où se côtoient la bonne foi et la naïveté, la crédulité et la foi, le zèle et l’intransigeance, l’amour pour Dieu et le mépris de l’homme, le dévouement et l’exploitation, la ferveur et l’hypocrisie, les chants et le chantage, la recherche de la lumière et l’aveuglement, le désir de liberté et l’intolérance. Dans la maison de l’Apostolat, la volonté de vivre des fidèles reconnue et entretenue par le guide se transforme en fanatisme et face à la contrariété en transe de violence… C’est à ce niveau que l’auteur nous fait toucher du doigt l’effroyable danger que peuvent constituer ces petites communautés closes. Elles peuvent devenir des fabriques de monstres indomptables, capables de briser et d’emporter même leurs maîtres et tout ce qui leur résiste…

Cette mutation possible montre et souligne la lourde responsabilité de tous ceux qui portent et conduisent le destin spirituel des autres ou qui prétendent être directement mandatés et oints par Dieu pour accomplir une mission de guides spirituels. Personne ne s’octroie lui-même le titre et le privilège de serviteur de Dieu. Seul Dieu dans sa grâce les confère librement à qui il veut. Voilà pourquoi le discernement et la vigilance s’imposent tant au niveau des guides spirituels, des fidèles, des familles que des pouvoirs publics. L’erreur, la négligence et le laisser-aller en ce domaine sont fatals. Ce roman constitue une véritable sonnette d’alarme prophétique dans le contexte actuel de la prolifération des sectes et nouveaux mouvements religieux dans nos pays africains. La perspicacité et la sagesse sereines qui l’habitent en font en autres l’actualité et la valeur incontestables.

A l’auteur Félicité Annick Foungbé, j’adresse toutes mes félicitations pour cette œuvre de qualité et mon encouragement pour la promesse que celle-ci constitue. A vous qui ouvrez ce livre, je souhaite une lecture profonde et féconde. Jean SINSINBAYO {1}
PREMIERE PARTIE : La passion selon Cyrille
1 Un messager hors pair
Assis à ma table, je me dépêche d’avaler mon petit-déjeuner. Le pendule du salon marque déjà sept heures vingt minutes, et je dois me hâter si je ne veux pas rater le bus de huit heures moins le quart.
Après avoir englouti ma dernière bouchée de pain, je rassemble mes affaires pour me rendre à la station de bus. Un dernier coup d’œil à ma psyché fixée dans un coin de la salle me permet d’essuyer quelques miettes de pain accrochées à ma barbe.
Il faut dire que j’adore le pain qui me remet toujours en mémoire la sainte scène de notre Seigneur Jésus-Christ. Il est le pain rompu pour notre vie ; j’en suis conscient, mais ce n’est pas une raison pour me promener avec des fragments de pain dans ma barbe.
Permettez-moi de préciser qu’il n’est point ici question de la farine apprêtée par les mains impies des boulangers. Mon pain à moi est fait maison, tout comme celui que consomment les adeptes de ma maison de prière. On ne coud pas un morceau d’étoffe ancienne sur un vêtement neuf ; et à vin nouveau, outre neuve {2} .
Il est hors de question que nos corps rachetés soient empreints de souillure par des aliments impurs. Bon, trêve de bavardages. Je suis en retard et je dois me dépêcher pour ne pas rater ce fichu véhicule. A me voir aussi pressé, l’on pourrait s’imaginer que je pars au travail. Eh bien ! Oui et non. Je pars travailler, mais je ne vais pas le faire au sens commun du terme car je ne suis pas à la solde d’un patron humain. Mon chef réside dans les cieux. Mon père travaille continuellement et moi aussi je suis à l’œuvre {3} .
Je suis ouvrier du Christ. Je suis à la solde du rédempteur : il m’a choisi comme son treizième apôtre pour continuer son œuvre de salut. Les apôtres, il y en a eu douze, me dira-t-on. A cela, je rétorque qu’il y a eu plus de douze apôtres, car Saint Paul a porté l’étiquette d’apôtre. Il y a donc dans un premier temps eu douze apôtres choisis par le Seigneur, puis il y a eu l’apôtre Paul et ensuite, moi qui vous parle en cet instant précis. Car l’apôtre Paul, c’est celui qui comme moi est prêt à prêcher l’évangile envers et contre tout. C’est aussi celui qui pour le Christ, n’hésiterait pas à livrer sa vie. Or en ce qui me concerne, je n’attends que me soit donnée l’occasion de le prouver. Ah ! Que n’aurais-je donné pour vivre au temps de Jésus et lui prouver mon indéfectible attachement ! Plus que sa mère, je l’aurais aimé. Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parle de Dieu et lui obéissent {4} .
Plus que les apôtres, je l’aurais aimé et servi. Je puis affirmer qu’en