Les écrivains français sous l Occupation 1940-1944
244 pages
Français

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Les écrivains français sous l'Occupation 1940-1944 , livre ebook

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Description

Après les quatre études publiées sur les écrivains confrontés aux dictatures nazie, franquiste, stalinienne, fasciste italienne, ce 5e volet est consacré aux écrivains français sous le régime de Vichy, à découvrir la face lumineuse des uns, la face sombre des autres: ceux qui résistent, combattent et meurent pour avoir rédigé des brûlots, ces petits écrits chargés d'explosifs, ceux qui adhèrent, collaborent, mettent leur talent au service des oppresseurs...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 50
EAN13 9782336352183
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Du même auteur
DU MÊME AUTEUR
1936-139 :
Les écrivains espagnols au
crépuscule de la République
A LAS CINCO DE LA TARDE
Editions L’Harmattan
1924-1953 :
Les écrivains de langue russe
sous la dictature stalinienne
UNE ÉCRITURE CLANDESTINE
Editions L’Harmattan
1933-1945 :
Les écrivains de langue allemande
sous le nazisme
UNE ÉCRITURE QUI RÉSISTE
Editions L’Harmattan
1940-1944 :
Les écrivains italiens sous le fascisme
L’IMBROGLIO
Editions L’Harmattan
Titre
René Levy








LES ÉCRIVAINS FRANÇAIS SOUS L’OCCUPATION 1940-1944
Pages arrachées et brûlots mortels
Copyright




Illustration de couverture : Frontispice de Fernand Léger pour le poème Liberté de Paul Eluard Editions Pierre Seghers 1953
Autorisation ADAGP : A774360 musée d’art et d’histoire – Saint-Denis cliché : Irène Andréani













© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70229-2
1 – LES PAGES ARRACHÉES Les écrivains français ralliés au régime de Vichy
Pour des motifs d’opportunité politique, la France arrache brusquement de l’histoire, les pages qui ne lui conviennent plus.
Jean Cayrol
Depuis soixante ans, la France ne cesse d’arracher les pages de son histoire, qui ne lui conviennent plus : les scandales financiers en Indochine, les Harkis et la guerre d’Algérie, la colonisation et ses bienfaits , les conséquences des essais nucléaires en Polynésie et dans le sud algérien, entre autres, sont censurés des décennies durant.
Jean Cayrol est personnellement affecté par le procédé des pages arrachées : scénariste de Nuit et Brouillard, réalisé par Alain Resnais, le visa de sortie du film est refusé par la commission de censure (1955).
Parmi les images bouleversantes qui se déroulent tout au long du film, une seule image dérange la commission : celle de détenus, au camp de Pithiviers, en attente d’être déportés. On y voit la silhouette d’un gardien en uniforme de gendarme… français.
Après effacement de cette séquence, le film est autorisé à la diffusion dans les salles obscures.
Si, au cours de retournements politiques et militaires, les Etats ne sont pas en reste de cette pratique de l’occultation, les ouvrages institutionnalisés que sont les dictionnaires et les encyclopédies, références du savoir, ne se privent pas d’ôter quelques pages concernant les œuvres ou la vie d’écrivains des années 1940.
Un silence constant dans les annotations du Petit Robert , quelques lignes succinctes dans les colonnes de l’ Encyclopédie Universalis consacrées aux écrivains ralliés au régime de Vichy qui exaltent leur talent, cèlent ce qu’il ne convient pas de savoir durant la période de l’occupation.
Ainsi peut-on lire sur Jacques Chardonne écrivain raffiné de la nature humaine ; sur Marcel Jouhandeau porte le style au plus haut ; sur Jean Giraudoux le romantique du XX ème siècle avec tant d’humanité dans l’écriture ; sur Paul Morand l’inventeur du style moderne , annotation à laquelle s’ajoute une hagiographie écrite par… Chardonne 1 .
Ces auteurs ont pourtant déployé, durant cette période, une activité d’écriture intense autant journalistique que romanesque.
Sans doute, les rédacteurs de rubriques ont-ils voulu séparer les œuvres, des hommes qui les ont écrites. Bien qu’excellents romanciers ou dramaturges, Chardonne, Jouhandeau, Giraudoux, ont été chroniqueurs et n’ont pas manqué à l’attrait du moment, le pamphlet antisémite, l’allégeance à l’Occupant, l’allégeance au régime de Vichy.
D ‘autres écrivains ont composé avec ce régime en tant qu’ambassadeur (Morand), par amitié avec des proches du pouvoir (Marcel Aymé), en reconnaissance à Pétain pour avoir signé l’armistice (Giono) ou en participant à un voyage à Weimar (Brasillach, Drieu La Rochelle, Ramon Fernandez).
Les dictionnaires mettent en lumière la qualité de leurs œuvres romanesques, ce que nul ne conteste. Ils font valoir le caractère particulier du style, de l’analyse psychologique dans les narrations. Ils soulignent l’étendue de leur compétence, de leur talent et de leur notoriété avant 1940, puis – un trou noir – les ressortent après 1944.
Glorifier l’écrivain en occultant l’engagement de l’homme, lui imposant ainsi un coma de quatre ans, encenser l’auteur par la censure et l’hypocrisie en l’amputant des réalités, c’est égarer le chercheur, l’étudiant ou le simple lecteur du XXI ème siècle venus consulter ces ouvrages de référence que sont les dictionnaires et les encyclopédies.
Seul l’homme juste peut savoir comment on doit peser le mot, la phrase. Pour cette raison, on ne verra jamais les meilleures plumes au service de la mauvaise cause 2 .
Ernst Jünger. Paris 17 février 1942 Journaux de guerre
Ernst Jünger une des meilleures plumes allemandes écrit naïvement cette pensée convaincu de n’être pas parmi ceux qui servent la mauvaise cause . Il ne doute pas de la justesse du combat de son pays pour la conquête de l’Europe. Chargé entre autres, à Paris pendant l’Occupation, de la censure militaire il rencontre au cours de déjeuners et de diners plusieurs des meilleures plumes françaises qui tiennent aussi la vedette dans la presse du moment par leurs écrits conformes aux directives de l’occupant.
Ces écrivains sur lesquels s’est exercée l’attraction fasciste ont fait le choix de la collaboration. Ils considèrent eux aussi ne pas être au service de la mauvaise cause.
Reconnus dans le monde des Lettres depuis les années trente, ils se lient avec l’ennemi dès la défaite en 1940, se dévoient par leur engagement politique indéfendable.
Quant à leurs qualités humaines, elles ne sont pas davantage estimées par leurs contemporains amis ou ennemis. Paulhan, un ami, qualifie leurs écrits d’abjects de faiblesse et de lâcheté . Jünger, un ancien ennemi devenu ami, compare leur allégeance à la fidélité des chiens .
Avec une foi commune en l’invincible Allemagne, Rebatet extrémiste exalté, trépigne devant la lenteur de la fusion de la France avec ce pays, Drieu fasciné par le fascisme, Brasillach en endossant l’uniforme, Chardonne, Jouhandeau les élites , tous sont persuadés de leur mission chimérique : assurer le rayonnement de la culture française dans la Nouvelle Europe hitlérienne. Invités à un voyage à Weimar par les hauts dignitaires nazis, ils se flattent du privilège d’avoir été choisis pour défendre cette cause 3 .
A coups redoublés de réceptions, d’honneurs, la duplicité de Goebbels les a convaincus. Lorsque ce rusé, grisé par la réussite de sa propagande s’est dévoilé en les injuriant de son expression favorite et avec son mépris : vous êtes les auteurs dégénérés de la France vaincue , ils ont digéré l’invective. A leur retour en France ils ont publié dans leurs journaux habituels des comptes rendus de leur voyage, des articles idéalisés élogieux, à la gloire de l’Allemagne, du peuple allemand qui vit dans l’abondance, la sérénité, la liberté, sans trace de la guerre . C’est ainsi qu’ils ont vu l’Allemagne : la poutre de Goebbels dans l’œil.
En produisant des textes qui font l’apologie du fascisme, voire du nazisme, les écrivains savent le poids des mots lorsqu’ils incitent à la haine des Juifs, à la violence, au meurtre, lorsqu’ils accréditent les arrestations, les tortures, les exécutions.
Comment ces hommes convaincus d’être des élites de la Nouvelle Europe sous hégémonie hitlérienne ont-ils perdu la tête et l’esprit dans un engagement politique ? En abandonnant l’univers littéraire de fiction, ils ont abdiqué leur rôle et leur responsabilité d’écrivain face aux générations à venir, manqué à l’éthique, à la vérité et à l’histoire.
A leur insu, ces écrivains n’ont eu de cesse de rendre grotesque le propos de Jünger.
A les considérer dans toutes leurs dimensions, s’ils ont su être parmi les meilleures plumes i

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