Les premiers pas
134 pages
Français

Les premiers pas , livre ebook

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134 pages
Français

Description

Pascale, une jeune enseignante sans grande expérience amoureuse, s'est éprise d'Hélène qu'elle a rencontrée à Paris. Mais Hélène vit depuis cinq ans à Montpellier avec Jacqueline qu'elle aime profondément. Si elle peut envisager de passer des moments agréables avec Pascale pendant leur séjour parisien, il est impensable qu'elle réponde à son amour. Les premiers pas est un récit qui narre un moment crucial de l'éducation sentimentale d'une jeune lesbienne. En quelques jours, Pascale voit s'effondrer la plupart de ses convictions pour découvrir qu'elle peut être désirée, et même peut-être aimée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2016
Nombre de lectures 70
EAN13 9782140023903
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

PaulaDUMONT
LES PREMIERS PAS Un amour lesbien
LES PREMIERS PAS
Paula DUMONTLES PREMIERS PAS Un amour lesbien
De la même autrice Mauvais genre, parcours d’une homosexuelle, L’Harmattan, 2009.
La Vie dure, éducation sentimentale d’une lesbienne, L’Harmattan, 2010. Lettre à une amie hétéro, propos sur l’homophobie ordinaire, L’Harmattan, 2011.
Le Règne des femmes. Conte philosophique, L’Harmattan, 2012. Les Convictions de Colette. Histoire, politique, guerre, condition des femmes, L’Harmattan, 2012. Portée disparue, Aller simple pour Alhzeimer, L’Harmattan, 2014. Entre Femmes. 300 œuvres lesbiennes résumées et commentées, L’Harmattan, 2015.
Contes et nouvelles lesbiennes, L’Harmattan, 2015.
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10554-3 EAN : 9782343105543
« Les désirs qui passèrent sans être accom-plis, sans avoir obtenu une des nuits du plai-sir ou un de ses lumineux matins, ressemblent à de beaux cadavres qui n’ont pas connu la vieillesse, et qu’on a déposés en pleurant dans un magnifique mausolée, avec au front des roses et aux pieds des jasmins. » Constantin Cavafy
Pour Hélène
Lundi
Un bruit inhabituel venait de me tirer de mon sommeil. J’ai ouvert les yeux et, l’espace d’un instant, je me suis demandée où j’étais. — Alors, le corps enseignant est toujours aussi coura-geux ? Chantal venait d’ouvrir la porte de la chambre dans la-quelle j’étais couchée. Sans doute avait-elle frappé avant d’entrer, mais je n’avais rien entendu, en marmotte que je suis. Elle continuait à plaisanter en n’hésitant pas à broder sur un thème qu’elle affectionnait particulièrement, mais que je trouvais usé. — Tu te crois déjà en vacances ? C’est vrai aussi qu’entre ton travail et tes congés, il n’y a pas beaucoup de différence... Je suis sortie du lit en expliquant pour la vingtième fois, avec une patience angélique, que l’année qui venait de s’écouler avait été exceptionnelle puisque, au lieu d’enseigner, j’avais fait un stage de formation. J’avais donc pu profiter d’une liberté à laquelle j’étais loin d’avoir toujours été accoutumée. Elle me regardait en riant, un peu déçue malgré tout de ne pas avoir réussi à me mettre en colère. Quand j’ai ou-vert les rideaux, j’ai découvert un temps magnifique. Il est vrai que nous étions en juin. — Oui, a-t-elle grommelé. Il fait beau quand je tra-vaille. Et quand j’aurai quinze jours de vacances, il tombe-ra des cordes. Je suis passée dans la cuisine où le petit déjeuner m’attendait. Chantal avait toujours été bourrue avec moi.
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C’était sa manière de me montrer son affection. Il y avait entre elle et moi une camaraderie sans histoire. Infirmière à l’hôpital des Quinze-Vingts, elle avait coutume de m’héberger quand je venais à Paris. Elle se serait fâchée si je n’avais pas eu recours à ses services. Nous avons parlé de mon nouveau poste à l’école normale d’Annecy. — Tu penses te plaire dans un trou pareil ? s’est-elle étonnée. Moi, je ne pourrais vraiment pas retourner en Sa-voie. J’ai répliqué que je n’avais pas d’autre alternative. Chantal travaillait à Paris depuis plusieurs années alors que j’avais seulement fait, au cours de l’hiver, un stage de quelques mois dans la capitale. Après une période de tra-vail dans mon école normale, je revenais passer cinq jours à Paris afin de participer à la réunion qui devait clore le stage. Il était impensable qu’un professeur débutant et cé-libataire obtienne un poste à Paris avant longtemps. Mieux valait donc n’y pas songer. J’ai ajouté : — D’ailleurs, la vie en Savoie a des avantages. En sep-tembre, je vais louer un grand appartement pour un loyer dérisoire. Et je me suis déjà fait pas mal de relations parmi mes collègues. La plupart d’entre eux ont moins de trente ans et ils arrivent des quatre coins de la France... Mais j’étais très heureuse de revenir à Paris. Déjà, la veille au soir, dans le train, je songeais aux amis que j’allais revoir. Je me promettais de tirer de mon court séjour de nombreuses satisfactions. Ces cinq jours avaient pour moi un avant-goût de vacances. — Au fait, tu vas revoir ton amie du Midi ! a dit Chan-tal. Toi, on peut dire que tu sais te débrouiller pour passer des vacances à bon compte.
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Ce n’était pas ma faute si Hélène, l’amie à qui Chantal venait de faire allusion, habitait dans une région fréquen-tée par les touristes. — Je vais être en retard, a-t-elle ajouté alors qu’elle mettait ses chaussures. Allez, à ce soir ! Amuse-toi bien... Elle a refermé la porte et m’a laissée à mes rêveries. La réunion à laquelle je devais participer ne commençant qu’à neuf heures, je pouvais prendre tout mon temps. J’ai débarrassé la table, fait la vaisselle et je suis allée me faire couler un bain. Etait-ce le soleil, la satisfaction d’être à Paris, la pers-pective de retrouver des gens que je n’avais pas vus depuis trois mois, en tout cas j’avais envie de ne pas me presser, de prendre soin de moi et j’étais résolue à profiter de la journée. Après m’être attardée dans la baignoire et asper-gée d’eau de toilette, j’ai cherché dans ma valise des vê-tements légers dont j’ai assorti soigneusement les cou-leurs. Je me suis regardée dans la grande glace que Chantal s’était fait poser dans l’entrée au cours de l’hiver et j’ai décidé que j’étais présentable. Enfin je me suis dirigée vers la station de métro la plus proche. Comme l’heure de pointe était passée, j’ai trouvé facilement une place assise. Hélène, qui était descendue dans un hôtel du Quartier la-tin, devait prendre la même ligne que moi, vraisembla-blement à l’Odéon. Tout à coup, alors que nous étions arrêtés à cette sta-tion, j’ai cru la voir passer sur le trottoir. Mais j’ai dû aus-sitôt me rendre compte de mon erreur. Un coup d’œil à ma montre m’a amenée à constater que j’étais en avance. Hé-lène devait être à peine levée. Elle faisait partie des gens qui, ayant une notion approximative de l’exactitude, sont souvent en retard alors que j’avais le défaut inverse, que
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