Merveille la vertueuse

Emmanuelle DJE LOU

Description

Cette ceuvre présente deux amies d'enfance à l'éducation et aux comportements opposés : Merveille s'évertue à mener une vie exemplaire, tandis que Charnelle baigne dans la mondanité. Mais aux prix d'efforts acharnés, dans la patience et l'esprit de tolérance, Merveille réussit à détourner son amie des vilenies dont bon nombre de jeunes de notre époque sont victimes.

Sujets

• Afrique
• Costa de Marfil
• Jeunesse
• Côte d'Ivoire

Informations

• Publié par: JD Editions
• Date de parution: 01 janvier 2021
• Nombre de lectures: 1 374
• EAN13: 9782493344052
• Langue: Français

Extrait

Emmanuelle DJÈ LOU

M erveie LA VERTUEUSE

R o m a n

JD Éditions 21 B.P 3636 Abidjan 21 (Côte d’Ivoire)

© JD Éditions, Abidjan 2021 ISBN : 978-2-493344-05-2 Toute reproduction, quel que soit le procédé, est interdite sous peine de poursuites judiciaires.

D édicace

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à mes parents : M.Djè Bi Irié, mon père et Mme Irié Lou Kouainan épse Dje Bi, ma mère, pour les valeurs qu’ils m’ont inculquées et le soutien qu’ils m’ont témoigné dans ma jeune carrière d’écrivaine. J’adresse également mes sincères remerciements aux écrivains, Jek Lulutegui-Loua et Sylvestre Ouréga pour leurs conseils avisés et leurs expertises. Puisse Dieu bénir toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à la publication de cette œuvre …

1 . L’INNOCENCE

C

hapit ~ I ~

re

e soleil se levait majestueusement sur Angré, un quartier huppé d’Abidjan. Il était six heures. Merveille, vis L age gai, nissait de prendre son bain. Après avoir complété seize ans révolus, de taille élancée, teint noir d’ébène, sa toilette voulue très sobre, elle enla son uniforme scolaire : un chemisier blanc sur sa jupe bleue. Puis, elle sortit de la chambre et s’installa dans la voiture de sa mère. C’est elle qui la conduisait tous les jours au lycée. Véronique, la mère de Merveille démarra le véhicule qui ronronnait doucement, prêt à partir. Mais elles ne pouvaient s'en aller sans Charnelle, l'amie de Merveille. Cette dernière habitait avec sa mère dans 1 une villacontiguëà la leur. Comme à l’accoutumée, Charnelle était en retard. Véronique somma sa lle d’aller lui dire de se dépêcher si elles ne voulaient pas être en retard au lycée.

 Merveille descendit du véhicule, et courut chez les voisins. Elle salua à la volée la lle de ménage, puis se dirigea vers la chambre de Charnelle. Elle la trouva devant un miroir en train de se pomponner à grand renfort de produits cosmétiques. On aurait cru qu’elle se rendait à une soirée en discothèque. Ses faux-cils surdimensionnés, ses joues exagérément rosées de fard et ses lèvres rouge vif lui donnaient des allures de fauve.

1 Pour chaque mot en italique, se référer au lexique. ~ 7 ~

 Visiblement agacée, Merveille la salua avant de lui lancer :  — Mais enn, Charnelle, que fais-tu ? Ma mère nous attend, voyons !  — J’ai presque ni. Il faut bien que je me fasse belle pour aller au lycée !  Merveille n’arrivait pas à comprendre pourquoi son amie avait besoin d’autant de maquillage pour aller au cours.  Après un instant, Charnelle ajouta :  — Je suis enn prête ! Nous pouvons y aller.  — Ouf, ce n’est pas trop tôt ! marmonna Merveille.  Véronique les attendait avec beaucoup d’impatience. Elle ne supportait plus le comportement de cette adolescente, à qui elle reprochait d’avoir une mauvaise inuence sur sa lle. Elle avait doncenjointà sa lle de cesser de la fréquenter. Mais Merveille la supplia de se montrer indulgente vis-à-vis de son amie. La mère nit par céder.

 Une fois à bord de la voiture, Véronique, se voulant courtoise, demanda à Charnelle comment se portait sa mère. La jeune lle lui répondit,désinvolte, qu’elle ne saurait répondre, vu que cette dernière était sortie la veille et n’était toujours pas rentrée.

 Visiblement surprise par cette information, elle se garda de tout commentaire. En son for intérieur, elle se demandait comment une mère pouvait passer la majeure partie de son temps dehors, laissant seule sa lle. Quant à son père, il les avait abandonnées quand Charnelle n’avait que huit ans, et s’était remarié à une jeune femme qui avait vingt ans de moins que lui.

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 Charnelle se souvient encore du jour où son père les avait mises dehors. C’était un samedi matin. Elle jouait à la poupée dans sa chambre quand elle entendit ses parents se disputer :  — Je t’avais pourtant dit que ma ancée viendrait s’installer aujourd’hui. Ta lle et toi, sortez de chez moi !  — Je te rappelle qu’elle est également ta lle, et cette maison, nous l’avons bâtie ensemble, répliqua Léila, la mère de Charnelle.  La petite lle sortit précipitamment de sa chambre et vit son père traînant sa mère jusque dehors. Ensuite, il se tourna vers elle et lui lança d’une voixtonitruante:  « Fais tes valises et va rejoindre ta mère. D’ailleurs, je doute que tu sois ma lle. Léila a passé tout son temps à me tromper. »

 Cet épisode malheureux avait profondément blessé Charnelle qui s’était juré de le faire payer aux hommes plus tard. En ce qui concerne sa mère, elle avait trouvé refuge dans l’alcool et la cigarette. Lorsqu’elle allait à des soirées mondaines, elle conait la garde de sa lle à Véronique. C’est ainsi qu’au l des années, Merveille et Charnelle devinrent comme des sœurs…

 Les deux lycéennes papotèrent pendant tout le trajet. Au bout de dix minutes, elles arrivèrent devant leur lycée. Elles descendirent de la voiture et dirent au revoir à Véronique.  Une fois dans la cour de l’école, tous les garçons avaient les regards sur Charnelle car son uniforme sexy et provocateur ne laissait personne indiérent. Sa mini-jupe révélait ses jambes de gazelle et son chemisier était tellement moulant qu’il avait du mal à contenir sa poitrine généreuse. Sa coiure consistait en un long tissage blond qui avait la même teinte que sa peau décapée. ~ 9 ~

 À contrario, Merveille, elle, était habillée décemment et ne s’intéressait pas du tout aux garçons. Son principal centre d’intérêt était les livres. Les enseignants la citaient en exemple parce qu’elle avait d’excellentes notes. Sa réputation d’élève studieuse lui valait un respect considérable auprès de tous ses camarades de classe.  À sept heures trente minutes, la sirène retentit et tous les élèves s’alignèrent pour le salut aux couleurs. Certains élèves chantaient èrement l’Abidjanaise tandis que d’autres se contentaient juste de remuer les lèvres.  En classe de première, Merveille et Charnelle avaient un cours de Physique, ce jour-là. Pendant tout le cours, Charnelle passa son temps à manipuler son téléphone portable. Elle était connectée à Facebook et avait vingt mille «follow ers»qui n’arrêtaient pas d’apprécier et de commenter ses photos sensuelles. La jeune lle n’avait pas froid aux yeux. Elle achait sans pudeur ses rondeurs et ne se souciait guère de ce que pouvaient en penser les autres.  Parmi ses admirateurs, il y avait plusieurs hommes qui lui faisaient la cour et qui étaient prêts à dépenser d’énormes sommes d’argent pour l’avoir comme amante.  Charnelle n’avait que dix-huit ans, mais elle était déjà une croqueuse d’hommes. Elle avait des relations avec de nombreux hommes riches qui l’entretenaient et la couvraient de cadeaux de valeur.  Pendant qu’elle naviguait, elle reçut un message de Yannick, un jeune métis qu’elle avait rencontré dans un bar un mois plus tôt. Il lui donna rendez-vous à la sortie des cours dans un restaurant trois étoiles. Yannick pouvait se permettre ce genre d’escapade en des lieux huppés ; il était ls unique d’un diplomate et son père ne lui refusait rien. Il était tombé sous le charme de la sulfureuse lycéenne et lui demanda de devenir sa petite amie…

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