Mort de LoL
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au début, ils sont quatre. Avec leurs avatars ils deviennent huit.
Autant de désirs et de nécessités qui se télescopent dans un chassé-croisé où le tragique habite le comique, entre le Cloud et Dame Tartine... leur point de RDV dans le quartier du Marais, à Paris.
De « mort de rire » en « mort de LoL », la réalité se départagera de la virtualité à la quantité de sang versé.
Une comédie ? Un roman noir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312082943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mort de LoL
François - Xavier Luciani
Mort de LoL
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur :
1997 – Confession d’un Putain (nouvelle), in Mathias et Jean - Jacques Pauvert , Anthologie du coït éd. La Musardine
2013 – Bastia pour Dames (roman), Pseudonyme : François Xavier éd. Au coin de la rue (Albiana – Ajaccio)
2013 – Hallali (nouvelle), in « Fabula » éd. Materia Scritta
2014 – Omerta (nouvelle), in « Fabula » éd. Materia Scritta
2014 – La Cana (nouvelle), in « CorsÉrotica » éd. Materia Scritta ,
2018 – Subjonctif (roman), Éditions du net
2019 – Thalamus & Cortex (pièce de théâtre), Éditions du net
2020 – MatHum ( Dystopie ), Éditions du net
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08294-3
Avertissement
Ne m’étant pas embarrassé de masque sur le nez de mes personnages, je situe l’intrigue à une époque ante ou post Covid. Comme bon vous semble.
Il va sans dire que toute ressemblance entre un des personnages de ce roman et un quelconque bipède existant ou ayant existé, ne peut être que le résultat de l’imaginaire complotiste de nombre d’usagers des réseaux sociaux.
Slt
T OUCHE « ENTER »
Manucuré, l’index de Maximilien hésite au-dessus de l’inscription « enter ». Le creux ergonomique de la touche lui évoque le dé à coudre qu’utilisait sa maman. N’avait-elle pas toujours le chic pour débusquer d’un simple coup d’œil l’indispensable reprise à laquelle il fallait procéder, toute affaire cessante, sous peine de verser illico dans l’antichambre de l’irrémédiable : le laisser-aller ?
Maximilien hésitait toujours. Pleutre de nature, d’essence, de structure – presque de conviction – il utilisait le mot mesure pour décrire ses retenues poltronnes qu’il qualifiait également de droitures . Les termes choisis étaient essentiels à sa vie ; ils formaient la charpente même de sa propre appréciation du réel et, l’espérait-il, de l’appréciation par ce même réel de sa propre probité. Voilà pourquoi il lui fallait constamment une longue rumination avant de valider le qualificatif adéquat à tel ou tel aspect de sa relation à autrui. Sa collection de mots justes agissait comme un cartilage entre la rigidité osseuse d’un esprit chagrin et la souplesse sans doute trop charnelle d’un monde fait de matières irrémédiablement vivantes. Ainsi, il ne parlait pas de relations sexuelles entre son épouse et lui-même, mais bien d’attachement carné . Cette incarnation convoquait des images bibliques rassurantes que les liens d’un mariage dûment consacré scellaient.
Son ordinateur portable était d’un modèle préhistorique – peut-être pas quand même du siècle passé, mais presque – aussi lourd et lent que solide et rassurant. Son plus gros défaut consistait en l’accumulation poussiéreuse qui s’immisçait entre les reliefs d’un clavier trop en saillie ; cubes sur lesquelles les deux index trouvaient, à chaque sollicitation, une courbe enveloppante tout à fait adaptée aux extrémités nerveuses du quinquagénaire. Il fallait appuyer avec une certaine puissance sur chacune d’elles pour que les caractères s’affichent à l’écran. Cette « puissance » nécessaire à l’affirmation de chaque choix permettait à Maximilien de s’offrir une forme d’hésitation supplémentaire dans l’hésitation originelle. Une forme de droit à l’erreur, comme s’il pouvait encore surseoir à la fatalité avant la frappe.
Son index immaculé suspendu au-dessus de la commande de validation tremblait légèrement. S’il appuyait, toutes les options choisies seraient irrémédiablement validées et l’avatar (ce mot détestable lui évoquait la notion d’avorton !) de Maximilien surgirait du néant. C’était donc une décision grave, quelque chose qui avait à voir avec la création, une forme de puissance démiurgique. « Dieu hésita-t-il autant avant de faire jaillir la lumière ? »
Il relut pour la douze ou treizième fois l’ensemble de son profil et devait maintenant choisir le pseudo. Il devait se baptiser lui-même en quelque sorte ; une autogamie écœurante… Non, il ne le pouvait pas sans conseil avisé. Il lui fallait de l’aide. Jean-Philippe devait l’assister. Oui, Jean-Philippe représentait le coach idoine. Le besogneux consulta son agenda, transcrivit le numéro de son collègue sur l’écran de son téléphone portable et oscilla encore entre l’idée d’agir et celle de renoncer ; une vague d’angoisse le parcourut ; il écrasa soudain l’icône verte qui lançait l’appel comme s’il jouait à la roulette russe. Ce qui suivit ne fut pourtant qu’un échange simple et courtois ; Jean-Philippe travaillait dans la même faculté ; son bureau était situé près de la salle des serveurs, deux étages plus bas ; le professeur de psychologie répondit à la demande de Maximilien avec un certain enthousiasme et s’engagea à le rejoindre dans moins de dix minutes.
A LGORITHME
Deus Ex Machina tout droit sorti des plus mauvaises mythologies, un petit génie clic-clac s’apprête à exaucer comme par magie n’importe quel désir de rencontre. Phœnix gratuit, le programme mobilise des milliards de transistors pour filtrer en un clin d’œil les inepties dont chacun se targue à l’abri d’une web-identité. Le système a été conçu pour faire correspondre vos profils débilitants à ceux de quidams que vous ne voudriez surtout pas connaître dans la vraie vie tant leur âme est aussi désespérante que la vôtre. On ne peut pas vraiment parler de « miroir » au sens propre du terme et encore moins d’âme sœur ; ce n’est ni un reflet ni un double, c’est un « match » à 88 % des critères.
Laissez donc mouliner les machines, les logiciels, les bits, laissez-vous aller à votre ignorance de mon petit travail de sape dans les dessous de la toile ! Apparier deux négligences identitaires sur un réseau social ne coûte quasiment rien, mais rapporte beaucoup : de la fidélisation, de la pertinence publicitaire, du marketing one to one… bref, du renseignement, du pouvoir, de la monnaie. Une fois rencontrés, vous mangerez la même pizza, téléchargerez la même appli, offrirez chacun 0,002 % de parts de marché dans un domaine conceptuellement pointu dont vous ne saurez jamais rien. Appliqués à vous consommer l’un l’autre, vous jouirez en parfaite inconscience.
Aucun de vous deux ne s’offusquera de rapporter de la maille à des ventrus occupés à se dorer la pilule sur des yachts privés ; privés surtout du droit de regard de toute justice humaine ! Au sommet de la chaîne alimentaire, forts de l’absolution planétaire, des youtubeurs, princes du net, sabrent des nymphettes en sniffant de la coke ; ils consomment sans la moindre virtualité la chair offerte de vos filles, vos sœurs, vos meufs ; ils peuvent se le permettre parce qu’en likant sur YouTube l’étalage orgiaque de leur réussite sociale, vos pouces levés affirment à l’unisson : « à leur place, je ferais pareil, lol ! »
M AXIMILIEN ET J EAN - P HILIPPE
Par-dessus l’épaule de Maximilien, Jean-Philippe vérifie tout :
Sourire, selfie, clic…
Appli de retouches – upload…
Profil complété à 60 %.
« Quoi d’autre ? Ah oui, le pseudo… Vous en avez déjà choisi un ?
– Heu… j’ai pensé à “beaugosse-75”… Mais, malheureusement, c’est pris… Peut-être que… “beaugosse-69”… Hmmm… Qu’en pensez-vous ?
– Si je puis me permettre Maximilien, ce genre de pseudo ne vous correspond pas du tout !
– Ah… Vous voulez dire que le côté “ bellâtre ” fait un peu “publicité mensongère”!
– Je n’irai pas jusque-là… Disons que ça fait “ has been prétentieux ”. C’est pas top top…
– Je vois… Et c’est aussi important que ça le pseudo ?
– Primordial !
– J’aurais besoin que vous me conseilliez un peu Jean-Philippe… Sinon, à quoi ça sert d’avoir un collègue psy, spécialiste en réseaux sociaux ?
– … en effet, plus utile qu’avoir un collègue philosophe en mort clinique… Allons allons, cher ami, je plaisante ! »
Il y eut un léger flottement entre les deux hommes. Comme si un ange

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents