Nouvelle noirceur
107 pages
Français

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Nouvelle noirceur , livre ebook

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Description

Avec Nouvelle noirceur, Len Gasparini nous entraîne dans un univers peuplé de personnages marginaux et complexes, dont la psychologie se révèle par l'accumulation de détails bien ficelés. Tout en explorant les côtés sombres de l'âme humaine, l'auteur dépeint des atmosphères plus troubles les unes que les autres, où se mêlent, entre autres, humour, cynisme, sensualité, violence, obsessions, rêves, fantasmes et angoisses. Les quatorze récits de Nouvelle noirceur amènent le lecteur à s'interroger sur la morale établie, la vérité et le mensonge, l'innocence et la corruption. Des écrits de Len Gasparine se dégagent l'imprédictible expérience humaine et ses éventuels retournements de situation.
Traduit de l'anglais par le romancier Daniel Poliquin, ce recueil nous invite à faire la traversée de cette Nouvelle noirceur... en jetant un coup d'oeil derrière nous de temps à autre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 juin 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782896990894
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Page titre
Catalogage - Dépôt légal
Le petit garçon et le chat
Les choses de la vie
La croix de chair
Je te gage que je peux te faire peur
Balle passée
Très Off-Broadway
Une chambre pour la nuit
Le valentin
Conte des mille et une nuits
Langage gestuel
Musique de fond
Le mouton blanc
Amy Crissum
Le succube
Crédits - Achevé d'imprimer
Nouvelle noirceur
Len Gasparini


Nouvelle noirceur



Nouvelles Traduites de l’anglais par Daniel Poliquin



Collection « Vertiges /Traduction »
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Gasparini, Len, 1941- [Demon in My View. Français]
Nouvelle noirceur / Len Gasparini ; traduction de Daniel Poliquin.

(Collection « Vertiges »)
Traduction de : A Demon in My View. Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-923274-38-6

I. Poliquin, Daniel II. Titre. III. Titre : Demon in My View. Français. IV. Collection : Collection « Vertiges » PS8563.A7D4414 2009 C813’.54 C2009-900416-X

Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca

Distribution : Diffusion Prologue inc.

Papier ISBN : 978-2-923274-38-6 PDF ISBN : 978-2-89699-088-7 ePub ISBN : 978-2-89699-089-4

Titre original : A Demon in My View, Guernica Editions © de la présente traduction Daniel Poliquin et les Éditions l’interligne Dépôt légal : premier trimestre 2009 Bibliothèque nationale du Canada Tous droits réservés pour tous pays
À Leslie Tompson, Sharon Roebuck et Dennis Priebe
Le petit garçon et le chat

L’enfant avait ouvert la fenêtre de sa chambre jusqu’à ce que le châssis soit à la hauteur de ses yeux. « Je veux que Kragol saute par la fenêtre », avait-il dit.
Sa mère avait eu un coup au cœur. « Tu dis des folies », lui avait-elle répondu avec douceur. Il y avait vingt pieds entre la fenêtre de l’étage et l’entrée de cour. Tenant fermement le chat d’un bras, elle avait passé le dos de sa main libre sur le front de l’enfant. Qui avait détourné la tête aussitôt. « Tu fais un peu de fèvre. Si tu vas pas te coucher tout de suite, tu pourras pas aller jouer dehors demain. Et je t’achèterai pas le livre que tu veux avec les images d’avions. »
L’afrontement avait commencé lorsque l’enfant avait refusé d’aller au lit tant que sa mère ne lui aurait pas lu une histoire. Ruse innocente de sa part. Il savait que sa mère n’aimait pas lui lire des histoires avant le dodo. Deux fois elle l’avait bordé, puis elle avait lissé la couverture de ses mains en veillant à ce que les deux côtés soient à égalité de chaque côté du lit. Pour une raison connue de lui seul, le petit garçon aimait que sa couverture soit disposée de cette façon. Tous les soirs, il obligeait sa mère à se soumettre à ce rituel capricieux. (Le vendredi soir, elle lui permettait de rester debout tardpour écouter la voix de soprano de son enfant acteur préféré à la radio, avec la musique clopinante de Ferde Grofé en fond sonore : On de-mande Phi-lip Mor-ees au té-lé-phone !) Il couve une fèvre, avait-elle pensé. Il était vrai qu’il avait le front un peu chaud. Plus tôt, en l’attirant avec du Jell-O à la cerise, elle lui avait fait avaler une cuillerée d’huile de foie de morue. Il était presque dix heures trente lorsqu’elle l’avait embrassé et lui avait souhaité bonne nuit pour la deuxième fois, et elle avait laissé entrouverte la porte de sa chambre pour laisser passer la lumière du couloir. Le petit garçon avait peur de dormir dans le noir. Parfois, la nuit, il allait rejoindre sa mère dans son lit.
Il avait quatre ans, il était enfant unique. Il voyait rarement son père. Le monsieur était chaufeur de taxi, il travaillait le soir, six jours par semaine. Il bâtissait une maison pour la famille ; donc, il était pris le jour aussi. Le père se reposait le dimanche. Comme les parents du petit garçon n’allaient pas à la messe, la famille mangeait tard le dimanche matin et regardait les dessins animés à la télévision. Le plus souvent, le père passait le dimanche après-midi à jouer au bocce ou aux cartes avec des copains. La mère compensait ce manque d’attention en gâtant son fls. Elle adorait l’habiller en petit monsieur.
Incapable de dormir, le petit garçon avait décidé qu’il voulait son chat auprès de lui. Il s’était glissé hors du lit et, étant sorti sur la pointe des pieds, il s’était assis sur le palier d’escalier pour appeler son chat.
« Va te coucher ! Tout de suite ! » s’était écriée la mère. Sa voix trahissait son exaspération. Elle était montée.
« Je veux que Kragol dorme dans mon lit », avait dit le petit garçon. Le chat s’y glissait souvent la nuit.
La mère lui avait dit que le chat était dehors, à attraper des souris. Le petit garçon entendait la pluie qui battait lafenêtre. Il se demandait pourquoi le chat n’était pas dans la maison.
« Il pleut, dit le petit garçon. Kragol veut rentrer. »
C’était un chat errant du quartier que la famille avait adopté. Quelques mois auparavant, il avait suivi le petit garçon et sa mère un jour où ils rentraient de l’épicerie. Le petit garçon s’était arrêté pour caresser le chat, et celui-ci avait fait miaou, la queue en l’air, pour qu’on s’intéresse à lui. Un mâle roux à poil ras. Tout le long du chemin, jusqu’à la maison, le petit garçon n’avait cessé de se retourner pour voir si le chat les suivait toujours. Chaque fois qu’il se retournait, il disait : « Kra-gol-agol-agol. » Il avait répété ces syllabes dénuées de sens jusqu’à en faire une incantation. Sa mère avait trouvé la chose amusante, et elle lui avait même dit qu’il parlait chat. Le chat les avait suivis jusqu’à la maison. Le petit garçon avait demandé à sa mère s’il pouvait le garder. Elle lui avait dit qu’elle demanderait à son père.
Sans qu’on sache pourquoi, le nom de Kragol était resté. Chose étonnante, le chat aimait jouer à la cachette avec le petit garçon dans la maison.
« Je veux Kragol, avait insisté le petit garçon. Je veux qu’il vienne ici. Va le chercher. »
La mère lui avait jeté un regard désapprobateur. « Qu’est-ce que tu dis ?
— S’il te plaît… avait murmuré le petit garçon.
— Est-ce que tu vas te coucher après ? »
Il avait hoché la tête.
— Promis ?
— Oui. »
Comme il se faisait tard, qu’elle était fatiguée, et que son fls ne se coucherait pas tant qu’il n’aurait pas son chat dans son lit auprès de lui, la mère s’était crue obligéed’aller le chercher. Il était probablement sur la véranda, s’était-elle dit, en train de miauler pour qu’on lui ouvre. Afairée comme elle l’avait été dans la cuisine et ayant eu à s’occuper de son fls, elle avait oublié le chat dehors.
Le petit garçon attendait au haut de l’escalier.
Elle était revenue au bout d’un moment avec le chat dans les bras. Son pelage était un peu mouillé.
« Le voilà, ton Kragol », avait-elle dit en déposant le chat doucement sur le lit. Le petit garçon avait souri et l’avait pris aussitôt dans ses bras. Il s’était mis à le fatter. Le chat remuait la queue et ne voulait pas rester en place. Le petit garçon voulait que le chat entre sous la couverture. Apeuré, le chat miaulait, il ne voulait pas.
« Fais-lui pas mal, avait dit la mère. Il va te grafgner. »
Tout à coup, le chat avait échappé au petit garçon et sauté par terre. La mère l’avait attrapé aussitôt.
« Peut-être que Kragol veut du lait », avait dit le garçon. La déception se lisait sur son visage.
« Il est très tard. Je veux que tu dormes », avait dit la mère sur un ton qui n’admettait pas la réplique.
« Mais je veux que Kragol reste avec moi. »
La mère avait déposé le chat sur le lit et l’avait contraint à y rester. Elle voyait que le chat était crispé.
« Je veux qu’on ouvre la fenêtre », avait dit le petit garçon.

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