PÉRÉGRINATIONS, Amours en phase de conversion

Nadia Ayoub

Description

Hind, femme marocaine issue de la vie moderne de la capitale, la quarantaine bien entamée, et mère de deux enfants, sort d’un mariage aussi long que désastreux. Elle aborde sa nouvelle vie de femme célibataire, la bouche en cœur, l’âme encore pleine d’ardeur, prête à recueillir le doux festin d’un amour tout neuf, dont elle a souvent vu la promesse dans le regard des hommes... Ce récit à la deuxième personne retrace les errements d’une femme qui sort du mariage, et entre dans la vie réelle avec les illusions de la novice qui n’a jamais connu du monde que quelques échos lointains, et qui se heurte de façon brutale à certaines facettes blessantes de la réalité des relations amoureuses..

Sujets

• Romance Marocaine
• Roman
• Littérature africaine
• Liste d'écrivains marocains
• Maroc
• Littérature Africaine
• Littérature africaine

Informations

• Publié par: Editions Marsam
• Date de parution: 01 janvier 2019
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9789954744772
• Langue: Français

Extrait

PÉRÉGRINATIONS
Amours en phase de conversion
ème2 Edition Roman© Editions Marsam
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
15, avenue des Nations Unies, Agdal, Rabat
Tél. : [phone] / Fax : [phone]
E-mail : [e-mail]
Conception graphique
Quadrichromie
Impression
Editions & Impressions Bouregreg - Rabat 2019
Dépôt légal : 2019MO4281
I.S.B.N. : 978-9954-744-77-2Nadia Ayoub
PÉRÉGRINATIONS
Amours en phase de conversion
ème2 Edition RomanCe récit est une fction inspirée de la réalité.
C’est une pure construction intellectuelle,
issue de l’imaginaire de son auteur. Ainsi,
toute ressemblance avec des personnages,
des lieux, des actions ou des situations
mentionnées ne serait que pure coïncidence.

Couverture
Abdelbassit Bendahmane
Technique mixte sur toile (détail)
34 x 75,5 cm
Collections MarsamElle peignait ses cheveux d’or et j’aurais dit
Qu’elle martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir
À ranimer les feurs sans fn de l’incendie
Sans dire ce qu’une autre à sa place aurait dit
Elle martyrisait à plaisir sa mémoire.
Louis Aragon 7
Délivrance
L’important dans un divorce,
c’est ce qui le suit.
Hervé Bazin
Ouf ! Te voilà enfn libre ! Te voilà soulagée
de longues années de souffrance, de solitude et
de désamour ! Tu as enfn réussi à te défaire du
carcan d’un mariage de façade qui a miné ta pauvre
existence, et fané les roses de tes belles années de
jeunesse ! Tu vas maintenant pouvoir recommencer
à respirer, à caracoler, à vivre ! Ce n’est pas trop tôt,
mais bon, il te reste encore un petit capital d’énergie
et de jeunesse dont tu pourras désormais faire le
placement adéquat !
Le jour de ta libération, tu l’as vécu comme
une fête qu’il faut célébrer en grande pompe. Pour
commencer, tu as tenu à marquer ta sortie du tribunal
après la sentence du divorce, d’un selfe triomphateur,
sur lequel on te voit brandir tes doigts en signe de
victoire ; puis, pour le soir, tu as acheté une belle
robe, tu as sorti ta plus jolie vaisselle, tu as fait
des emplettes et tu as préparé un dîner somptueux,
auquel tu as invité amis et famille, enfn tous ceux
qui pendant de longues années n’ont pas manqué une
occasion de te rappeler à quel point tu serais mieux 8 Pérégrinations
sans ce fantôme qui te servait de mari et de paternel
pour ta progéniture ! Ce fut une soirée mémorable
où tous t’ont félicitée d’avoir enfn osé sauter le pas.
Maintenant, la vie te sourit et tu vas pouvoir vivre et
rencontrer des personnes qui pourront être sensibles
à tes grandes qualités que l’autre abruti n’avait pas
réussi à reconnaître, qui pourront te réhabiliter et te
revaloriser. Tu mérites un meilleur destin, tu en as
besoin, tu l’appelles de toute ton âme.
«L’homme chasse l’homme»...C’est ce dont tes
copines n’ont jamais cessé de te rebattre les oreilles
afn de t’inviter à dépasser l’échec de ta relation
conjugale, et tu rêvais de ce jour où tu rencontrerais
enfn le prince que tes yeux n’avaient pas su trouver
des années auparavant.
Mais voilà ! Tu es restée trop longtemps mariée,
trop longtemps fdèle à un homme qui n’était qu’une
ombre, et les jeux de l’amour et de la séduction, c’est
quelque chose qui t’est presque étranger, en dépit
de tes deux enfantements et de ta longue expérience
d’épouse. Maintenant par où commencer ? Qui
estu ? Que cherches-tu au juste ? Comment comptes-tu
retourner sur le champ des relations toutes neuves, et
avec quel attirail ? Tu te vois déjà atterrissant dans
ce nouvel univers, la bouche en cœur, et tombant
d’entrée de jeu sur le nouveau prince de ton cœur.
Tu le veux délicat et raffné à souhait, tu imagines
tes pâmoisons pendant qu’il te raconte mille et un
récits de ses exploits parmi les pauvres humains, tu
le devines surtout tombant à la renverse à la seule
vue de ta beauté et de ta grâce si bien préservées,
qu’il se met à louer comme si c’était la seule chose
bénie qui manquait à sa propre perfection ! Tu
t’imagines déjà dans un havre de paix et de tendresse PérégrinationsDélivrance 9
dont tu serais le port d’attache, en compagnie de ce
gentilhomme dont le seul soin serait de meubler de
douceur ouatée cet écrin dont tu serais la perle ! Tu
te souviens encore de ces œillades langoureuses
que des messieurs bien mis te lançaient quand ils
croisaient ton regard, mais auxquels tu refusais le
moindre signe de réponse, de peur de trahir un pacte
que tu étais la seule à respecter; tu te disais pourtant
que dans d’autres circonstances, tu aurais bien voulu
prolonger cet instant magique pendant lequel tu étais
quelque chose pour quelqu’un !
Désormais tu es libre de toute contrainte, et si
jamais certains de ces beaux spécimens de la gent
masculine se présentaient de nouveau devant toi,
tu leur montrerais volontiers avec quelle ardeur tu
saurais recevoir leurs hommages, et avec quelle
sensibilité trop longtemps étouffée tu les inviterais
sur ton sillage dans un bel univers de volupté ! Mais
voilà ! Comme, dans les affaires amoureuses, tu
es une néophyte, tu fais appel à tes copines restées
longtemps célibataires !
Lamia, par exemple, est toujours de bon conseil
pour détecter les hommes distingués : il sufft,
ditelle souvent, de regarder l’état de leurs chaussures
et de leurs mains. Elle est particulièrement sensible
aux hommes qui se font manucurer, et ne peut
s’empêcher de voguer par l’esprit dans des océans
de douces sensations sous les caresses de ces mains
qui semblent n’avoir été si bien soignées que pour
prodiguer des trésors de tendresse. Et si, en plus,
il arbore des chaussures impeccablement cirées,
il faut imaginer l’infnie patience qu’il pourrait
mettre à prendre soin de la reine de son cœur ! Un
homme de ce calibre ne laisse rien au hasard, et ne 10 Pérégrinations
se pardonnerait jamais la moindre négligence pour
entretenir la famme dans le cœur de celle qui a su
retenir son attention!
Malak, quant à elle, ne jure que par les hommes
qui roulent en grosses cylindrées bien rutilantes.
Tous les autres hommes ne sont pour elles que des
perdants qui n’ont été et ne seront jamais que des
bons à rien. Elle n’est pas à proprement parler une
croqueuse de diamants, même si elle ne crache pas
sur le luxe, avec ses chaussures griffées toujours
coordonnées à son sac à main, mais elle éprouve un
mépris profond pour les hommes qui manquent de
vigueur et d’ambition, et à son sens, cela se voit à la
façon dont on arbore ses signes extérieurs de richesse,
et avec quel degré de naturel. Tu ne te souviens pas,
depuis le temps que tu la connais, de l’avoir jamais
vue écumer ailleurs que dans cet univers de
l’ultrachic où elle semble se mouvoir avec une agilité
inouïe ! Et à force, elle a réussi à «décrocher le gros
lot», en épousant un célèbre homme d’affaires qui a
beaucoup fait parler de sa réussite. Un homme qui
s’est construit pratiquement tout seul, et qui, à force
de patience et de persévérance, mais également d’un
sens pointu pour les bonnes opportunités, s’est fait
une place en or dans le milieu des nouveaux médias.
Najia, qui suit souvent votre papotage d’une
oreille distraite a cette fois-ci son mot à dire :
un homme, un vrai, c’est un grand intellectuel,
quelqu’un dont l’empreinte sur la pensée de son
temps est bien visible : un poète, un écrivain, un
artiste de renommée... Sinon, personne ! Car
qu’estce qu’un homme qui ne peut pas s’inspirer d’une
profonde connaissance de l’humanité, ou qui ne soit
doté d’une sensibilité telle qu’elle puisse l’aider à Délivrance 11
deviner jusqu’au plus profond mouvement de l’âme
de sa bien-aimée!...
Najia est professeur de lettres à l’université.
C’est une femme de caractère, qui ne manque
ni de dynamisme ni d’initiative. Tout le long
de sa carrière est marqué par le nombre infni
d’événements culturels qu’elle a initiés ou organisés
et où elle a toujours eu son mot à dire. Son milieu
de prédilection est celui de la création littéraire
et artistique, et dans ce cadre, elle a pu faire la
connaissance de grands noms, dont certains ont
été très proches d’elle. Elle vient maintenant de se
marier, après de longues années de célibat, avec un
collègue dont elle a toujours apprécié la pensée et
qu’elle admirait en secret, jusqu’au jour où, enfn, il
s’est de lui-même rapproché d’elle à l’occasion d’un
colloque. Toujours fdèle à ses principes, elle n’a
jamais dérogé à la règle qu’elle s’est une fois pour
toutes fxée en matière d’hommes, et ne conçoit pas
que toi, sa meilleure amie, qui viens de solder une
relation désastreuse, puisses encore une fois tomber
dans une trappe!
— Ma grande, tu n’as pas le choix ! Tu es une
femme de cœur ! Oublie les moteurs vrombissants et
les verroteries, tout cela ne te sera d’aucune utilité ;
mais un homme épris de savoir et de sagesse, voilà
le véritable trésor!
— Oh ! Ma pauvre Najia, tu ne sais pas ce que
tu racontes, réplique Malak ! Mais c’est tout toi;
tu refuses de descendre parmi les humains et de
regarder la réalité en face ! Tu en connais combien,
d’intellectuels, qui ont réussi à combler leur
partenaire, ou qui ne se retrouvent pas très vite dans
la précarité ? J’aurais bien voulu te suivre sur cette 12 Pérégrinations
voie, mais tu dois le savoir un peu à ton âge : la
poésie, la magie des mots, les idées, c’est beau, mais
ça mange pas de pain ! Ma pauvre Hind, mon conseil
pour toi, parce que je suis ton amie, est d’éviter ce
milieu comme la peste !
Tu les laisses se chamailler au milieu d’un
brouhaha que tu n’entends plus, car leurs évocations
te propulsent dans un drôle de songe.
Te voilà donc bien avancée, avec ces mille et
une théories de l’idéal masculin dont il te faudra,
toi, la seule véritable célibataire du lot, maintenant,
vérifer la fabilité ! Une nouvelle diffculté se profle
soudain à l’horizon.
— Et je fais comment, moi, pour retrouver la
trace de tout ce beau m