Plein sud

Suzanne Marchand

Description

Le jour où Marie Leblanc ne supporte plus les manipulations de son mari narcissique ainsi que de leur vie de couple monotone, elle saute dans sa voiture et fonce droit vers les États-Unis. Sa destination: une maison louée à Blue Parrot Key, en Floride, où elle compte prendre le temps de se reconstruire. Et de réfléchir à son avenir.
En pleine nuit, dans une halte routière, deux inconnus installent une boîte sous l’aile de la voiture de Marie. À son insu, la jeune femme devient la mule de Fayçal Jibril, un sinistre trafiquant américain prêt à tout pour protéger sa marchandise…
Un roman dans lequel l’expression «être au mauvais endroit au mauvais moment» prend tout son sens.
Suzanne Marchand est née à Trois-Rivières et vit à Montréal. Elle travaille en recherche marketing au réseau Sélection. Grande lectrice de thrillers psychologiques, elle s’est inspirée des romans de Gillian Flynn, Paula Hawkins et Lisa Gardner pour concocter une intrigue qui surprendra les amateurs du genre. Plein sud est son premier roman, mais certainement pas le dernier!

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 09 mai 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782897584924
• Langue: Français

Extrait

Guy Saint-Jean diteur 4490, rue Garand Laval (Qu bec) Canada H7L 5Z6 450 663-1777 [e-mail] saint-jeanediteur.com

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Guy Saint-Jean diteur inc., 2018
R vision: Fran oise de Luca Correction d preuves: Johanne Hamel Conception graphique de la page couverture et mise en pages: Christiane S guin Photo de la page couverture: Depositphotos/kmiragaya
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et Archives Canada, 2018
ISBN: 978-2-89758-491-7 ISBN EPUB: 978-2-89758-492-4 ISBN PDF: 978-2-89758-496-1
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Imprim au Canada 1 re impression, mai 2018

Guy Saint-Jean diteur est membre de l Association nationale des diteurs de livres (ANEL).
suzanne marchand
cette heure, si elle tait la maison, son r veille-matin sonnerait. Elle sauterait du lit, enfilerait ses v tements de jogging et sortirait dans la rue. Elle ferait son parcours de cinq kilom tres en commen ant devant leur bungalow, au moment o le soleil se r v le au-dessus du toit de bardeaux. Apr s quelques d tours dans les rues du quartier, elle emprunterait le sentier du parc, c t de l cole primaire. Longerait le mur de briques jaunes. Pendant le quatri me kilom tre, elle sentirait une br lure sous son talon droit, mais ne diminuerait pas le rythme, se pousserait, endurerait la douleur, expirant tous les trois pas, inspirant l air frais au quatri me. Chaque foul e la fois douloureuse et salutaire.
Elle finirait sa course devant la maison. Reprendrait son souffle, les mains sur les hanches, en marchant jusqu la porte. Robert s veillerait peut- tre et lui demanderait de revenir au lit. Elle n oserait pas se refuser lui. Elle irait sous l eau ensuite. Br lante et savonneuse. Elle n aurait pas le temps de d jeuner et se h terait vers la gare pour attraper le train de 7 h 42 vers le centre-ville.
Mais ce matin n tait pas comme les autres. Il tait extraordinairement inhabituel. Une rupture abyssale dans son quotidien. L horloge de son tableau de bord affichait six heures. Le soleil tait lev , mais encore cach derri re les montagnes. On le devinait la teinte indigo des sommets.
Elle tait seule au volant et filait sur l Interstate 87, plein sud.
Table des mati res
1. Au milieu des Adirondack
2. Garden State Parkway
3. Troy, avenue Vanderburgh
4. Interstate 95
5. East Poestenkill, NY
6. Virginie
7. Troy
8. Savannah
9. l est d East Poestenkill
10. Martin s Marina Bait Shop
11. Candiac
12. Baltimore
13. Blue Parrot Key
14. Beaumont College, R sidences F
15. La jungle de Blue Parrot Key
16. Fayetteville
17. Les Keys
18. Marathon
19. Saint Augustine
20. Newark
21. 4001, Plank Road
22. Salle d urgence, Albany Memorial
1
Au milieu des Adirondack
Nicolas-Pierre Janson voyait la silhouette de la jeune femme travers son pare-brise embu . Elle tait derri re le volant d une vieille Honda rouge, gar e pr s du b timent de service de la halte routi re. Elle n tait pas seule. Il y avait sur le si ge passager quelqu un dont on distinguait le contour sombre.
Un lampadaire clairait faiblement la porte menant aux toilettes et attirait les papillons nocturnes. L humidit de la nuit avait p n tr dans l habitacle de sa fourgonnette, immobilis e sur le stationnement. Elle tait en retrait, dans la partie sombre de l aire de repos, moteur coup , comme le v hicule d un touriste qui se repose.
L int rieur de la Honda fut soudainement clair par les phares d une autre voiture qui prenait la voie d acc s de la halte. Nicolas-Pierre reconnut le visage d Amina Debbane derri re le volant de la Honda. Le passager tait un homme, il n avait pas l air beaucoup plus vieux qu elle. Jeune vingtaine, peut- tre moins.
L autre voiture progressait vers eux. Elle roula doucement, d passa la fourgonnette et s arr ta devant le b timent de service. Une femme en descendit, une Qu b coise en juger par la plaque d immatriculation du v hicule. Elle franchit la distance qui la s parait de l immeuble en quelques enjamb es f lines.
Une fois la Qu b coise disparue derri re la porte des dames, Amina Debbane et son compagnon se ru rent hors de la Honda vers la voiture de la femme. "Enfin, il se passe quelque chose , se dit Nicolas-Pierre en se redressant.
Le jeune homme rabattit le capuchon de sa veste. Il tenait un objet dans la main. Une bo te noire, peine plus grosse qu un dictionnaire de poche. Ils s accroupirent la hauteur de l aile arri re, c t passager. Leurs silhouettes taient floues et d form es travers le pare-brise embu , mais Nicolas-Pierre ne voulait pas attirer l attention en actionnant les essuie-glaces. La petite Debbane se redressa et passa quelques secondes examiner le pare-chocs arri re. Elle chuchota ensuite l oreille du gar on et fila dans le b timent des toilettes.
Elle ressortit quelques minutes plus tard aux c t s de la Qu b coise. Les deux femmes chang rent quelques mots en chassant les insectes qui tournoyaient devant leur visage. Amina la salua et alla rejoindre le jeune homme, d j r install dans leur v hicule. Elle d marra, effectua un virage cent quatre-vingts degr s et s engagea sur l Interstate 87 en acc l rant, le moteur de la Honda d chirant le silence des Adirondack.
Nicolas-Pierre se r signa nettoyer son pare-brise. Les feux arri re du v hicule d Amina Debbane n taient plus que deux minuscules points rouges au loin. Son regard tomba sur la Qu b coise. Trentaine. Mince. Cheveux la hauteur des paules. T-shirt moulant. Collant de jogging. Longues jambes. Chaussures de course.
Elle tait debout c t de son v hicule, une Malibu 2012 ou 2013, et fixait l entr e de l autoroute o avait disparu la petite voiture. Apr s quelques secondes, elle d verrouilla sa porti re et prit place au volant. Nicolas-Pierre m morisa le num ro de la plaque d immatriculation en la regardant s loigner. Apr s une minute, il s engagea lui aussi dans la bretelle de l autoroute, direction sud. Son enqu te prenait une tournure inattendue. Et infiniment plus excitante.
2
Garden State Parkway
Il tait neuf heures du matin et toutes les tables du Emma s Coffee Shop taient occup es. Il ne restait plus que deux tabourets en vinyle rouge l extr mit d un comptoir pr s de la cuisine, tout au fond du restaurant. L air tait lourd, charg d odeurs sucr es. Marie traversa la salle manger, s installa au comptoir en d posant son sac main ses pieds. Une fois assise, elle repla a les ustensiles sur le napperon de papier en cherchant la serveuse des yeux.
La r alit la frappa soudainement. Comme si elle avait respir l air de Montr al durant tout son trajet, dans la bulle silencieuse et tanche de sa Malibu, et qu une fois la porti re ouverte sur le stationnement du restaurant, il s tait vapor dans la brise du New Jersey. Maintenant qu elle tait plong e dans le vacarme de la cuisine et les conversations am ricaines, elle s en rendait compte. Elle tait partie. Elle l avait fait. Une fronti re internationale et un massif de montagnes datant du pr cambrien la s paraient maintenant de Robert.
Marie avait si souvent r v de ce d part. Si souvent imagin monter bord d un avion avec son bagage main, s installer pr s du hublot, contempler le ciel vide au-dessus des nuages. D autres fois elle se voyait partir en auto. C tait si simple. Tourner la cl , appuyer sur l acc l rateur et ne plus revenir. l autre bout de ces voyages imaginaires, il y avait un petit logement en solitaire dans une ville inconnue. La destination n avait pas d importance. Seul le d part comptait. La fuite. La coupure nette et irr versible. Puis l apaisement qu apporte la distance.
Elle avait quitt sa banlieue en pleine nuit. Il y avait une station-service 24/7 un peu avant de monter sur la 640 pr s de chez elle. Elle avait fait le plein et tait repartie avec un grand caf sans sucre. Il en restait encore une bonne moiti quand elle avait pass sous les grands panneaux annon ant la fronti re: tats-Unis / USA. Le douanier l avait questionn e longtemps. Apr s tout, elle tait seule. En pleine nuit. Et elle se rendait l autre bout du pays en voiture. M me elle, en s entendant lui expliquer, trouvait son geste louche, presque reprochable. Il avait fini par la laisser partir en lui demandant d tre prudente. Be safe. Il ne savait pas. Il ne pouvait pas savoir. Le danger n tait pas devant. Il tait derri re elle.
Le passage la fronti re lui avait laiss un n ud dans le ventre. L arr t aux toilettes n avait rien chang et elle avait travers les Adirondack en silence avec cette inconfortable aigreur l estomac. Une fois pass Albany, les choses s taient un peu replac es. Le lever du soleil lui avait fait du bien. Ou tait-ce d j l effet apaisant de la distance? Une fois au New Jersey, au milieu de la circulation du Garden State Parkway, elle avait senti le besoin de se mettre quelque chose de so