POUR UNE EROTIQUE GIONIENNE
161 pages
Français

POUR UNE EROTIQUE GIONIENNE , livre ebook

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161 pages
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Description

" Leurs yeux se rencontrèrent… " Cette approche de l'érotique gionienne propose une interprétation de la " scène de première vue " dans l'ensemble de l'œuvre : utilisation de l'espace et du temps, portrait des personnages, analyse de l'effet qu'ils produisent l'un sur l'autre, des échanges verbaux (ou non) et des différents degrés qui les conduisent vers une éventuelle conjonction.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2000
Nombre de lectures 95
EAN13 9782296406773
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

POUR UNE ÉROTIQUE GIONIENNECollection Critiques Littéraires
dirigée par Maguy Albet et Paule Plouvier
Dernières parutions
TCHEUY AP Alexie, Esthétique et folie, l'oeuvre romanesque de Pius
Ngandu Nkashama, 1998.
GUERMÉS Sophie, La poésie moderne, 1998.
RUSZNIEWSKI-DAHAN Myriam, Romanciers de la Shoah, 1998.
DELBARD Olivier, Les lieux de Kenneth White, 1998.
DETIS Elizabeth, Daniel Defoe démasqué, 1999.
BOUTOUTE Eric, Sade et lesfigures du baroque, 1999.
MAYAUX Catherine (ed.), Jean Grosjean, poète et prosateur, 1999.
MIDIOHOUAN Guy Mossito et DOSSOU Mathias D., La nouvelle
d'expressionfrançaise en Afrique Noire, 1999.
YEPRI Léon, Titinga Frédéric Pacere : le tambour de l'Afrique
poétique, 1999.
GAFAÏTI Hafid, Rachid Boudjedra : une poétique de la subversion,
1999.
DALZON Christian, Tom Sharpe, écrivain «populaire», de la farce à
l'ironie, 1999.
LABROUCHE Laurence, Ariane Mnouchkine, un parcours théâtral,
1999.
TEODORO Maria de Lourdes, Modernisme brésilien et négritude
antillaise, Mario de Andrade et Aimé Césaire, 1999.
BASTET Ned, Valéry à l'extrême, 1999.
SEMUJANGA Josias, Dynamique des genres dans le roman africain,
1999.
LABBE Michelle, Le Clézio, l'écart romanesque, 1999.
FOUET Jeanne, Driss Chraibi en marges, 1999.
GUILLAUME Isabelle, Le roman d'aventures depuis L'lIe au trésor,
1999.
KLEIBER Pierre-Henri, Glossaire j'y serre mes gloses de Michel
Leiris et la question du langage, 1999.
PARA VY Florence, L'espace dans le roman africain francophone
contemporain, 1999.
FRIES Philippe, La théorie fictive de Maurice Blanchot, 1999.
ROUX Baptiste, Figures de l'Occupation dans l'œuvre de Patrick
Modiano, 1999.
BOURDETTE DONON Marcel, Les enfants des brasiers ou les cris
de la poésie tchadienne, 2000.PHILIPPE ARNAUD
POUR UNE ÉROTIQUE, GIONIENNE
LA GUÊPE ET LE NARCISSE
L'Harmattan IncL' Harmattan
5-7, rue de l'Ecole-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - Canada H2Y lK9(Ç)
L'Harmattan, 2000
ISBN: 2-7384-8859-5À JACQUES CHABOTL'Amour est muet,. seule la poésie lefait parler.
NOVALISLes références à I 'œuvre de Giono sont faites dans
l'édition Gallimard, Œuvres romanesques complètes,
Bibliothèque de la Pléiade, Paris:
- tome I (édition augmentée), 1995.
- tome IL 1972.
- tome IlL 1974.
- tome IV, 1977.
- tome V, 1980.
- tome VL 1983.
- Récits et Essais, 1989.,
- Journal, Poèmes, 1995.
Ces références, entre crochets après chaque citation,
comportent le numéro de la tomaison en chiffres romains et
celui de la pagination en chiffres arabes.
Pour les textes absents de la Pléiade, l'édition est
précisée dans les notes à l'occasion de la première référence.
À l'intérieur des citations, les mots en petites capitales
sont soulignés par l'auteur du présent ouvrage.INTRODUCTIONL'étude qu'on va lire se propose de donner une
description d'ensemble de la scène de première vue et de son
évolution dans Giono. Elle a pour base méthodologique le modèle
élaboré naguère par Jean Rousset, nourri par les essais de
Georges Bataille et de Roland Barthes sur l'érotisme et le
discours amoureux 1. C'est dire que la description s'y efforce
toujours de conduire vers une interprétation de l'érotique
gionienne. La plupart des scènes étudiées ont été choisies
pour leur caractère représentatif, et souvent exemplaire, des
moments de crise ou d'accomplissement dans la rencontre
amoureuse (d'autres pour leur beauté propre), en nombre
suffisant toutefois pour mettre en évidence, malgré les
inévitables ruptures et parfois à travers elles, une continuité de
conception qui écarterait, s'il le fallait encore, l'idée reçue
d'un Giono première et seconde « manières ».
Quant à la méthode d'analyse, elle postule que tout dans
le récit « a un sens ou rien n'en a »2. De fait, le discours
narratif suppose un choix constant de la part de celui qui le
pro1
Jean Rousset, Leurs yeux se rencontrèrent, La scène de première vue
dans le roman, Corti, 1981 ; Georges Bataille, L'Érotisme, Minuit, 1957 ;
Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux, Seuil, 1977.
2
Roland Barthes, Introduction à l'analyse structurale des récits,
Communications 8, Seuil, Points, 1981, p. 13. Georges Blin note de même que
« le réel ne fait l'objet d'une vision qu'en tant qu'il est l'objet d'une
visée». En termes bachelardiens, « le détail prime le panorama» dans les
œuvres de l'imaginaire (La Poétique de l'espace, op. cit., p. 129).
IlLa guêpe et le narcisse
duit, et ceci jusqu'au plus petit détail, aussi insignifiant qu'il
paraisse à première vue. L'on peut même se demander si ce
ne sont pas, paradoxalement, ces moindres détails qui
décident parfois de la signification ultime d'un récit car celle-ci
ne se trouve pas, dans les œuvres de l'imaginaire, là où elle
est nécessairement dans la réalité, c'est-à-dire à sa place. À la
manière de la « lettre volée », elle est toujours déplacée (par
métaphore et (ou) métonymie, voire tous azimuts), elle crève
les yeux et l'on ne la voit pas parce qu'on la cherche là où
elle est censée se trouver (ou se cacher). Et il faut s'attendre à
ce que la surmoiïsation (Deleuze) particulière au discours
érotique (et surtout amoureux) suscite une stratégie de
camouflage d'autant plus élaborée. Sa signification, comme celle du
rêve selon Freud, doit donc être recherchée d'abord dans les
traits les plus négligeables en apparence et aussi bien dans
ces notations périphériques que Stendhal appelait
marginaliaI. Le travail de l'imaginaire et celui du rêve ont en effet
ceci en commun de la concentrer dans les marges, et
particulièrement dans tout ce qui peut paraître inutile, parfois dans
d'infimes détails, de sorte que c'est le mot même qui pourra
être, à l'occasion, décomposé en éléments significatifs.
Le modèle de description a décidé dans une large
mesure du corpus retenu. L'érotique gionienne est saisie et
analysée en action, c'est-à-dire dans des scènes qui
suppo1 Au sens le plus large du « paratexte », soit tout ce que Giono écrit en
marge mais aussi bien autour -ou en regard- de ses œuvres
(commentaires, variantes, passages supprimés tel le premier chapitre du Hussard
sur le toit, jusqu'à certains textes considérés sans doute comme mineurs
et dès lors peu sollicités par la critique à ce jour).
12sent un échange minimum entre les partenaires, par exemple
celui que Jean Rousset a fixé dans le titre de son étude:
Leurs yeux se rencontrèrent. Ce critère n'exclut pas toutefois
que l'on éclaire certaines d'entre elles en amont ou en aval.
La « pré-rencontre» peut en effet affecter et parfois ruiner
la rencontre elle-même, tandis que d'autres scènes seront
étudiées dans leurs suites de façon à mettre en évidence
quelques schèmes fondamentaux dans la formation du couple.
La démarche adoptée procède de ce modèle et des
catégories impliquées dans la scène de première vue: utilisation
de l'espace et du temps, portrait des personnages, analyse de
l'effet qu'ils produisent l'un sur l'autre, des échanges
verbaux (ou non) et des différents degrés qui les conduisent
vers une éventuelle conjonction. Elle tentera de marquer les
principaux points de rupture (ou de suture) entre les
différentes scènes, de rendre compte des diverses voies explorées
par le personnage gionien, de montrer comment celles-ci se
ferment l'une après l'autre devant lui jusqu'à le contraindre
dans une œuvre restée, de façon sans doute significative,
inachevée, à la transgression.
13I
L'AIRE DE JEU« Ce serait très désagréable (et raté) de suggérer (sans
le vouloir) que le drame se passe en l'air» [IlL 628J. De fait,
la scène gionienne se joue sur une aire qui contribue
puissamment à conférer aux personnages leur présence physique
et même leur épaisseur psychologique (round characters
disait Forster) q

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