Quand le bonheur se fait chagrin
132 pages
Français

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Quand le bonheur se fait chagrin , livre ebook

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Description

Elle se prénomme Jeanne-Isabelle, et elle est au cœur de ce roman. Tout commence par la découverte, dans la maisonnette de son père, d’une malle renfermant deux manuscrits inédits plutôt troublants. Deux textes très différents, tant par le contenu que par le style, mais entre lesquels existent des liens étroits. Deux récits qui excitent d’autant plus la curiosité de Jeanne-Isabelle que l’un d’eux s’inspire de sa propre vie. Mais le plus étonnant n’est pas là, car ce roman énigmatique nous réserve bien d’autres surprises et de multiples rebondissements. Quand le bonheur se fait chagrin est une comédie de mœurs qui fait la part belle aux sentiments, et où de fringants jumeaux occupent une place majeure. Un roman aux allures de polar, mené tambour battant, qui ne lésine pas sur les émotions. Un texte écrit dans une langue tantôt moderne, tantôt classique, tour à tour poétique et jubilatoire. Qui plus est, ce livre, subtilement construit, laisse entrevoir les dessous de l’intrigue et les ressorts de la création littéraire. Il s’ensuit une histoire passionnante avec un suspense qui ne se dément jamais. On y croise des êtres attachants et des individus déplaisants, des amours échevelées et des destins contrariés. C’est captivant jusqu’à ce funeste dénouement pas vraiment dramatique pour tout le monde.

Informations

Publié par
Date de parution 23 juin 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312022840
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR

L’ÉCRITURE EST UNE DROGUE DURE
Les Éditions du Net, 2013.
————

LE QUOTIDIEN D’UN “O.S.” DU JOURNALISME
ou l’édifiant témoignage d’un correspondant de presse nantais
Éditions du Petit Pavé, 2011.

RETROUVAILLES À L’ANSE ROUGE
Éditions du Petit Pavé, 2009.

LE RETOUR DE L’ABBÉ FOURNIER
Éditions du Petit Pavé, 2007.

AU-DELÀ DES APPARENCES
Éditions Opéra, 2002.

POUR QUELQUES MOTS DE TROP
Éditions Opéra, 1997.

L’ARLEQUINE
Media France Éditions, 1994.
Quand le bonheur se fait chagrin
Quand le bonheur se fait chagrin , évoquera chez certains Il pleut sur Nantes , cette chanson où Barbara raconte sa venue dans la cité nantaise pour retrouver ce père disparu qui enfin la réclame : « Il pleut sur Nantes / Donne-moi la main / Le ciel de Nantes / Rend mon cœur chagrin. » Hélas ! ce sera un rendez-vous manqué. Dans le présent roman, la douleur familiale est d’une autre nature. Et si le chagrin le dispute au bonheur, l’espérance tient tête au désespoir.












Illustration de couverture : photo de Jean-Pierre Raison ; droits réservés.
Jean-Pierre Raison









QUAND LE BONHEUR SE FAIT CHAGRIN
roman









LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02284-0
Introduction
La grande peur de l’an 2000 m’avait laissé froid, et la température de janvier, qui me paraissait conforme aux normales saisonnières, renforçait ce détachement face aux grands éléments. Ma préoccupation du moment, liée à mon activité littéraire, était d’un autre ordre. Je voulais renouveler mon style et je peinais à le faire évoluer, enlisé que j’étais dans un classicisme suranné.

Grâce au ciel, ma fille adorée, qui n’avait pas vu son frère depuis de languissantes années, eut l’occasion de le rencontrer. J’aurais eu moi-même un vif plaisir à le retrouver, mais sa mère, femme rancunière, me priva de ce bonheur-là.
Qu’importe, pour contourner l’obstacle et compenser ce manque, mon imagination se mit en branle, et cahin-caha, grâce à ce contretemps, disons cet aléa, s’entama le roman que voilà.

Plus tôt qu’à l’ordinaire, les frimas de l’an 2000 naissant se transmuèrent en brise printanière. Et ce fut dans mon esprit comme un enchantement. Jamais je ne m’étais senti si léger, si fringant et si performant. Mon style, je le tenais, et il faudrait me tuer pour m’en déposséder.
Je tenais plus encore entre mes mains ces enfants de naguère séparés par un destin contraire, ces créatures aimées que j’allais réinventer pour le plus grand bien de la culture livresque. Et comme un chat ne saurait faire de chien, l’un embrassa la peinture, et l’autre la littérature.
Cela posé, qu’ils soient artistes ou chenapans ne change rien au romanesque de ce récit fictif, qui se résume en vérité à une fabuleuse histoire d’amour. D’un amour aussi fou que courtois, qui réjouira les vieux et les adolescents, les âmes sensibles et les cervelles racornies, tant mes agneaux de vingt ans sont tendres, beaux et charmants. Elle, se prénomme Irène, et l’honneur lui revient d’entamer cet ouvrage qui, nonobstant son talent, ne coule pas de source. L’acte d’écrire, qui réclame folie et fantaisie, se vit dans la joie et la souffrance, et il arrive que l’inspiration expire après de longs soupirs…
Première Partie ILS ONT VINGT ANS, ET C’EST L’ÉTÉ
… Malgré un début flamboyant, Irène, écrivaine en herbe et jeune pousse de la littérature, doute d’elle-même, et se montre insatisfaite.
Elle s’en ouvre à Guillaume, en qui elle a une confiance absolue. Si ce dernier n’est pas un lecteur chevronné, il a une sensibilité ma foi bien aiguisée. Son jugement ne sera sans doute pas déterminant, mais, pense-t-elle, grâce à leur discussion, la mécanique inventive va s’enclencher, et le livre profiter de cette lancée. Surtout, elle sait que Guillaume ne lui mentira pas, et quoi qu’il dise, elle le croira, pour la bonne raison que Guillaume est son jumeau, l’amour de sa vie… jusqu’à aujourd’hui.
1
Nous avons vingt ans et nous ne pensons qu’à nous aimer.
Nous habitons un moulin de meunier au sommet d’une colline parsemée de genêts. Autour, c’est la campagne. Par temps clair, on voit très loin. À l’ouest, au-delà de l’horizon, il y a l’océan. Le hameau le plus proche se trouve à six kilomètres. Une ferme abandonnée se meurt en bas de chez nous.
Car le moulin est à nous. Un don du ciel : sans lui, notre histoire d’amour n’aurait jamais existé. Qu’avons-nous fait au Bon Dieu pour mériter ce grand bonheur ? Combien de temps durera cette idylle paradisiaque ?
Ici, nous vivons comme sur une île déserte. Sans eau courante ni électricité. On s’éclaire avec des lampes-tempête, on s’abreuve et on se lave avec l’eau du puits creusé au pied de la colline. On mange aussi, mais alors on va faire nos courses chez Liliane, qui tient la supérette de Gétignac. Notre dernière acquisition : un réchaud à gaz.
Ce matin, à onze heures, c’est la canicule. Je suis étendue dans l’herbe, nue au soleil. Nous avons fait l’amour cette nuit, et il m’en reste une secrète envie de me caresser. J’aime la chair, la mienne et celle de Guillaume.
Guillaume et moi, nous sommes avides l’un de l’autre. On se regarde, on se désire, on se touche, on s’enlace et nos corps s’entrelacent. Parfois, après, on se dit « je t’aime », ou alors on s’embrasse, on se frotte, on s’enflamme, et à nouveau on s’aime. Si on s’écoutait, on se câlinerait continuellement. Mais l’on ne passe pas tout notre temps à s’écouter, on se parle. On adore converser de tout et de rien. On joue beaucoup avec les mots. Nous allons jusqu’à faire l’amour en paroles.
Je suis belle et sensuelle, il est irrésistible. On a vingt ans, seul compte le présent. Nous vivons au jour le jour, en croquant l’instant qui s’écoule. Guillaume est à moi, je suis à lui, on s’appartient corps et âme, le reste n’est que littérature.
La littérature ? Vaste sujet. Les livres ? Nos compagnons fidèles. Ils vivent en ménage avec nous, ils nous habitent. Que des romans. Ils sont partout dans notre moulin, mais pas n’importe où. On ne les laisse pas vagabonder, la bohème n’est pas notre genre.
Nous ne sommes pas des rêveurs ni des contemplatifs, encore moins des idéalistes. Guillaume et moi, nous sommes heureux ensemble et vivons en harmonie avec la nature. Qu’est-ce qui nous unit en dehors de l’amour et des livres ? Peut-être une certaine sensibilité artistique : j’écris, il peint.

Je viens de me relire et je suis mécontente de moi. Notre histoire, je n’arrive pas à l’écrire. Je ne sais pas comment la raconter. Raconter deux êtres qui s’aiment, est-ce possible ?
– Irène ! Où es-tu ?
– Sous le pin parasol, je relis mon début de roman.
– Montre-moi mon ange… Oh là !
– Oh là quoi ?
– Pas une seule rature ! Comment tu fais ?
– Je suis dessus depuis trois jours et j’ai recopié huit fois.
– Pourquoi t’achètes pas un ordinateur ?
– Parce que ça ne marche pas au gaz !
– Faudra que j’en parle à ce Yankee de Bill.
– Bill qui ?
– Tu connais deux Bill aux USA ? Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, accessoirement l’homme le plus riche du monde. [Aux yeux de Guillaume, Bill Clinton, qui était alors (en 2000) président des États-Unis, comptait donc pour du beurre.]
– Sois sérieux, Guillaume… dis-moi ce que tu penses de ma prose.
– Donne-moi le temps de la déguster.
– Guillaume, lis et sois critique.
– Je t’ai déjà menti, Irène ?
– Lis.
Guillaume lut, sans donner le sentiment de lire, et Irène attendit, avec l’air de s’attendre à tout et à rien :
– Alors, qu’en dis-tu ?
– J’en dis que je ne sais pas si j’aurais entamé le livre comme toi. Plutôt que de planter le décor, je serais entré illico dans le vif du sujet.
– Mais mon sujet, c’est nous, et, remarque-le, j’attaque bille en tête sur nous.
– Ta manière de procéder me semble trop théâtrale et un peu abstraite. Moi, j’aurais démarré par du concret.
– « Nous avons vingt ans et nous ne pensons qu’à nous aimer », c’est pas concret ?
– Pas vraiment. En revanche, quand tu dis « j’aime la chair », ça me touche.
– Et quand je te touche, est-ce que tu aimes ?
– Laisse-moi aller au bout… Tu ne devrais pas mêler notations objectives et appréciations personnelles.
– Tu voudrais que je tienne un journal avec faits d’un côté, commentaires de l’autre.
– Non. J’aimerais mieux que tu ne mélanges pas tous les plans : tu décris, tu expliques, tu suggères, tu affirmes. D’une certaine façon, ton début ressemble à une introduction. C’est une espèce de résumé qui, en plus ramassé, pourrait figurer au dos de la couverture. Encore que tu déflores le sujet au lieu de donner envie de lire.
– Il faut bien que le lecteur s’y retrouve.
– Tu n’as pas à le mener par le bout du nez, tu dois prendre davantage de distance par rapport à lui, et donc par rapport à ton texte.
– Un peu intello, non ? Et mon style, il est comment mon style ?
– Il est composite et glacial.
– Charmant !
– Tu voulais une critique honnête et constructive, tu l’auras… Tu devrais adopter un seul et même ton dès le début. D’où la question : quel type de roman veux-tu écrire ?
– Un roman d’amour.
– Alors, montre-nous deux êtres qui s’aiment.
– Comme nous ?
– Nous, on ne s’aime pas, on s’adore.
– Waouh ! J’adore ta sincérité mon Guillaume. Je vais te faire une confidence, ce début, il ne me plaît pas non plus. Plus exactement, il ne me plaisait pas avant que nous en parlions. Mais en y ajoutant notre dialogue, il prend tout son sens et devient bon, non ?
– Subtile ton idée… Et tu comptes m’utiliser ainsi jusqu’à la fin de ton livre ?
– Non, ce roman je vais l’écrire toute seule, comme une grande.
– Tu crois vraiment réussir à le faire toute seule ton bébé ?
Irène fixa les lèvres de Guillaume, comme hypnotisée par cette réplique, puis lui tendit la main :
– Déshabille-toi et viens m’enlacer !
Ils se roulèrent dans l’herbe, bouche contre bouche, sous les ailes protectrices du vieux moulin.
*
La gérante de la supérette

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