L’itinérant Marcel Dacier se substitue sans témoin à un certain Simon Baume, dont il est le sosie intégral, sur les lieux de l’accident mortel de ce dernier. Cela le fait entrer dans une famille de milliardaires de l’Escarpement du Niagara. Il y redresse un certain nombre de torts et se gagne quelque peu la confiance de cet univers bourgeois glauque, en le prenant doucement dans l’angle du bon amnésique. Le travesti est parfait. Mais, quand tout semble se mettre en place, insidieusement quelque chose coince, frotte, se casse. Et notre homme devra se dévoiler. Les représentants de son nouveau milieu devront le faire aussi, en une tumultueuse dégringolade de sincérité et de vérité non voulue, que personne n’avait vue venir.
Se travestir est un acte calculé, stratégique, méthodique, fondamentalement stable, même à travers le détail fourmillant de ses divers rajustements tactiques.
Se dévoiler est plutôt un effondrement, un effet de forces éminemment involontaires, une catastrophe, au sens le plus pur du terme, une capilotade effilochée, échancrée et filandreuse qui, si elle rencontre parfois certains assentiments secrets, rampants, occultes, s’impose à nous, malgré nous, s’enchevêtre en torons cauchemardesques tout autour de nous, et nous force à la plus échevelée et la plus fatale des cascades d’improvisations.
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