Soudain l étrangeté
72 pages
Français

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Description

Un homme traverse un désert. Deux amies partent en excursion. Un éleveur de chevaux quête son chemin vers l’hippodrome. Une foule se fait parachuter des billets de loterie. Au début, tout semble vraisemblable… Et puis, soudain, une faille — un regard différent, une attention autre, une logique détournée, un ancrage précis — et nous voilà entraînés malgré nous dans une histoire bien étrange.
Côtoyant tantôt l’absurde, tantôt l’horreur, la fantaisie ou le mystère, les nouvelles réunies dans ce recueil s’amusent, dans un style juste et délicat, à nous surprendre, parfois à nous confondre, pour nous faire réaliser que la vie n’est pas toujours aussi ordinaire qu’on croit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895972280
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SOUDAIN L’ÉTRANGETÉ
DE LA MÊME AUTEURE
Œuvres – Jeunesse
Le collier de la duchesse (album) , Ottawa, Éditions L’Interligne, 2009.
Les chercheurs d’ étoiles , Ottawa, Éditions L’Interligne, « Cavales », 2008.
Avenue M comme Mystère , Montréal, Éditions du Phœnix, 2008.
Poupeska , Ottawa, Éditions L’Interligne, « Cavales », 2006. Prix du livre d’enfant Trillium 2006. Prix LeDroit du livre pour la jeunesse 2007.
Léo sur l’eau , Montréal, Éditions du Phœnix, 2006.
Le cadeau de l’ours (album), Ottawa, Éditions du Vermillon, 2006.
Le Noël de Florent Létourneau (album), Montréal, Les 400 coups, 2004.
Le héron cendré (« Sébastien de French Hill », 3), Ottawa, Éditions L’Interligne, « Cavales », 2004.
Le montreur d’ours (« Sébastien de French Hill », 2), Ottawa, Éditions L’Interligne, « Cavales », 2003.
Le chant des loups (« Sébastien de French Hill », 1), Ottawa, Éditions L’Interligne, « Cavales », 2003.
Études
Paule Daveluy ou la passion des mots , Montréal, Pierre Tisseyre, 2003.
Daniel Mativat , Ottawa, Éditions David, « Voix didactiques — Auteurs », 2003.
Histoire de la littérature pour la jeunesse. Québec et francophonies du Canada , Ottawa, Éditions David, 2000. Prix Gabrielle-Roy 2000. Prix Champlain 2001. Prix du livre d’Ottawa 2002, Catégorie non-fiction.
Françoise Lepage
Soudain l’étrangeté
NOUVELLES
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Lepage, Françoise
Soudain l’étrangeté / Françoise Lepage.

(Voix narratives)
Nouvelles.
ISBN 978-2-89597-123-8
I. Titre. II. Collection : Voix narratives
PS8573.E5888S68 2010 C843’.6 C2010-900645-3

ISBN format ePub : 978-2-89597-228-0

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa. En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

L’auteure remercie la Ville d’Ottawa pour l’aide financière accordée à la rédaction de ce recueil.

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3
www.editionsdavid.com
Téléphone : 613-830-3336
Télécopieur : 613-830-2819
info@editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2010
À Sylvie
NOUVELLES
L’enfant de Figueras
L’homme pousse la porte vitrée sans même y prendre garde. De vastes surfaces de marbre beige s’offrent à son regard. Il s’avance à grands pas dans cet espace anonyme et se retrouve soudain face à un rocher percé qui laisse apercevoir un paysage troublant, vide et inerte. Au loin, un curieux monument fait de trois boules blanches accrochées à une tige métallique tordue, ridicule fleur moderniste, souligne encore plus intensément la vacuité du lieu et l’absence de toute vie humaine. Étrangement, le trou dans la muraille de pierre est surmonté d’une pendule déformée, dont les aiguilles sont arrêtées à six heures moins cinq.
Six heures moins cinq : l’heure à laquelle l’homme a l’habitude de se lever le matin. La pendule doit être cassée, car ses aiguilles se sont arrêtées à deux doigts de l’alignement parfait. Elles ne bougent plus. Le visiteur contourne le rocher percé et se retrouve dans une immense plaine. Sa surface ressemble à une croûte sableuse dont les grains se seraient amalgamés sous l’action de la sécheresse et d’une intense chaleur. La lumière est violente; le vide, vertigineux. L’homme croit déceler un monticule gris dans le lointain, susceptible de le porter à la rencontre de ses semblables. Confiant, il se met en marche.
Il ne cesse de chercher des yeux quelque repère qui lui permettrait de deviner où il se trouve, mais son regard ne rencontre rien de connu. Parfois une plante bizarre, dont la corolle, tournée vers le bas, s’épanouit à l’extrémité d’une tige très longue, retient un instant son attention. Ou encore des ossements, dont il cherche la provenance. Cette mer ocre lui rappelle les images de la planète Mars que le robot Spirit et la sonde Mars Express ont explorée et photographiée au début du XXI e siècle. La planète rouge. Se trouverait-il sur ce territoire inhospitalier? L’homme marche depuis très longtemps, lorsqu’il arrive à une crête rocheuse qui lui barre la route. Sans hésiter une seconde, il en entreprend l’ascension.
Quelle n’est pas sa surprise de constater que de l’autre côté le spectacle est tout autre! La terre ocre cède la place à un curieux glaçage bleu-vert sur lequel apparaissent, ici et là, par transparence, des lueurs écarlates. On dirait des projecteurs, enterrés dans le sol, l’éclaboussant de flaques rouges. Du sang dans la mer. L’écoulement repoussant d’un abattoir urbain ou de quelque monstrueuse salle de torture. Plus loin, une lumière crépusculaire baigne un paysage accidenté sur lequel on peut deviner de curieuses formes immobiles. Peut-être des rochers rongés par l’érosion ou de grosses sculptures contemporaines aux formes irrégulières. L’homme décide d’aller voir de plus près. Il pose un pied hésitant sur la surface bleue, moirée de rouge, mais elle est froide et solide. Aussi dure que la plaine ocre qu’il vient de quitter.
Plus l’homme approche, plus il ralentit l’allure. Ce qu’il croit percevoir le déconcerte et lui donne la nausée. D’énormes têtes humaines chauves et comme irradiées, aux lèvres tuméfiées et déchirées, semblent s’écouler par l’arrière en une écharpe de chair en liquéfaction, soutenue par des béquilles. L’homme n’ose toucher à ces crânes répugnants, distendus, martyrisés. L’idée d’une immonde entreprise de torture hante à nouveau son esprit. Ou bien s’agit-il simplement d’une allégorie de la vie humaine, accablée par un corps torturé et torturant qui l’assaille sans relâche? De l’enfance à la mort, les corps ne deviennent-ils pas méconnaissables? Ne nous faut-il pas de multiples béquilles pour nous tenir debout tout au long du voyage? Ou bien ce que l’homme voit n’est-il pas, au fond, qu’une objectivation de ce qu’il abrite dans son propre esprit? Depuis tant d’heures qu’il marche sans avoir rencontré âme qui vive, comment expliquer la présence de ces ignobles agencements?
Il en est là de sa réflexion, quand il entend, derrière lui, un léger éternuement qui le fait se retourner. Un enfant de six ou sept ans se tient là, vêtu d’un costume de marin, comme en portaient les petits garçons au début du XX e siècle : bermuda et vareuse bleu foncé, grand col rectangulaire bleu à liseré blanc, béret bleu marine. Il tient un cerceau à la main. Il contemple l’odieux paysage sans manifester la moindre émotion, comme s’il le voyait tous les jours en allant à l’école. D’où vient cet enfant? Voilà un spectacle qui n’est pas de son âge, se dit l’homme. De quoi le dégoûter de vivre!
— Bonjour, fait l’homme en se baissant légèrement.
— …
— Est-ce que tu me comprends?
Le petit se tapote les oreilles en montrant un signe d’impuissance et de découragement. L’homme se dit que l’enfant doit être sourd et muet. Où sont ses parents? Habitent-ils dans les environs? L’enfant serait-il orphelin? Occupé à ramasser des cailloux, le gamin semble se désintéresser complètement de l’homme, qui passe son chemin et remonte les collines par où il est arrivé. Quand il se retourne, il est surpris de constater que l’enfant le suit.
— Tu veux m’accompagner? Viens, propose l’homme, en lui tendant la main.
L’enfant la saisit, grogne pour attirer l’attention de son nouvel ami et, d’un geste du bras droit, lui montre le lointain, où une chaîne de montagnes se dessine sur le ciel.
— Tu veux aller par là?
L’enfant tire tant qu’il peut, l’homme suit. Ils marchent longtemps sur le sol ocre. Le silence est absolu. Pas un oiseau, pas un souffle de vent, pas âme qui vive sinon cet enfant, venu de nulle part, qui semble tout savoir, mais qui n’entend rien et qui ne parle pas. Au bout d’une demi-heure, les marcheurs aperçoivent, légèrement sur leur gauche, une petite table ronde, en bois, dont l’axe central se termine par quatre pieds tarabiscotés reposant sur un tapis à carreaux beiges et bruns. Trois verres à pied bas contenant chacun une cuillère marquent la pointe d’un triangle isocèle inscrit à l’intérieur du cercle.
— Qu’est-ce que c’est? demande l’homme en montrant la table à l’enfant.
Celui-ci hausse les épaules en signe d’ignorance, gonfle ses joues et continue son chemin, comme s’il n’avait rien vu. En proie à une perplexité croissante, l’homme lui emboîte néanmoins le pas. Le paysage devient de plus en plus rocailleux. Le sol, auparavant très lisse, se hérisse de multiples aspérités. Fatigué, l’enfant marche avec difficulté. L’homme contemple le tableau insolite qui s’offre à son regard. Encore des corps torturés, soutenus par des béquilles, des bras et des têtes coupés, des constructions étranges, des téléphones et des montres liquéfiés. L’espace ressemble à un vaste dépotoir où les restes humains côtoient les rebuts d’une civilisation en décomposition. Le visiteur ressent une impression de malaise. Dans quel monde vit-il? Il sent le besoin d’accélérer l’allure pour laisser derrière lui cet incroyable bric-à-brac dénaturé. Il franchit de nouveau, mais dans l’autre sens, la porte vitrée qui lui a donné accès à cet univers étrange.
Tout à coup, l’enfant ressurgit dans son esprit. Qu’est-il devenu? L’homme a des remords de l’avoir abandonné. Il s’apprête à revenir sur ses pas quand, soudain, ses yeux tombent sur une affiche placardée sur un tableau de bois. Dans son costume marin, l’enfant est là, sur l’affiche, avec son cerceau. Une banderole, au-dessus de lui, annonce une exposition : « Fundacion Gala-Salvador Dali, Figueras » .
Le cheval de course
D’une démarche quasi sautillante, Arnaud descend l’avenue qui le conduit à l’arrêt d’autobus. Il fait beau. Tout va bien dans son petit univers familier. Il sifflote. Son regard est subitement attiré par une camionnette qui roule lentement dans la même d

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