Sous la pierre
266 pages
Français

Sous la pierre , livre ebook

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266 pages
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Description

Après plus de vingt ans passés comme restaurateur de cathédrale, Casimir Couderc devient sculpteur en titre de la cathédrale de Rodez. Là, il découvre le passionnant projet qui mobilisera sa fin de vie et qui sera une merveilleuse découverte de son talent de créateur. Il est aidé dans cette tâche par Anita, sa nièce, et Julien, élève maître, qui découvrent qu'ils s'aiment. Séverin, jeune séminariste, découvre de son côté que pour lui Satan est plus fort que Dieu. Une tranche de vie durant laquelle chacun des quatre protagonistes cherche le sens de son existence.

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Date de parution 05 avril 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140035128
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

sĐulpteuƌ eŶ ïtƌe de la ĐathĠdƌale de Rodez. Là, îl dĠĐouvƌe Ƌu’uŶ passîoŶŶaŶt pƌojet peut ŵoďîlîseƌ sa iŶ de vîe : ŵeuďleƌ les douze ŶîĐhes vîdes Ƌuî eŶtouƌeŶt la
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de soŶ taleŶt de ĐƌĠateuƌ. Il est aîdĠ daŶs ĐeTe tâĐhe paƌ deux jeuŶes, AŶîta, sa ŶîğĐe,
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SataŶ Ġtaît plus foƌt Ƌue Dîeu.
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Pƌofesseuƌ ĠŵĠƌîte de lîTĠƌatuƌe espagŶole, a ďeauĐoup ĠĐƌît eŶ style uŶîveƌsîtaîƌe. Il a ĐoŶtƌîďuĠ à populaƌîseƌ eŶ FƌaŶĐeLa RĠgeŶte;FayaƌdͿ, Đhef-d’œuvƌe du ƌoŵaŶ ƌĠalîste du XIX sîğĐle, ĠĐƌît paƌ Leopoldo Alas, dît ClaƌíŶ, aîŶsî Ƌu’uŶ ƌeĐueîl de ĐoŶtes de Đe deƌŶîeƌ,Le ĐoƋ de SoĐƌate;JosĠ CoƌïͿ. À paƌïƌ de ϮϬϭϬ, îl se ĐoŶsaĐƌe pƌîŶĐîpaleŵeŶt à l’ĠĐƌîtuƌe de iĐïoŶs. Depuîs ĐeTe date, îl a puďlîĠ ĐîŶƋ ƌoŵaŶs et uŶ ƌeĐueîl de ĐoŶtes.
Yvan Lissorgues
Sous la pierre Roman
Sous la pierre
Écritures Collection fondée par Maguy Albet Pommier (Pierre),Masques, 2017. Bejjani Raad (Nada),Le jour où l’agave crie, 2017. Lamy (Laurya),Marée montante, 2017. Payet (Sylvie),Camélia rouge, 2017. Maeght (Brigitte),Puisque c’est écrit, 2017. Serrie (Gérard),Au bord du Gouf, 2017. Noël (Sébastien),Conquête du pouvoir, 2017. Steinling (Geneviève),Histoires d’amour, de folie et de mort, 2017. Augé (François),Début de roman, 2017. Mandon (Bernard),Belleville tropical, 2017. Lemna (Camille),Alors, on fait comment pour les clés ?, 2017. Denis (Guy),Le souffle d’Allah, 2017. Mounier (Pascal),L’homme qui ne voulait pas mourir, 2017. D’Aloise (Umberto),Manhattan 1907, 2017. Pialot (Robert),La courtisane rouge, 2017. * ** Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Yvan Lissorgues Sous la pierre Roman
Du même auteur (livres en français) La pensée philosophique et religieuse de Leopoldo Alas (Clarín) – 1875-1901, Éditions du CNRS, Paris, 1983 (existe en version en espagnol). La rénovation du roman espagnol depuis 1975, Yvan Lissorgues (coordonnateur), Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1991. Traductions Leopoldo Alas dit Clarin,La Régente, Fayard, Paris, 1987 (Groupe de traducteurs. Introduction de Yvan Lissorgues). Leopoldo Alas dit Clarin, Le coq de Socrate et autres contes (édition bilingue), traduction de Yvan Lissorgues et Jean-François Botrel, introduction de Yvan Lissorgues, Éditions José Corti, Paris, 1992. Fictions Le « Cahier noir » de Firmin Coste, dit « Le Poète », Éditions Publibook, Paris, 2013. Banc public, roman, Éditions Atramenta, 2014. Ce temps des cerises, roman, Éditions de L’Harmattan, Paris, 2015. Crématorium, roman, Éditions Édilivre, Paris, 2015 Lucie et autres contes illustrés, Éditions Édilivre, Paris, 2016 Manuelita,roman, Éditions de L’Harmattan, Paris, 2016 © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11926-7 EAN : 9782343119267
Pour Alba, quand viendra l’heure.
I La calme progression du jour à travers les rues et les ruelles semblait irriter ce vent d’autan qui, après avoir jailli de l’horizon lumineux comme une douce caresse, devenait de plus en plus violent. On eût dit qu’il s’agaçait de devoir partager sa présence dans la ville avec cette lumière implacable et peu à peu une sorte de rage gonflait les échines moites de ses vagues successives qui venaient s’abattre sur les façades et enveloppaient brutalement les passants dans ses remous tièdes d’onde captieuse. En milieu de matinée, alors que le soleil imperturbable avait fixé ses quartiers lumineux sur la vieille capitale des Ruthènes, ce chaud disciple d’Éole déchaînait sa fureur en violentes rafales qui soulevaient jusqu’à la hauteur des toits des tourbillons de feuilles d’automne, de papiers, d’immondices, de poussières diverses levées dans les caniveaux. Les bouts de journaux arrachés des poubelles avaient le vol saccadé des papillons, montant et descendant au gré de la tourmente. Sur la place de la Cité, où s’était installé avant le lever du jour le marché du samedi, les bâches protectrices des étals avaient été prestement roulées et couchées sous les longues tables avant d’être transformées en objets volants, comme l’était parfois le billet de banque arraché des mains du vendeur ou du client aussitôt précipité dans une sinueuse course de récupération, émaillée de jurons plus ou moins tonitruants. Sur les façades, les volets non crochetés chargeaient de leurs claquements violents les sifflements du vent qui s’engouffrait avec fureur dans les ruelles du centre-ville.
La majestueuse cathédrale de grès rouge, tenue pour une des plus belles de France par le cardinal de Richelieu, recevait de plein fouet sur sa façade Sud les impétueuses rafales qui arrachaient de petits grains de ce beau grès rouge qui allaient frapper les visages des passants aveuglés, poussés par saccades sur le tour de ville, la place d’Armes ou vers la place de la Cité. La fatigue et la nervosité se lisaient sur les visages portés par ces corps inclinés par le souffle qui chancelaient parfois comme enivrés. Cet autan déchaîné, arrivait du Sud et suscitait au passage la colère des fous de l’asile de Cayssiols, dont il se chargeait des hurlements qui arrivaient par vagues sinistres sur la ville et ajoutaient une note lugubre à ce concert de sifflements, de claquements et de bruits insolites qui assourdissaient les oreilles. Les lettrés de la ville se demandaient, en ce jour d’automne de 1955, si le grand écrivain Antonin Artaud, hospitalisé à l’asile de 1941 à 1943, hurlait lui aussi en son temps les jours où soufflait la tempête de l’autan ! Casimir Couderc, le sculpteur attitré de la cathédrale, s’était réveillé, comme d’habitude, aux premières lueurs de l’aube. La lumière entrait dans sa demeure, sa « cahute », comme il disait parfois, par l’unique fenêtre ouverte sur l’arrondi de la tour. C’était, de l’extérieur, une belle fenêtre de style Renaissance avec cette sorte d’accolade renversée parfaitement taillée dans une pierre blanche, du calcaire probablement. Depuis le bout de la coursive qui courait, sur une quarantaine de mètres sous les six arcs-boutants, jusqu’à la balustrade de pierre de la façade Sud, du haut de laquelle il aimait voir gigoter en bas les Ruthénois rapetissés par la distance, sa fenêtre était un carré blanc sur fond rouge patiné. Alors, oui, elle avait de la gueule sa fenêtre. Par contre, ce qui détonnait dans toute cette belle architecture, c’était ce long poêle noir
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remisé en été dans le coin formé par le rond de la tour et le mur de la basilique, avec, en plus, à ses côtés, le petit tas de bois recouvert d’une vieille bâche verdâtre. Sa fenêtre, de l’intérieur, comme il la voyait maintenant de son lit, elle n’était qu’un carré de lumière, encore bien pâle, tâché sur un coin par le noir de la plaque de tôle, par l’ouverture de laquelle passait le tuyau du poêle, installé en hiver, au milieu de la pièce. Il aurait dû se lever, c’était son heure, mais il avait perçu que le carreau légèrement descellé, qu’il s’était promis de mastiquer avant l’hiver, tintait légèrement et il s’était dit que ce serait encore une journée d’autan, une pénible journée ventée qui affaisserait l’énergie. Il savait que dans ces cas-là il en coûtait de mobiliser ses forces et qu’il valait mieux attendre que ça passe. Alors, autant ne pas se presser et rester couché dans son lit étroit, poussé contre le mur, face au carré lumineux. Diantre, il n’était pas si mal ! Il pouvait même en tendant le bras attraper une de ses deux pipes, posées sur la table, près de la cafetière et des deux assiettes sales qu’il avait oubliées hier soir de mettre dans le lavabo. Sa table à tout faire était aussi sa table de nuit. Sur le coin le plus proche, il déposait chaque soir, à portée de la main, son peigne, son mouchoir, sa blague à tabac et le gros réveil, dont il aimait le tic-tac rassurant qui lui faisait dire quand il se réveillait la nuit : « Eh, je t’entends, je suis pas mort ! » À gauche, se dressait la grande armoire, divisée en deux, d’un côté la penderie avec son gros manteau, ses pantalons, ses chemises, ses chaussettes, oui d’accord, il faudrait ranger tout ça un de ces jours, à droite, sur quatre étagères s’empilaient sans ordre apparent les paquets de pâtes, de riz, le sac de pommes de terre, le sucre, le café, les pots de confitures apportés récemment par Anita, la fille de sa sœur, en fait sa demi-sœur de vingt ans plus jeune, mariée à Prosper, employé à la minoterie de La Mouline, en bas
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